Comme ceux d’un enfant qui apprend à marcher, les premiers pas furent maladroits, avant que toutes les pièces ne s'emboîtent. La lumière des étoiles se reflétait dans ses yeux comme la sienne se reflétait dans les tiens.
C’était une deuxième venue au monde pour toi. Doucement, cette mémoire qui n’était pas la tienne s'effaçait de ton cerveau alors que tu te perdais dans le visage de ta partenaire. Son murmure te tira un sourire attendri. Tu étais heureux de pouvoir être considéré comme un fin heureuse.
Tu n'étais pas un prince mais un survivant. Tu n’étais pas un prince mais un enfant qu’on avait obligé à grandir trop vite. Tu n’étais pas un prince mais tu étais quelqu’un qui comptait pour les gens.
Cette réalisation te réchauffas le cœur, suffisamment pour que l’esprit apaisé, tu te mettes à fredonner la mélodie qui sortait de ton violon alors que résonnaient les premiers coups de minuit.
Ta voix et le tintement cristallin du beffroi raisonnèrent dans ton esprit tandis que ce qui t'échappait depuis que tu avais repris tes sens il y a de cela quelques heures sur le balcon. Quelques heures ? Non.
Un instant.
L’instant entre une vie que tu aurais voulu sans regret et une mort inéluctable. L’ultime instant pour composer ton requiem, pour donner un sens à ton existence. En te concentrant très fort, tu pouvais presque voir tes amis qui hurlaient, incapables de te rejoindre pendant que ta barre de vie s’envolait en fumée et que ton corps commençait à disparaître doucement.
Il était trop tard pour leur dire que tu les aimais. Mais peut être que cette inconnue qui avait posé ta tête sur ses genoux et peinait à retenir ses larmes pourrait leur dire un jour.
- Merci.
Merci de t’avoir fait réaliser que ta vie avait un sens, que tu étais le prince de ta propre existence. Merci de t’avoir offert cette dernière note, cette réponse, cette touche d’éternité pour soulager ta douloureuse mortalité.
Son sourire fit écho au tiens lorsque tu fermas les yeux pour la dernière fois.
