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 À la base, il suffisait d'aller chercher des zœufs - ft. Dandelion

Aller au supermarché, puis rentrer chez soi... simple, non ?

Alors qu'il travaillait dans son laboratoire de fortune à proximité, le Docteur se rend compte qu'il lui manque quelques courses. Envoyer Dandelion et Aramudra, une bonne idée ? Pas si sûr...



Cela faisait bien un bon mois que Dandelion squattait dans le laboratoire de fortune du Docteur. Non pas que cela dérangeait l'homme qui faisait ses allers-retours vers le train quand il en avait besoin, mais il commençait à se demander si le petit serait prêt un jour à affronter ses propres réalités. Il le regardait, jouant avec Aramudra, à faire on-ne-sait-quoi entre gamins insupportables. Il se leva, avant d'aller se prendre un verre d'eau fraîche dans son frigo qui se trouva bien triste, vidé de la sorte. Cela ne faisait qu'une semaine qu'il avait acheté des provisions, alors le petit avait nécessairement mangé quelques encas durant ses absences. Bah, qu'importe, après tout c'était sa guérison qui importait. Cela dit, il se remémora cette fois au fast-food, où il avait manqué de peu de commander huit menus différents en appuyant partout sur l'écran tactile. Quand on y pense, quelle nuit... En vérité, s'il avait décidé de faire face à ses démons, Dandelion aurait sans doute été un patient plus facile à traiter, mais il a fallu qu'il fuit, lâchement. Heureusement pour lui, Aramudra a pu le suivre et le retrouver dans cette ruelle sombre. Depuis, il n'a pas véritablement progressé... Mais en un sens, l'homme lui-même n'avait pas pu prendre beaucoup de temps pour lui. Il fallait faire le point sur la situation, afin de choisir la meilleure option.

Dandelion, un jeune garçon qui a un traumatisme sévère, lié à ce qu'il appelle ses "Mères". Il essaye de se forcer à oublier et - ce faisant - détruit peu à peu sa psyché à chaque occurrence de flash mémoriel. Il ne s'exprime pas bien, manque cruel d'éducation, sans doute s'est-il retrouvé orphelin très jeune. Incapable de prendre des décisions rationnelles de lui-même, insouciant, ploie rapidement sous le poids des émotions. Le Docteur croisait les bras, soupirant face à ce verdict des plus logiques et désespérants : c'était tout simplement un enfant perdu. Soudain, il eut une idée. Il fallait de toute façon faire des courses, alors pourquoi pas l'envoyer acheter deux-trois bricoles et revenir ici ? Au mieux, il gère l'argent, il achète uniquement ce qui a été demandé et, au pire, il revient avec quelques blessures qu'il raffistolera sans soucis. Parfait, son sourire carnassier se dessinait à mesure qu'il imaginait de quelle manière amener la requête pour jouer avec son esprit.

Dandelion, je sais que tu as mangé toutes les dernières rations. Pour cela, je veux que tu ailles chercher quelques petites choses au supermarché. Je te fais une liste, garde-la bien avec toi. Des oeufs, du lait, de la farine, du rhum - ça, tu trouveras une manière ou une autre de t'en procurer - et... disons, des choses sucrées que tu aimes. Si tu reviens avec uniquement ce que je viens de citer et que tout s'est bien passé, tu seras récompensé.

Il lui tendit la liste, sachant pertinemment qu'il avait du mal à lire et qu'il serait obligé de demander à des passants. Ses compétences seraient toutes mises à l'épreuve ainsi. Après tout, quand ce petit pissenlit rencontrera les rafales de la vraie vie, il faudra qu'il tienne bon, s'il ne veut pas voir chaque parcelle de son être s'envoler vers les méandres de l'inconnu. Recoller les morceaux, le Docteur savait faire, mais il était hors de question de voir son patient se laisser aller à la facilité.

Aramudra t'accompagnera. Comme toujours, s'il lui arrive quoi que ce soit, prie pour que je ne te retrouve jamais.
OUI ! Aramudra aller avec Nara Fleur pour faire achat de trucs bons ! Acheter fleur de sucre pour nous ! Bonbon pique pique pour Nara Docteur !!
Hm... Vous verrez ça entre vous. Vous irez dans Halloween Town, c'est votre seule contrainte.

Cruel ? Non, du tout... Une ville où l'ambiance générale est basée sur la peur sera justement parfaite pour la guérison du petit. Une thérapie de choc, tout simplement. Il lui donna, tout de même, un cristal d'Akasha contenant les informations nécessaires de l'emplacement du laboratoire de fortune, au cas où.

Quand ils furent partis, le Docteur jeta un œil amusé à ses cartes et autres registres, avant de se rendre compte, un peu tard, de la véritable nature de cette ville "hantée"... Bâtiments qui se déplacent, perdition... Il frappa du poing sur le bureau, visiblement son amusement dans ses expériences mêlée à sa non-maîtrise de ce nouveau monde lui jouait encore des tours ! Il enfila son manteau, cela faisait quoi... une heure ? Rah, qui sait où ils sont fourrés, ces deux-là, si la ville bouge d'elle-même !


Aramudra, qui s'était posé sur l'épaule de son ami, était émerveillé par les lumières et autres déguisements. La notion de peur lui était étrangère, si bien que n'importe quelle personne mal attentionnée pouvait l'attaquer sans qu'il ne comprenne quoi que ce soit. À vrai dire, c'est pourquoi le Docteur voulait toujours suivre ces deux loustiques en douce : chose malheureusement compromise par le réagencement du quartier qui l'avait mis à l'exact opposé du duo.

Jolie la ville, tout couleurs ! Où magasin ? Acheter liste, zoeufs, laite, urine et fleurs de sucre ! Si Aramudra tromper, Nara Fleur corrige, meilleurs amis, meilleur duo !
Dandelion
Cutie & Bully
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Citation : forth from its sunny nook of shelter’d grass — innocent, golden, calm as the dawn
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Âge : 17 hivers
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Origine : Monde réel [fiction]
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Dandelion
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Ce mois-là n’était pas passé vite, oh que non. Entre les interdictions de sortie assorties de menaces concrètes, les absences répétées du Docteur qui t’abandonnait de fait à l’Ennui des longs après-midi et ses travaux auxquels tu ne comprenais rien qui emplissaient le laboratoire tantôt d’inquiétants silences, tantôt de rires sardoniques, il n’y avait pas grand-chose pour cultiver ton confort, encore moins ton bien-être. Certes, tu disposais du gîte et du couvert, de quoi forcer ta gratitude, sauf qu’à y regarder de plus près ce point-là ne te distinguait pas tant d’un simple prisonnier en soi — statut qu’à défaut de pouvoir identifier de manière intellectuelle tu commençais à appréhender par le cœur. Dans cette existence en vase clos, seul Aramudra constituait une source de distraction suffisante pour ne pas transformer chaque jour en un interminable lundi férié, puisqu’au fil des semaines la créature avait fini par devenir un repère, un soutien, un ami. Ensemble, vivre était moins triste, d’autant que vous étiez tous deux pourvu d’une même capacité cognitive, c’est-à-dire à peu près l’équivalent d’un dé à coudre, lequel avait la fâcheuse tendance à se vider inopinément dès qu’il faisait faim, fatigue ou frayeur. Au grand dam de votre tuteur tordu, dont les mâchoires serrées trahissaient si souvent son agacement. Ou pire.
Ce jour-ci n’échappait pas à la règle. Avec l’habitude, tu avais compris qu’apercevoir un sourire sur le faciès de l’adulte signifiait oups pour toi, du moins quand il n’y avait personne d’autre alentour, et ce quel que soit la suite des événements. T’excuser ne te sauvait que rarement les miches, si mal que tu avais arrêté ce genre de larmoiements devant lui, te contentant de baisser l’échine le temps que le danger s’éloigne. Enfin. Si danger il y avait, contrairement à cette fois. Tu relevas la tête, contrit, mains jointes devant ton ventre, étonné malgré toi de te voir confier une liste de courses. Ou, pour le dire autrement : une opportunité de promenade ! Même si le Docteur oubliait que ton cerveau n’était en mesure que d’enregistrer convenablement trois phrases à la minute, tu fis un effort pour retenir l’essentiel de la mission : des œufs, du lait, de la farine, du Rome et une récompense. Noté. Œufs, lait, farine, Rome, récompense. Œufs, lait, farine, Rome, œufs, lait, farine, Rome... Tu le répétas tant de fois dans ton duvet de moustache que si l’on t’avait demandé ton prénom, tu aurais répondu « Rome ! » sans hésitation. Ce à quoi Aramudra ajouta des fleurs de sucre et des bonbons pique pique, complexifiant d’autant l’expédition jusqu’au supermarché.
Œufs, lait, farine, Rome, fleur de sucre, pique pique, farine, Rome, fleur de sucre, lait, fleur de sucre, pique pique, Rome, Rome, Rome, non, Dandelion, fleur de sucre, œufs. Récompense.

Ah.
Quand votre commanditaire avait exigé de vous rendre à Halloween Town, tu n’avais pas tout de suite fait le rapprochement. Ce n’est qu’en te retrouvant à la frontière de la ville, redécouvrant ses façades biscornues et ses airs de fête des morts, que te revinrent aussitôt en mémoire les déboires que tu y avais vécu fut un temps à cause des facéties de son maire à tête de citrouille. Un bonbon ou un sort ! l’entends-tu d’ici s’exclamer à ta vue. Horreur et boule de gomme. Prière que vous ne le recroisiez pas. Aramudra juché sur ton épaule comme à l’accoutumée, tu serres la liste dans ta main droite, l’argent du Docteur dans la gauche, les dents dans ta bouche et courage, fuyons ! Pense aux œufs, au lait, à Rome, heu, à l’urine ? Tu vérifies sur la liste ce que raconte ton acolyte feuillu, de quoi être certain que vous ne vous soyez pas trompés de mot.
L’écriture est illisible. Genre, vraiment.
Déjà qu’il s’adresse à un illettré, faut-il en plus qu’il écrive comme un médecin — ce qui a du sens, quelque part, mais qui te rend soudain la tâche purement impossible. C’est Lilas qui t’a appris à lire et t’a familiarisé avec ce type de liste, quand à l’époque tes Mères t’envoyaient chercher du pain, des pommes ou des légumes chez les marchandes itinérants de l’Underland, cependant Lilas écrivait en lettres capitales, régulières, d’une clarté d’institutrice. Elle te dessinait même l’objet en question à côté, pour s’assurer de ta compréhension. Là, rien. Rien qu’un gribouillis transcrit à la va-vite, des graphèmes qui se mangent les uns les autres et ta confusion pour résultat. Œufs, lait, Rome... farine...
Tu ne sais plus où tu es.

L’épicerie était pourtant devant vous, vous vous y dirigiez d’un pas convaincu, tranquille, et puis elle a disparu d’un coup quand les maisons ont vrillé toutes ensemble. Tu t’es figé en plein milieu de la chaussée, en mode qui-vive. Où s’est-elle donc enfuie ?
«  Le magasin parti, eh... demi-tour, boute ! » t’exclames-tu faute de mieux, selon le premier sursaut de ton instinct. Pas que ce soit forcément le bon, d’ailleurs. «  On peut rentrer dans la maison, pis demander ? »
Ton doigt pointe une baraque tellement courbée que son toit se retrouve à l’envers, dont la couleur acidulée rappelle une bonbonnière à paillettes. Ça pétille jusque sur la rétine, mais face au manoir aux araignées à côté, à l’immeuble-cimetière dans votre dos ou au square couvert de pierres tombales qui borde l’allée, c’est encore la plus accueillante des options. Et dedans, ils auront certainement des fleurs de sucre.
«  C’pas grave qu’on se perd, le Docteur a pas dit d’heure de revenir..! », ajoutes-tu sur le perron de la bâtisse, non pour te rassurer cette fois, mais pour te dédouaner de tout ce qui pourrait vous retarder. Après tout, pour une fois que tu es libre de vagabonder avec Aramudra, ce serait dommage d’écourter ton plaisir.
En route pour la maison du sucre !

Il est trop tard pour faire demi-tour désormais, Dandelion et Aramudra sont pris au piège de l'effroyable Halloween Town. Face à une maison colorée encerclée par les frayeurs environnantes, notre implacable duo s'aventure dans l'inconnu, traqués par un Docteur exaspéré de sa propre bourde...



Aramudra ne comprenait pas trop ce qu'il se passait, il avait l'impression que cette étrange ville était vivante, pourtant il ne sentait rien de particulier, elle était bien loin des forêts où il avait l'habitude de se reposer. Des pierres vivantes, donc ? Incroyable ! Il avait bien remarqué que son ami était mal à l'aise depuis leur arrivée sur les lieux, mais n'avait pas assez bien saisi le problème pour l'aider à surmonter sa peur. La petite boulette regarda à gauche, puis à droite, puis une dernière fois à gauche, rien n'était comme avant. Dandelion semblait se rassurer en affirmant ne pas avoir d'heure précise pour revenir, mais Aramudra le savait bien : le Docteur n'aime pas attendre. Avant que le duo n'entre dans la bâtisse, il sauta sur le sol - s'écrasant tête la première après avoir glissé - puis se redressa pour regarder son vis-à-vis les yeux dans... l'espèce de visage souriant. Oui, il fallait lui faire comprendre que tout irait bien. Aramudra était courageux, vaillant et il savait s'occuper de ses amis, il saurait, sans doute aucun, rassurer la jeune pousse qui serrait si fort la liste de course dans sa main. Aramudra, tu dois le rassurer, tout le monde compte sur toi !

Nara Fleur pas peur ! Nara Fleur et Aramudra chercher magasin, ça pas magasin, nous demander chemin et trouver ! Pas beaucoup de chance que Nara Fleur voir méchant, ici gens déguise méchant, beaucoup méchants partout, pas méchants vrai, parfois peut-être, pas toujours, nous peut-être mourir, mais retourner dans forêt, se souvient de nous ! Pas peur, d'accord ? Aramudra faire toc-toc maintenant !

Bien évidemment, Aramudra ne savait ni comment rassurer qui que ce soit, ni même ce qui pourrait potentiellement être un danger. En d'autres termes, il empirait la situation. Quand il se tourna vers la grande porte colorée, il leva la tête, constatant la forme étrange de cette habitation. Comment cette bicoque tenait sur elle-même ? C'était une énigme, mais au moins la porte restait accessible, alors il frappa dessus de toutes ses forces. "Pouic pouic", voici le son que l'on entendit, pas même accompagné d'un simple "toc", aussi ténu puisse-t-il être. Rien. En d'autres termes, aussi scientifiquement que l'on puisse le décrire : personne ne peut avoir entendu cela.

Et pourtant, voici que la porte s'ouvrait, donnant sur une entrée des plus somptueuses. Une vaste pièce de manoir, victorien, mais uniquement constitué de sucreries diverses. L'escalier menant aux mezzanines semblait glacé à la perfection, parfum fraise des bois, dont un éternel coulis de chocolat tout juste tiède faisait office de tapis. Les poutres, ou plutôt les cannes à sucre, s'entortillaient et semblaient même contenir quelques cassures, ou plutôt morsures, ça et là. Oh, une dent coincée ici. C'était beau, c'était bon, on pouvait même faire de beaux bonds faisant apparaître des bonbons, assez pour remplir des bombonnes, ou une piscine à boules où faire une bombe donnerait une odeur si bonne ! Aramudra riait en voyait cela, sans même se rendre compte du fracas assourdissant de la porte qui se referma derrière eux. Il était bien trop émerveillé par toutes ces couleurs et senteurs que même le violent éclair, suivi de son ami le tonnerre, n'ont pas suffit à le faire sursauté. Non, lui, il faisait trempette dans le chocolat, devenant un sombre petit Aramudra tout content, malgré les divers portraits dans les tableaux qui le regardaient faire, l'air inquisiteur placardé sur leurs visages d'huile et de pigments.

Aramudra penser chocolat bon ! Nara Fleur devoir essayer ! Nous prendre chocolat bon pour surprise de Nara Docteur ! Nara Fleur a un bocal ? Aramudra peut pas porter chocolat bon. Veux faire bond dans chocolat bon ? Rigolo !


Un deuxième fracas se fit entendre, quand le tonnerre gronda de nouveau à la suite d'un flash plus violent encore, accompagné par l'orchestre strident de la pluie qui s'éclatait contre les vitres toutes colorées. La puissance de cet assaut sonore n'avait d'égal que la douceur des décorations, sublimées par un lustre en barbe-à-papa dont les flammes multicolores laissaient songeur quant à la capacité qu'a cette matière à supporter la combustion. Très songeur, même...
Mais soudainement, tous les tableaux haussèrent le ton à l'unisson, dans une voix commune presque religieuse, effrayante et profonde.

Vous êtes indignes de notre manoir ! Des bonbons ou un sort ? Bah ! Pourquoi pas... les DEUX ?!


Le chandelier prit effectivement feu, il fallait s'en douter. Sa chute était imminente, tant elle devenait une boule de feu arc-en-ciel qui allait bientôt foudroyer le pauvre petit Aranara pris au piège juste en dessous...

---

Pendant ce temps, le Docteur cherchait en vain la trace des petits. Chaque personne essayant de lui faire peur, parfois avec un succès timide, se prenant une remontrance qui les faisait douter sur s'il était bel et bien une personne qu'il était intéressant d'effrayer. Il se perdait, demandant à tout le monde où se trouvaient le jeune garçon et son familier en forme de graine géante avec des feuilles en guise de chapeau. Il râlait, riant presque. Perdre un spécimen comme Dandelion, ce n'était pas si grave, mais Aramudra ? Hors de question, il était unique ici ! Il attrapa l'un des passant et l'emmena dans une ruelle sombre, avant de le fixer droit dans les yeux, le perçant avec son sourire tranchant. Malheureusement, il n'y eut rien qu'il ne pouvait en tirer, l'autre le prit pour un simple habitant aimant faire peur et le remercia pour le spectacle en disparaissant dans une explosion de bulles de savon. Tremblotant à l'idée de perdre ces foutus gamins, il respira un grand coup. Rien ne sert de s'énerver, il n'avait que cinq balles dans son arme, s'attirer des ennuis serait... fâcheux.

Dandelion
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La situation actuelle est très simple à résumer. Pas d’épicerie, pas de courses ; pas de courses, pas de repas ; pas de repas... pas de repas. Et un Docteur fort mécontent en sus. Ce qui, en d’autres termes, pourrait être raccourci ainsi : pas d’épicerie égal mauvais quart d’heure une fois rentré — et cela, pas besoin d’avoir trois neurones pour le comprendre ; le passé regorge d’exemples où tu aurais mieux fait de ne jamais respirer plutôt que de contrarier ton gardien, car bien que tu en aies déjà oublié la moitié ton instinct se souvient pour toi dès que s’affutent ses dents.
Il s’en fallut de peu pour que tu doives poursuivre seul, d’ailleurs, Aramudra ayant manqué d’autant de se briser comme une coquille de noix sur le pavé. Au bruit qu’il fit contre le sol, tu ne pus t’empêcher de vouloir le ramasser avec effroi, cependant il se releva avant que tes mains ne l’attrapent et, sans attendre un quelconque souci de ta part, partit dans une diatribe confuses qui te laissa plus perplexe que soulagé. Pas peur, qu’il disait. D’accord, mais un tout petit peu quand même ? Après tout, le coin est connu pour ses attractions démoniaques, ses costumes d’horreur et ses tours pendables, et s’il n’y a pas beaucoup méchants partout, ou qu’ils ne sont pas méchants vrais, au bout du compte ils restent dangereux pour un esprit aussi naïf et influençable que le tien. Il n’empêche, à défaut d’être un orateur né, l’aranara demeurait une source évidente de motivation, ne serait-ce que par ses prises d’initiative difficiles à contrecarrer. Toi, tu n’oses pas vraiment l’arrêter, puisqu’il a l’air de savoir ce qu’il fait. Pouic pouic sur la porte, quel suspense. Est-ce que quelqu’un l’aura entendu ? Même tes tympans n’y croient pas, quand tes sourcils s’arquent de surprise.

Les lourds battants de bois s’ouvrirent en un grincement à faire verdir d’envie un vieux cercueil. À l’intérieur pourtant, rien de lugubre, bien au contraire. D’ailleurs, Willy Wonka n’aurait pas possédé demeure plus sucrée que celle-ci ; du sol au plafond tout n’est que délices et friandises, un palace de fruits confits comme les frères Grimm auraient été capables d’en écrire pour y faire cuire Hansel, et l’odeur de la nougatine et du chocolat s’y fait si forte qu’elle monte à la tête comme aux papilles, à en donner la nausée. Car tu ne sais plus où la donner, toi, ta tête, tant il y a de quoi s’émerveiller ! Est-ce une maison, un piège, un banquet ? Les trois  à la fois ? Où sont les gens ? Est-il seulement permis d’entrer, alors que nul ne s’est introduit à vous ? C’est que ce mois avec le Docteur aura au moins eu le mérite de te rendre plus prudent — plus pétochard, argueront certains — ou ne serait-ce que plus enclin à faire fonctionner la chouquette qui te sert d’encéphale face à une situation inconnue. Que ferait-il, lui, dans ce cas-là ? Déjà, il grimacerait, c’est sûr. Il grimace tout le temps pour un rien, qu’il soit content ou non. Puis il commencerait probablement à récolter des échantillons. Oui, il fera sans doute ce genre d’actions, tu te dis, même si aucune d’entre elles ne correspond à ton schéma de pensée.
Lequel se résume pour l’instant à bondir sur place parce que la porte a claqué dans votre dos, sans personne pour la pousser ni une bourrasque pour l’expliquer. Honnêtement, une chance que tu ne sois pas cardiaque ; tu aurais passé l’arme à gauche rien qu’avec la surprise. Ton propre couinement s’est quant à lui dilué dans l’éclaboussure d’Aramudra qui vient de plonger et patauge délicieusement au milieu du brun ruban d’onctuosité, pareil à un gros flocon d’avoine barbotant dans sa piscine de diabète. Il te propose même de l’y rejoindre, ce qui t’enthousiaste de prime abord, avant de te refroidir. Tu portes des vêtements, des chaussures même, et ceci n’est pas un bain d’eau ; il te suffit de regarder l’épaisseur du liquide et la façon dont ton ami se déplace pour comprendre que si tu y plonges, tu te noies. Le petit chien pour nager, tu oublies. Là-dedans, tu coules. Cela dit, y goûter ne se refuserait pas, aussi t’approches-tu de la mare avec curiosité — n’y parviendra jamais, puisqu’un second impact de foudre frappe la maison à cette seconde précise et te fait trébucher de peur, chutant de tout ton long jusqu’au bord du tapis. Des berlingots de douleur éclatent dans tes rotules et ton poignet droit. Encore deux centimètres et tu t’étalais la face dans le chocolat.
L’incident aurait pu s’arrêter là. Mais non. Cette maison-piège-banquet doit avoir une dent contre vous — on la comprend, en un sens, vous n’êtes que des intrus malpolis —, car aussitôt résonne le grondement de ses occupants jailli des murs. Tu sursautes, encore, toujours, à ces voix caverneuses qui hurlent de nulle part, lâches un cri trop aigu pour ton âge et tentes de t’agenouiller aussi vite que tu peux. Alors seulement tu remarques la boule incandescente de barbe-à-papa qui bringuebale au-dessus... au-dessus de...

« Nooon !! »
Tes paumes repêchent in extremis la boulette insouciante toute barbouillée de cacao, un clin avant que ne se décroche le lustre enflammé. À peine as-tu le temps de tourner ton buste sur le côté, Aramudra au bout des bras, que la masse s’écrase devant toi et, en dépit de la viscosité du tapis, t’asperge avec un bruit écœurant de chocolat tiède près de se transformer en s’more. En écho, le grommellement déçu ou railleur des maîtres de maison qui ont assisté à la scène quoique tu ne les entendes même pas, couverts qu’ils sont par les battements de ton cœur affolé.
« On part ! On part, oui ! On fait pas le mal, on veut que le lait, la f-farine..! C’est promet, on veut pas voler ! » que tu pépies en te redressant sans lâcher ton complice, et tant pis si tu ressembles maintenant à un dalmatien marron : jusqu’à ce que vous soyez dehors, seule cette porte close a de l’importance dans ta vie. Et tant pis aussi pour l’orage qui fait rage de l’autre côté, jetant de neufs éclairs contre les vitres. Tout est préférable à ces tableaux mesquins et ces meubles meurtriers.

Atteindre l’entrée ne pose pas de problème. Enclencher la poignée ne pose pas de problème. Ouvrir le battant, en revanche, pose problème. Parce que c’est verrouillé. Vous ne pouvez pas sortir. Il n’en faut pas davantage pour t’arracher une nouvelle plainte, Aramudra calé sous ton bras, alors que les portraits dans votre dos jouent les froissés :
« Parce que vous oseriez partir sans vous excuser pour le dérangement ? Quels marauds !
Par la patine de grand-mère, il n’y a plus de jeunesse de nos jours..!
Vous voulez la clef ? Où est la clef ? Ah... Mince, je l’ai mangée aussi ?! Ohohoho !! »
Tu ne prêtes aucune attention réelle à leurs offuscations ; ton intelligence fonctionne à l’adrénaline, c’est-à-dire n’importe comment, enfin, pire que d’habitude, quoi, de sorte que tu tentes d’enfoncer la porte avec ton épaule faute de posséder quoi que ce soit qui te semble utile dans l’immédiat. Ça ne rate pas : tu te cognes une fois, deux fois, malheureusement tu n’es pas bâti comme Calcifer, bonjour l’ecchymose prochaine, trois fois la porte s’ouvre à la volée juste avant que tu ne rentres dedans et emporté par l’élan tu t’apprêtes à voltiger sur le perron — c’est sans compter la canne candy qui te chope la cheville par-derrière en un vicieux croc-en-jambe, te faisant chuter une nouvelle fois de tout ton long sur le seuil.
Dans ta chute, tu lâches par mégarde l’aranara qui s’en va rebondir en cloche de Pâques au milieu de la rue, pendant que toi, tu te sens tracté en arrière à même le sol, direction l’intérieur du manoir dont les battants chatoyants se referment sur ton hurlement.
Seul

Aramudra a été séparé de Dandelion. Désormais, il doit devenir le plus courageux des Aranaras...



Est-il possible d'être plus malchanceux encore ? Certainement pas, non. Après avoir trébuché on ne sait comment, Dandelion avait malencontreusement lâché le pauvre Aramudra qui - tout en rebondissant comme une balle - vint s'écraser la face contre une citrouille qui éclata dans une giclée potagère. Il riait, content de sa petite cabriole; puis, en tout honnêteté, potagère... Cela lui donnait envie de faire une étagère en légume, la potagè- MINCE, Dandelion ! Il se tourna et vit les portes fermées. Ni une, ni deux, il fonça vers ces deux colosses immobiles et leur donna de puissants - non - coups de tête, malheureusement sans réussite aucune. Il commençait à paniquer légèrement, ne sachant que faire. La liste... la liste... Non ! Il avait oublié ! Des zoeufs, puis, évidemment, il ne faut pas l'oublier celui-ci, d'ailleurs il le sait, il s'en rappelle, évidemment, évidemment, où est Dandelion ?! Droite, gauche, gauche, derrière, en haut ? Rien, aucune entrée, personne pour l'aider. Il criait, mais aucun Nara ne vint l'aider, il était seul. Les tableaux, c'était de leur faute ? Pourtant, on s'amusait bien dans la maison, non ? Collant sa tête contre la porte, il laissa s'échapper un petit soupire, avant de promettre à voix basse ce qu'il se devait de promettre.

Nara Fleur, Aramudra promet pas abandonner toi. Trouver comment aider, pour Nara Fleur sauvé. Promet.

Il releva la tête et commença à se diriger vers le côté de la bâtisse, avant de trouver une échelle de secours menant au deuxième étage. Etant trop haute, il chercha de quoi l'actionner, mais rien ne semblait relié à cette maudite échelle. Un choc devrait être suffisant, aussi prit-il une pierre qu'il lança de toutes ses forces. Vingt, trente centimètres, tout au plus, voilà sa performance. Incapable d'atteindre son objectif, il ferma les yeux pour se concentrer, mais fut très vite troublé par des bruits de pas et des rires. En se retournant, il aperçut des enfants, ils étaient trois. Tous masqués, ils ressemblaient à des monstres, Aramudra n'avait pas peur car il savait que tous les enfants étaient gentils, bienveillants et sages, c'était évident.

Il se retrouva bien vite envoyé de mains en mains tel le petit ballon qu'il était... Pourquoi étaient-ils méchants, ceux-là ? Pourquoi n'étaient-ils pas comme Dandelion ? Il se rappela l'une des leçons malencontreuses du Docteur, quand il prit un malin plaisir à faire précisément ce qu'Aramudra ne voulait pas qu'il fasse, puis tenta le bluff. Après tout, il faut bien essayer, maintenant que ce monde est si différent et sans Irminsul, n'est-ce pas ?

M-Méchants Naras ! A-Aramudra... veut pas vous jeter lui sur fenêtre, non ! Pas rentrer dans mai- Weeeee ahahah ! Non ! Pas dans maison, trop peur ! Pas rentrer !

L'un des petits bavait tellement il était à deux doigts de mourir de rire, si bien que quand son amie lui lança un "chiche ou pas chiche" de jeter la créature jusqu'à la fenêtre du troisième étage, il s'y essaya sans tarder. Un échec cuisant, d'ailleurs. La face d'Aramudra, écrasée, contre le mur, lui fit plutôt mal, mais il fut rattrapé dans sa chute par le troisième gamin. Lui, il voulait tenter aussi, mais semblait plus intelligent : "Il est trop mou, faut lui mettre une brique !". Sérieusement ? Aramudra ne comprenait pas tout, mais la peur commençait à monter en lui. Cette fois, plus de bluff, il les suppliait d'arrêter, n'ayant alors pour effet que d'enhardir les petits qui pensaient avoir trouvé là un nouveau jouet "marrant". Deuxième lancer, deuxième échec... ou presque. La vitre se brisa mais l'Aranara chuta violemment sur le sol. Sa tête tournait et il regarda ses bras, la vision floutée par une sensation qu'il avait du mal à décrire. Irminsul n'était pas là, il ne pouvait rien faire, rien demander. Pourquoi ce monde était-il si cruel ? De la sève coulait de ses petits bras meurtris, puis il sentit les mains de la jeune fille le porter. "Bande de nuls, avec la pierre il est plus lourd, faut le jeter comme ça !"

Envole-toi, petite Arafusée, écrase-toi dans la cuisine de la bâtisse... Il avait mal et les petits hurlaient de joie à l'idée d'avoir réussi à gagner à leur nouveau jeu. Une cuisine loufoque et dangereuse, où tout semblait fait pour rendre la chose acceptable. Immaculée d'un blanc radieux, avec des couteaux, des fourchettes, de la vaisselle en veux tu en voilà, qui chantait et dansait à l'unisson. C'est la fête, qu'ils disaient, mais lui avait mal à la tête, surtout. Il tapait de toutes ses forces contre la porte qui menait au couloir reliant la cuisine à l'entrée principale, terrorisé à l'idée de ce que pourraient lui faire subir ces choses.

Nara Fleur venir aider ! Aramudra bête, penser pouvoir aider, trop petit, trop...

Il se sentait mal, il avait peur. Que pouvait-il bien faire, seul ?

Nara Docteur... Aramudra a peur...!

---

Le Docteur frappa du poing contre une colonne, qui se brisa sous son regard étonné. Du sucre ? Quelle connerie, c'est quoi cet endroit ? On lui avait vendu une zone "effrayante", pas un spectacle grossier et permanent où les ahuris se réuniraient pour s'amuser à faire peur ! Quelle idée, merde... Il continuait de chercher, avant de croiser trois enfants, rieurs. Il grommelait dans sa langue bien à lui, ce qui fit se retourner l'un des deux garçons, se tenant le ventre de douleur à cause des rires. À vue d'œil, symptômes presque normaux, il s'en tirera. Mais que veux-t-il ?

Ahahah ! R'gardez les gars ! Il est trop bien son costume de chais-pas-quoi à lui ! Après la p'tite boule plante qu'on a jetée dans la maison, ça fait deux super trucs ce soir ! Trop coool !

Bien. Toi, t'es mort.
Dandelion
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Dandelion
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Ta dernière heure est arrivée, c’est sûr. Ta dernière minute, même, en ce que tu ne disposes de sans doute guère plus de temps avant de passer le couteau de dinette à gauche — as-tu pensé à prier pour le salut de ton âme ? Non, bien entendu, rien dans la caboche, rien que la panique dans sa forme la plus pure, à ça de te pisser dessus tandis que tu racles le sol du hall d’entrée au point de t’esquinter les phalanges, des échardes plantées sous les ongles et les plaintes déchirant ta gorge. À force de te débattre, tu parviens cependant à te dégager de ce croc-en-sucre contre ta cheville avant que celui-ci ne te fasse plonger à ton tour dans le tapis de chocolat au centre de la pièce, mais dois abandonner dans la bataille ta cape de laine qui se retrousse par-dessus ta tête et qu’en bondissant sur tes jambes tu laisses sur place. Le réflexe de la ramasser ne te traverse nullement, car fuis fuis fuis fuis est bien l’unique pensée qui occupe encore l’antre de ton crâne — alors tu obéis. Fuis fuis fuis fuis. Certes, mais par où ? La porte d’entrée est une cause perdue. Est-ce une illusion d’optique ou bien tout le rez-de-chaussée s’est assombri après la chute du lustre ? Et s’il subsiste quelques chandelles en guise d’appliques sur les murs, elles luisent trop faiblement pour te rassurer. D’ailleurs, quand ton regard se jette affolé autour de toi, elles s’éteignent une à une sous les ricanements des tableaux. Oh, ces tableaux. C’est bien peu de dire que tu les détestes. À cause d’eux Aramudra a failli brûler, à cause d’eux vous avez été séparés, à cause d’eux tu t’es retrouvé piégé. Ils sont coupables de tout, ton épouvante d’abord, ta colère ensuite, cette colère puérile qui te sied si mal et qui pourtant couve dans chacun de tes gestes.
Véloce quoique pataud, tu t’élances vers l’unique endroit encore suffisamment éclairé : l’étage. Là-haut peut-être trouveras-tu une fenêtre ouverte ou, mieux, un toit par lequel te sauver. C’était comme ça chez tes Mères, quand tu avais interdiction de te montrer dans le salon mais que tu voulais sortir quand même ; tu grimpais au grenier, dans la cale du navire retourné qui servait de bâtisse, puis tu ouvrais une écoutille et, empilant des caisses, te faufilais dans l’orifice à la manière d’une anguille dont les fesses coinçaient toujours un brin. Et qui finissaient toujours par passer quand même. Si toutes les maisons du monde sont construites sur le même plan, alors tu devrais pouvoir y trouver cette échappatoire.

« Où courrez-vous ainsi, jeune garnement, avec vos pieds crasseux ?
Ha là là, décidément, en voilà un qui mérite qu’on lui tire les oreilles..! Arrêtez-le ! »

Inutile de chercher à comprendre finement ce qui est dit — si tu tiens à la peau de ton derrière, tu as intérêt à ne pas te laisser attraper par ces persiffleuses peintures — mais plus facile à dire qu’à faire ; tout juste as-tu posé le pied sur la troisième marche de l’escalier central que tu la sens vibrer puis se soulever, comme prise de hoquet, et manquer te faire tomber à la renverse. Par réflexe tu te projettes en avant, tes paumes prennent appui sur la rambarde qui, aussitôt prise d’un même mouvement endiablé, se transforme en vague de cuivre, non, pas du cuivre, ça colle comme du caramel fondu, et pour t’extirper tu dois tirer de toutes tes forces, la bouche froissée d’une moue plus horrifiée qu’écœurée. La rambarde pour te tenir, tu oublies, donc.

« Eh bien, eh bien, quel genre de petit crapaud avons-nous là ? »

Le troisième larron rajoute une couche, railleur. Il n’a pas tort, pourtant ; à t’observer ainsi tenter d’atteindre l’étage sur des lattes bringuebalantes, sans soutien ni sens du rythme, tu ressembles à un joueur de claquettes ivre, et c’est d’ailleurs un miracle que tu parviennes à la plate-forme entre les deux volées de marches. Sorti d’affaire ? Que nenni ! Tu t’es à peine rapproché du mur en vue d’assurer ta sécurité dans ton dos que tu constates que le cadre que l’on y a exposé, bien plus imposant cette fois, affiche l’un des locataires de plain-pied en habit de dragon martial, à licorne sur, hm, une licorne du coup, mais en peluche. Il cabre sous ton nez effaré avant de sauter, littéralement sauter hors de la peinture, toujours vêtu de son uniforme militaire, sabre au poing et taïaut sur la langue, hilare. Vu la manière dont il fait tournoyer sa lame, le prochain scalp est pour toi. Au secours.
Si seulement tu avais encore l’énergie de crier.
Toutes tes forces sont descendues dans tes jambes — à ce stade, tu ne peux compter que sur elles. Le gus se marre, ce n’est pas tous les jours qu’il tombe sur une victime aussi distrayante, il prend son temps aussi, à sautiller d’un pied sur l’autre en énumérant toutes les façons dont il pourra te punir pour tes semelles crottées, sauf que tu détales déjà vers l’étage supérieur avant de t’effondrer en travers des marches parce qu’il vient de t’agripper la cheville. Aïe. Encore. Paillettes de douleur dans ton corps. Et dans ton crâne, l’unique réflexe qui vaille : lui décocher ton pied au nez. Tu frappes, l’éjectes en lui arrachant un grommellement outré, mais sa plainte cette fois n’a rien d’un jeu d’acteur :
« Ha, petit con, mais ça va pas !? »
Comme si t’allais lui répondre ; t’en sais rien, toi, tu repars déjà à quatre pattes jusqu’à l’étage à la recherche de cette issue de secours — tiens d’ailleurs, en parlant de fenêtre, est-ce le son d’une vitre que l’on éclate que tu viens d’entendre ? C’est qu’il doit y avoir une ouverture, ou tout du moins quelqu’un d’autre dans cette maison qui ne te veut pas du mal, et rien que ça, ça vaut la peine d’essayer. Alors tu cours vers le bruit sans même te retourner pour voir où en est ton poursuivant, trop peur, trop peur, juste cours, il te rattrapera si tu t’arrêtes alors fuis, fuuuiiiis.

La porte s’ouvre à la volée sous tes poings paniqués. À l’intérieur règne un chaos dansant qui te statufie une fraction de seconde, désemparé que tu es devant toute cette vaisselle qui dodeline et gambade dans les airs, avant que tu ne remarques la silhouette d’Aramudra qui chancelle au milieu du tumulte — est-ce que tu viens de lui envoyer le battant dans le museau sans faire exprès ? sûrement — et que tu ne te précipites sur lui pour le serrer dans tes bras. Pour un peu, tu te retiendrais de pleurer. Ton cœur bat à mille à l’heure, il doit l’entendre dans ta cage thoracique que la course fait palpiter fort fort fort, autant que tu l’étreins, tandis que tu te jures de ne plus le quitter,
« Promis, promis tu restes ensemble, avec moi..! »
si seulement c’était aussi simple.
Surtout que dans le tintamarre ambiant, tu n’oublies pas qui est-ce que tu fuyais ; là dehors, de l’autre côté de cette porte que tu as laissé grande ouverte, il y a ce Napoléon au nez rougeaud qui se précipite avec l’envie de t’apprendre les bonnes manières et dont le regard furieux rehausse d’un cran ton affolement. Alors, ton ami brocolis-chocolat dans un bras, tu t’empares d’un couvert à la volée en guise de défense — une longue broche à jambon, pourquoi pas — et te mets à appuyer de tout ton dos sur la porte pour la maintenir close contre l’homme. Certes, il aurait peut-être été plus judicieux de viser le carreau brisé et voir si tu pouvais sauter hors de sa portée, mais se barricader est venu d’abord et maintenant tu n’as plus le choix : rester là à faire quart de barrage pour l’empêcher de rentrer ou risquer de te faire piquer les fesses par la première fourchette qui passe. Qui dit mieux ?
« Comment qu’on paaart ? » chouines-tu.
Une intervention ô combien utile dans l’immédiat, s’il en est.
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