"we're all mad here" il hausse lentement un sourcil faux: personne n'est comme lui
S'il affiche une moue sceptique, elle s'envole sur l'affectueux surnom. Ca sonne.. familier. Pas pour lui, bien entendu (qui l'appellerait comme ça?) mais par 'procuration', en quelques sortes. Quelque-part dans la brume, on lui a déjà dit ça. Plusieurs fois. Avant qu'il soit amputé au chapelier, évalue rapidement Sad. Sa curiosité meurt aussi vite qu'elle est venue: ce ne sont pas ses souvenirs, inutile de se faire du mal.
(il n'échappe cependant pas à l'écho d'une peine) (diffus mais perceptible, d'un indéniable froid)
Les ignorer est devenu facile, avec l'habitude. Sad ne pense même pas à creuser. Il est ici. Pas avant. Nul besoin d'offrir à son esprit d'autres couteaux: il est suffisamment ingénieux pour en trouver tout seul. Régulièrement. Le chapelier s'efforce de rester sur un courant plus léger, pour l'instant. (il aura tout le temps de chuter plus tard) Puis il.. tient une conversation. Plus ou moins. Autoriser son esprit à divaguer alors même que Mad lui parle n'est pas ce qu'il qualifie d'acceptable. A défaut d'être bavard, il peut au moins être attentif.
« Hm. » fait-il en hochant la tête
Si agréable est le terme qu'il choisit, ça n'a pas dû être si mal. Pas irisé, mais peut-être pas terne. Il reprend une gorgée de thé, au moins rassuré d'entendre que tout n'est pas gris pour tout le monde. La formulation reste curieuse. Il l'en remercie, comme si Sad y était pour quelque-chose. Un regard à ses avant-bras le convainc qu'il n'a certainement rendu les choses agréables pour personne, aujourd'hui. Ses lèvres s'étirent en une ligne indécise.
embarrassée coupable ?
Et lui, demande Mad. Inconsciemment, il laisse sa posture se courber un peu, épaules basses. Ses yeux cherchent quelque-chose de plus intéressant que les bandages. Et lui ? Il y a une raison à ce que Sad préfère la mort ou le sommeil: pas de place pour penser. Penser n'est pas agréable, non. Ressentir non plus. Son esprit revient dans la baignoire. Et lui ? Il aimerait que sa journée ne se passe pas.
mais il est ancré avant de pouvoir dériver une main sur la sienne, rassurante
Sad déglutit il n'a pas peur de parler il a peur de ce que ça lui fera
Ses yeux délavés papillonnent de Mad à la table. A son thé. Les réponses ne sont pas au fond de la tasse. Il s'oblige à redresser un peu son dos, serrant la main dans la sienne. Et lui ? A tout autre que Mad, il hausserait les épaules.
« J'aimerais qu'elle soit finie. elle et toutes les autres, J'a- j'avais sommeil. Tout était.. trop. et lui pas assez, Donc j'ai.. pris un bain. » conclut-il platement
Et oh ses mots l'étouffent. Respirer lentement ne sert à rien quand son oeil rouge s'embue, plus fragile que l'autre. S'il scrute Mad un instant, sa tête ne tarde pas à basculer vers l'avant, venant de cacher contre le dos de sa main libre. Il souffle lentement. Tremblant. Pourquoi faut-il toujours que ça revienne si brutalement ? L'apathie est plus agréable. Le vide est un mal plus supportable que cette soudaine brûlure.
il s'essuie les yeux du dos du poignet prend une nouvelle inspiration
« Mais je- je suis content de te voir. » assure-t-il, revenant à Mad
Pour autant, il aurait aimé l'éviter. Ne pas avoir à chercher son aide. Nul orgueil dans ce désir de faire les choses seul, cela dit: il ne pense simplement pas devoir ennuyer qui que ce soit avec ses échecs. Puis Sad tend à vouloir dissimuler les marques les plus évidentes laissées par Thanatos. Ne pas davantage troubler son frère. Savoir n'est pas voir. C'est moins impactant.
« Les jours sont trop- trop longs. Mais parfois, quand tu- tu parles, j'ai l'impression que ça peut changer. à défaut de prendre fin, C'est une jolie chimère. » il hoche la tête
Lointaine et fuyante, mais dans un monde où les chimères existent, c'est déjà mieux que rien. Déjà mieux qu'un rêve, pour lui qui dort si peu. Un long soupir lui vient. Son souffle tremble encore, mais le goût de sang n'est pas revenu. (celui du sel un peu) Sad regarde à nouveau sa tasse. Boit une autre gorgée, bien décidé à noyer l'océan. Puis accessoirement à ne pas gâcher de nourriture. Il doute de pouvoir beaucoup aider avec ce que la table comporte de plus.. solide, disons, mais il fera un effort. Encouragé par le fait d'avoir été nourri, son estomac a cessé les mouvements confus.
c'est déjà pas mal ça l'encourage un peu
« Je.. n'ai pas de chimères pour toi. admet-il, penaud, Mais si un jour t'est trop long.. hm.. tu peux toujours me parler. Quand tu veux. Je- j'aurai forcément le temps. » la moindre des choses
Sad n'aura peut-être pas de solutions satisfaisantes à proposer, mais il est prêt à offrir ce qu'il a. De l'écoute, donc. Une épaule. Les deux, s'il faut. Ou de petits contacts, comme maintenant, où il tapote sa main du bout des doigts. Mad est certes plus enclin à dire les choses que lui, mais lui rappeler qu'il peut est sans doute une idée.
Il n’est pas d’accord son double, ne se sent pas suffisamment fou peut-être, mais lui se sent parfois triste. La même personne scindée, qui n’a pourtant pas changé. Son cœur s’affole parfois, quand Sad est dans les parages, il est rassuré, comme complet, comme comblé de savoir cette personne si douce encore à ses côtés et supporter malgré ses fautes sa présence. Il est le poison qui s’infiltre dans les veines et dont le triste cherche à se défaire. Il est cette raison qui l’empêche d’être lui, et ce en dépit de cette volonté de le voir s’épanouir. La fleur ne fane pas, elle est figée dans le cristal liquide dont elle s’est nourrie. Sa journée n’a pas été à la hauteur de ses espérances, peut-être trop vide pour l’empêcher de penser aux supplices qu’il s’infligeait si souvent. Si Mad ne les ressentaient pas physiquement, le poids de chaque tentative lui laissait des cicatrices invisibles. Mutuellement, les deux hommes se faisaient du mal. Le but pourtant n’avait jamais été d’atteindre l’autre de cette façon. Et si avoir pensé à ne plus être seul à supporter la tristesse l’avait soulagé sur le coup, il se rend bien compte et se rassure, le toqué, que le miroir lui renvoie un reflet qui n’est pas sien. Un être à part entière, qui partage beaucoup avec lui, sans être lui.
Il était heureux de le voir, pourtant les larmes et les sanglots transforment son cœur en une bobine vierge sur laquelle s’enroule le même fil dans de multiples tours et chacun d’entre eux serre un peu plus l’étau sans jamais le faire éclater, comme minutieusement ficelé de sorte qu’il puisse éternellement le ressentir. Il frissonne le fou et se lève, silencieux quant est réclamé sa voix. La main dans la sienne glisse lentement, il ne s’en détache qu’une seconde, le temps de gracieusement s’asseoir sur la table basse après avoir poussé de quelques bruits discrets le matériel, les tasses qui cliquettes et les friandises. En face de lui, ce fauteuil où repose Sad, son sérieux détonant avec la légèreté et l’hésitation de l’albinos. Mad Hatter ne peut rester de marbre à cette détresse offerte, cachée sous une culpabilité si grande qui fait écho à la sienne. « Cette journée est belle et bien longue, mais je l’apprécie pour une chose : cette conversation » car elles étaient toujours précieuses au-delà du thé, des odeurs et des sourires aux convives, le masque se fissurait toujours pour être refaçonné nouveau. Et derrière le visage de porcelaine souriant et impeccablement lisse du styliste, il y avait un vide que seuls quelques êtres étaient capables de percevoir et de combler. Un visage multiple, pour chacun d’entre eux, un visage que tous reconnaissaient de la même façon cependant car chacun d’entre eux était une facette distincte du chapelier fou.
De ses mains il caresse les poignets de son jumeau, l’invitant à se pencher assez pour se laisser reposer de nouveau contre lui. Tous deux jouaient les équilibristes, il n’y en avait pas un qui disposait d’une charge plus lourde que l’autre, égaux dans ce support qu’ils s’apportaient. Mad, se contente de glisser ses mains au-delà des bras de Sad pour une étreinte assumée, glissant au creux de son oreille « Je m’en veux de te causer tant de peine et j’enrage de sentir sous mes doigts filer les solutions. De toute notre vie, je crois que c’est le casse-tête qui me prend le plus de temps et le simple fait qu’il te concerne me hante. Mais nous trouverons» était-il capable de le sauver ? De le soutenir et de sauver quiconque s’il n’était pas en mesure de se sauver lui-même ou… une part de lui ? « Sad, tu es déjà si précieux » il ne supporterait pas de le perdre, fort heureusement ça lui est impossible de se soustraire au tableau. Il est égoïste, il le sait et poursuit pourtant. « Reste avec moi ce soir, nous pourrons parler, jusqu’à ce que tu t’endormes » jusqu’à ce qu’il réussisse à apaiser son esprit, à le distraire suffisamment pour qu’il y trouve un répit certain. S’il ne peut le faire aussi souvent qu’il l’aurait souhaité, il trouvera à sa place ce qui saura accaparer son attention et faire naître de nouveau les couleurs de cette fleur arrêtée en pleine éclosion. Il a quelques idées, douces comme lui, qui nécessite un talent dont il est certain que Sad possède.
le silence s'étire en aurait-il trop dit ? il croit toujours trop dire
Un instant, à voir Mad se lever, il sent son coeur se serrer. Etait-il présomptueux de s'imaginer qu'il resterait après avoir entendu ça ? Nul doute. Même son frère doit fatiguer de la même rengaine, s'imagine le chapelier gris. Lui même n'en peut plus. Il baisse les yeux sans mot dire, mais son soupir ne vient pas. Mad n'est pas loin. Il dégage un peu la table. S'assoit dans son champ de vision, rétablissant le contact aussi vite qu'il l'avait coupé.
il parle et Sad entend le vide Sad ressent les échos comme il comprend
« Ah. » souffle-t-il, à place du reste
A la place du magma confus qui prend vie dans sa tête. Les presque-sanglots d'excuse-moi, la flopée de merci incrédules, puis ce vaste océan de moi aussi que sa gorge serrée retient en otage. Sans lui, ce serait pire. (mais une note d'amertume montre les crocs: sans lui, ce serait mieux) Il secoue la tête. Non. Certainement pas.
elle persiste sans lui sans lui
silence
Elle a tort et elle le sait, pense le chapelier en sentant des mains sur ses poignets. Un souffle le quitte. Il bascule en avant quand Mad l'y invite, retournant son étreinte. Son soutien. Pas d'hésitation. Ce n'est pas un fardeau si c'est lui, bien au contraire.
Quand sa voix revient, Sad ferme les yeux, blottissant son front contre l'épaule de son frère. Lui qui pensait n'avoir plus de larmes. Quelle erreur. Mais il n'a jamais su quoi faire d'un trop-plein d'émotion et les pleurer lui semble être de loin la solution la plus inoffensive. Ils doivent former un curieux tableau, pense-t-il un instant. Comme si on avait collé une vieille photo monochrome avec une plus récente et que le résultat semblait plus harmonieux que ce qu'on avait imaginé. Pas très joli, mais.. approprié, d'une certaine façon.
Dépourvu de mots, il caresse le dos de Mad en espérant que ça atténue la douleur. Car nul doute: rien de ce qu'il pourra dire ne le fera. Ses solutions sont trop mortelles, ses visions trop pessimistes. Il espère simplement que Mad ne s'en veut pas trop. Qu'il sait ne pas être à blâmer, qu'importe ce que son frère ou ses doutes le mènent à penser.
(les tragédies sont à la mode) (ils n'ont pas eu de chance)
'précieux' dit-il embarrassé, surtout
« Comme toi. murmure-t-il pourtant, Tu- tu es là. C'est tellement. »
Sad aimerait dire 'assez' mais il n'a rien d'un menteur
Lorsque Mad demande sa compagnie, il n'est pas certain de ce qui serait le plus sage. Certainement y a-t-il plus divertissant que lui, dans les Otherlands. Pourtant, son coeur s'agite dans sa cage. Ça brûle. De la bonne façon. Une main remonte lentement dans le dos de Mad, allant caresser ses cheveux sombres. Si c'est ce qu'il veut, Sad ne trouve pas d'objections. Pas de craintes d'en demander trop.
« Très bien. accepte-t-il, presque inaudible, Mais.. si je ne m'endors pas.. ça- ça ira. Repose-toi. » ajoute Sad, s'écartant légèrement pour être entendu
L'impératif est maladroit, sur ses lèvres, mais ses yeux sont sérieux. Autant qu'ils le peuvent, du moins, avec les gouttelettes encore attachées à ses cils. Au moins est-il facile à lire. Dormir est un luxe que Sad n'attend généralement pas; passer du temps avec son frère lui semble déjà très bien. Reposant à sa façon. L'idée qu'il soit trop pessimiste ne lui effleure pas l'esprit. Pourtant, il devrait savoir. Morphée le boude moins, lorsque son esprit quitte le goudron habituel pour des sphères plus lumineuses. Or, Mad semble avoir un don pour le distraire du pire.
il devrait s'endormir le tout sera d'essayer
« Je.. reprendrai un livre. » marmonne-t-il, comme pour achever de le convaincre
Sad n'ira pas prétendre qu'il parvient toujours à s'y concentrer longtemps, mais inutile d'en dire autant. Du moment qu'il n'entraine pas Mad dans l'insomnie qu'il croit pressentir.
Dans ses yeux la lueur sombre d’une solitude fidèle qui ne les a jamais quittées. C’est d’elle qu’il aurait voulu se délester, non la transmettre. En revanche, Sad aurait été différent et quand bien même son état inquiétait souvent le styliste, c’était bien lui tel qu’il était qu’il aimait : cette douceur dont lui n’était capable qu’au travers de ses attentions. Sad était plus encore que cela à ses yeux, comme une fleur dont la force était invisible et en même temps si fragile qu’une simple caresse pouvait ébranler le tout. Non, ce n’était pas tout à fait ça, il resterait toujours quelque chose de lui, d’eux. Dans ses bras, le corps froid de son double se réchauffe peu à peu et les larmes roulent encore. Le toqué dépose ses lèvres entre les mèches immaculées aux reflets multiples, caresse docilement le tissu dans le dos de son frère, propageant toujours un peu plus cette chaleur qui lui avait manqué quelques instants plus tôt.
Sad lui était essentiel et son triste sort, il ne le devait qu’au chapelier fou, le rendant d’autant plus fou de ne pouvoir résoudre l’équation la plus évidente. Il apprécie le contact, s’enroule autour de lui pour qu’il s’y love à sa convenance. Leur relation, un paradoxe, à la fois si forte et si destructrice puisait dans ses ressources, attisait la flamme luisante de son regard et l’apaisait en même temps. Le meilleur comme le pire pouvaient en ressortir, mais ce silence et ces gestes sensibles aux touchés, il les lui réservait exclusivement. Précieux qu’il était à ses yeux et que Sad ne reconnaissait pas comme tel, il le savait bien, il ne pouvait s’empêcher cependant de le lui faire savoir. À tort peut-être, y croyait-il seulement à force ? Le doute était permis, Mad croit peut-être plus en son double que le principal concerné. Il lui propose de rester avec lui cette nuit, d’apaiser ses insomnies et de pouvoir profiter d’un temps de répit, de quelques heures, à l’abri de tout. Il espérait sincèrement pouvoir remédier au moins à ses démons qui de jour comme de nuit sont redoutables, néanmoins plus présents lorsque sa voix s’éteint, lorsqu’il n’y a rien pour animer, attirer davantage l’attention. Était-il une source de distraction suffisante ? Il l’espérait, il le serait pour lui. Pour eux, car ce lien qui les unit les rend sensibles aux émotions que l’un cache à l’autre.
Il s’éloigne, accepte avec pour seul compromis de s’endormir, en quel cas il lirait ce qui ne l’empêchait pas d’être là, de pouvoir le soutenir si ce n’est par ses mots, par sa présence. « D’accord » dit-il en souriant, son regard encré dans celui sérieux de son double. Parfois, le miroir reflète plus de couleurs qu’il n’en possède, mais il est seul à les voir. D’une main, il tire doucement celle de son frère, l’invite à le suivre sans rompre ce contact, désireux de lui transmettre tout l’amour dont il était capable. A priori le chapelier fou n’était pas capable d’éprouver de tels sentiments, il se servait des autres dans les rumeurs que ses convives entendaient et s’empressaient de répéter. C’est une image qu’il laisse volontiers se greffer au masque. Ils ne sont pas nombreux à le connaître vraiment, à le savoir possiblement fleur bleue. Il ne sera pas le preux chevalier sur son cheval blanc à parcourir les royaumes et à brandir l’épée, mais un fin stratège et une oreille attentive dont les secrets entendus seront emportés avec lui, le jour où cela arrivera.
La chambre du chapelier fou donne sur une armoire gigantesque. Une bibliothèque en façade lui offre souvent sa lecture et lorsque les portes sont ouvertes selon un mécanisme dont il a le secret, très farfelu par la même occasion, révèlera un atelier et quelques trésors de textiles ou qui n’en ont pas l’apparence pour tous. Mais ce n’est pas ce qui l’intéresse. Le lit, pièce maîtresse est aussi confortable qu’un nid fait de plumes et si c’est toute la demeure qui possède un mobilier pratique et confortable, son lit reste pour lui un domaine qu’il ne partage guère, tout comme le lapin ne partage pas ses terriers. Une pensée anodine et amusante qui traverse son esprit et qu’il ne se fait pas prier de partager avec Sad. « As-tu déjà vu le lapin blanc rougir Sad ? »
C'est une sorte de baume pour ses nerfs à vif, sans doute Sad chercherait-il son double plus souvent s'il n'était pas aussi perdu dans sa tête. S'il ne craignait pas de s'imposer. De perdre son temps. D'alourdir la journée d'un autre avec ses constants nuages noirs. (Mad a bien assez à faire) Le chapelier gris s'écarte en tâchant de ne pas montrer ses regrets. Scrute l'expression de son frère.
Il accepte sa condition si facilement que Sad se sent idiot d'avoir craint le contraire. C'est tout lui, d'avoir des doutes dès que l'occasion se présente. Trop habitué à ce que les choses les plus simples lui échappent pour ne pas avoir constamment peur qu'elles continuent. Qu'elles le narguent encore de loin. (elles le font si bien) Mais sa main dans celle de Mad est une assurance très tangible que non, pas cette fois. Qu'il sera autorisé à souffler un peu, pour changer.
il se laisse facilement entrainer essuie ses yeux du dos de sa main libre
Dans la chambre de Mad, ses yeux s'accrochent directement à la bibliothèque. A ce qui, il le sait, réside derrière. Curieux mécanisme et jolis tissus. Lui n'a pas d'atelier à proprement parler, trop préoccupé par d'autres choses pour vraiment s'y adonner. Il réserve bien un coin à ses confections de noeuds papillon, mais rien d'aussi spectaculaire que Mad. Ce n'est pas le rôle qu'il se donne. La zone est un chaos faible en couleur, effarant pour n'importe-qui sachant ce qu'est l'ordre. Il la gagne et l'abandonne entre deux désastres, mélangeant chutes de tissus et ouvrages terminés sans aucune forme de procès. Son sol en comporte autant que le bureau.
pour lui, ça revient au même aucun n'est intéressant
« Je- pardon ? » la question de Mad est singulière
Tiré une fois de plus d'idées déplaisantes par l'intervention de son frère, le chapelier gris penche sa tête sur le côté. A-t-il déjà vu ça ? Excellente question. Il ne se rappelle plus si les joues du passeur s'empourprent lorsqu'il commence à élever la voix (chose qu'il ne le voit plus beaucoup faire), ou que son humeur tourne à l'orage. Une expression mécontente fait surface dans son esprit, sourcils froncés et lèvres réduites à une ligne de désapprobation. L'imaginer sur le visage de White n'est pas difficile, mais autrement.. Il secoue doucement la tête.
« Lapin rougit souvent ? » il ne pense pas
Mais il oublie les choses à sa convenance. Il oublie le positif. Sa mémoire ne s'attache pas aux moments ou ses remerciements pour certains bonbons auraient pu, effectivement, mettre des couleurs aux joues du lapin.
Il se dit que ce doit être Mad qui met encore en mouvement des choses inhabituelles. Qu'il doit voir le lapin assez souvent pour ce type d'occurrences. Contrairement à son double qui sort si peu. Qui voit aussi peu de monde que possible, aussi bien pour ne pas avoir à parler que pour ne pas les indisposer. Sad est ennuyeux, de toutes manières. Il ne divertit que les bientôt morts, le temps limité lui évitant de décevoir. En théorie.
« Oh fait-il soudain, Il.. est-ce qu'il devient- hm- le Lapin Rouge ? »
Question importante à ses yeux. Dans l'absolu, Sad l'appellerait toujours 'lapin', mais il préfère savoir. Pour n'offenser personne.
La lune et les quelques champignons dans l’arrière-cour rendent le décor nocturne si doux de par leurs lueurs fantomatiques que Mad se plait à contempler un instant, les reflets de cet astre et de ses effets sur certains trésors animés seulement en sa présence. Sad en fait partie, sa peau opaline semble briller, mais il ne l’entendra jamais de cette oreille si le chapelier fou le lui disait. Un sourire s’esquisse sur les lèvres de ce dernier, prenant la main de son double pour l’éloigner du jardin, gardant jalousement la lumière qui émanait de son frère. Il lui sourit, sa main dans la sienne jusqu’à sa chambre qu’il ne partage que très peu. Immédiatement, le regard étincelant de Sad se dirige vers la bibliothèque. Aimerait-il passer du temps avec lui lorsqu’il confectionne quelques pièces ? Il l’invitera, gardant l’information précieuse de cet intérêt qu’il lui portait dans un coin de sa tête, dans un dossier bien rangé, lui, contrairement à d’autres pièces de ses méninges.
Il pourrait tout partager, mais quelques une des cases sont verrouillées à double tour. Mettre Sad en contact avec sa folie serait une faute grave dans la mesure où il n’est sans doute pas prêt à l’affronter. Il l’a entraperçu, sans l’ombre d’un doute, mais n’en verra pas plus, autorisé seulement à observer par le biais d’un voile en ombres chinoises. Tous deux savent, mais y être confronté pour l’un comme pour l’autre serait un drame. L’estime que Sad porte à Mad est importante pour le toqué et le serpent vicieux qui glisse sous ses veines pourrait en tirer avantage. Détruire ce lien reviendrait à se défaire de l’un des verrous qui la maintiennent toute au fond du puits.
Le vert acide se tourne et prend racine dans le regard carmin. La malice qui traverse son esprit tordu le fait sourire, celle-ci n’a aucune limite de partage. Le lapin blanc avait pris des couleurs et le récit n’en était que meilleur. Ainsi, la surprise dans le regard de Sad ramène ses pensées tandis que Mad sort de l’armoire deux pyjamas. Il lui en porte un, l’autre sera pour lui. « Non, justement, si l’on oublie quand il s’énerve. Mais avec nous, il y a des nuances » de couleurs et d’émotions qu’il cache derrière cette colère. Mad s’assoit et laisse le soin à son double d’en faire de même, de se préparer dos à dos dans un effet miroir. C’est une particularité fascinante de pouvoir se dédoubler… parfois les gestes sont les mêmes, parfois se sont les esprits qui pensent pareil. Ainsi, lorsque l’un sent son moral vaciller, ça n’est pas toujours de son fait. Mais pour l’instant, c’était agréable et plus que cela, amusant. Ses yeux s’agrandissent quand il se retourne, enfin vêtu pour dormir. Il rit volontairement, surpris par les mots, par l’idée même. « Ce surnom lui irait comme un gant et je crois bien que nous sommes les seuls à pouvoir le tenter sans en subir de fâcheuses conséquences »
Le fou se laisse retomber sur le lit, sentant son corps ravi de pouvoir enfin s’y poser. Il soupire et commence à expliquer. « Pour régler le problème de Mathilde, notre très chère machine à tout faire dans la fabrique à thé, nous avons été confrontés à certaines options et l’une d’entre elles était de passer par un terrier du Lapin. » Dit-il en découpant de ses ongles dans un bout de tissu dérobé sur le napperon de sa table de nuit des petits motifs permettant de visualiser la scène. À sa guise, il façonne le tissu en poursuivant son histoire. « C’est personnel, m’a-t-il dit, passer dans un terrier, moi le chapelier ? Jamais il ne le permettrait et pourtant… il a autorisé des scarabées » entre ses doigts l’animal prend presque vie, selon comment il s’amuse à faire voler les fils. « À ce moment précis, Lapin en personne a fait le lien : je n’y étais pas autorisé, mais eux oui. Et il a rougi » le petit rire mutin qui s’en échappe prouve toute l’espièglerie que pouvait mettre en place le chapelier fêlé pour taquiner leur ami. « Mais de nous deux, je crois qu’il te laisserait plus volontiers le rebaptiser, tu as cette douceur à laquelle il lui est difficile de résister » conclusion de l’histoire : Sad Hatter a un autre pouvoir insoupçonné qui adoucit les cœurs de tous ceux qu’il rencontre. Il ne pouvait en être autrement et quiconque y résisterait se mentirait à lui-même si tenté qu’il possédait un cœur.
il regarde le pyjama comprend avec du retard oh, c'est vrai qu'il fait nuit
Font-ils une.. soirée pyjama ? Après le thé ? Dans son imagination, ça se ferait à plus de deux. Au moins trois. Avec des gens amusants. (pas lui, donc) Mais alors qu'il fait distraitement glisser le tissu entre ses doigts, constatant une agréable douceur, Sad se dit que toutes les soirées peuvent être des soirées pyjama. Il suffit d'en enfiler un. La compagnie en laquelle on est ne doit rien y changer. Puis.. Mad reprend la parole. Alors, ses yeux s'éclairent un peu. Ils donneraient des nuances à Lapin ?
en font-ils le Lapin Rose Thé ? le Lapin Rose Dragée ? le Lapin Cerisier ?
L'idée lui tire un léger sourire: apporter des couleurs alors qu'il est si gris semble un peu comique à Sad. Presque sans y penser, il se coordonne avec son double. Assis à son tour. Dos à dos, associés sans même se regarder. Il défait sa tenue mal enfilée. Laisse tomber le tissu froissé, tâché de sang en de multiples endroits. Même sur du noir, il voit la différence. (il doute de pouvoir récupérer ce haut, même avec de la bonne volonté) Seuls restent ses bandages. Blanc pur. (une voix mielleuse lui dit d'y toucher) Il enfile vite le pyjama.
Mad rit et son coeur papillonne. Il trouve que le surnom lui irait bien et Sad se dit que oh, si Lapin l'entendait. Sans doute ferait-il sa tête des absurdités. Celle qui désapprouve avec une pointe d'offense. N'est-ce pas ça, les conséquences ? Ce serait en tout cas bien assez pour que des larmes commencent à piquer son oeil rouge.
offenser leur ami quelle horrible perspective !
« Peut-être qu'on ne devrait pas lui dire.. » murmure Sad en boutonnant son haut
Il se retourne en sentant le lit bouger, son regard tombant rapidement sur Mad. Mad qui commence à lui rapporter une anecdote. Qui en fait une histoire. Sad s'allonge à son tour sur le dos, s'arrangeant pour que son oeil valide puisse observer le découpage de son frère. Il cale une main sous sa tête. Lui accorde toute son attention.
Mad raconte bien les histoires les illustre de façon singulière il s'y croirait presque
En faisant un effort d'imagination, il entend les grondements de Mathilde devenue un peu dingue à force de travailler sur le domaine des toqués. Il voit Lapin et ses terriers, entre les fils du napperon. Puis il s'imagine Mad sourire. Parce qu'il l'aurait fait, en voyant le Lapin Blanc devenir coquelicot. Non ? Il tourne la tête vers lui lorsque l'histoire prend fin, l'esprit encore dans le jardin. Devant une scène qu'il n'a pas vraiment vécu. Oh, il aurait même ri, comme il le fait maintenant: un peu pétillant mais sans méchanceté. (Mad n'est pas méchant, de toutes façons)
« Il a aidé.. avec Mathilde, pense-t-il à voix haute, Lapin est si gentil.. »
Si brave, aussi. Mathilde hors de contrôle, ça doit faire froid dans le dos.. Mais les visions d'horreur le quittent aussi vite qu'elles sont venues lorsque son frère avance une hypothèse curieuse. Flatteuse, théorise-t-il. Lentement, le chapelier gris devient un peu moins gris.
« Je-je ne sais pas. » bafouille-t-il
Ses yeux sont ronds et son visage brûle un peu. Il pourrait le cacher contre son bras mais.. mais c'est Mad. Mad ne se moquera pas. Peut-être même que ça sera une bonne chose, de voir son frère délavé prendre quelques couleurs. Il se tourne à nouveau, fixant son regard sur le plafond.
Passer par l'un des terriers de Lapin.. il n'y a jamais pensé. Le voyage est-il rapide ? Y voit-on, devant soi ? Risque-t-on de se perdre ? Malgré lui, ses pensées retournent vers une idée fixe: est-ce dangereux ? L'éventualité que ce soit risqué pour leur ami lui retourne l'estomac. Mais bien sûr, il ne s'arrête pas à ça. (il pense au pire pour lui, pas pour les autres) Il s'imagine un pan de terre s'effondrer, l'avalant avant que Lapin le fasse sortir. Sad a déjà perdu son souffle. (à plusieurs reprises) Ca ne serait pas si terrible.
puis il pense à Lapin et oh comme il a honte Lapin s'en voudrait, il est si sérieux
« Mais si tout tombe et si- mais il s'interrompt, et c'est mieux Non. Ex-excuse-moi. » il fronce les sourcils
Ce n'est pas le sujet. Puis ça n'arriverait pas, parce qu'il se voit mal passer dans un terrier de toutes façons. Il ne se voit pas dans une situation qui le nécessiterait. A moins que.. Retiré des abysses, son esprit revient vers la formulation de Mad. Le rebaptiser ? Est-ce vraiment une perspective ?
« Ce.. c'est les scarabées, qui ont baptisé Lapin ? s'il y a un 're', c'est déjà arrivé, Ils-ils n'ont pas réussi ? Si c'est.. important, je peux essayer.. je-je crois. » avance-t-il avec une moue pensive
Il ne sait pas comment ça marche, mais si ça peut aider.. Ah, en espérant en pas se rater ! (il se rate si souvent) Pour leur ami, Sad ferait vraiment de son mieux, alors peut-être, peut-être qu'il pourrait faire les choses bien. Qui sait.
Les mains se lèvent, boutonnent les chemises de nuit, les membres sont habiles pour si peu. Il n’y a aucun marionnettiste, seulement deux pantins faits du même bois. Aucune des deux ne craint le feu ardent de jalousie animé par divers rivaux ayant autrefois craint le chapelier. Dorénavant il y en a deux et une condition fâcheuse empêchant une mort prématurée ou préméditée de l’ombre au chapeau. Une ombre. Mad ne se sent pas plus que cela et se complait dans ce qui le rend aux yeux de tous plus vulnérable, car en réalité il y a gagné plus qu’il n’a perdu. Un frère, de la compassion au détriment de menaces et d’une folie qu’il possède toujours et se fait bien moins sifflante à son oreille qu’auparavant. Il se demande parfois comment elle se manifeste chez Sad, s’il possède toutefois une once de cette mauvaise graine. Mais ce serait injuste à ses yeux tant il avait déjà à faire avec le démon discret fait d’encre et de pensées. Une voix qui comme le serpent profite et souffle contre sa nuque ce qu’il ne veut pas entendre, ce qui pourrait le faire tanguer au-dessus d’un précipice sans fond tant il y fait sombre. Oh, Mad sait très bien ce qui tourmente son autre et il aime à penser que la lumière qui émane de lui finira par épingler cette ombre ridicule qui ne prend en proportion que par ses doutes.
Lorsqu’ils sont ensemble pourtant, tout est moins flou, plus calme en dépit du tempérament excentrique de l’un des deux chapeliers. Le toqué se plait à imaginer des couleurs sur le visage du blondinet, se remémorant la scène d’une aventure mémorable. Il aurait souhaité que Sad y participe, c’est ainsi qu’il se décide à raconter, non sans tenir compte des inquiétudes de ce dernier. « Nul besoin de le lui dire en effet » à moins de vouloir taquiner ce très cher ami à pompon, ce que préconise le styliste à condition de savoir jauger son humeur. Lui ne se le permettra pas, Sad en revanche pourrait de sa candeur empourprer les joues du lapin blanc et faire rater quelques battements à son cœur. L’humeur en serait cachée, maquillée en colère quand en réalité il s’agirait de baume.
Tous deux allongés, le récit prend vie entre les doigts du styliste animant le napperon, déchirant sans bruit les fibres pour former les personnages. Leurs rires à l’unisson font vibrer de leur éclat la corde sensible de Mad, souriant en approuvant la gentillesse du Lapin blanc. « il cherche à le cacher, mais avec nous ça lui est difficile. Lapin est adorable » et tu l’es aussi souhaites-t-il ajouter. Mais il n’en fait rien. Les compliments qui viennent caresser l’égo du chapelier triste le mettent souvent dans l’embarras, délicieusement pour Mad qui sent son cœur s’apaiser à la vue de quelques couleurs supplémentaires. Cette harmonie de gris finira par être plus cohérente en couleur que ses associations à lui et c’est peu dire qu’il en connait un rayon. Une main s’approche, il ébouriffe les mèches immaculées, se tournant un peu plus vers lui tandis qu’il observe le plafond. Puis sa tête penche. Tomber ? S’effondrer ? Le terrier ? « Je n’en sais rien, je ne pense pas. Ses terriers sont aussi magiques que nous et je suppose qu’il saura les maintenir. La raison pour laquelle il ne souhaite pas que l’on y passe du temps est tout autre. Je pense avoir une petite idée, ce pour quoi je respecte son choix » et il ne doutait pas une seconde que Sad en ferait de même. « Cependant, s’il te le propose un jour, peu importe les circonstances, il serait impoli de refuser. Lapin nous fait confiance » une anomalie qui exigeait que l’on se penche sur la question. Pour quelle raison le ferait-il ? Question de vie ou de mort sans doute. Si White Rabbit se sent prêt, qui serait-il pour refuser ? Cela fait deux raisons. Il sourit, le chapelier et se laisse distraire par une nouvelle interrogation innocente.
Le sérieux de ce garçon le rendra toujours si faible tant il parait de soie vêtu, de porcelaine son être brisé que Mad s’évertue à recoller. De marbre il parait au regard de fils d’ombres tant il y a de fissures. Et pourtant, la porcelaine est solide et le motif ne varie jamais, revenant à cette forme toujours pure et fascinant par toutes les nuances de blancs. Elles sont nombreuses malgré les apparences. Le vert pomme croque chacune d’entre elles. Un soupir passe, les yeux se ferment, les bras s’approchent et il se saisit de l’une de ses mains. « Tu sais, si je ne savais pas qui tu étais je jurerais avoir un ange à mes côtés et à bien des égards à vrai dire, je pourrais m’être trompé. Tu en es peut-être un » Il se demande trop souvent comment l’aider lui, comment faire de sa vie un conte de fées sans parvenir à trouver une réponse parfaite, car il n’exige que cela pour lui. « Lapin n’en a pas besoin dans l’immédiat, mais la prochaine fois, demandons-lui ? Il se pourrait bien qu’il apprécie le changement » si ancré dans sa tête l’image du Lapin blanc, peut-être n’a-t-il jamais souhaité rester le même toute sa vie durant ? Et si le nom n’est qu’une facette, il devrait y en avoir plus. « Et toi, Sad, le nom Hatter te plait-il ? » te plait-il vraiment ?
Mad ébouriffes ses cheveux il sourit au désordre ne réarrange rien
Sa tête est déjà sans-dessus-dessous, qu'est-ce qu'un peu plus de chaos ? Quoiqu'en ce moment.. pas tant que ça. C'est bien.. bien plus clair que tout à l'heure, quand il a cherché refuge de l'autre côté. Si l'orage existe toujours, il ne gronde plus si fort. Mad l'étouffe, en quelques sortes. Dans le bon sens. C'est comme si Sad l'entendait depuis une autre pièce maintenant, derrière une porte fermée. Largement amoindri et presque inoffensif, désormais incapable d'éparpiller des morceaux de lui davantage qu'ils ne le sont déjà. Sad est un peu pus complet, quand il parle avec Mad.
(parce qu'il n'aurait jamais dû en être autrement) (une chose telle que lui ne devrait pas être sa propre personne)
Il lui parle des terriers. De leur magie inhérente, comme celle qui baigne la majorité des otherlands. Celle qui lie les deux chapeliers d'un fil incassable, empêchant l'un de s'enfuir sans l'autre. Pas de risques, donc, en théorie. C'est.. bon à savoir. Vraiment. Sad hoche résolument la tête, rassuré que leur ami ne risque pas constamment son unique vie. Passeur semble être un métier suffisamment stressant comme ça. (Lapin lui parait toujours fort tendu) Si ce n'est pas le danger, la raison à ce que ces terriers soient une affaire si privée importe peu au chapelier gris, en définitive.
c'est la magie de Lapin donc c'est lui qui décide inutile de chercher plus loin
Lapin leur fait confiance. C'est réconfortant. Pas que Sad aie eu l'impression que le Lapin Blanc ne l'apprécie guère (au contraire, il remarque bien ses efforts), mais l'entendre dire est autrement rassurant. Dans sa poitrine brûle toujours une douce chaleur. En présence de son frère, c'est presque une constante. Oh, rien de très intense ! La mèche d'un bougie. Une flammèche, tout au plus, mais suffisamment lumineuse pour garder les ténèbres habituelles à distance. Mad saisit sa main et les ombres reculent encore.
(elles se tortillent, mécontentes) (Sad ne les remarque presque plus)
Il lui parle d'un ange et Sad ne comprend pas tout de suite. Sad pense à Lucifer. A tous ces êtres qui ont un Père avec une majuscule et il ne comprend pas. (le Chapelier avait un père, comme tout le monde) Dans les yeux fermés de Mad, il ne peut lire de clarification. C'est un jeu de devinettes. On le dit plus ingénu que la moyenne, s'il se souvient bien, c'est peut-être ça.. Mad lui tient toujours la main, alors il s'imagine que c'est un compliment. Il lâche un bref rire maladroit. La serre légèrement.
« Dans ce cas.. tu en es un aussi. Forcément. » puisqu'ils sont frères
Ah, peut-être qu'il voit, en définitive. On dit les anges lumineux et impossible de ne pas faire le lien avec Mad. Mad est si doux avec lui. Mad éclaire ses journées. Mad fait plein de merveilles, alors bien sûr, tout chapelier qu'il est, le comparer à un ange semble approprié. Evident.
« Hm. » approuve-t-il par la suite
Bien entendu. Ce n'est pas rien, de changer d'appellation ! Les noms ont du pouvoir, pense Sad. Certains plus que d'autres. Il se demande vers quoi ira Lapin, s'il change un jour ou l'autre. S'il pourra toujours l'appeler 'Lapin', parce que le nom a beau ne pas lui appartenir, le chapelier gris s'y est attaché. Ses théories tourbillonnent, mais Mad l'en éloigne avec une seule question.
et son nom, justement ?
Quelle curieuse considération. Quelle idée singulière, que de se demander s'il lui 'plaît'. Sad adopte une moue pensive, ses yeux dépareillés perdant dans le flou. Il n'y a jamais pensé. Se mordant inconsciemment la lèvre inférieure, il se demande si ça serait grave, que ça ne lui plaise pas. (si ça attristerait Mad) Puis pourquoi ça ne lui plairait pas. Puis si c'est important. Les noms ont certes du pouvoir, mais pour un être comme lui, qui existe comme une arrière-pensée, qu'est-ce que ça change ?
« Mh.. je- il déglutit, je ne suis pas chapelier. » remarque-t-il, l'air penaud
La réalisation lui donne un peu froid. Est-ce qu'il.. est-ce que ça fait de lui un menteur ? Est-ce qu'il ne serait pas mieux de juste lui laisser 'Sad', parce que trois petites lettres c'est déjà beaucoup pour une telle erreur ? Sad se mord la lèvre un peu fort. (un peu trop fort) Il ignore si le goût de sang est nouveau ou ancien. Son souffle veut s'emballer.
Mais il n'est pas seul dans sa tête, avec toute latitude pour dériver vers le pire. Il est avec Mad. Alors, resserrant inconsciemment sa prise sur la main de son double, il s'ancre. Tente de se stabiliser. Comme ses yeux piquent.
« Est-ce que.. j'ai vraiment le d-droit de le garder ? » bredouille-t-il
Ses mains tremblent et il commence à se recroqueviller, remontant ses genoux vers son torse. Les ténèbres persiflent, soudainement revigorées. Derrière la porte, l'orage redouble de violence, la faisant claquer dans une soudaine bourrasque. Il ne fait rien de bien. Il n'y a qu'un échec dans son genre pour se faire appeler par un nom qui n'indique rien de vrai. Pourtant.. pourtant.. il est le Chapelier. Au moins un peu ? Non ?
Sad n'en sait rien Sad espère que peut-être.. peut-être que les ombres ont tort
« J'aimerais le garder. souffle-t-il d'une voix minuscule Co- comme ça je ne suis pas.. pas seul. »
Oui, voilà le pouvoir qu'il veut bien attacher à ce nom. Un lien. Alors peut-être qu'il ne le mérite pas. Peut-être qu'il l'usurpe et le malmène. Peut-être que c'est terriblement égoïste, mais ce nom, il aimerait vraiment le garder.
Dans les couloirs d’un manoir sombre se dessinent des couleurs recouvertes par l’usure. Les tapisseries ont vieilli, les cadres sont couverts de poussières et les portes fermées pour la plupart ont chacune un caractère bien à elles. Derrière se cachent des annexes saugrenues. Au fond, il y a cette pièce ouverte sur des casiers bien remplis d’où s’échappent parfois quelques informations désireuses de le quitter. Mad est organisé et son esprit aiguisé s’est adaptée avec le temps. Il n’a nul besoin de s’imaginer comment est celui de Sad. Sans en être la copie, car chacun pense différemment, il sait pertinemment qu’une brume épaisse se plait à l’égarer sur le chemin de ses propres idées. Un terrain idéal pour que les germes d’un doute se soient propagés et enracinés au sol ciré, brisant le carrelage dans des craquements à peine sonore tant ils sont fréquents.
Le toqué n’apprécie guère, faisant éruption pour tirer les rideaux, mais jamais la lumière ne filtrait complètement. Il n’était que de passage et s’évertuait à l’être aussi souvent que possible. L’aventure du lapin blanc dans la fabrique à thé avait calmé la petite voix malicieuse dans l’esprit de son frère à lui en donner plus de couleurs. Son sourire était un trésor bien gardé pour le fou, un trésor qu’il voulait cependant partager tant il rayonnait. Mais il ne laissait pas la lumière entrer, il y remédierait plus tard, préférant se lover dans l’espace grandiloquent du lit. Il persistait à croire ne pas mériter tant de douceur. Un ange dont les ailes lui étaient indiscernables. Le tableau était triste, mais dégageait pour lui cette aura bienveillante et attrayante. « Tu es bien meilleur que moi Sad » mais il savait qu’il protesterait, laissant cette lueur étincelante jouer au fond de ses iris. Ils étaient si différents que croire un instant pouvoir redevenir une seule et même entité lui paraissait impossible. Le styliste souhaitait ne jamais retrouver son âme. Une seule pour deux corps, c’était un drame. Mais deux cœurs battaient, le plus exquis des présents. Deux chapeliers, voulait-il porter ce nom cependant ? Lui qui voulait mettre fin à ses jours. Mad demande et il entrevoie presque les mains faites d’une vapeur noire entourer la tête de son double. « Sad… » chuchote-t-il, observant la morsure faire perler de nouveau les lèvres fines du triste chapelier.
Sa main se serre plus fort sur la sienne, serrant l’organe sous la cage thoracique du bourreau. Mad n’avait jamais voulu l’être. Il caresse gentiment la main, tire d’un geste lent dessus pour rapprocher sa moitié. « Sad… tu n’as jamais été seul et je ne suis pas plus chapelier que toi » une main remonte sur sa joue pour forcer son regard. « Là, ne t’en fais pas. C’est notre nom. Le nôtre, mais tout comme Lapin, je voulais savoir s’il te convenait ou si tu aurais préféré qu’il en soit autrement » seulement son avis, dans une question innocente dont les contours étaient beaucoup trop flous pour l’esprit déjà nébuleux de Sad « Je suis heureux que nous portions le même, mais tu aurais pu ne pas être de cet avis et je l’aurais respecté. Tes choix, je les respecterais toujours, quoi que tu décides » il n’y avait qu’une seule requête à laquelle il ne pouvait accéder : leur mort définitive. Mais du reste, s’il l’avait souhaité, Sad aurait pu faire du chapelier craint sa marionnette. Idée insolite et portant. Si Mad est le vice, Sad représente toute la bienveillance dont il était capable. Le chapelier originel n’existe plus et au-delà de toute sa tristesse, il a légué le trop-plein de cœur dont il disposait. Trop pour un seul être. Voilà pour quoi le chapelier triste est.
Mad resserre son étreinte, passant ses mains griffues dans le dos de son jumeau sans en abimer le tissu, grimpant parfois dans la masse d’épis clairs. Sa bouche sait trouver le front porcelaine. « Excuse-moi, j’ai été imprudent. As-tu cru que je n’étais pas satisfait de t’avoir avec moi ? » Il n’aurait consenti à pareille déchirure. Si lui se souvient vaguement de leur dissociation, les raisons en étaient claires. « Si tel avait été mon souhait, pourquoi serions-nous deux au lieu d’un ? N’oublie jamais à quel point je t’aime »
