An apple per day... Jack Jack o/

Je ne sais pas si c’est moi qui délire ou si c’est vraiment ce qu’il dit, j’ai tellement de mal à croire qu’on soit amis quoiqu’il arrive ? Et je peux même pas en douter, je vois flou, mais j’ai bien distingué son sourire derrière le rideau de larmes. J’ai beau l’avertir, lui raconter que ça n’a rien d’une blague, rien ne l’arrête et je fonds toujours un peu plus jusqu’à péter les plombs. Si je lui faisais encore du mal, je m’en voudrais à mort. C’est difficile d’assimiler qu’une personne ait pris autant d’importance en si peu de temps, mais je me dis que c’est surement parce qu’on avait un lien très fort et puisque lui aussi se comporte comme ça avec moi, ça ne fait que me pousser sur cette direction. Même si c’est sans doute pas la bonne.

Il va pas comprendre, en fait, moi-même j’envisageais même pas qu’on puisse rejeter quelqu’un pour le protéger et c’est très mal accueilli. J’ai droit à des mots qui me surprennent, mon dos contre la paroi de la grotte, je le dévisage en cherchant l’erreur. J’ai rêvé tout ce qu’il m’a dit ? Une fraction de seconde, je doute, je repense à comment il m’a laissé y croire et je reste la bouche ouverte à décortiquer pour imprimer cette fois ce qu’il dit. La scène se calque presque au souvenir, pourtant, pourtant ça n’a surement rien à voir. Je ne peux pas m’en empêcher. Je frissonne en le voyant s’accroupir… je n’y avais pas pensé. J’ai été con. Je voulais pas que ça se passe comme ça, j’ai…

Même articuler des mots me semble inapproprié et je l’écoute juste. C’est dur pour lui, il a des gens qu’il aime et qui comptent sur lui… c’est tellement une crème que personne ne souhaite l’impliquer et je suppose qu’on finit tous par en avoir marre dans cette situation. Si personne ne revient, au final, il ne reste que lui. Il me l’a dit pourtant, qu’il avait perdu tout le monde et les avait retrouvés. J’aurais dû réfléchir.

Je me laisse tomber en face, me baissant à mesure qu’il se recroqueville pour essayer d’enlever ses mains de là. Les miennes se posent sur les siennes et je mords ma lèvre en fronçant les sourcils. Je réprime juste des insultes à ma seule intention. Non parce que forcément, c’est pas contre lui, même si forcément je voudrais crier que c’est pour lui, mais c’est faux. « T’as raison… c’est des conneries » une part de moi ne l’admet toujours pas, mais c’est parce que si j’en avais la possibilité, je ferais comme tout le monde, je le mettrais sous verre et je sais bien que c’est pas une vie, c’est peut-être ce qu’il a été pour tout le monde… cet objet de fascination dont on ne se passe pas et qui n’a pas d’autre choix que d’être ce soleil pour tout le monde.

J’essaye de l’enlacer comme je peux « J’ai aucune idée de ce que t’as vécu et je connais pas les autres, mais tu dois compter pour beaucoup de gens » c’est même pas drôle, même pas rassurant de le lui dire « je te dirais tout si tu veux, j’ai une nouvelle condition » elle pue cette condition, mais moins que la précédente et à vrai dire, elle me semble plus correcte que de lui demander d’être une jolie plante verte « tu me dis plus d’aller me faire foutre ou je te jure que je le fais et ça aura pas le même sens pour toi que pour moi » oui, j’ai vraiment dit ça. Ça m’a tellement surpris que j’ai eu peur qu’il m’abandonne sur-le-champ et mon premier réflexe – réprimé heureusement – c’est d’avoir voulu lui sauter dans les bras. Enfin, c’est même ce que j’ai fait après avoir entendu ses confidences.

« Je suis vraiment très con la plupart du temps, mais avec toi j’essaye vraiment de pas l’être et je le suis quand même un peu » je ris, même si j’appréhende énormément de devoir affronter des emmerdes avec lui à côté, je sais très bien que je serais capable de péter des culs juste parce qu’on l’aurait insulté. « hmf… je t’ai encore fait pleurer… je sais, je sais, tu vas me sortir que tu m’en veux pas, pas vrai ? » en fait, j’en viens à l’espérer parce que pour le coup, là il pourrait. « Mais c’est réglé maintenant » enfin, oui et non, je suis assez têtu, il est pas obligé de savoir que je le protègerais quand même, même s’il sait ou s’il est avec moi.

Il est aussi dangereux que nécessaire pour moi. Si on le touche, je pète un plomb, si je me comporte mal, le seul frein possible c’est lui pis comme ça, au calme, on est amis. Justes amis, t’es givré poney, t’es bien plus. C’est pas évident de briser la glace comme ça juste par un sourire, tu sais ? Je prends une longue inspiration. Oh, pas pour parler, non, non, je profite juste d’être avec lui comme ça et d’oublier un peu ce qu’il y a autour. Je sais que si je parle, c’est pour dire une énormité pour me tirer d’affaire en faisant le pitre et ça pourrait mettre fin à ça. C’est hors de question, j’en ai bien trop besoin là tout de suite. Dire que je l’ai menacé y’a quelques heures et maintenant, il en sait plus sur moi que n’importe qui sur ce foutu globe !

« Tu fais peur quand tu te mets en colère, mais… » non, non, la ferme, aller, pour une fois, que je me tais s’il te plait ! « t’es aussi très… » non, non, non… ON A DIT… pas les âneries ! C’est de la triche, je dois résister !

Chaque fois, c’est lui qui a fait un pas vers moi et m’a montré toute l’affection dont il était capable, même pour un pseudo inconnu. Là, c’est lui qui en avait besoin, j’ai tenté, il a accepté et je me suis retrouvé le serrer dans mes bras à lui dire que je suis un abruti d’avoir juste pensé à moi pour le coup. Je pense qu’on fait tous ça par instinct parce qu’on se comprend mal, ou parce qu’il manque des signes qui font que l’autre a du mal ? Bon, des fois faut aussi les capter, je sais que j’ai aucune subtilité et qu’il montre plus de choses qu’il n’en dit par exemple. Enfin, je pense que je commence à comprendre comment lui fonctionne et il se met à rire quand je dis de la merde. Je peux pas m’en empêcher, entre deux mots sérieux, faut que je cale une bêtise pour au moins essayer de nous détendre et ça a eu l’air de marcher ?

Quand il a dit que c’était pas réglé, je me suis figé… non, me dit pas que t’as d’autres conditions, pitié, je suis prêt à accepter que tu me connaisses par cœur, me sors pas autre chose-là, enfin ça dépend quoi. Si ? Non, chut, je panique. Heureusement, je n’attends pas trop avant qu’il me demande de le serrer plus fort. Je fonds encore une fois et m’exécute en riant comme un idiot. Il me promet qu’on trouvera une solution et s’excuse, je claque ma langue contre mon palais. Vraiment ? C’est toi qui t’excuses ? « T’as le droit de t’emporter aussi, quand ça te pèse comme ça c’est que t’en avais besoin » et je suis content de le savoir aussi, faut dire que j’aurais continué à lui dire de me fuir plutôt que de penser que ça pouvait le blesser. Puis, celui qui doit s'excuser c'est moi pour tout ce que ça implique. J'ai pleuré, j'ai partagé un secret pas vraiment cool et qui sait ce que ça pourrait créer comme problèmes...

Je profite, je suis bien comme ça, mais j’ai pas de patience et quand je commence à penser que je pourrais passer ma vie dans ses bras, je me dis que je vais encore me faire avoir. Pas qu’il soit vraiment responsable, non au contraire, c’est pas à ses charmes infaillibles que je succombe, mais à lui tout entier pour toutes ses émotions, son attitude, ses sourires… BREF et il passe ses mains sur mes hanches en m’incitant à dire de la merde. PAR-FAIT ! En traçant des signes du bout des doigts dans son dos, j’hésite. Il sait vraiment comment m’amadouer, alors… est-ce que j’invente ou bien je lui dis vraiment ? Parce que, c’est sans doute pas ce qu’il imaginait et mon cœur rate des battements, cet enfoiré. Il me trahit encore…

« t’es aussi très… » je répète mes mots, je sais rougir ? je sais pas, franchement, je sens bien que la chaleur monte, mais je sais pas si ça se voit, dans le doute, je reste dans le creux de son cou « Aussi très… sexy ? Non parce que, même si sur le moment c’était pas plaisant, quand j’y pense, c’est quand tu- » je me mords la langue. « Merde ! Apple, vraiment, plus tu vas me laisser parler, plus je vais dire de conneries et le pire c’est que c’est même pas des mensonges j-je… » je serre plus fort, là, c’est mort, tu vas devoir attendre que j’accepte de te regarder en face avant de pouvoir te dégager de mon étreinte. « je pars complètement en sucette avec toi, tu le sais ça ? T’es vraiment trop… tout à la fois » un ami, quelqu’un que j’aurais voulu me faire si y’avait pas toute cette histoire de respect. NON, parce que… oui, je l’ai envisagé, sans être porté excessivement sur ce genre de choses, je veux dire c’était un peu un moyen d’avoir des câlins gratuits sans avoir à m’attacher. Donc, ça arrive de temps en temps. Mais toi, j’ai pas besoin de ça pour en avoir, j’ai juste à te demander et j’ai tout le kit avec, tu sais ? Celui qui me manquait cruellement sans même que je me rende compte ? Trop tout, c’est aussi cette personne qui me comprend, avec ta gentillesse, ta sincérité et tes états d’âme. J’accepte tout, vraiment tout comme tu l’as fait et je me mets à rire.

« ‘fin, je sais même pas comment tu fais pour me supporter, mais c’est tant mieux pour moi. Puis, finalement, que tu sois à moitié à poil, c’est pas si mal, je peux tout sen…tir » c’est pas ce que je… non. Si ? Non, pas comme ça, arrête de faire le pitre ! Autre chose sors un truc intelligent ! « Tes mains, sur mes hanches, c’était rien, mais je deviens juste dépendant de toi en fait » hein ? Quoi ? Je… d’accord oui, mais c’était pas une raison pour le balancer comme ça. Je me sabote tout seul, juste parce que c’est calme, c’est pas possible !! « Pas dans un sens érotique… mais. Putain, me laisse pas m’enfoncer comme ça… je veux dire, je suis pas à ce point demandeur, je veux juste hm tes câlins c’est très bien » même si ça me dérangerait pas. Ta gueule, ta gueule, oh my gosh, heureusement je l’ai pas dit, c’est vraiment pas le moment, puis, on est dans une grotte, ça résonne, c’est pas judicieux. STOP. Voilà, voilà, je suis calme… c’était si sérieux que j’avais besoin que la tension retombe, je ne pensais pas être aussi débile juste. Comment je me sors de là ?

Il voulait savoir et… je lui dis tout sans détour. Y’a beaucoup de conneries que je devrais garder pour moi, mais en même temps c’est pas si grave si c’est dit, y’a que ma fierté qui prend un coup. Lui se marre complètement et je fais avec. Entre la honte et le réconfort que son rire m’apporte. Je suis bien content d’y arriver, d’être utile à quelque chose de positif, même si je me leurre en fait parce que c’est lui tout entier qui l’est et qu’il a pas besoin de moi pour rendre tout plus sain et plus doux.

Il ne m’arrête pas du tout. Je sais bien que ça n’est pas sciemment qu’il agit de cette manière, c’est plus de l’instinct je dirais ? Ou simplement il n’a rien à dire. Je marque une pause et ça fait du bien. Sa main glisse dans mes cheveux, il me fait un compliment ? Oui, enfin, je crois que s’en est un. Brindille glacée… je suis pas une brindille ? Si… en fait si. C’est sûr que comparé à lui, si j’ai le moindre muscle ça se voit absolument pas. Mais, passons, il disait ça gentiment et j’accepte totalement avant de dériver à nouveau. C’est grave. Là, j’ai du mal à me sortir de ce que je dis, c’est de plus en plus louche quand je parle juste de contact et – oui aussi du fait qu’il est irrésistible – mais c’est pas le sujet.

J’ai l’autorisation de câliner quand je veux. Merci, il a pas tout compris et c’est la preuve que je pense super mal et pas lui. Quelque part, je suis rassuré, il ne me juge pas et je laisse passer un soupir de contentement, même si le mot ami me semble peu approprié dans nos étreintes. Vraiment, je doute absolument pas que tu le prennes comme ça poney, mais normalement c’est pas autant… aussi… je ne saurais même pas t’expliquer, c’est fou. Mais ça m’arrange pour l’instant, parce que je le sens bien que t’es particulier, je te l’ai déjà dit, seulement c’est peut-être mieux d’arriver à comprendre si c’est parce que t’es adorable ou plutôt le coup de foudre.

Je me sens soulevé, je m’y attendais pas ?! J’ai resserré ma prise et me suis agrippé avant d’entendre la raison. C’est sûr qu’on a un peu trainé. Beaucoup. La boutique, l’alcool, les pommes, tout ça, c’était sorti de ma tête pour les dernières minutes passées et je réponds juste par « hmhm » le temps qu’il bouge tout ça dans un ascenseur ? Hein ? Je l’avais pas vu celui-là ! Je suppose que c’est fait exprès et me laisse déposer sur les caisses. Mes mains en appui sur la caisse, je l’écoute et arque un sourcil. « Étroit comment ? J’ai rien contre, c’est juste que littéralement j’étais collé à toi y’a même pas deux minutes, je vois pas comment ça pourrait me gêner » sauf bien sûr si d’autres personnes me collent, mais j’en doute en général suffit que je dégage un peu de glace sans que ça se remarque vraiment et le froid est une véritable barrière.

Je le sais que je suis très peu tactile, mais avec lui c’est différent, il s’en rendra forcément compte si ça arrive, je ne tolère pas tout le monde dans mon espace personnel. J’oublie bien vite que j’avais quelque chose à faire d’ailleurs. J’ai dit ça ? Je m’en souviens pas, c’est pas très important de toute façon, je suis un vagabond alors les responsabilités… je peux me permettre d’en occulter quelques-unes. C’est pas comme si j’avais réellement un endroit fixe vers lequel revenir. Un jour peut-être, mais là c’est pas pressé d’aller rendre visite à des gens qui ne savent pas encore qui je suis à Wonderland. J’ai pas été annoncé ? Bien, je peux y aller quand je veux et ça peut très bien être demain comme dans quelques jours, la différence ne sera pas très grande non ?

Faut que je me trouve un lieu à crécher, pas que je sois difficile, si je pouvais créer un igloo je le ferais, mais c’est assez visible et le but c’est que je sois discret tout de même. Je remets ma capuche et mon foulard sur mon nez, un peu comme quand on s’est rencontré et j’attends que les portes s’ouvrent. Je suis assez curieux parce que ça le concerne. J’ose pas trop proposer mon aide, j’ai peur d’être plus un boulet qu’autre chose. Déjà être ici c’est bien, il n’a pas eu d’ennuis par ma faute jusqu’à présent, autant ne pas lui en apporter en étant plus impliqué. C’est pas que je porte la poisse ou quoi, mais je me mets souvent dans des situations délicates et si lui accepte qui j’ai été, ça n’est pas forcément le cas de tous. Autant ne pas rendre les choses trop compliquées, il prend déjà beaucoup de risques sans m’avoir dans les pattes. « Ils sont comment les gens ici ? » autant jauger un peu et ne pas détonner trop comme l’étranger que je suis partout où je passe de toute façon. J’ai pas une grande capacité d’adaptation, mais je ferais au mieux.

Oh, je pensais pas qu’il fumait, en même temps je le connais pas tant que ça, je suppose que je vais devoir tout réapprendre depuis le début et ça me surprend autant que quand il me pense adorable avec tout le monde. Si tu savais Poney… enfin, ça m’arrange, tu m’acceptes, je ne vais pas rechigner. « Mah, je m’étoufferais avant même d’avoir essayé, mais merci » ça le rend étrangement plus sévère, même si je sais que c’est du vent. Enfin, ça doit être la même chose que pour moi, je le pense d’une certaine façon, mais il a bien plus de facettes à montrer quoi. C’est tout à fait normal. Je me demande s’il sera toujours ok pour tenir sa promesse en me voyant avec d’autres personnes ? Pas que je sois nécessairement mauvais, juste que c’est ma survie avant celle des autres à quelques personnes exceptionnelles près. J’ai des amis mine de rien, ça tue autant que ça me réconforte.

Toujours est-il que j’accepte d’être physiquement proche de lui et pas de tout le monde, même ceux pour qui j’ai de l’affection ou de la considération. « Oh, tu voulais dire à l’étroit avec toi » je pouffe de rire. Non, vraiment dès les premières minutes je dois te rappeler que tu étais à poils ? Je le regarde faire en écoutant le bruit de l’ascenseur, c’est pas terrible, on pourrait même rester bloqué. Pas que ça me dérangerait, mais en fait oui quand même, j’ai pas spécialement envie d’éventrer la cabine pour faire un toboggan géant sans garantie d’atterrissage propre. Puis ça dépend aussi comment c’est. Il m’explique un peu.

J’étais loin d’imaginer que c’était à ce point le bordel d’un royaume à un autre. Enfin, je ne peux que relater parce que j’ai une petite idée de ce que ça donne ce genre d’humeur ambiante. Même si je n’ai pas vécu là – à ma connaissance – ça s’imagine facilement quand tu dois voler pour survivre au départ, les rayons du soleil en plus. La vitamine D c’est important pour tout le monde, s’ils en ont pas suffisamment, ils doivent faire autrement et ça, je commence à comprendre pourquoi.

Heureusement qu’il prévient, pas que j’aurais ouvert ma bouche, mais ça peut dégénérer assez vite en voulant être aimable et en ne connaissant pas les limites. Quoi ? Je l’ai déjà dit un million de fois, même sans le vouloir je m’attire des ennuis. C’est drôle, parfois moins drôle, mais là je ferais l’effort de fermer mon clapet pour ne pas en attirer sur Apple qui lui connait bien le coin. Je souris, ce clin d’œil, vraiment, il me tue et je le suis dans la cabine et il continue d’en parler. D’un coin à l’autre, c’est quand même bien différent et ça me fait rire, juste pour la scène. « Quoi, une fée un alligator et une tasse, pff ça doit valoir le détour » et c’est sans moquerie que je dis ça, parce qu’on est dans les otherlands après tout. Y’a rien de vraiment étonnant dans ce que j’apprends si ce n’est la condition sociale qui varie selon où tu es. « Ouais c’est quand même incroyable. Ils ont jamais eu envie de se rebeller plus que ça ? Parce que c’est grâce à eux que le système fonctionne ? Enfin, je vois ça comme ça, si t’as plus personne pour coudre des pantalons tu vois… bah on se baladerait tous cul nu et ça vaudrait une fortune. Là ce serait pareil » je masse ma nuque, parce que je sais aussi que ça n’a rien de facile. « Je dis ça, je suis le premier à fuir quand ça devient un peu trop chaud, au sens propre comme au figuré, dépendant des cas » oui non, parce qu’y’a chaud problématique et chaud agréable. Bref. « Puis je pense que ça a surement été le cas ou ça se prépare ou bien… je sais pas à vrai dire, j’espère que la situation s’améliorera quand même pour eux » même si j’ai rien à voir là-dedans, c’est des personnes que lui côtoie. Si ça s’améliore pour eux, ça s’améliore pour lui aussi et donc pour moi.

« Tu t’es jamais fait prendre hein ? » juste au cas où, j’ai pas trop envie d’apprendre qu’il continue alors qu’il a déjà eu des soucis, je suis sûr que c’est totalement son genre et ça me détruit.

J’ai pas trop envie de provoquer un incendie en ayant essayé de fumer, ni de m’asphyxier au moment où on entame une longue descente faut dire. Et lui, ça le fait sourire, je commence à connaître ça. Que je fume ou non, il s’en fiche, une de ses très nombreuses qualités. J’ai droit à un topo pour me préparer à ce que je ne connais pas. Mais je suppose que j’apprendrais mieux sur le tas. Je vois bien que même s’il sourit pour me répondre, derrière y’a eu un moment d’hésitation et il a fini par cracher le morceau. Cette révolte elle a eu lieu, elle s’est passé elle a eu des résultats et bien sûr il y a eu des gagnants, mais aussi des perdants et ça n’a pas été entièrement ceux du plateau d’argent. Je masse ma nuque, un peu mal à l’aise, forcément je ne sais rien et c’est pas que je me sentirais coupable pour eux, mais je leur souhaite de s’en sortir. Il sont plus que nécessaire, améliorer leurs conditions de vie ça doit pas être si compliqué pour ceux d’en haut non ? Enfin, plus facile à dire qu’à faire, faut qu’ils y trouvent leur compte sinon pourquoi changer les choses si eux ne s’en plaignent pas. Toujours la même rengaine.

« Pff… évidemment » tout est si bien ficelé que ça en est écœurant. Finalement, être un petit voleur en haut, c’est pas si mal, même si ceux que je vole sont pas non plus des princes sagement installés sur leurs petites chaises incrustées de pierres précieuses. J’essaye d’y réfléchir, sans trop pousser non plus parce que, Hey je les connais pas, je ne sais même pas si je vais les apprécier et réciproquement. Puis Apple a l’air d’être apprécié de tout le monde naturellement, moi, je porte la poisse. Sa main, sa main sur ma tête, il cherche lui aussi, ce qui est logique il connait ce bourbier depuis des années quand moi j’en ai même pas encore vu la couleur. Qu’est-ce qui m’a pris ? Non. Qu’est-ce qui me prend en fait ? Je ne suis pas si généreux, je ne me soucie que de moi. C’est ce que j’aime penser. Dans les pires situations peut-être, là, j’ai pas franchement de réticence à essayer d’apporter une solution à laquelle TOUT UN PEUPLE aurait pas pensé ! Parce que, c’est bien connu, je suis plus futé que la plupart des gens ! C’est pour ça que je me mets dans la merde constamment ! Hahaha…

« Attends, quoi ? On te… surveille et tu… bon. Ok. Mais comment tu t’en sors, c’est pas logique ça, la moindre connerie que je fais, elle passe jamais moi ! » c’est pas le même délire aussi, entre foutre le bordel dans une région et s’enfuir comme un malpropre parce que j’ai eu des conflits avec certaines personnes qu’il ne fallait pas vexer… et sauver des enfants, c’est sûr qu’on tolère plus la gentillesse que la connerie.

J’ai pas trop le temps de lui répondre qu’une main se pose sur mon épaule et c’est pas celle d’Apple, autant dire que je vais voir r-… non, en fait. Non. Il est intervenu rapidement et je le remercie, parce que ça n’aurait pas été prudent d’utiliser mon pouvoir pour éclater la main d’un mineur si c’est pour m’en prendre une et me renvoyer dans le ventre de ma mère illico de l’autre. J’écoute le dialogue. À moitié.

Jack, susceptible. Barbu, bonne femme. Broyer, les bonnes manières. Roux. Ptits nouveaux, crise cardiaque. J’acquiesçais. Non, attends ! Quoi ?! « Je suis pas si fragile » roux. Mes sens me crient roux ! Je déglutis. Y’a deux bruns aussi, mais. C’est pas ça qui… crevette ?

J’ouvre la bouche, et c’est l’autre Jack qui répond. Mais s’il te plait ! Je me concentrais sur celui qui parlait, Roux Bill.. Bill je veux dire ! Bill. Apple passe son bras sur mes épaules. Ok, j’vais clamser, mais pas du tout pour les bonnes raisons, autant que tu les connaisses pas espèce de gros… gros… très gros panda roux… J’ai envie de démêler tout son bordel. Je renonce juste à répondre, j’ai juste profité pour balancer un ptit pic à glace près de ce que je frôlais en passant, rien qui ne soit vraiment visible après coup, ça se casse vite tellement c’est fin, si ça ne fond pas avec la différence de chaleur. C’est pas méchant, il me connait pas et j’écope déjà de surnoms sans compter qu’on se fiche du mois pas seulement pour être un gringalet – tu m’étonnes à côté d’Apple et de ces gus ! – mais aussi parce qu’on voit pas l’intérêt de me prêter attention sous prétexte que je vais possiblement mourir avant de faire quoi que ce soit. Et ça, c’est ce qui me donne envie de leur en coller une malgré le joli sourire que j’affiche ET qui me fait passer outre cette couleur flamboyante et sa barbe. J’inspire profondément quand on est enfin plus loin et qu’Apple s’excuse pour eux. « T’es pas responsable et c’était pas méchant, mais si je devais mourir j’espère que ce sera définitif parce que c’est peut-être ce qui a causé ma perte de mémoire. Ou peut-être pas, mais c'est ce qui me fait le plus chier et me ferait perdre tout ce que j'ai là » on y perd toujours quelque chose après tout, non ? Et j'ai pas envie de le perdre...

C’est peut-être même pas lié, mais c’est l’une des pires choses actuellement pour moi. Parce que j’ai retrouvé quelque chose qui faisait partie de moi sans le comprendre totalement encore. Alors, si je m’embarque dans quelque chose, ça sera avec prudence autant que possible. Tu parles, c’est presque comme si j’étais condamné, c’est pas du tout compatible avec moi.

Je soupire et je l’arrête un peu « Hey Apple » je mords ma lèvre, parce que j’ai envie de lui dire tellement de choses et je suis sûr qu’il comprendrait pas. En fait, personne pourrait vraiment, même moi, je me demande pourquoi je pense ça si vite. Étonnant vue le parcours en quelques heures ? Non, franchement pas. Mais un minimum de cohérence serait le bienvenu. Et finalement, je me rétracte en lui offrant un air blasé presque amusé. « Ils s’en foutent du coiffeur ici hein ? » je connais déjà la réponse, je ne peux juste pas m’en empêcher « Ton pote Bill, la prochaine fois, si j’ai l’occasion sans me manger sa grosse patte dans les dents, je lui fais des tresses. Il est pas très beau, mais il est roux » et c’est une qualité ? Non, c’est juste … si je pouvais tous les coiffer, j’en ferais des modèles pour publicités, j’en suis sûr et certain. « Mais, de toutes les qualités de cheveux que j’ai pu voir jusque-là, j’ai une très grosse préférence pour toi » enfin, pour la sienne, merde. Bref, j’ai pas trop à m’en faire, l’évident ça l’est pas pour lui. Ça a quelque chose d’avantageux. Mais je sens que si vraiment je tombe pour lui, je vais me manger des râteaux tous les jours, quel formidable régime.

J’ai l’air con ? Bien sûr que j’ai l’air con à nous avoir stoppé pour ces âneries. Je déglutis. « Bon, aller, hu dada, avant qu’on me donne d’autres surnoms » j’accompagne mes mots d’un bras passé derrière lui pour l’embêter, sauf que je suis plus petit, j’ai mal visé. Fuck. « Qu- … mais… Quoi ?! » attend, attend, c’est quoi ces muscles ? ça se muscle ?! Je suis partagé entre m’extasier sur son fessier et me raidir de honte. Dans le doute, j’arrête  de tâter déjà et je sens mes poils se dresser sur tout mon corps – j’ai du duvet, ok ? – Faut que j’arrête, ce type devient une obsession. Ok, c’est une perle, mais je vais pas me leurrer, y’a bien un défaut ? Ah, oui, pas spécialement négligeable : il m’a oublié. Mais même pour ça, j’en ai rien à foutre tellement il est tolérant. « Non, vraiment, désolé… je peux pas m’empêcher de faire le pitre » pour cacher et oublier moi-même les petits problèmes comme les gros qui me tracassent. J’espère juste qu’il n’a pas de sixième sens pour ça, parce que je ne peux définitivement pas lui mentir et ça m’énerve de devoir être honnête à ce point.

« J’espère que personne aura la merveilleuse idée de me toucher, parce que tout à l’heure, je crois que si tu n’étais pas intervenu, j’aurais peut-être fait une connerie par réflexe. Ça n’était pas pour rire quand je t’ai dit que tu étais privilégié pour ça » pour bien des choses, mais c’est bien d’omettre des choses, ça m’évite d’être trop bavard et de passer pour un taré complètement mordu de lui. C’est pas totalement faux, pas totalement vrai non plus, je veux voir si ça s’estompe ou si ça reste constant… beaucoup trop d’émotions étaient en jeu auprès de lui, ça m’influence peut-être ? A qui je pourrais faire croire ça ? Sauf à lui bien sûr. Ah, faut que j’arrête de dire ça ! Il est pas con, il est juste Naïf ? Innocent ? On dirait pas, certes. Ma gueule. Ma gueule maintenant, je veux me concentrer sur ce bout de monde au lieu de réfléchir !