|  Hanz Asuka Couché au sol, c’est à ce moment que je me rends compte qu’on est maudits malgré qu’on ait survécu. D'une personne qui adore les statistiques, en quelles circonstances une situation puisse arriver – deux fois. Je ne crois pas aux coïncidences. Je l’ai sans doute croisé hier, plusieurs fois, sauf qu’avec la masse de gens je n’y ai pas porté attention. Ce matin il est là, à me tendre la main pour me sauver d’une mort certaine. Modeste ou humble, il sait aussi bien que moi que c’est impossible de décrocher la lune, il ne veut rien en retour. Je ne me moque pas de lui en riant du peu de respiration qu’il me reste. C'est aussi un problème lorsqu’on est gosse de riche. On est tellement bourré de fric qu’on ne sait plus quoi acheter. On a tout sauf l’amour des gens.
La sensation turbulente me revient des vagues un peu plus loin. Ce ne sera plus jamais pareil en regardant l’océan vue de la falaise ou y être pendant un matin de surf aux États-Unis. Ce mec m’a sauvé la vie, moi la sienne dans un carnage personnel qui a duré quoi, cinq minutes? J'ai l’impression que finalement, on n’a pas de service envers l’autre comme on se doit tout. Le jour où j’aurai une lune entre les mains, ce sera à lui qu’elle sera offerte, pas à personne d’autre. Même si c’est qu’un ami, que je ne connais pas son nom, j’ai la certitude qu’on se retrouvera un jour. Sur un coin de rue, un parc, une ville, en voyage; c’est obligé.
J’attrape sa main sans broncher cette fois. Ça fait mal sur tout le corps, étrangement ça me rend heureux. Des propos lancés à tout hasard, pourtant réels. Une larme à l’œil, je l’essuie rapidement.
- Il le sait déjà. Un jour nos astres s’allieront, comme toi et moi. On se reverra dans un an ou dix, qui sait, pour rire de cette connerie. Allez file, il y a bien quelqu’un qui t’attend.
On court après le temps dans cette société. Lorsqu'il nous rattrape enfin, est-il trop tard? |
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