tic tac, tic tac, je suis en retard ft. gali

Sad a du retard
il n'a pas dormi

Sad a rarement dormi, certes, mais il s'efforce généralement de rester ponctuel. Être en retard lui met une boule au ventre. (si son estomac n'était pas vide, sans doute aurait-il la nausée) Ce travail lui tient à coeur. Pour une fois qu'il est utile à quelque-chose.. C'est pour ça qu'il ne faut pas lui laisser de responsabilités, grincent les voix habituelles. Il échoue à la première occasion.

Déglutissant nerveusement, le chapelier gris presse le pas. Rajuste son cache-oeil, davantage pour se distraire que par nécessité. Il bruine, aujourd'hui. C'est en partie ce qui l'a retenu. Pas qu'il aie eu du mal à trouver son par-les-eaux, mais mettre la main sur son cache-oeil était une toute autre aventure.

sa cachette était si ingénieuse
il a failli le remplacer par bandages

C'est idiot, quand il y pense. Cet oeil ne voit rien de toutes façons, il pourrait bien l'enlever. Il pourrait.. mais il n'aime pas avoir mal quand il peut éviter. Alors son oeil rouge persiste, parce que devoir le protéger de la pluie sera toujours moins désagréable que de se faire saigner.

Arrivé au magasin des suicides, Sad constate qu'il est.. déjà ouvert ? Du moins, il lui semble voir des lumières allumées. Ca ne devrait pas le surprendre, se rappelle-t-il sévèrement. C'est même logique, puisqu'il est en retard, mais le chapelier gris était convaincu que Troll ne viendrait pas aujourd'hui. Sans doute une erreur de sa part. A force de se faire flotter hors du monde, il ne serait pas étonné d'y laisser des morceaux de mémoire.

« B-bonjour.. navré du retard. » dit-il en poussant la porte

La culpabilité déforme ses traits mais alors qu'il jette un oeil à l'intérieur du magasin, elle se change vite en surprise. Quelque-chose a attiré son oeil valide et ce n'est.. pas Troll. Sad n'est pas certain de comprendre. (pas certain d'être un peu rassuré ou tout le contraire) Il hésite dans l'entrée, son par-les-eaux déjà fermé dégoulinant sur le sol.

« Je-euh.. peux vous ai-aider ? » demande-il alors avec une hésitante politesse

Même s'il ne comprend pas, c'est le moins qu'il puisse faire. Après tout, Sad comprend rarement les choses. (ou il comprend de travers) C'est toujours mieux de poser des questions que de rester idiot, parait-il. Jusque là Sad n'a pas eu l'impression que ça le rende moins stupide, mais.. il peut essayer. Il peut faire un effort, pour changer.

il n'a pas l'air en forme
sa voix, du moins

Sad pense à cet horrible chat dans sa gorge quand il redescend d'une potence improvisée. Est-ce que.. ses yeux délavés parcourent la boutique. Les noeuds d'exposition. Les boites d'allumettes. Les lames parfaitement aiguisées. Les bouteilles de poison. La.. la bouteille par terre. Les petits morceaux de bouteille par terre et dans les mains de cet avocat inconnu, qui lui font tout un tas de vilaines coupures. Tout un tas de vilaines goutes grenadine.

C'est à peine si le chapelier gris comprend la suite de ce qu'on lui dit. Lui non plus ne sait pas quoi faire de ça. De tout ça. Comment ce client(?) est-il entré ? Troll serait-il parti avant de bien pouvoir le conseiller ? Improbable. Non, non, ça ne lui ressemblerait pas. La pensée s'évapore aussi vite qu'elle est venue.

le chaos à ses pieds
en revanche
persiste

« V-vous.. il déglutit nerveusement, vous devez avoir mal, je-je suis désolé. » maintenant, même son oeil valide le pique

Mais Sad se mord la lèvre pour l'empêcher de trembler, conscient qu'il a proposé de l'aide et qu'il se doit d'en procurer. C'est pour ça qu'il est là, non ? Il ne peut pas paniquer immédiatement. Pas quand il pourrait se rendre utile à la place. (ça ne rattrapera pas son retard, mais il peut essayer) Alors il s'essuie l'oeil du dos de la main et force un sourire tremblotant.

« Je-je vais m'en occuper. Vous.. vous pouvez po-poser le verre. A terre. » suggère Sad, s'accroupissant à sa hauteur

Inutile, après tout, de garder tous ces morceaux brillants qui font si mal. Sad pourra balayer après. Pour l'instant, le plus important, c'est d'en finir avec toutes ces vilaines coupures. D'arrêter les gouttes grenadine. Après tout, c'est quelque-chose qu'il fait souvent, non ? Comme quoi, ses échecs répétés ne sont pas entièrement inutiles, persiflent les voix habituelles. (il n'est pas entièrement inutile) Sad les entend ricaner tandis qu'il pense à l'endroit où il trouvera un kit de premier secours.

Une brève vague d'horreur le fait trembler alors qu'il s'intéresse à nouveau aux mains de l'inconnu. A tout ce verre teinté. A cette lumière qui traverse et prend tout un tas de couleurs qu'elle ne devrait pas avoir. Il peut.. lui prendre tout ça. Sad peut l'en débarrasser et le garder pour lui. Il le fera, tout à l'heure.

sad n'aime certes pas avoir mal
mais personne d'autre ne mérite ça

fort heureusement
il posse le verre

Un poids quitte la poitrine du chapelier gris, à cette vue. Ce n'est pas beaucoup, et ces vilaines coupures persistent, mais.. c'est un bon début. Si l'effroi remonte dans sa gorge alors qu'il essuie ses mains sur ses genoux (c'est que ça doit faire mal), Sad ne pense pas que ça les aie rendues pire. Pas beaucoup. On y voit plus clair, maintenant qu'il y a un peu moins de rouge. Il hoche doucement la tête, signifiant son approbation. Plus qu'à lui prendre les blessures, parce qu'il ne mérite rien de tout ça.

Sad se rapproche un peu
le client(?) siffle

C'est un bruit un brin inquiétant, comme venu d'un reptile. Serpent, iguane, crocodile, Sad ne sait pas trop mais ça ne sonne pas très amical. Pas très heureux. Ses yeux s'embuent davantage, coulant sur ses joues en sel et en chagrin. Il les essuie vite. Refait un pas en arrière. L'a-t-il contrarié ? Son interlocuteur gronde profond dans sa gorge, comme s'il y avait coincé un orage. (est-ce là ce qui lui donne une voix si enrouée ?) Il montre même les crocs.

Oh, pense tristement le chapelier gris, il a vraiment dû le contrarier. Lui qui pensait bien s'en sortir avec les clients. Non seulement il est en retard, mais en plus il assombrit leur humeur ! Sans doute a-t-il été un peu trop brusque en lui demandant de poser le verre. (il a fait de son mieux, mais cela a-t-il jamais suffi ?) Qu'est-ce qui lui a pris de vouloir donner des ordres à quelqu'un ?

stupide, ridicule et méprisable
l'impératif ne lui est jamais bien allé
s'il n'était pas si nul, il s'en serait souvenu

Mais le client continue de siffler et finalement des.. mots se forment. S'il manifestait du mécontentement, ce n'était peut-être pas vers Sad. Peut-être. Il y a une toute petite chance. C'est loin de suffire. Les voix persiflent et Sad reste crispé. Néanmoins, il écoute.

c'est.. posé ?
oui, ça l'est
nul doute

Sad penche la tête sur le côté, aussi confus que rassuré par son sourire enthousiasme. Est-il content parce que ça fait moins mal, ou content parce qu'il a réussi à le dire ? Les deux sont relativement rassurants. Du moins jusqu'à ce qu'il fronce à nouveau les sourcils, claquant des mâchoires pour s'approcher du chapelier. Si ce dernier sursaute, il ose à peine s'écarter.

Sa question lui échappe presque tant il est distrait par les changements d'attitude. Par le carmin barbouillant toujours ses mains. Par le verre toujours éclaté par terre. Par la façon dont il se penche vers lui, son nez venant trouver le pouls du chapelier avec une curieuse précision. Un instant, Sad se demande s'il va mordre. (s'il va mourrir) Le suivant, il reprend ses esprits.

« Mmh ne.. ne vous- ne vous en faites pas. s'efforce-t-il de dire, Je-je vais bien. Tout- tout ira.. bien. »

Bientôt. Le temps qu'il se concentre. Le temps qu'il répare les dégâts. Sad force un nouveau sourire qui menace de se casser comme le verre sur le sol de la boutique. Son attention se porte aux mains du jeune homme. Toujours rouges. Toujours entaillées. Il attrape doucement l'un de ses poignets pour l'examiner.

« Il.. il va falloir nettoyer vos-vos mains. Ca doit- ça doit faire m-mal.. » dit-il tristement

Est-ce là ce que ressent Mad, quand il l'aide à se réparer ? Ce qu'a ressenti Lapin, cette fois où il l'a trouvé avec le cou presque ouvert et la tête malheureusement toujours accrochée ? Quelle.. quelle horreur. Comment ose-t-il ? Sad est un horrible frère. Un horrible ami. Jamais, plus jamais ne les laissera-t-il assister à pareil spectacle.

tout comme cet adorable avocat
ils méritent bien mieux que ça

« J-je vous prie.. laissez.. laissez-moi faire. » presque une supplique

Sans trop attendre (craignant que le jeune homme ne change d'avis), Sad s'attelle à sa tâche. Il retire les quelques bouts de verre restants. Même à travers le sang, il arrive à les repérer. Ca brille à la lumière. Ca détonne sur la plaie. Sad a l'habitude de nettoyer des horreurs rougeoyantes, après tout. (à la différence qu'en général, c'est auto-infligé) Il sait ce qu'il cherche.

La seconde main y passe bien vite
puis le chapelier inspire lentement

et reprend les plaies en expirant

Sous ses yeux et sous son contrôle, les blessures de peut-être-client se referment lentement. Les plaies se recousent, le rouge cesse de couler. Plus de douleur, plus d'ouvertures. Tout juste du liquide séché qui sera bien vite nettoyé !

Sad, quant à lui, ferme ses mains en sentant des horreurs s'ouvrir sur ses paumes. Il s'écarte de son interlocuteur, les cachant derrière son dos. Derrière un sourire un brin plus sincère. Ca fait mal. Ca pique si fort. Sad n'aime pas avoir mal. (c'est bien pour ça qu'il évite généralement les lames) C'est désagréable, il devrait vite aller mettre des bandages. Mais c'est mieux sur lui que sur ce jeune homme. Alors il sourit, parce qu'il est vraiment soulagé.

« Voilà. Main- Maintenant, dites-moi. Que- que cherchiez vous ici.. exactement ? »

La grenadine coule entre ses doigts et Sad l'ignore. D'abord, il fera son travail. Le reste peut attendre. Il peut attendre. Il n'a de toutes façons jamais été sa priorité.

il..renifle beaucoup
serait-il malade ?

Sad ne trouve pas que ça sone comme un reniflement 'alarmant', mais qu'en sait-il après tout ? Il est meilleur à faire quitter le monde aux autres qu'à les y maintenir. (c'est même un peu son travail) Peut-être ce brave garçon s'est-il trompé d'enseigne.. Ca, ou Sad a une odeur curieuse. Une vague de honte déferle à cette idée.

Oh. Est-ce le vide aseptisé du désinfectant ? Le piquant-entêtant des pommades aux herbes médicinales ? Ou, pire encore, le métal séché de traces de sang oubliées ? L'expression du chapelier se décompose et il ignore si c'est une bonne ou une mauvaise chose que le client soit si proche. D'un côté, contre son cou, il doit remarquer tout un tas de choses.

de l'autre, il est un peu trop près
pour voir comme ses yeux sont noyés

Enfin, ça ne dure pas longtemps cela dit. Sad s'est éloigné mais avec l'état de ses mains, il ne peut pas vraiment s'essuyer le visage. En d'autres circonstances, il aurait sans doute oublié (tenter de se supprimer, ça le perd dans une curieuse brume), mais les picotements sont trop nets pour lui échapper. Le chapelier gris s'apprête à bredouiller une excuse quand.. hm ?

« Que.. qu'est-ce ..? » les mots s'étouffent dans sa gorge, vite noyés pa la réponse de son interlocuteur

Interlocuteur qui a fini.. à quatre pattes. Un instant, Sad craint qu'il ne remette la main sur ces affreux bouts de verre. Il se penche en avant par réflexe, prêt à l'avertir. S'interrompt quand les mouvements du peut-être-pas-un-client interfèrent un peu trop. Il se met à lui tourner autour, étrangement. Il cherche Troll, apparemment. Sad a un frisson d'effroi en se demandant ce que pensera son employeur de cette désastreuse situation.

puis il dit le chercher lui
pour l'aider

L'aider à quoi exactement Sad l'ignore, mais plus il le regarde tourner sur le plancher comme un vautour autour de sa proie, plus l'image lui est.. familière. Les dents pointues. Les cheveux très verts. La marche à quatre pattes. (le filet de bave, aussi) Ce qu'il a demandé, Sad ne l'a presque pas entendu. N'a pas répondu.

pas que ça l'aie arrêté
il attrape ses poignets pour regarder

C'est quand les griffes de ses mains lui tirent davantage de rouge que Sad croit comprendre. On dirait Gali, non ? L'animal de Troll. Sad penche la tête sur le côté, ignorant la douleur dans ses poignets. (comme tout ce qui le concerne, il sait la mettre au second plan) Il examine les coupures que le chapelier voulait lui cacher, se demandant visiblement comment elles ont fini là.

Sad referme lentement ses mains. (ne grimace que très peu au picotement) Il les a prises, il les garde. Que cette personne soit un crocodile transformé ou un client égaré, sa décision reste la même: ses coupures. D'autant que si marcher à quatre pattes est dans les habitudes du jeune homme, des mains entaillées ne sont pas bien pratiques ! Le chapelier peut s'en occuper. Une plaie de plus, une plaie de moins, un échec comme lui n'a pas de raisons de se plaindre.

puis il s'excuse laborieusement
et Sad n'est pas certain de comprendre

« N-non.. non, tout va.. bien. lui assure-t-il, C'est moi, j-je.. j'ai fait ça tout-tout seul. C'est ma.. ma faute. »

Et ça l'est ! (quand ne l'est-ce pas ?) C'est lui qui avait trop de retard pour empêcher le désastre, lui dont le 'soin' consiste à simplement déplacer le chaos, lui qui fait s'excuser un innocent.. c'est de sa faute. Entièrement de sa faute. il fait échec sur échec et ne les épargne même pas aux autres. (quel odieux personnage) Dire que son interlocuteur lui demande quoi faire.

Sad est à un rien de sangloter, mais le petit sourire du peut-être-un-crocodile lui rappelle que ce n'est pas le moment. Qu'il a été suffisamment encombrant comme ça. Il est temps de se rendre utile. (et d'espérer ne pas tout rendre pire) Ce n'est.. pas une tâche à la hauteur de laquelle il se sent. Même le plancher des vaches est trop haut pour lui, susurrent les venimeuses habituelles, ricanant entre leurs crocs. Tout commence à tourner en boucle.

chapelier gris
chapelier raté
chapelier tout cassé

il n'y a vraiment rien qu'il sache faire
quelle arrogance de penser pouvoir aider

Mais voilà que le sourire du possible-croc-odile tombe se fracasser avec le verre sur le plancher et Sad décide qu'il peut bien tenter le coup. Au pire.. au pire il a de quoi se supprimer. Quand la honte le submergera, quand tout sera trop, il trouvera bien un moyen d'en finir. Temporairement. (c'est bien l'unique chose à laquelle il excelle) Pour l'instant.. il ne peut pas laisser l'éventuel-reptile à son désarroi. Surtout pas après qu'il aie dit vouloir l'aider.

même lui ne tombera pas si bas

« Hmm est-ce que.. viens. indique-t-il, refermant une main déchiquetée autour de son poignet, Dans- dans l'arrière-boutique. Il y a.. de quoi ne-nettoyer ça. »

Aussi bien ses mains que le verre. Sad force un sourire fatigué qu'il veut rassurant. Hoche lentement la tête pour encourager son interlocuteur. Ca va.. peut être pas aller, mais ce n'est pas bien grave. Ce sera de sa faute. L'éventuel-Gali ne fera que l'aider. Que suivre les directives tordues d'une ombre de chapelier faussé. Alors il n'a pas de raisons de s'en faire !

« Je me suis fait.. fait mal. Tu veux bien.. m'aider à- à réparer ? ajoute-t-il, se voulant encourageant, On commencera par.. par mes mains puis.. a-après.. le sol. »

Ca lui semble raisonnable. Si la première solution du sans-doute-pas-un-client était de ramasser le verre à la main, c'est qu'il n'a rien d'autre en tête. Rien de plus efficace. (ou moins douloureux) Sad ne peut décemment pas le laisser s'y mettre sans un minimum de supervision. (aussi.. faillible soit-il) Or, pour ça, il aimerait avoir des mains qui ne salissent pas tout ce qu'il touche.

ce serait le comble, tout de même
alors qu'il cherche à nettoyer

Avec un nouveau sourire délavé de fatigue, le chapelier tente donc d'attirer le jeune homme à sa suite vers l'arrière-boutique. C'est là que Troll range tout un tas de bordel.. et aussi là qu'on trouve ce que Sad utilise pour nettoyer la boutique. Aussi bien après une journée normale qu'après les clients trop.. enthousiastes, disons. Il doit bien y avoir la trousse de derniers secours quelque-part.

« Ah.. fait-il en l'apercevant, boîte verte ornée d'une croix blanche, Est-ce.. est-ce que tu peux ap-apporter ça.. s'il-s'il te plaît ? »

Sad la désigne en espérant être clair. Lui s'en chargerait bien, mais le problème goutte entre ses poings fermés. Pourvu que ça ne sèche pas trop avant qu'il puisse commencer à passer la serpillère.