old town road + Martin

Il est toujours debout, je le sens en alerte avant que je prenne place et qu’il ne se détende un peu à son tour. Se mettre près de la porte me laisse entendre qu’il compte possiblement s’enfuir et je ne lui en veux pas de penser ainsi qu’un danger le guette, que ce soit réel ou pour son business, au fond, on a ça dans le sang : la survie avant tout. Il a choisi de s’asseoir pour qu’on puisse discuter, donc, je ne suis plus une menace, n’est-ce pas ? Je ne sais pas ce qu’il manigance, ni si je me fais des films ou non. Habitude, réflexe ancré dont je ne peux me défaire, je me contente d’écouter son discours fort motivant. Je n’ai rien à y redire, si ce n’est peut-être trop fortuit, trop parfait pour que j’y adhère ou alors c’est que je suis un abruti incapable de saisir les meilleures opportunités et se tournant toujours vers celles qui le détruiront. Ce n’est peut-être pas si faux. Je hausse les épaules, me lève en ayant tout le loisir d’admirer son chignon. Il n’est pas habillé d’ailleurs, mais ce n’est pas ce qui me dérangera.

« Me guider hm ? Je ne sais pas » ça dépend ce qu’il entend par là et ce qu’il cherche. Je n’aime pas trop qu’on me colle, même le plus classe des roux je n’en démordrais pas. Si j’ai l’occasion de le semer, je le ferais, et ce, même si c’est un bon compagnon d’aventure. Plus pour moi que pour lui évidemment, cependant il y a de ça : ne pas l’embarquer plus dans mes combines, ce n’est pas qu’il a risqué quelque chose tout à l’heure, mais j’ai eu ce sentiment et je me choisirais plutôt qu’un parfait inconnu, aussi sympathique soit-il. On a bel et bien vu quelque chose, j’ai un très vague souvenir, mais je comprends quand même que je n’ai pas rêvé si lui aussi l’a senti.

« Qu’est-ce que ça vous apporterait ? » je suis fauché, tout ce que j’ai de précieux c’est ce don et ma débrouillardise, rien qui ne vaille la peine quand on a de l’intérêt pour l’argent. Je ne dis pas que c’est son cas, il m’a abordé sans rien me demander, juste qu’une valeur pécuniaire c’est plus agréable quand on veut survivre plus que vivre. Que ce soit par habitude ou par nécessité. Parce que c’est bien possible d’avoir gardé ce train de vie sans en dépendre, j’ai toujours ces manies en essayant de moins voler pourtant !

Guide, c’est un sacré métier, qu’il le soit ou non revient au même, je me méfierais, pas besoin de lui poser plus de questions ou de ramener une fois encore ses paroles en doutes. « Du moment que ça ne gêne personne, pourquoi pas » enfin, du moment que ça ne me gêne pas moi. Charmant, il l’est, c’est certain, mais pas très discret dans ses choix. J’ai quand même le souvenir de son petit passage toilettes, la question c’est : va-t-il tenir si on passe la nuit dans cette chambre ? « Quelle est la suite du programme personnalisé ? » je n’ai pas très envie de rendre visite aux autorités du coin, s’il me dénonce… et bien c’est une stalagmite que je ferais poussé dans l’endroit le plus sombre de son anatomie dès que j’en aurais l’occasion. Ce serait dommage cela dit, je préfèrerais l’avoir à la bonne et le coiff-… hmf. Bref. Je me rassois ou plutôt, je me laisse tomber sur le lit, l’observant toujours du coin de l’œil.