old town road + Martin

Il fait un pacte avec le diable ? Il ferait ça ? Pour s’en sortir sans doute, mais elle lui a donné le choix, est-ce que s’en était vraiment un ? Je n’ai qu’une hâte c’est d’avoir épongé ma connerie pour ne pas lui rester entre les pattes trop longtemps. Lawrence, lui semble sortir le grand jeu, il a le coup de foudre ? J’ai un doute, un gros, gros doute. En fin de compte, il n’est pas si mauvais d’être méfiant et malhonnête. Je le suis avec beaucoup, parce que je ne suis que de passage dans la vie de nombre de personnes et cette reine en fera partie. Ce n’est pas contre elle, je ne veux appartenir à personne et être libre de faire ce que je veux sans me soucier des royaumes. Ne plus être un inconnu va profondément m’enquiquiner, mais je ferais en sorte que ça soit tourné à mon avantage et de ne pas être sa bête noire. Si je pouvais la coiffer au passage ce serait un bonus puissance mille… mais ça, je ne me fais pas d’idée.

Le cowboy peut bien faire ce qu’il veut, ça ne me concerne pas vraiment, on a échappé tous les deux à un sort… hm, disons que je ne préfère pas penser à ce qu’elle aurait pu nous faire, la pression, l’air qui avait manqué et la chaleur qui s’accumulera d’ici peu ne m’aident pas vraiment à apprécier son entrée. Enfin, j’imagine que je l’ai cherché… je voulais juste une belle vue sur la bouteille, pas de ma faute si elle a bon goût hey ! Je peux comprendre qu’elle ait fait un arrêt cardiaque si tenté qu’elle possède un cœur et qu’elle se soit crue attaquée… ouais, à bien y réfléchir c’était très con, mais c’était trop tentant. On n’a qu’une vie après tout non ? Je masse ma nuque en les observant, l’autre main sur ma hanche à défaut d’avoir mon précieux bâton entre les doigts. Bien, va falloir que j’investisse dans un sac à dos plutôt qu’un baluchon du coup… j’ai bien fait de le décrocher avant, pas sure qu’elle m’aurait rendu le peu d’affaires qu’il y avait dedans, même si ça n’a aucune valeur. Les accords sont passés, et maintenant ? Qu’est-ce qu’elle va lui donner comme mission ? Je me mords la langue pour ne pas y penser, des fois que mes idées soient épiées. Avec ces souverains on ne sait jamais.

Ma glace laisse quelques vapeurs fraiches m’octroyer un souffle visible et une légère fumée d’une couleur bleutée autour de mes vêtements. Le froid est ce que je préfère, ce qui me rend moins fébrile et j’apprécie grandement de pouvoir le sentir en ce moment. C’est un peu comme une malédiction… et à la fois celle sur qui je peux compter le plus, parce qu’elle m’obéit toujours sans demander son reste. Ce pouvoir me détend quand il pourrait en effrayer d’autres.

Le temps change dans un battement de cils et j’étouffe de nouveau sous la chaleur pesante de cette ville maudite. Quelle merveilleuse idée de me rendre dans un endroit chaud quand je supporte très mal ces températures trop hautes. Ah. Oui, faut dire que j’ai certaines raisons de m’y trouver, mais parfois je me demande si ça vaut vraiment que je me fasse du mal comme ça. Cette rencontre… je sais que je ne l’ai pas rêvé parce que j’avais mon bâton et parce que je me souviens de cette bouteille, pas plus que sa magnifique chevelure d’un rose acidulé. Je frissonne, plus pour me retenir d’y penser que par froid, je serais fou avec cette chaleur.

Lawrence reprend notre conversation comme si de rien n’était, je ne vais pas m’en plaindre, qu’il ait oublié ou pas, je sais bien que chacun de nous a essayé de sauver sa peau. J’aurais pu le laisser pour compenser et garder l’un des seuls biens que je possédais et je ne l’ai pas fait. Pas pour ses beaux yeux, quoi que. Mais en tout cas certainement pas par conscience. Il n’a rien à voir avec mes bêtises, j’aurais vendu sa peau si j’avais eu la certitude que ça ne me retomberait pas dessus par la suite. Après tout, pourquoi est-ce que l’une des dirigeantes de royaume prendrait la peine de me proposer un deal pareil si ce n’était pas pour me foutre dans la neige jusqu’au cou ? – j’aurais sans doute apprécié le sens propre au sens figuré d’ailleurs – mais passons. Law est un guide dévoué pour les enfants de contes et ceux qui s’y sont perdus. Je doute pourtant que ce soit un bon samaritain. Lui révéler mon histoire ne changera vraiment rien. « Réveillé hm ? il n’y a pas si longtemps » j’aimerai plaisanter et dire que j’ai fait une grasse mat. J’aimerai vraiment, j’ai juste une autre idée en tête. Pourquoi il a remis cette mèche couleur feu derrière son oreille. Pourquoi ses cheveux sont si longs… POURQUOI je n’ai pas pris de peigne, une brosse, quelque chose !! Je serre mes mains entre elles pour ne pas être tenté de l’approcher. J’ai bien vu ce qu’il fixait avec insistance.

« Je l’ai dit, je ne sais pas qui je suis et en fin de compte peu importe, quelqu’un finira bien par me trouver » m’emprisonner, me déchiqueter, me ruiner. Hm, joyeuses pensées, à croire que j’ai fait du mal toute ma vie, première pensée qui m’est venue. En même temps quand on maîtrise la glace, qu’un village entier en est prisonnier et qu’on est le seul au milieu à y avoir échappé, comment croire le contraire ? Je masse ma nuque, la chaleur est de retour et je ne m’y fais toujours pas et je n’étais pas le seul. Je crois que la température était moins oppressante il y a quelques minutes, ça me semble irréel. « Mauvaise idée finalement d’entrer dans ce bar, tellement de monde que c’est irrespirable. On n’était peut-être mieux dans les toilettes ~ » c’était pas du tout comme ça que je voulais le formuler, tant pis, je n’ai pas pu m’en empêcher. Je faisais référence à ma capacité, pas vraiment à son petit oiseau… pas si petit, BON ok, ça m’amuse vraiment et ça doit se voir, je réprime du mieux que je peux un sourire. « On pourrait peut-être bouger pour éviter la contemplation de ce magnifique comptoir en bois à défaut de pouvoir dévorer tout crue la jolie serveuse, hein ? » allons, j’ai bien vu, c’est sûr que j’aurais préféré être le centre d’attention, mais je ne suis pas tant d’humeur, les gars comme lui, je veux les connaître et m’assurer d’être plus futé.

« Je pourrais nous rafraichir un peu au passage »

Le sourire qu’il me sert pourrait faire fondre n’importe qui… ou quoi. Mais ces températures m’irritent et me rendent plus enclin à bouger pour pouvoir user de ma capacité comme je l’entends sans attirer trop les paires d’yeux envieux. Law lorgne si bien sur la serveuse que je pourrais le croire cannibale. Il m’assure le contraire dans une habile tournure. En plus de son sourire, ses longs cheveux flammes, il est intelligent. Trop beau pour être vrai comme on dit, le prince charmant j’y crois bien peu par les temps qui courent, mais personne n’a dit que ça ne pourrait pas se terminer en happy end tout de même, c’est juste que nos chemins se sépareront à un moment.  

Je ne cache pas avoir chaud et je rêve de pouvoir enfin me poser dans un igloo, je le propose et il me suit en me laissant le choix de notre destination. « Je connais très peu les lieux, même si vous avez mis un point d’honneur en m’en expliquer les recoins » pas tous évidemment. J’observe la ville en me demandant s’il n’était pas plus logique de trouver une chambre pour couvrir les murs d’une couche de glace suffisante ? Pour mieux repartir le lendemain, sans doute et y inviter Lawrence serait une erreur, pourtant je vais courir le risque.

Mes yeux se posent sur un hôtel, plutôt correct. Je préfère le moderne à cette ville un peu trop agitée, mais soit, il n’y a que ça et c’est assez bien entouré. Payer n’est pas trop un souci, les ivrognes étaient occupés à reluquer la serveuse de la même façon que mon ami. J’en ai donc profité au passage en prenant soin de me crédibiliser à ses yeux à lui : pas touche à la bourse du rouquin, je ne suis pas assez givré pour tenter un si gros coup. Demain peut-être, qui sait ?

Une fois la chambre payée, non sans obtenir des œillades lourdes de sens, nous passons les escaliers et j’ouvre la porte péniblement. La fichue clé se tourne, le verrou ne cède pas tout de suite. Je l’y aide un peu et finalement, le sésame s’ouvre sur un espace coquet avec fenêtre donnant sur la ville. Bien, bien, bien. « C’est tout de même petit, mais suffisant pour ce que je compte y faire » à savoir dormir et ne l’incluant pas, se doute-t-il seulement que je n’ai pas le cœur à lui servir de dessert ? Qu’il me fasse changer d’avis, qui sait ? Il avait l’air plus intéressé par mon histoire qu’il ne l’aurait dû. Pourquoi donc ? ça aussi, j’appréciais. J’ai toujours su comment m’entourer, un véritable don.

La pièce est relativement petite, mais pas assez pour qu’on y soit tous les deux à l’étroit. La seule chose dont je peux vraiment me plaindre c’est que la fenêtre fermée va me donner des vapeurs tant le soleil a tapé au travers et inondé de chaleur le parquet. Je me précipite pour ouvrir en grand et rabattre les volets pour plus de tranquillité puis allume la lumière. Mains sur les hanches, j’observe Lawrence, on ne sait pas quoi faire ni lui ni moi, mais il prend les devants en allant à la douche. Bonne idée, très bonne idée. Heureusement que j’ai gardé mon baluchon, même si je ne peux plus l’accrocher au bâton. Il faudra que je le récupère puisque c’est la seule chose qui me liait à mon passé et encore je n’en suis pas si sûr.

Je masse ma nuque en attendant, rafraichissant la pièce par cette magie qui est mienne et me sent tout de suite mieux, même si ma peau est couverte d’une fine pellicule de sueur, chaque respiration laisse échapper une fumée blanche. Bien sûr, j’ai fait attention à ce que la chambre soit à température correcte, mais j’ai un peu plus mis la dose sur mes vêtements, je ne crains pas le froid en comparaison de Law. J’aime marcher dans la neige, pieds nus, mais ça risquerait d’être difficile pour d’autres je le conçois.

Si j’avais remarqué le bouton du col qui avait sauté sur le torse du roux, maintenant qu’il était sorti de la douche, tout ce que j’arrivais à voir c’est son chignon et j’en frissonne de plaisir. Par la barbe de Merlin, si je ne me retenais pas je supplierais pour le coiffer à n’importe quel prix. J’inspire profondément en constatant qu’il était en tenue d’Adam sous sa serviette et ne me gênait pas pour observer les nombreuses cicatrices sur son corps finement sculpté. Je me demande si ce n’est pas un crime quelque part d’être si bien fait ? Quoi qu’il en soit un simple guide n’en serait pas couvert des pieds à la tête, tiens, tiens, tiens.

Enfin, la vue vaut quand même le détour et j’arque un sourcil en le dévisageant. « Je vais y aller oui, d’ici là ne prenez pas la fuite, vous m’avez l’air plus intéressant qu’un simple guide » je me lève pose une main fraiche sur son épaule pour l’embêter et lui sourit en passant à côté de lui « Je m’en fiche si vous avez menti, peu importe la raison, question de survie, je suppose » j’aurais bien plus confiance s’il me l’avouait, là, sinon ? Mah, quelle différence ? Est-ce que je saurais la faire de toute façon entre une histoire inventée et son histoire ? Je ne me pose pas plus de questions et profite de m’accaparer la douche, baluchon en main que je laisse sur un petit rebord après avoir fermé la porte. Les verrous, je dirais bien que je m’en fiche, je n’ai plus rien de valeur et je doute que ça en ait eu aux yeux de quelqu’un hormis cette ombre…

Lorsque je ressors, la pièce est baignée dans un brouillard épais et je referme immédiatement. Il est temps de ne plus utiliser mon don au risque de vraiment tout foutre en l’air. J’époussette mon pantalon sur lequel de la neige fondue s’est greffée et enfile le nouveau haut récupéré dans mon sac. Du reste je l’ai délaissé négligemment sur le dossier d’une chaise et me pose sur cette dernière. « Ah ! ça fait un bien fou ». De mon soupir, mes yeux se sont fermés quelques secondes et reviennent toujours sur le visage aux cheveux mouillés. « Alors, si on parlait. Je veux dire, vraiment ? »