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 .someone to play hide-and-live. [Gali]

Dandelion
Cutie & Bully
Icône : .someone to play hide-and-live. [Gali] 65pv
Citation : forth from its sunny nook of shelter’d grass — innocent, golden, calm as the dawn
Messages : 45
Âge : 17 hivers
Race : Alice
Métier : -
Avatar : Fushi | To Your Eternity
Origine : Monde réel [fiction]
Pouvoir : -
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Dandelion
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Silencieux est son pas dans le jour naissant.
Hésitant est le tien sur ses talons, petit fantôme échappé dans son sillage — ne pas t’en faire repérer. Car si elle t’aperçoit, nul doute qu’elle te renverra à la case départ. À cette heure trop précoce, alors que l’Atlantide est plongée dans cette lueur bleu sombre qui précède l’aube, elle fuit dissimulée sous sa large pelisse d’un blanc cassé, le vêtement le plus clair qu’elle ait pu trouver pour ne pas se faire remarquer, et tu ignores où elle se dirige ainsi en secret, s’éloignant toujours plus de ses collègues assoupies. Cela fait presque une semaine qu’elle est bizarre, Volubilis. Tout le monde est au courant, à l’hôtel ; le mal est récurrent. Pour t’expliquer, elles le comparent aux deux phases de la lune, analogie qui n’a jamais réussi qu’à te tirer des mines perplexes — puisqu’elle ne s’arrondit ni ne s’amincit pendant ces périodes, tu ne saisis guère le rapport entre l’astre et ta maman aux yeux d’argent. Tu t’inquiètes juste quand tu l’écoutes rire jusqu’à en pleurer, quand elle te dit « adieu » en guise de « bonne nuit », même si le lendemain elle est toujours là à te montrer le quartz rose, à peine égratigné, qu’on lui a échangé contre une dernière passe ; tu te dis que peu importe les phases de la lune, tant qu’elle est encore debout, tant qu’elle te reconnaît, tant qu’elle est capable de te sourire, et tant pis si c’est juste pour te réconforter, sans y croire elle-même. Toi, ça te suffit. Même cachée, tu l’aimes, la lune.

C’est la première fois depuis bientôt trois ans que sa tristesse dure aussi longtemps. Cette nuit-là, elle a demandé à ne pas travailler, et comme elle paraissait si abattue, si chagrine, personne n’a contesté. Tu es allé te coucher sans te douter de rien. Néanmoins, à l’instant où la soif t’a attrapé à la gorge pour te réveiller, la disputant déjà au chien et au loup qui se chamaillaient au firmament, à l’instant où le dernier client avait refermé la porte de ce navire renversé faisant office de lupanar, tu avais entendu ses souliers descendre les marches du perron. Tu les reconnais, les pas de Volubilis — le droit sonne plus fragile, plus délicat sur les pavés. Tu n’aurais pu la confondre avec personne d’autre. D’ailleurs, tu aurais voulu avertir quelqu’un, sauf que toutes tes mères étaient parties se reposer, et bien qu’elles t’aient interdit de sortir seul sans les prévenir, tu devinais que si tu ne filais pas tout de suite la fugitive, tu ne la retrouverais jamais. Alors tu as reposé ton verre de lait tiède puis enfilé en vitesse sur ta robe de nuit tes braies à bretelles, celles qui ont été cousues dans un tablier, on y distingue encore de vieilles taches d’huile et de thé, et pieds nus pour ne pas t’ébruiter, tu es parti à ton tour.

Elle prend les ascenseurs en direction de la surface. Toi aussi.
Profitant du passage d’un lascar trois fois plus large que toi, tu te glisses dans le caisson sans qu’elle ne t’y repère. Elle a le regard hagard, de toute façon. Perdu au-delà d’elle-même. Ne semble rien guetter que sa destination. Il t’est difficile de te retenir de lui attraper les jupes, de la tirer en arrière pour l’empêcher de poursuivre, tu préfèrerais qu’elle rebrousse-chemin avec toi, revoir au fond de ses prunelles le moindre éclat, fusse-t-il de colère ou de rancœur. Tout plutôt que ce gris morose, si terne à l’aune du platine qui y luit d’ordinaire. Mais si tu t’interposes maintenant, elle pourrait te renvoyer dans l’Underland sans elle, refuser de rentrer avec toi, et tu ne pourrais rien y opposer du bas de tes treize ans. À défaut de meilleure alternative, tu persistes donc dans ta filature.
Pas longtemps, toutefois.
Le Santa’s Village s’éveille à peine, mais il scintille déjà de mille feux sous les balbutiements du jour. Pour un enfant comme toi, la plus infime breloque est tentation, or tu t’efforces de ne pas quitter des yeux la silhouette écrue qui traverse les allées sans s’y attarder, de plus en plus confus quant à ses ambitions. A-t-elle l’intention d’acheter quelque chose ici avec ses pépites de quartz roses ? Un cadeau ? Oh, peut-être. Cela lui ressemblerait bien, à Volubilis, elle qui adore gâter autrui durant sa phase ascendante. Mais quelque chose tinte étrange, dans cette histoire. Et tu ne saurais dire quoi.

L’espace d’une seconde, tu l’observes pousser la porte d’une échoppe dont lire l’enseigne s’avère une tâche trop ardue pour toi. Tant pis. C’est une humble boutique, on y vend certainement tout un tas de choses dont tu n’as pas besoin mais qui font envie, comme dans à peu près tous les magasins que tu as pu croiser. Encore que celui-ci ne s’apparente guère à une épicerie, quand les cordes accrochées dans la vitrine te laissent ô combien dubitatif. En douceur, tu finis par imiter ta mère et entrouvres le battant. À quelques foulées du seuil, Volubilis te tourne le dos, devant le comptoir, les épaules basses, si frêle qu’on croirait un souffle d’air capable de la briser. Elle est à l’évidence la première cliente de la journée — ce qui fait de toi le second, en un sens.
Mais pas le bon.
Gali
Tick Tock the Croc
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Gali
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Tu es prêt.
Tu es sûr que tu es prêt.

Tu n’as pas demandé la permission à Troll, certes, mais depuis que tu portes ta peau d’homme, tu as du mal à lui demander quoi que ce soit ; tu lui colles moins au train, aussi. Non que tu te l’avoues consciemment, tu n’as pas le cerveau suffisamment fini pour ça, mais du coup ça ne te vient même pas en tête de lui demander si tu peux. Mais peu importe. T’as dandiné tes écailles couleur de masse pas fraîche jusqu’au magasin ce matin, persuadé que ce sera enfin ta journée. C’est que t’es devenu presque bon, pour de vrai ! Aujourd’hui, tu n’as rien renversé - à part le thé froid abandonné sur le comptoir, mais t’as profité que personne ne soit encore arrivé pour croquer les éclats de porcelaine et lécher la flaque, ni vu ni connu - , tu n’as blessé personne non plus - et le fait qu’il n’y ait encore aucun client n’y est pour rien, non non -, bref, tu es prêt, c’est certain.

Alors quand la marche funèbre sonne et résonne à travers le magasin, signe que quelqu’un a poussé la porte, tu devances le chapelier triste et t’échappe de la remise tel un papillon fou.

Tu as plaqué un sourire sur tes lèvres gercées, un drôle de sourire, un peu tordu, qui ne semble pas tout à fait réel ni sincère. Un peu comme un masque enfilé à la va-vite sans réfléchir. Oh, tu sais ce qu’est un sourire. Mais tu te contentes généralement de l’imiter quand tu penses que c’est approprié, quand tu t’imagines qu’on s’attend à te voir le faire. Troll et Sad sourient aux clients, tu les as vus faire, alors toi aussi tu souris aux clients.

Bienvenue au magasin des suicides !

Tu claques des mains, simulacre d’applaudissement qui se veut accueillant, et ton sourire s’étire tellement qu’on dirait que ton visage souffre. Mais tu ne t'en rends pas vraiment compte parce que t'es quand même sacrément fier : tu ne balbuties plus quand tu dis ça, les mots ne se mélangent pas entre eux, bien que tu doives encore prendre du temps pour réfléchir à comment les sortir avant d’ouvrir la bouche.

TU VOIS TROLL
JE SUIS PRÊT, C'EST SÛR

Tu te grattes machinalement la tempe de l’index, là où des écailles se fondent dans la peau et la naissance de tes cheveux, te démangeant un peu parfois, et tu penches la tête pour bien regarder la cliente. C’est une dame, une grande dame toute enveloppée dans un manteau clair - tu n’as jamais compris l’intérêt des Grands Deux Pattes de se couvrir de la fourrure d’un animal mort. Comme tous les autres, elle sent la tristesse et l’amertume, odeur rance et tenace qui te chatouille les narines et te fait plisser le nez. Tu reconnaîtrais ce parfum funèbre à des kilomètres à la ronde, comme une étreinte familière.

Que vou-Oh !

Elle n’est pas seule.

C’est la première fois.
Que tu vois deux clients en même temps.

Ensemble ? Séparés ? Tu ne sais pas, mais généralement les Grands Deux Pattes viennent ici seuls, avancent à tâtons entre les rayons, se cachent derrière leurs capuchons. En vérité ce n’est pas la première fois, c’est déjà arrivé que deux ou trois personnes se rencontrent, se cognent et se fuient, là, entre les cordes et les poisons, mais tu ne t’y attendais pas et tout à coup, tu n’es plus prêt.

Vaille que vaille, tu sautilles jusqu'à l'autre client, plus petit, silhouette en bâtons qui se cache presque dans les ombres du magasin.

Bienvenue, bienvenue ! Vous êtes ensemble ?

Ta voix vacille un peu, les mots s’emmêlent et trébuchent presque sur tes lèvres pour sortir. Tu es hésitant, pas bien sûr de toi, et t’espères soudain que le chapelier triste, que t’aperçoit du coin de l’oeil près des rayonnages voisins, va débarquer pour te sauver la mise parce qu’un client, c’est bien, mais deux, c’est trop. C'est qu'il est plus expérimenté que toi, Sad, ça tu le sais bien - puis ça se voit, aussi, à côté de son air calme et composé, de sa tranquillité toute mesurée, tu passes facilement pour le stagiaire qu'on aurait oublié de briefer. Ah, t’as soudain l’air d’un enfant égaré, Gali. Tu te tripotes les mains, tires fort, fort, fort sur tes doigts, et ton regard hésite entre la dame et le garçon, entre le manteau blanc et les cheveux blancs. Elle était là en premier mais tu ne peux pas le laisser tout seul, pas vrai ?

De qui-A qui… Je-A qui est-ce le tour ?

Tu geins presque cette question, dans l’espoir qu’ils se départagent avant que tu ne perdes finalement tous tes moyens. Si t’en prends un, sûrement que Sad s’occupera du second, hein ?

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Dandelion
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De là où tu te tiens, sur le palier intérieur, tu ne distingues rien du visage de ta mère. Même ses contours se dissimulent sous la pelisse écrue qui drape ses courbes avec raideur, et c’est à peine si tu entends le « Bonjour... » qu’elle glisse comme un pardon sur le comptoir en guise de salutations au jovial employé qui s’est empressé de l’accueillir. Au même moment, ton esprit inattentif a déjà par trois fois trébuché sur les étagères, s’est pris les pattes dans les cordages coulants, éraflé au passage sur les lames de rasoir en promotion ou retenu de croquer dans l’une de ces pommes sinistrement vernissées au motif d’un crâne, sans jamais saisir la raison d’être de tous ces accessoires dont les trois-quarts te sont étrangers — ah, pardi, quelle étrange boutique que celle-ci ! Et quel garçon bizarre que celui qui bondit pataud dans ta direction,  l’air de ne pas savoir par quel bout te regarder, te poussant à reculer d’instinct derrière une pancarte qui te cache l’espace d’un instant du regard de Volubilis. Ensemble ? Bien sûr que vous êtes venus ensemble, c’est ta maman voudrais-tu répondre, pourtant sa réaction n’est pas celle à laquelle tu t’attendais lorsqu’elle retourne de deux pas en arrière, concernée par l’interrogation du Monsieur Brocolis, et darde soudain sur toi ses prunelles écarquillées où l’épouvante implose.
« D-Dandelion !! »
Ah. Ça, tu le reconnais, c’est le ton qui accompagne tes bêtises. Le son de la semonce, inimitable ; il ne sourd pas comme les avertissements, ne roule pas au ras-du-gosier comme un signe d’exaspération, non, lui il jaillit pire qu’une furie, d’un seul coup, il ne monte pas — déjà haut perché —, il te claque aux oreilles et te pétrifie sec, garde-à-vous malgré toi, t’arrachant un frisson que tu ne parviens pas à réprimer, les yeux brusquement en panique.

Et tu devrais être rassuré d’écouter Volubilis se rappeler ton prénom, tu devrais te satisfaire de cette colère dans sa voix qui y fleurit toujours mieux que le chagrin sauf que tu ne peux pas, contrit, tu ne peux que te ratatiner en une seconde, campagnol au bord de la syncope, serrer les phalanges sur le coton grossier de ta culotte avec ton cou rentré dans les épaules, et mâcher à l’arrache les premiers mots qui s’entrechoquent derrière tes incisives avant qu’elle ne renchérisse :
« Que fais-tu là, tu n’as pas le droit de sort..., ah, tu m’as suivie ?! Oh, guano, Dany ! Rentre, rentre tout de suite — non, pas tout seul, non, attends, oublie ! Comment faire, ohlàlà ! »
Tu as l’impression qu’elle va éclater en sanglots rageurs ou qu’elle essaye de noyer sa propre stupeur sous sa tristesse pour éviter de laisser toute la place à une colère qu’elle devine futile et disproportionnée ; or, ne réussissant guère qu’à faire s’agglutiner toutes ces émotions sur sa langue en un marasme obscur, entre inquiétude et courroux, cela donne cette confusion qui te perturbe d’autant. Tes iris troubles glapissent vers votre hôte au sourire évanoui comme pour y trouver un secours, n’importe quoi, cependant vous devez votre sauvetage à tous les trois à l’intervention du second employé — cheveux de neige et voix de satin — qui en quelques gestes posés a su radoucir Volubilis et l’emporter en d’autres rayonnages. Tu l’as observée s’éloigner en te jetant des coups d’œil embarrassés, incapable d’y séparer une once de soulagement d’une marée de souci pendant que tu restais blafard près du monsieur aux grandes dents. À l’évidence, ton trouble transpire sur ta figure blême : ta mère ne veut pas te voir ici. Tu l’as énervée. Ou déçue ? Ou blessée ? Tu ne comprends pas. Pourquoi te gronderait-elle de la sorte s’il s’agissait juste d’un cadeau ? Que lui a donc dit le sieur tranquille qui l’a entraînée à l’écart — ton entendement bourdonnait durant ses phrases, empesé de mouron et d’excuses inaudibles.

« Pourquoi... Pourquoi elle veut que je reste pas ? »
Tu interroges ton voisin sans même le regarder dans l’espoir qu’il ait la réponse, lui, à cette incongruité. Est-ce que tu as été méchant, capricieux, menteur ? Tu ne crois pas. Tu n’as rien fait que la suivre en cachette — alors c’est la cachette qui ne lui a pas plu ? Et maintenant elle ne veut pas que tu rentres sans elle, puisque la maison est loin, assurément, elle craint pour ton derrière. Conséquemment, qu’est-ce qu’il te reste à faire ? Attendre. Attendre et détourner les gemmes mordorées qui brillent mouillées dans tes orbites en direction de l’autre employé, celui à la dentition trop acérée pour être naturelle nonobstant sa voix naguère guillerette, celui qui demeure là presque aussi penaud que toi.
« Elle pleure...rera plus, ici ? Tu allez l’aider ? »
C’est tout ce que tu désires, au fond : que quelqu’un essuie définitivement les perles qu’elle saupoudre trop souvent dans son thé ces derniers temps.
Gali
Tick Tock the Croc
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Ça ne va pas.
Non, non, ça ne va pas.

La femme à la pelisse blanche, cachée sous sa capuche, s’insurge et si tu sens le parfum de la colère sur elle, il est mêlé à autre chose - la peur ? Tu ne comprends pas très bien mais son cri a claqué fort, si fort qu’il t’a fait mal aux oreilles.

Elle s’agite, balance ses mots comme autant de coups, et t’as un peu l’impression qu’elle va bientôt imploser. Ce qui serait dommage, parce que nettoyer le sang sur les rayonnages n’est pas si simple. Tu te rappelles de cette fois où, alors même que t’étais encore un croco, t’as dû prêter patte forte - un coup de crocs, de langue aussi, pendant que tu regardais Troll et Sad savonner les murs et les articles. On n’a pas idée de se tuer ici, le magasin des suicides n’est pas un théâtre pour expérimenter ses achats, non non.

Tu te demandes si tu dois intervenir quand le chapelier, enfin, vole à ta rescousse et l’entraîne au loin.

Époussetant un peu de poussière inexistante sur tes manches pourpres, tu te tournes vers le second client, celui qui se tasse sur lui-même et semble sur le point de pleurer. Tu tapes dans tes mains pour te reprendre et plaques ton plus beau sourire plein de dents sur tes lèvres, t’approchant d’un pas sautillant, quoique légèrement tremblant.

Bienvenue ! répètes-tu en le fixant de ta bouille que tu veux réjouie. Bienvenue, bienvenue ! Est-ce que vous savez ce que vous cherchez ?

Tu réfléchis déjà à ce que tu peux lui proposer, quand il marmonne quelque chose, une question à peine audible que tu peines à entendre et surtout à comprendre. Incertain, tu penches la tête de côté et fronces les sourcils, accentuant ton air perplexe.

Les gens viennent seuls. Ici.

Et le voilà qui se met presque à pleurer !

Tu t’en ronges les ongles, complètement décontenancé. Tes crocs dérapent une fois ou deux sur la chair tendre, arrachent de petits lambeaux de peau qui finissent au fond de ton estomac sans même que tu t’en aperçoives. Tu peux gérer un client qui pleure, il y en a plein des comme ça, mais c’est parce qu’ils ont raté leur vie ou peur de la mort, pas parce que quelqu’un les quitte ! Ça te rend nerveux, mais t’es prêt, promis juré que t’es prêt, alors tu peux pas baisser les bras - quoique tu le fais, littéralement parlant, pour les tendre et agripper les petites menottes du poussin qui te fait face.

Pas t’inquiéter ! Tu ne dois pas. T’inquiéter. Promis juré. Il y a un sourire rayonnant sur tes lèvres, tâché d’un peu de sang. Elle va plus pleurer après.

Tu oublies peut-être juste de mentionner que c’est parce qu’elle réussira sa mort, après avoir raté sa vie.

Tu veux une corde, dis ? Dis, dis.

Le vouvoiement s’en envolé, bien vite remplacé par son ami le tutoiement. De toute façon, t’as jamais été bien à l’aise avec cette soit-disant politesse qu’on a essayé de t’inculquer. Non que tu sois de mauvaise volonté, c’est juste que t’y comprends rien.

Elles sont jolies, regarde ! Et puis elles sont solides, elles cassent pas ! Mais t’es tout léger, alors… Hm. Regarde, regarde ! Gardant ses mains dans l'une des tiennes, t’as sorti de l'autre l’une des cordes en chanvre de son rayon, l’agitant sous les yeux mordorés un peu trop mouillés. Le nœud. Déjà fait, il est. Plus qu’à glisser dedans, comme ça- La langue tirée, l’air concentré, tu mimes l’action en insérant ton poignet à la place d’une tête. Tu aimes ? Tu veux ?

La corde, c'est basique, mais qu'est-ce que c'est efficace ! Ils sont nombreux, les clients à venir pour elle, à repartir en la dissimulant presque amoureusement au fond d'un sac ou d'une poche, dans l'expectative de son usage. Et puis elles sont vraiment solides ! Des fois, Troll en utilise une pour jouer à tire-ou-lâche avec toi et elles ont jamais craqué. Peut-être que tu peux lui montrer ?

Regarde.

Tu glisses le chanvre dans de petits doigts blancs, récupérant l'autre bout des tiens.

Regarde. Tire. Il y a des gazouillis dans ta voix, comme un éclat de rire qui menace de sortir, bien déplacé entre les poisons et les lames de rasoir. Ça casse pas, tu vois ? tu vois ?

L'espace d'un instant, d'un moment qui s'étire et se délite dans le temps, tu oublies où tu es, ce que tu dois faire, et tu espères que l'autre garçon va bien vouloir jouer avec toi, parce que c'est quand même plus sympa que travailler.

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Un instant encore tu ne sais plus où détourner ton attention. Vers Volubilis, qui bien qu’aux côtés d’un professionnel, n’a déjà plus qu’à moitié envie de s’attarder en ces lieux à cause de ta présence, puisque s’est ravivé l’impératif selon lequel elle doit vivre pour te ramener à peu près sain et sauf à l’hôtel ? Vers cette inquiétante quoique paisible tête blanche qui vient d’emporter ta mère le long de plus lointaines étagères, et dont tu te méfies par réflexe du fait qu’il est responsable de votre séparation ? Ou bien vers ce curieux monsieur qui applaudit — raté, ce n’est qu’un bruit —, bondissant au rythme d’un métronome que tu entends tout proche sans pour autant en discerner la provenance. Décidément, cet endroit est bizarre. Interlope, voire, et pour quelqu’un qui habite un lupanar tu sais assurément de quoi tu parles. Ah non, c’est vrai. Ton échelle axiologique est détraquée — même les étrangetés les plus saugrenues ne sauraient trop te déconcerter. Ce qui explique sans conteste pourquoi tu ne t’agites pas outre mesure à la seconde où ton troisième choix s’empare de tes mains, tarissant aussi sec le flot de tes larmes sur le point de submerger la digue de tes cils. Son sourire maladroit a beau se couvrir de coquelicots miniatures là où ses dents ont raclé trop fort, trop imprudentes, tu as envie de le croire lorsqu’il promet juré, et ce n’est pas juste parce qu’il répète ce que tu désires entendre pour te rassurer.
Il a l’air drôle avec ses accents dégingandés, avec son faciès solaire aux crocs queue-leu-leu, puis embarrassé aussi par ta faute, par l’émergence impromptue de ces cristaux de sel au bord de tes iris, tu le devines, son « elle » t’est tout autant destiné, toi non plus tu ne pleureras plus, promis juré, pas avec lui. T’as envie de le croire. Alors tu hoches la tête en guise d’accord, tant pour afficher ta compréhension — il n’a pas besoin de connaître ton degré d’entendement — que pour répondre à son offre. Même si tu ne saisis pas l’intérêt de tenir une corde, là tout de suite, peut-être cela lui fera-t-il plaisir ? Loin de toi la pensée de te montrer désobligeant, surtout s’il te faut passer le temps d’ici à ce que ta mère en ait fini.
Non, pas dans ce sens-ci.

Jolies, les cordes. Solides. Glisser dedans le nœud. Dam. Qu’il t’est difficile de suivre toutes ses explications, d’en remonter la ficelle autrement plus tortueuse que celle qu’il agite pour la démonstration avec une maestria des plus commerciales, et pour cause ! Il donne l’impression d’avoir fait cela durant toute sa carrière, donc peu ou prou depuis la dernière pluie, oui, au moins, puis ses mouvements se font si spontanés et énergiques que tu ne peux qu’obéir quand il t’invite à l’imiter. Tu tires. Bête et méchant. La corde ne casse pas — rien que la vérité. Et s’il ne ment pas, pourquoi dès lors ne pas lui faire confiance ? Tu acquiesces une nouvelle fois tandis que les marques de ton émoi précédent déjà refluent derrière un sérieux douceâtre, une pulsation avant de réitérer ton geste : tu tires un cran plus fort. Lui résiste, bête et gentiment. Comme si à travers ce lien entre vous se nouait davantage qu’une poignée de fibres, comme si tout à coup se faufilaient entre vos doigts serrés les premières étincelles balbutiantes de votre amitié, le courant timide de votre relation en train de se tisser.
« Ça... Je sais pas que Maman veut pour acheter ? interroges-tu ton camarade dans l’espoir qu’il puisse répondre. Ça sert pour jouer ? »
Si tel est le cas, pourquoi s’est-elle autant énervée de te trouver ? Tu ne comprends pas. Jamais ne s’est-elle agacée de tes jeux là-bas, au contraire, c’est d’ailleurs à elle que tu dois ta première peluche — la seule et unique, certes —, celle qui à l’évidence ne ressemble à rien d’existant, celle qui a fait tellement rire Amaryllis quand elle l’a vu qu’elle a dû se retenir au mur pour ne pas s’effondrer, tu te rappelles ; de prime abord Volubilis en fut outrée avant d’être happée en quelques hoquets par cette irrésistible hilarité, bientôt rejointe par ta propre joie, sous l’œil mal cousu de cet hybride entre un pingouin, un félin et un vieux tamanoir pas fini. Mais pour rien au monde tu voudrais la jeter. Elle t’appartient. Elle est inestimable.
« Tu montrez autre chose ? Des autres jeux ? »
Voilà que ta curiosité refait surface, recouvrant petit à petit l’angoisse et l’incertitude qui grippaient tes chevilles. Tes sclères lentement retrouvent leur teinte blanchâtre, ton museau se défroisse et ton sourire menace de poindre de nouveau, avec délicatesse, à l’attention de ton complice de bêtise. Et ton index de pointer sur l’étagère à proximité, exposé à l’instar d’une rareté au chrome subtilement lustré, le fin canon d’un revolver à l’ancienne que tu décris en ces termes :
« Ça aussi, c’est... joli. Pour tirer aussi ? »
Après tout, il faut préciser qu’à treize ans et en dépit de tes origines terriennes, tu n’as jamais vu d’arme à feu.
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Ce n’est pas aussi simple.
Que ce à quoi tu t’attendais.

Tu l’apostrophes, lui sors l’un de vos produits pour lui faire une démonstration, bêtement, et tout ce que t’espères au fond, c’est qu’il arrête de pleurer plus qu’il ne sorte ses diamants pour te payer. Ah non, ce n’est pas simple, vraiment pas. Tu ne sais plus trop, d’ailleurs, si t’as envie de continuer, si t’es toujours prêt, si tu tiens à t’attarder au risque d’échouer. Tu préfèrerais jouer encore.

Mais pas le temps d’approfondir la réflexion, il continue de parler et le temps de défiler alors tant pis, tu verras bien si tu peux te rattraper.

Maman est avec Sad. Hatter. Sad Hatter. T’es un crocodile, Gali - pas un alligator, comme Troll se plaît à le répéter, mais chut -, alors les notions de parentalité t’échappent un peu et tu te dis que, sûrement, Maman est le nom de la dame-à-la-pelisse-blanche. Je sais pas ce qu’elle veut.

Peut-être une corde, peut-être du poison. Peut-être une toile sur laquelle dessiner pour la rendre réalité. Peut-être un miroir dont le reflet finira par la noyer. Peut-être peut-être peut-être. Tant de possibilités se mêlent dans les détours et les couloirs du magasin, comment pourrais-tu savoir ce qui repartira dans les poches de Maman ? Et puis, ce n'est pas ta cliente, ce n'est pas d'elle dont tu dois t'occuper, ce n'est pas sur elle que tu dois te concentrer. Alors ta pensée sur le sujet est vite avortée, encore plus quand l'adolescent pas bien grand s'attarde sur un autre objet.

Du bout de tes doigts libres, tu saisis la crosse en ivoire, soulèves le revolver au métal argenté creusé de jolis dessins que tu ne comprends pas bien.

Les apparences sont belles.
Méfie-toi. Méfiez-vous.

Tes gestes sont un peu maladroits, parce que tu tiens toujours votre corde de ton autre main, mais tu réussis à dégager le verrou pour faire tourner le barillet, douce musique tintinnabulant à tes oreilles ; et quand le son cristallin s’interrompt, quand une chambre s’enclenche, tu lèves la main, pointes le canon sur ta tête et appuies sur la détente.

Bam !

Heureusement, il n’est pas chargé.
Qui sait ce qui aurait pu arriver.

Petit enfant inconscient, tu éclates de rire, d’un rire d’enfant farceur, de créature espiègle, de lutin malicieux. C’est un bruit heureux, qui n’a pas sa place entre ces rayonnages et résonne d’un brin de folie, de spontanéité, qu’on n’attendrait pas, qu’on te reprocherait sûrement.

Pour tirer aussi, oui oui ! Pas de la même façon mais finalement, oui, ça revient à tirer. Tu veux essayer ?

Va-t-il préférer celui-là ?

Sourcils froncés, lèvres pincées, minois chafouin, tu jettes un coup d'œil et te dis que t'aimerais bien qu'il choisisse la corde.

C’est lourd, tu dis en lui tendant tout de même le revolver.

Ta langue glisse derrière tes crocs et tes pieds frappent le sol alors que tu te balances d’avant en arrière et peut-être bien que tu as oublié - qu’il est venu ici chercher de quoi mourir de tes mains.

Je préfère la corde. Toi ?

Tu tires machinalement, d’un mouvement cadencé par le rythme imprimé sur tes jambes nerveuses, oublies au passage que t’as toujours la force de ton vrai-toi, pas de l’enfant dégingandé que tu sembles être, et voilà que le petit client vole vers toi, sur toi. Tu t’emmêles à sa silhouette en bâtons, trébuches sur tes propres talons, et vous voilà à terre, toi sous lui, lui sur toi.

Que tu peux être maladroit, Gali.
Que tu peux être stupide, aussi.

CODAGE PAR AMATIS

Dandelion
Cutie & Bully
Icône : .someone to play hide-and-live. [Gali] 65pv
Citation : forth from its sunny nook of shelter’d grass — innocent, golden, calm as the dawn
Messages : 45
Âge : 17 hivers
Race : Alice
Métier : -
Avatar : Fushi | To Your Eternity
Origine : Monde réel [fiction]
Pouvoir : -
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Dandelion
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Maladroitement son ignorance s’emmitoufle sous ses gestes, petite fouine de silence qui préfère s’agiter plutôt que de réfléchir, et tu la suis du regard lorsqu’elle s’élance vers la sculpture meurtrière pour te la présenter ainsi que n’importe quel bibelot sans danger. Il t’en faut peu, à toi, pour te distraire, et déjà tes pensées ne virevoltent plus vers Sad-Hatter-Sadhatter — nom curieux, s’il en est ! — mais papillonnent d’émerveillement autour de l’objet, yeux ouverts grand sur la machinerie d’orfèvre à la patine lustrée. Pour sûr, il ne peut s’agir que d’un bijou, encore que sa taille t’étonne ; as-tu jamais vu une de tes mères aborder semblable pendentif en guise de torque ? Néanmoins, à observer Monsieur Brocolis en manipuler les différents morceaux au rythme de doux cliquetis, tu finis par l’apparenter davantage à quelque mécanique musicale quand on en voit parfois dans les rues de l’Atlantide, orgue de barbarie ou harmonica, et dans laquelle il faudrait souffler pour en faire sortir d’aussi célestes mélodies que celles s’échappant de la gorge de Parthenópē. Ce que vient très vite contredire la façon dont ton hôte appuie l’extrémité du canon sur sa tempe avant de
te faire sursauter
— puis rire aux éclats face à ta stupeur.
Tu n’as pas tout compris, décontenancé par son cri, quand bien même son hilarité te détend aussitôt et que tu hésites un chouïa à t’emparer à ton tour de l’instrument, circonspect. Tu ne veux pas qu’il soit triste de te voir refuser, et cependant tu ne vois guère où est l’intérêt de devoir japper soi-même — ta voix n’ayant rien de singulièrement harmonieux — alors que tu t’amuses bien plus avec la corde qui vous relie toujours. Ta curiosité, toutefois, demeure entière : peut-être faut-il exécuter les gestes dans un ordre précis pour obtenir une mystérieuse satisfaction, de celles qui n’appartiennent qu’aux initiés ? Oh, tu as envie de savoir, as envie de découvrir comment démêler du bout des doigts ce puzzle magique capable de débloquer un tel rire, as envie d’y joindre le tien en canon. Alors ta main se tend dans sa direction
puis tu t’effondres sans prévenir au fracas de vos corps empêtrés
trop chétif pour résister à cette nouvelle traction.

Vous ne tombez pas d’assez haut pour vous infliger la moindre blessure, tout au plus le choc de la surprise, et il n’y a bien que le revolver pour tinter au sol en même temps que s’entrechoquent vos os. Chute si incongrue qu’elle t’arrache un gloussement que tu t’empresses de ravaler derrière tes lèvres mordues à la seconde où tu entends, non loin, Volubilis t’appeler avec alarme :
« Dandelion !! Sois sage ou bien on s’en va tout de suite ! »
Tu t’es raidi aussi sec, retenant ta respiration un instant afin de t’assurer qu’elle ne rajoutera rien à la menace, qu’elle ne reviendra pas non plus sur ses pas pour voir ce que tu fabriques par terre, presque avachi contre le torse du vendeur. Une pulsation, deux, trois, avant de reprendre ton souffle dans la fin de ta joie, le sceau blanc de ton sourire égaré sur ta figure à la lueur d’euphorie. Tu ne t’y attendais pas. Et loin de t’insurger de votre culbute ou de t’en affliger, tu te retiens très fort de t’esclaffer, la corde toujours solidement serrée dans ton poing que tu ramènes vers ton cœur tout en te redressant. À quatre pattes, tu cherches des yeux l’endroit où s’est envolée l’arme puis, après l’avoir repérée, bondis pour t’en saisir comme si tu craignais qu’elle ne se carapate sans vous.
Elle n’a pas l’air esquintée, par chance. Fesses à terre et genoux en équerre, ton regard jongle furtivement entre elle et le garçon qui te proposait de l’essayer — tu as le droit ? C’est vrai que la corde semble plus drôle à utiliser, vu votre galipette, tandis que cette étrange flûte paraît bien trop précieuse pour se permettre ce genre d’acrobaties. Mais à l’instant, elle a fait rire ton nouvel ami, alors que perds-tu à tenter ?

Tu places alors l’extrémité du cordage sur tes cuisses, de quoi dégager tes deux mains, imitant ensuite avec une gaucherie identique les gestes de ton complice. Bidouilles le barillet, déclenches le même cliquetis en signe d’encouragement et te figes de nouveau à la pensée que ta mère pourrait apparaître au bout du rayonnage — non —, ressors la tête de tes épaules rigides et termines de lever le bijou devant ton front. Qu’a-t-il fait, déjà, en dernier ? Ah oui, la petite virgule de métal.
Ne te rate pas, Dandelion. Jusqu’à maintenant, rien de ce que tu as accompli ne t’a donné envie de rire à l’instar de ton compère, cependant tu es prêt à connaître la raison de son enthousiasme. N’oublie pas non plus l’onomatopée, elle doit être importante. Bam : formule magique indispensable pour sublimer le tout. Oui, c’est sans doute cela, la vérité ! Vous êtes en ce moment dans une boutique de sorciers, là où l’on vend moults accessoires de magiciens, et tout ce qui se trouve sur les étagères participe d’envoûtements ou de sorts miraculeux censés venir en aide aux gens. Et si tu appuies sur cette languette d’acier, tu connaîtras toi aussi ces mystérieuses arcanes...

« Poum ! »

Nulle épiphanie.
Rien du tout.
C’en est presque décevant. Tu rabaisses l’arme, la retournes plusieurs fois, dubitatif. As-tu raté quelque chose dans l’exécution ? Peut-être la formule secrète ? C’est que tu voulais en utiliser une bien à toi, ne pas trop copier ton compagnon, mais il faut croire que c’était là le détail essentiel, l’absolue étincelle. Flûte. Interdiction pourtant d’exposer ta frustration, en dépit de la légère moue plissant ta lippe, car l’autre n’est pas responsable de ton échec, alors tu relèves la tête, tout brave et idiot que tu es, pour lui offrir ton sourire un brin désolé.
« Je... fais mal ? Pardon... La corde, c’est mieux. »
Comme la vie est simple à travers tes yeux, Dandelion !
Simple à en crever.
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