Épreuve 2 || Kobe High School - Joueur Amical

Depuis trois jours que tu avais été amené ici, tu commençais à en avoir un peu ras-le-bol que l’on te cuisine ainsi. Certes, tout le monde était adorable à ton égard, les dames en blouses ne manquaient jamais de te sourire ou de t’apporter des douceurs en t’appelant petit chou, puis les messieurs en blanc ne ressemblaient en rien à l’autre Docteur chez qui tu avais échoué dernièrement, avec ses dents de requin et son regard fou, mais en fin de compte, tu poireautais longtemps et ne savais pas du tout ce qu’ils attendaient de toi sinon que tu parles. Ah ça, tu parles que tu faisais de ton mieux ! Sauf que leurs questions te laissaient souvent penaud, pire qu’un poulet devant un couteau, et rien ne sortait de ta cervelle qu’une bouillie de mots trop peu digeste même pour un professionnel.

L’intervenante de ce matin, dès son entrée, n’avait d’ailleurs pas l’air dans son assiette. Elle aurait pu sans mal t’inspirer confiance, toutefois, avec sa légère brioche qui se devinait sous son uniforme, ses grandes prunelles noires et ses manières de tantine, du genre à te pincer la joue en avouant qu’elle en mangerait — si seulement elle ne s’était pas mise à saliver autant, ni à essayer de le faire pour de vrai. En quelques secondes, l’aimable créature s’était transformée en ogresse grognante aux yeux de merlan frits, littéralement frits, d’un blanc laiteux de cadavre, qu’elle darda sur toi avant de s’y jeter pour n’en faire qu’une bouchée.

Quand la porte de la pièce dévastée s’ouvrit de nouveau, tu chouinais en haut d’une armoire à médicaments, seul recoin hors de portée des mâchoires de l’affamée qui persistait à guetter sa pitance en larmes. Si l’intrusion la fit se retourner, hagarde, au milieu du chaos, elle n’eut pas le temps de s’éloigner vraiment que le meuble finit par céder sous ton poids et s’effondrer tel un soufflé de verre et de cachetons, dans un raffut de tous les diables.