call an ambulance ft. Echo

Le quartier des lumières portait bien son nom. Malgré la fin de soirée, les lumières artificielles de la ville étaient si chatoyantes et si omniprésentes qu’elles en devenant presque agressives. On aurait pu penser être en plein jour sans la vision du soleil disparaissant lentement à l’horizon. Si j’appréciais mes visites à New Hongkinawa, que ce soit pour son mélange d’architectures si particulières où encore les multitudes d’activités que la ville avait à proposer, je faisais toujours attention à distancier un minimum mes passages pour éviter son côté oppressant. J’avais passé une très bonne journée, je m’étais renseigné sur les nouveautés dans le domaine de la cartographie et j’avais visité une des nombreuses expositions scientifiques avant de décider de me balader sans but dans le quartier, un thé glacé à la main. Il y avait toujours quelque chose à voir ici, et juste marcher sans faire attention à mon environnement avait un aspect relaxant. Ce n’était cependant pas quelque chose que je pouvais me permettre de faire lorsque j’étais sur les routes. Je profitais donc de la sécurité toute relative des immenses gratte ciel pour un moment.

Mais il se passait toujours quelque chose à New Hongkinawa, et si il y avait peu de chance de se faire attaquer par un monstre en plein centre-ville, tomber sur une altercation dans l’ombre d’une ruelle l’était beaucoup moins. De ce que j’avais pu entendre, il s’agissait plus d’une sommation que d’une bagarre de fin de journée. Le pauvre homme gisant au sol s’étant pensé plus malin que ceux à qui il devait de l’argent. Et si on pouvait penser que dans un monde où l’absurde est roi, l’argent n’avait pas de pouvoir, et bien, c’était faux. Il semblerait que peu importe où l’on soit, la promesse de richesse trouveras toujours un moyen de se frayer un passage dans le cœur des gens. Peut-être était ce parce que j’avais perdu la mémoire, ou encore parce que j’avais choisi de ne pas m’installer dans un lieu fixe, mais je ne comprenais pas vraiment ce besoin de toujours accumuler davantage d’argent.

J’étais ennuyé. Certes, la personne se trouvant au sol était dans le tort pour ne pas rembourser ses dettes. D’autant plus que je n’étais pas concerné par cette histoire et que je ne comprenais que quelques éléments de cette dernière grâce aux bribes de conversion m’étant parvenu. Mais la violence n’était pas une solution que j’approuvais, et je ne pouvais décemment pas laisser quelqu’un se faire frapper et électrocuter sous mes yeux sans agir. Même si j’avais peu de chances de m’en tirer intacte au cas où la situation dégénérait. Je m’avançais donc prudemment, ne voulant pas paraître hostile. Une fois plus proche, je pus distinguer plus clairement ce qu’il se passait. L’homme à terre était dans un plus mauvais état encore que ce que je ne pensais, il était actuellement replié sur lui-même et à part des ailes fines et cristallines, je ne pouvais voir aucun autre de ses potentiels signes distinctifs. De lourds sanglots s’échappaient de ce dernier. Son assaillant possédait également des ailes, plus fournies de plumes d’un noir profond et balayées par des éclats violets. Dans d’autres circonstances et sans l’air mi amusé, mi agacé sur son visage, il aurait probablement été éblouissant.

- Je suis navrée d’intervenir alors que ce qu’il se passe ici ne me concerne pas. Mais la situation semble tourner en rond. Peut-être est-il possible de trouver une meilleure alternative pour tout le monde?

Quelqu’un m’avait un jour dit qu’un sourire, même un faux, était un bon présage. Qu’il s’agissait d’une porte ouverte pouvant laisser placer à la discussion. Pourtant celui qu’arborait le majestueux corbeau me faisant face me poussait à croire que cet adage était erroné. Si l’atmosphère de menace entourant ce dernier tel l’écrin protecteur d’un coquillage autour d’une perle précieuse n’était pas suffisamment claire dans l’expression de son mécontentement, le sourire carnassier m’étant destiné ne laissait aucunement place au doute.

L’espace d’un instant, mes pensées dérivèrent. Je me demandais ce qui allait potentiellement pouvoir m’être arraché par les Otherlands lorsque sa patiente sera épuisée et qu’il décidera de simplement se débarrasser de moi pour retrouver sa tranquillité. Quel sort s’avérerait être le plus enviable ? Perdre un membre était devenu assez commun pour qu’une certaine variété de prothèses pour tous les goûts aient vu le jour, pour peu qu’on cherche au bon endroit. Ma mémoire pouvait également être compromise, mais je n’étais plus à un souvenir près de perdu. D’autant plus que j’avais désormais des notes détaillées de mes diverses expéditions.

Enfin, c’était dans le cas de figure ou une nouvelle vie m’attendait après la fin de celle-ci. L’état de mon âme m’était actuellement inconnu. Et avec elle, les différentes alternatives de mon destin. Autant faire en sorte d’en terminer rapidement, et dans la mesure du possible, efficacement. Heureusement pour moi, j’avais sur moi quelque chose qui pouvait m’être très utile dans la situation présente. Je sortais une bourse de mon sac. Cette dernière était objectivement bien remplie, les contrats s’étant enchaîné ce dernier mois.

- Je suis bien loin d’évoluer dans les astres. Et je vous assure que devenir un problème pour vous n’est pas mon objectif.

Je lui désignais l’objet dans ma main avant de lui envoyer, les pièces s’entrechoquant dans une mélodie reconnaissable. Tout en faisait de mon mieux pour me mouvoir le plus délicatement possible, ne montrant aucun signe d’agression ou de mouvement brusque.

- J’espère que ceci est suffisant pour couvrir les dettes que cet homme vous doit. Ainsi qu’une compensation suffisante pour votre dérangement.