C’est fini : les carottes sont cuites. Le brancard n’a pas suffi à stopper entièrement la masse dégénérée d’amateurs de cervelle et tu crois bien que ta dernière minute est arrivée — même pas assez de temps pour énumérer les noms de toutes les Mamans en guise d’adieu... à moins qu’un nuage de mousse chantilly n’émulsionne dans tout le couloir, jailli de l’extincteur, et ne vous permette
in extremis de franchir sains et quasi saufs les battants des portes du parking. Un peu plus et vous étiez littéralement dans la sauce. Là, dans le sous-sol, vous n’êtes cependant pas seuls. Entre zombies occupés à fracturer les vitres et amuse-gueules en sursis réfugiés dans les véhicules, l’endroit est une cocotte-minute qui n’attend que de déverser sa contagion sur le monde extérieur.
Tu bouges en pilote automatique.
Rentres dans la voiture qu’on te désigne.
T’assieds.
Ta tête risque d’imploser à tout moment — tu la sens qui bouillonne, ton cœur sur le point d’éclater, tes poumons à l’agonie. Le conducteur te parle, satisfait, rassuré sans doute par votre survie. Son nom. Himuro. Kinba... Kin...
Le portail du parking se lève, mais tu ne le vois pas. Ne le vois plus. Envahie d’une brume crémeuse, ta vision s’est brouillée. Ton corps abdique dans la seconde, parcouru de brusques spasmes. Quant à ton esprit, oh, ton esprit, il s’est évaporé depuis un moment déjà... Ne reste de toi qu’une carcasse frémissante aux yeux laiteux, qui dans un hurlement moite se jette à la gorge de ton compagnon d’infortune pour lui déchirer la chair à belles dents, gigoté qu’il est dans sa ceinture de sécurité.
Un banquet rien que pour toi puisque la faim a tout remplacé tout occulté la faim qui rampait en toi depuis que la dame t’a planté ses propres dents dans le bras la faim qui t’a parasité de l’intérieur et maintenant te livre en pâture à tes instincts ; vrai, Himuro est un festin délicieux.
Te voilà repu.
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