Vous vous retrouvez dans une immense salle circulaire au sol recouvert de carrelage blanc et noir et ornée de rideaux de velours rouge. Des serviteurs arborant un masque de théâtre blanc vous attendent, vous tendant une serviette noire. Contre les murs, des tables offrant les mets les plus délicieux de Wonderland et les plus décadents de Mêmeland... Confiseries, amuses-bouche, alcool et jus de fruits, vous trouverez de tout à la table du Père Castor.
L'ordre des choses se retrouve bouleversé, le lapin ne court plus, je ne le poursuis plus. Quelle étrange sensation, n'est-ce pas White ? Que de se retrouver l'un avec l'autre et de se redécouvrir sous un jour nouveau. Et puis y a ce baiser, tes lèvres tant désirées sur ma peau esseulée, je ferme les yeux, savoure la sensation de tes lippes sur mon épiderme alors qu'un frisson me parcourt l'échine. Ce baiser, il n'est pas comme les autres, pas comme ceux que je vole ou que l'on me donne par arriviste, pas comme ceux vides de sens de mes amants qui n'existent que pour combler le vide qui m'anime et qui me tirent toujours plus vers le bas. Non. Ce baiser que tu m'assènes, comme un coup de poignard, il me fait mal, autant qu'il me fait un bien fou. Je soupire de bien être... Ou presque. Je rouvres les yeux, le sang me montant aux joues à l'écoute de ce bruit horrible qui vient de quitter mes lippes.
_ Croâ !
Ce délicieux son d'extase, retenu depuis tant d'années, se résume à un croassement hideux. Et voilà que tu cries et t'éloignes de moi ! Ô rage ! ô désespoir ! ô croatesse ennemie ! C'est le drame. Ma peau se fait humide au contact avec tes lèvres tant convoitées... Mon goitre se gonfle de stupéfaction. Je cligne des yeux, perplexe, alors que ta mine se fait mauvaise, que tu retrouves tes esprits et de proie tu te fais assaillant. Oh White ! Qu'il est délicieux ce sourire que tu m'offres, autant qu'il est malsain. Si j'avais su que me courir après pour m'embrasser t'exalterai tant, j'aurais commencé à courir il y a bien longtemps ! Soit. Si je te plait davantage sous cette forme... Ma langue quitte ma bouche pour venir s'écraser sur ta joue alors que j'affiche une mine de défi. Tu veux jouer ? Jouons ! Mon corps quitte le sol et je m'élance dans ta direction, bien décidé à te voler tous les baisers qui pourront l'être.
Un nouveau ! White, il y a un nouveau dans la barque qui colle l’ange comme si c’était son amant. Prends exemple, veux-tu ? Mais non, le Lapin est trop occupé à regarder la grenouille. Il voit à peine le mime, trop concentré à fusiller Snow-Grenouille du regard, comme si elle véhiculait la peste. Et là… Oh merde ! Des tentacules ! On se serait cru dans un dessin-animé hentai, franchement dommage que White n’ai pas eut un déguisement d’écolière japonaise pour hurler un “yamete” d’une voix aiguë. Ça l’aurait tué. Mais non, à la place, la princesse en lui s’est accroché à la barque en fermant les yeux et le lapin s’est rappelé ironiquement qu’il avait justement souhaité trouver le fond de ce lac depuis le début de la soirée. Alors heureux maintenant ? Et il a une petite arrière pensée tandis que son lourd costume l'entraîne vers le fond. Une petite, si menue pensée. Celle qu’une grenouille, au moins, ne se noierait pas. Il fait si noir, si froid que ses pensées s’engourdissent, c’est sans doute pour ça, oui, se rassure-t-il. Il n’arrive plus à réfléchir. Puis, il n’arrive plus à retenir sa respiration non plus. Vas-tu mourir White ? On s’est bien amusé toi et moi, salut.
Il inspire par réflexe, mais à la place d’un bol d’eau, c’est une gorgée d’air qui prend place dans les poumons du lapin. Il ouvre les yeux pour les renfermer aussi sec devant toute la lumière ambiante. Son esprit rationalise : en habitué des téléportation, il ne panique pas. Il comprend aussi que cette impression d’être encore au fond du lac, c’est sa putain de robe qui est trempée et qui pèse une tonne maintenant. Ok, se calme lapin, on est cool, on est vivant.
Il prend une serviette tendue, dévisage les serviteurs et articule lentement, comme s’il parlait à des débiles :
“Et vous avez pas plutôt… des vêtements sec ?”
Histoire qu’on mette fin à cette soirée grotesque ? Mais est-ce que ces serviteurs sont vraiment des gens ? Est-ce que quoi que ce soit proche du père castor à un sens ? Oh, tu t’en poses des questions, pauvre petit lapin, trop pour ta petite cervelle de rongeur, mais Gloire à la Princesse Grenouille qui te sors de tes pensées en te récompensant d’une petite Léchouille sur la joue ! Il se tend, White, avec un violent frisson qui remonte le long de sa colonne vertébrale. Il se retourne alors, voir la grenouille qui lui fonce dessus d’un bond et tends la serviette comme un filet pour la réceptionner avant de la renfermer comme dans un baluchon. White regarde son baluchon improvisé, stupéfait. Il a attrapé Snow-Grenouille.
“AH !” fait-il avec triomphe en montrant sa réussite aux autres compagnons d’infortune. Mais White... tout le monde se fout de ton histoire ou de tes exploits d’attraper une grenouille en plein vol, T’es quoi, un pathétique chasseur français bouffeur de batracien ? Qu’il est doux de sussurer à ses oreilles de Lapin, car rien qu’avec ça, il tourne sur lui même en cherchant sur quoi faire tomber la concentration des autres, un peu confus d’avoir été un tant soit peu fier de lui. Il y a un type, déguisé en vampire et qui lui semble encore dans les vapes, qui lui semble alors parfait car au moins, il ne posera pas de question. White approche et du bout de sa chaussures de satin mouillé, il tapote l’épaule avant de demander, avec la grâce d’une princesse noyée dans l’alcool :
“Hey, réveille-toi. Pour des raisons évidentes, je te ferais pas de bouche-à-bouche.”
Il le dit en agitant son baluchon. Mais comme c’est mignon White ! Car tu te protège de la grenouille, oui ! Mais aussi, dans le fond… ça te ferait mal s’il lui arrivait quelque chose maintenant qu’il est grenouille. Ainsi, tu te protège de lui. Et tu le protège lui des autres. T’es juste trop con pour l’admettre.
Charlie Unicorn
The f*cking banana king
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La barque tangue, l'eau s'agite sous nos pieds et des tentacules en sortent. C'est comme un mauvais porno... Une grimace se dessine sur mon visage tandis que la panique me gagne. Yamete kudasai! ... C'était vraiment pas nécessaire.
Et voilà que tout s'assombrit, encore, qu'on s'enfonce dans les eaux troubles du château noir et que mon rythme cardiaque ralenti. Hé vieux, déconnes pas là! Bouges ton cul, nage, fais un truc! J'ai pas envie de crever avec toi... Pas encore une fois! Ta gueule... J'ai pas envie. Pas envie de lutter, de nager. Cette fin me correspond plutôt bien en fin de compte. Pathétique... Insignifiante. Je me recroquevilles sur moi-même alors que mes poumons se vident dans un rire amer. Fait chier.
J'ai pas envie, pas maintenant. Je ne mérite pas la paix, la douce rédemption de la mort... Je dois vivre. Pour Pink. Pour Blue. Pour qu'ils m'emmerdent. Encore, toujours...
J'ouvre les yeux sur une salle vide. Le blondinet est toujours là, son pot de colle manque à l'appel. Je soupire, me redresse et m'empare d'une des serviettes tendues par les serviteurs.
_ Merci mon Dieu! Nous sommes saufs!
Les mots s'échappent malgré moi, je suis las... Je m'essuie, jetant quelques regards en direction du vampire comateux. Manquerait plus que ça, se retrouver avec un mort sur les bras... Je soupire, exaspéré, réduisant l'espace nous séparant. Je tend ma serviette par dessus sa tronche d'ange béat et l'essore sur son visage.
_ T'as entendu la belle au bois dormant?! Debout là dedans!
Froid. De l'eau? Non, c'est plus épais, plus sombre. Tu te réveilles le cœur battant, le regard vide et la nausée te gagne. Le goût du sang te colle au palais, t'as la tête qui tourne et t'as la vague impression d'avoir fait n'importe quoi. Tu écarquilles les yeux sur des visages inconnus. Tes compagnons ont disparu. Tu te redresses, trempé et tend la main aux nouveaux venus.
- Bonsoir, moi c'est Jack ! Enchanté. Vous approchez pas trop j'mord, un peu malgré moi...
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lucifer
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Citation : 'Who in eighteen centuries, has had the common humanity to pray for the one sinner that needed it most'
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Tu déambules dans les couloirs, agitant tes ailes d'angelot. Tu explores le Palais, du moins les zones accessibles, tu t'égares, mais tes pas te ramènent toujours vers la même pièce où les convives s'agglutinent. Tu te décides à y pénétrer. Tu ne parviendras probablement pas à voir le roi ce soir, ni le Castor. Tu soupires, venant t'installer dans un coin de la pièce, observant ce qui s'y déroule en quête d'un nouveau tour à jouer.
Quelles sont douces ses mains qui essuient tes larmes, qu’elle berce ton coeur la voix qui te murmure, te rassure que tu n’es pas seule Wolf. La chaleurs de sa main, celle qui te remet debout, touche ton âme en même temps qu’elle réchauffe tes doigts. Tu as envie de croire à ses mensonges, à Little. Tes pas foulant ces terres à sa perte se font plus légers, ta détermination doute car plus que venger Jack, tu veux tellement le trouver. “Il est vivant, tu crois ?” Qu’est-ce que tu en sait ? Ce monde, père Castor, ta propre existence, qui peut y établir une vérité, une constance ? Tu ralentis, n’avance plus seule, marchant à deux en te calant sur son pas pour te mettre à la hauteur du chaperon. Tu as failli oublier, Wolf, mais tu es bien plus forte comme ça.
Tu es dans le Château noir et si ton regard n’était pas si sombre, tes pensées perdues dans un nuages de pensées noires et confuses, sans doute aurais-tu tout regardé, aurais-tu défoncé des portes pour voir ce qu’il y avait derrière avec ta nouvelle force. Mais ton humeur saute, passant de conviction à défaitisme, tu mènes Little autant que tu te fais mener. Si ce n’était pas automatique, sans doute ne saurais-tu plus respirer. Le chemin te semble tracé, hypnotisant, car malgré les couloirs, tu arrives à cette salle ronde où un petit groupe semble déjà s’attrouper. Tu repères une meringues roses, humides, qui s’agite et te rappelle furieusement un costumes qui avait brûlé tes rétines. Et non loin, il y a… “Jack ?” Quelle est faible ta voix, un vent n’aurait même pas prit la peine de se lever. Tes jambes avancent avec automatisme, ta main sert celle de Little. “Tu avais raison, il est vivant ? Il est vivant ?” Des questions, des questions, tu n’es pas sûre, est-ce que c’est toi qui hallucine ? Ton esprit est-il assez cruel pour ?
Tu vas vers Jack, gardant ta moitié dans ta main et lui lançant des regards fréquent et paniqué. Tu crains presque qu’à retrouver l’un, tu perdra l’autre. Tu ne peux pas te le permettre. Tu te dresses face à ton grand frère, l’arrachant à son habituelle hospitalité. Qu’ils aillent tous se faire foutre, tu veux juste savoir. Tu pinces la joue du vampire d’un soir, sens la chaleur entre tes doigts. “T’es-t’es vivant ?” Ton visage se froisse de mille émotions, la peur, le soulagement, tes nerfs qui craquent. Tu recommences presque à pleurer, toi qui pourtant n’a pas la larme facile. “J’ai cru que je t’avais perdu, espèce d’idiot !” T’es de nouveau cette gamine qui a peur de tout et que le monde effraie.
Les épais rideaux de velours noir s'écartent dévoilant un trône immense au dessus de marches. Sur le trône, malgré sa taille, une figure immense et vêtue de noir dévisage l'assemblé. Une longue chevelure ébène cascade sous une couronne d'or. Une voix retentit dans la pièce sans que ses lèvres se meuvent.
_ Otherlands... Mon temps est venu. Le Roi Noir n'est plus. Le trône des Lostlands est désormais vacant. Le Père Castor désignera un nouveau dirigeant d'ici la prochaine lune... A vous de vous démarquer pour obtenir la souveraineté du royaume.
Le silence retombe. Une fumée sombre s'échappe du corps du roi, ne laissant plus que la couronne sur le trône. Les Lostlands n'ayant plus de nouvelles âmes pour s'alimenter ont dévoré celle du Roi Noir pour ne pas disparaître dans l'oubli avec lui. C'est une ère nouvelle pour les Otherlands. Vous vous retrouvez à l'extérieur du Black Castle, vos costumes n'ont plus d'effet.
