The otherlands
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
RSS
RSS
AccueilDiscordRechercherMembresGroupesS'enregistrerConnexion



 
Le Deal du moment :
Réassort du coffret Pokémon 151 ...
Voir le deal

 Quand on parle du loup, on en voit le bout de la queue [PV : Méryl]

Bon... Au moins... j'avais réussi à les convaincre.

Non sans mal, Martin. Il fallait dire que toi, habituellement habile orateur, tu avais mélangé tes mots, tu avais bafouillé, la langue mélangée dans ta bouche à tes dents. Mais tu étais parvenu à te tirer d'affaire, avec la belle inconnue pour otage. Au moins, son air peu abordable te faisait une jolie chose à contempler, en chemin.

Ouais...


Martin se sentait un peu blasé, il cachait son agacement et sa frustration derrière ses sourires charmeurs, et son humour. Au fond, le mercenaire n'avait qu'une envie : se faire la malle. Toutefois, il s'avérait qu'ils avaient encore moins de patience qu'escomptée. Pendant que Martin meublait le silence auprès de Méryl, lui donnant moult détails sur l'histoire du dragon rouge, les bandits levaient les yeux au ciel. Plusieurs fois, ils lui donnèrent l'ordre de se taire, au prix de sa langue trop agitée. Et Martin de répondre que cela serait bien dommage de lui en priver.

Surtout avec ce que je sais en faire... de ma langue.

Merci Martin, j'avais pas envie d'entendre cette histoire.

Merde, tu sais à quoi je faisais allusion ?


Non... Tais-toi.

C'est bien dommage, tu sais ? Parce que ma langue est aussi utile pour parler que pour donner des orgasmes. Bah quoi ? Je n'ai pas le droit à ces remarques goguenardes ? Aucune femme ne résiste à ça.


Ni les hommes.

CHUT. Je ne suis pas de ce bord-là... enfin...

Tu es opportuniste. Si tu préfères les femmes, il arrive de prêter ton corps aux hommes, lorsque tu es assuré que c'est toi qui mènes la danse. Bref. Encadrés par les bandits, Martin lorgnait sur Méryl, curieux de deviner autre chose qu'une expression assurée derrière son regard. Il aurait pu regretté de l'avoir embarqué bon gré malgré lui dans cette aventure, mais... d'un côté, si Méryl en ressortait vivante, c'était une bonne excuse pour Martin pour la revoir. Bien évidemment, il avait une idée précise de son avenir avec elle ; c'est ça lorsqu'on a le cerveau dans le pantalon. Le consentement ? Tellement surfait. Elles disaient toujours « non », au début, avant de le supplier d'y aller plus fort. C'était comme ça, après tout, qu'il avait fini par faire céder sa demie-soeur. Il mêlait le libertinage à la violence.

Au bout d'un moment, ils arrivèrent devant la fameuse tour du Dragon Rouge, après avoir traversé une forêt épaisse, où les animaux étaient rares. Les arbres étaient suffisamment haut pour cacher la tour, leurs branches s'étiraient vers un ciel bleu, parsemé par quelques nuages aux formes diverses. Martin essuya son front, il regarda la Tour. On aurait dit qu'elle était tirée de Raiponce ; il n'y avait pas de portes visibles, seulement quelques fenêtres tout en haut. Les pierres étaient salies par le temps, la mousse grimpait ici et là sur son flanc, mais on pouvait voir dans l'herbe verdoyante des traces de pas. Pas des pas humains, mais des pas griffus, animal, semblables à celles d'un énorme oiseau. Martin fit la moue, puis il se tourna vers les bandits.

« Comme promis... le trésor du Dragon Rouge se trouve dans la tour, il n'est pas là, vous devriez en profiter. »

Les bandits échangèrent quelques regards, un peu étonnés que Martin ne leur ait pas menti. Les mains dans le dos, le jeune homme les examina se diriger vers la tour, pendant qu'il donna son plus beau sourire à Méryl.

« Vous devriez aller y jeter un coup d'oeil, Méryl. »

Je n'ai pas très envie qu'elle me voie comme ça, il y a mieux comme premier rendez-vous galant.

Et tu fais bien, elle risque de ne plus vouloir croiser ta route après ça. Tu fais bien de l'avertir, Martin. Parce que toi, comme moi, nous savons ce qu'il va se passer si tu le laisses prendre le dessus... Combien ?

19.

Violent.

Ouais... ça va sentir le rou-ssi.


Putain. Tu me fatigues.
Alors, Wolf, tu rêves ?

Te voilà devenue la PNJ de l’histoire d’un PNJ d’un jeux de rôle. Il était une fois un rouquin, qui fut agressé par des malandrins. Ils ne s'intéressaient pas à toi, ta participation à l’histoire aurait pu être brève. Ils t’ont même donné l’occasion de partir et toi, tu es revenue, à coup de genoux dans leurs dents. Ils n’avaient toujours pas compris que tu étais le Grand Méchant Loup de Mêmeland, ce qui t'étonnait à force, mais tu avais décidé de garder le silence là dessus. La surprise serait ta carte maîtresse, si tu devais en arriver là. L’échange de coups avaient mal tournés et te voilà prisonnière, à la merci d’agresseurs. Tu aurais pu mettre fin à cette farce, laisser voir pourquoi on t’appellait le grand méchant loup, mais tu n’aimais pas cette transformation et la proximité d’une foule t’en avait définitivement dissuadée. Ce fut les belles paroles de Martin qui vous avaient tiré d’affaires.

Tu les pensais stupides, ces hommes, à croire quelque belles paroles. Mais tu sais quoi, Wolf ? Tu l’es tout autant, stupide. Tu sais que Martin est beau parleur, mais tu le laisses quand même embarquée parce qu’il t’intrigue. Tu le sais beau parleur,  mais tu ne sais pas à quel point. Et ça risque de te jouer des tours.
Mais loin de penser à tout ça, tu marches, entourée de ces gens, dans la forêts. Tu regardes autour de toi, tu observes les chemins parmis les buissons, ton air renfrogné cache tes pensées, ton envie de se faire la malle et l’idée qu’ici, ta transformation en loup ne feraient pas plus de victimes que cet étrange cortège. Ton loup Jape de contentement.

Mais ça, ce ne sera que si tu ne vois pas d’autre porte de sortie. Car Wolf, tu as appris à l’accepter ton pouvoir de loup, mais jamais à l’aimer. Tu détestes encore ces moments d’inconsciences et pire, les moments de consciences qui suivent. Tu as le goût de sang dans la bouche, l’estomac trop plein qui te fait souvent vomir et il te faut de nombreuses douche et bain de bouche avant de te sentir un peu propre. Little prend ton pouvoir de manière légère, ça t’aide à l’accepter et mieux vivre avec, mais au fond, ton coeur se serre toujours quand tu penses à te transformer en loup.

On te tire de tes pensées par une tape dans le dos à la vision d’une tour. Elle te fait penser à celle d’une certaine princesse que tu connais bien mais tu sais toi, que Raiponce n’est pas dans ces bois là. Les similitudes te laisse quand même silencieuses. Pas de portes, ni d’accès extérieurs, pas d’escalier ou de prises sûre pour grimper. Tu en deviens curieuses, tu as envie de faire le tour et de regarder de plus près afin de comprendre ce mystère. Le trésors promis par Martin ne t'intéresse pas, c’est plus l’histoire de ce lieu qui t’intrigue. Les marques sur les murs d’un gros oiseau. D’un Dragon Rouge, si la tour tient son nom de l’habitant. C’est curieux que tu n’aies jamais entendu parler de ça, non ?
Mais ça pourrait expliquer l’absence de portes, les marques de griffes. Et puis, y’a-t-il quelque chose d’étonnant dans l’existence d’un grand dragon rouge quand une fille de ton gabarit peut se changer en loup géant ? C’est la logique chaotique des Otherlands,  tu t’y es fait depuis un moment.

Tu regardes tes agresseurs qui vous laissent en arrière, Martin et toi, pour examiner les lieux. Hé, ça, ça t’étonne, qu’on vous laisse comme ça. Tu as même Martin qui t’invite à les rejoindre, ça aussi, tu ne trouves pas ça logique. Si le lieu t’intrigue, tu as en premier envie de rentrer chez toi, ce soir, retrouver Little et mettre ce chapitre de ton histoire au placard. Tu secoues la tête en retroussant le nez.

Et perdre l’occasion de leurs fausser compagnie ?” Tu montres la forêts d’un mouvement de tête. “C’est le moment rêver pour détaler, autant en profiter. Allons-y... Martin ?

Quelque chose cloche. Tu te demandes si Martin avait prévu ça, que vos agresseurs s’éloigneraient où s’il y a quelque chose de plus. Tu as un mauvais pressentiment, comme un orage qui gronde en toi. Ton humanité te dis d’emmener Martin et de ne pas le laisser en arrière, tandis que ton instinct te dicte de ne pas insister, que le plus important c’est de rester en vie.

Et ton loup, lui, hurle de partir, aussi vite que possible.
« Oui... vous avez raison, Méryl. »

Et Martin eut un sourire pour la jeune femme, il lui désigna d'un geste de la main la forêt. Le jeune homme fit mine de la suivre, mais au dernier moment, il s'arrêta. Il darda alors ses yeux sur les hommes en train de chercher l'entrée de la tour, sans Raiponce, sans prince pour venir s'agripper à la chevelure d'or. Martin plissa les yeux sur eux, tandis que ses mains dénouaient avec lenteur sa coiffure. Il laissa retomber dans son dos, l'abondante chevelure rousse qui ondula ; une mer de lave, ridée par le souffle du vent. Quelques mèches se claquèrent sur sa joue.

Soupir. C'est qu'on l'a attendu, hein ? Il faudrait que tu arrêtes de faire traîner tout ça. J'ai fait dix-neuf ! C'est pas comme si...


Tu allais garder le contrôle.

Notre contrôle.

Déjà... au plus profond de lui-même, l'assassin ressentait l'appel vrombir. Il émergeait de ses entrailles, il se déployait, tel un oiseau sur le point de prendre son envol dans sa poitrine, et il irradiait d'une flemme si puissante' qu'elle consuma tout sur son passage. Le sang dans ses veines s'agita, il claqua dans ses muscles, tandis que le feu était mis aux poudres. Martin commença à se déshabiller, tranquille.

Mes fringues coûtent beaucoup trop cher pour que je les abîme comme ça ! Franchement... Je suis en train d'enlever mes bottes, ma chemise est jetée au sol. Au fur et à mesure, je dévoile un dos boursouflé de cicatrices. Je me demande où est Méryl.


Martin de Veauryen chercha Méryl du regard, mais une ombre passa sur sa pupille, et lui voila aussitôt la forêt. Un grondement sourd résonna à travers sa gorge, alors qu'il pavanait sa nudité devant la tour. Ses cheveux étaient suffisamment longs pour cacher ses fesses musclées, sa chute de rein légèrement cambrée, et ses jambes fuselées par son agilité. Lorsque les bandits, frustrés, se tournèrent vers lui, ils se donnèrent des coups de coude. Martin n'avait plus un habit pour recouvrir sa musculature d'éphèbe, elle était drôle, la Ève à la chevelure d'Enfer.

Qu'est-ce qu'il nous fait, ce bougre ? C'est une invitation à se faire culbuter contre la tour ?

Martin se contente d'un sourire, et d'un battement de cil. D'un mouvement d'épaule, il rabat sa chevelure sur le côté. Il leur désigne la tour, il leur dit que cela ne sont que les préliminaires de leur journée. Les brigands ricanent, mais ils lui montrent le dos ; l'or, brillant contre le flanc de la tour a attiré leurs regards.

Et Méryl ? Est-ce qu'elle a eu le temps de se mettre en sécurité ?


Ce n'est pas ton genre, Martin, de t'inquiéter autant. Tu as peur de la confronter à ta vraie nature ?

Peur ? Non. Mais comment je vais la séduire, lorsqu'elle aura compris que...

La terre s'était mise à trembler, remuée par les pattes griffues qui prirent appui sur elle. Une gigantesque bourrasque frappa les brigands, au point de faire plier la cime des arbres sous sa violence. Un grondement sourd résonna dans la forêt, si fort qu'il en aurait coupé le souffle au Grand Méchant Loup. Il perdura longtemps, en écho au monstre qui dès à présent se levait dans les airs. Ses écailles brillaient à la lueur du soleil, écarlates, tandis que sa longue crête frémissait d'être enfin libre. Sa queue tournoya dans les airs, en battant la mesure, tandis que le dragon — une wyvern plus exactement — prenait son envol. D'abord, il fut un éclair sanglant dans les cieux bleus, puis il se posta sur la tour. Sa tour. Ses ailes griffues se cramponnaient à la pierre, en faisant rouler en bas la poussière, s'accrochant aux lierres. Le dragon darda sur les brigands sa pupille brune, il ouvrit alors sa monstrueuse gueule. Ses crocs étaient longs, acérés, et jaunis par le temps. Il gonfla son énorme gorge, et il cracha une flopée de flammes en leur direction. Quelques-uns hurlèrent, et commencèrent à s'enfuir, allumant dans ses tripes un appétit longtemps éteint. Et qui venait de se réveiller.


Nous nous jetâmes alors sur un pauvre malheureux dont les jambes se mélangèrent, et qui s'écrasa au sol. Notre gueule s'ouvrit et se referma sur son corps, qu'elle broya sous la férocité de nos crocs. Nous avalâmes un bout de lui, sans doute les tripes au goût, et nous mâchâmes avec lenteur le reste. Le goût du sang s'imprégna sur notre langue, et l'esprit affûté par le plaisir de nous retrouver, nous parcourûmes les cieux avant de fondre sur un arbre. Nos pattes le plièrent, et nous retournâmes au sommet de notre tour. Et là, nous contemplions le monde. Si familier et étranger à la fois.

Nous avons fait 20.

Nous resterons ainsi encore quelque temps.
Chacun pour soi.

N’est-ce pas Wolfie ? Ton coeur, tu l’avais perdu, il y avait longtemps de cela. Et tu en ressentait l’absence par moment. Comme là.
Libre de tes agresseurs, au milieux d’ennemis trop nombreux, trop déterminés, et toi fermée à l’idée d’en faire fuir certain à révéler “je suis le grand méchant loup”, tu avais saisie la première possibilité de t’enfuir. Toi avant les autres, tu voulais rentrer en vie ce soir, sans envie de vomir les tripes d’autres après que ton glouton de loup en ai trop mangé pour ton petit estomac. Tu fuyais, sans regarder en arrière, archivant déjà ces dernières heures comme une histoire passée qui ne te concerne plus. Qui ne t’avait jamais concernée, dans le fond.

Chacun pour soi.
Mais...

Mais tu l’avais retrouvé ton coeur, quand tu avais de nouveau pu fréquenter Jack, avec Little et que même à Mêmeland, tu avais pu parvenir à une paix intérieur. Tu avais récupéré ton humanité de gamine. Ton envie d’être une super-héroïne. Ton envie de justice et que tout les gentils aient une happy-end.
Si bien que là, le vide en toi se comble, en même temps que vient la culpabilité de te débarrasser de ce qui te dérange. La froideur de ta fuite s'efface en même temps que s’échauffe ton envie d’aider Martin.
Tu es actrice, petite louve, dans ce qui se passe, ce n’est pas ton genre de ne jouer que les spectatrices. Tu aurais pu être plus combative. Tu aurais pu te battre avec plus de détermination. Ce que c'est chiant, les “et si…”.

Alors tu fermes les yeux et tu t’arrêtes; au milieu de cette forêts si dense. Tu sais très bien que Martin ne t’a pas suivi. Car même à courir à pleine allure, les oreilles bourdonnant des battements de ton coeur, du sifflement de ta respiration régulière, tu sais que tu n’as pas entendu d’autre son. Comme le bruit de quelqu’un qui te suivrait de près, ou de loin. Tu détournes les yeux et tu constates. Oui, tu es bien seule. C’est bien, personne ne t’a suivit, c’est mal, personne ne t’a suivit. Tu soupires, hésites, essayes de savoir ce que tu veux vraiment. Te remettre en danger ? Pour un type que tu ne connais même pas ?

Tu te balances d’un pied à l’autre, essayant d’estimer ce qui est le mieux pour ta peau, pour ton bien être et tu cèdes.

Merde.

Tu tournes les talons et retourne vers la tour du dragon. Au fur et à mesure que tu cours, tu grognes contre toi même. “Merde.” “Fait Chier.” et toute insultes qui passent dans ta petite tête brune. Mais un grondement te coupe la parole, une bourrasque t’envoie des branches qui te fouettent le visage. ça te surprend, assez pour que tu prennes une secondes à rester immobile, rassemblant tes idées éparpillées par le vent. Tu entends des hurlements, des gens qui courent vers toi, dans un chaos grotesque. Tu te caches derrière un tronc et, alors qu’on passe à ton niveau, tu tends le bras, en attrape un par la gorge que tu coinces avec ton coude. ça fait longtemps que tu n’as pas vu un tel sentiments de peur dans quelqu’un. Même alors que tu l’étrangles, il se débat pour fuir le lieux, quitte à se faire encore plus mal. Il s’en fout de toi.

Maintenant, tu te calmes et tu me dis où est…

Il ne t’entend pas, tout en proie à sa panique. Tu serres juste ta prise en le privant un peu plus d’oxygène, il se débat plus faiblement. Tu tonnes de ta voix rauque :

Martin ! Martin ! Le roux, où est le roux ?!

Tu fais simple. L’homme te regarde à peine, le vent que ta voix réveille le fait trembler et gémir. Il essaye de se faire plus petit, se recroqueville et indique du doigts la tour. Qu’est-ce que tu dois comprendre ? Que Martin est resté avec le monstre ? Ou bien…?
L’autre finit par te donner un coup dans le nez, que tu évites assez pour ne pas l’avoir cassé, mais qui fait que tu le libères. Il s’enfuit sans demander son reste, te laissant seule. Tu devrais réfléchir d’avantage, Wolf, et faire pareil qu'eux mais tes jambes agissent pour toi. Tu vas doucement vers la tour et, te cachant dans la lisière de la forêts, tu observes. Un type à moitié bouffé au sol, une Wyverne accroché sur la tour, tel un perroquet sur son perchoir. T’as du mal à y croire.

Et t’as encore plus de mal à croire à ce que tu fais ensuite. Car tu sorts de tout juste quelque pas. Tu observes les écailles de cuivres, tu aperçois l’oeil noisette. ça te semble bien trop familier Est-ce que c’est ça qui te fait te questionner ? Ou est-ce un quelconque instinct de monstres qui vient de rencontrer un semblable ? Car tes lèvres bordeaux s’agitent, sans que tu aies la possibilité de la contrôler.

Martin ?

Ta propre voix te réveille. Et si tu te trompais ? Ou si tu as juste, s’il perdait tout contrôle comme toi ?
Tu te sens en danger, même ton loup si combatif n’a que l’envie de détaler. Alors, tu te tiens prête à le laisser prendre le contrôle et s’enfuir, tu le sais meilleur que toi à ce jeu là. Mais tu restes. Tu as envie de savoir.

Car pour une fois, tu imagines avoir trouvé un partenaire de danse au bal des monstres. Ce ne serait plus du chacun pour soi.
Nous la voyons. Au loin, perdue dans la veste étendue d'herbe, elle nous regarde. Et nous lui renvoyons toute la férocité qui nous consume ; nous sommes libres désormais. Libre d'exprimer le feu qui irradie dans notre poitrine, notre gorge d'ailleurs se gonfle, tandis que les flammes remontent de notre ventre jusqu'à notre gueule. Notre gorge ressemble à une énorme poche de gaz, tandis que nous secouons notre énorme tête. Nos pattes griffes s'enfoncent dans la pierre, alors que l'odeur de la peur se sent à plusieurs kilomètres. Nous essayons de rester calme, mais le sang, qui englue notre langue nous rend fous. Une partie de nous crie de ne pas s'en prendre à Méryl, et l'autre, bestiale ne songe qu'à la dévorer. Nous nous élevons alors dans les airs, et sur l'un des survivants que nous apercevons dans la forêt, nous crachons nos flammes.

Nos ailes battent l'air, nous sommes sur la cime des arbres. Notre tête s'élance en arrière, et lorsqu'elle se jette en avant, c'est pour répandre sur la forêt un raz-de-marée de flammes. Notre grondement fait trembler le sol, notre queue frappe dans les arbres, et emporte avec elle tout un tas de branches. Nous survolons la forêt, l'oeil sombre et affamé. Nous cherchons les survivants, sans savoir que nous avons balayé nos vêtements sur notre passage. Malgré tout, malgré la voix qui gronde de ne pas s'en prendre à Méryl, c'est vers elle que nous revenus, comme un papillon attiré par la lumière. Lorsque nous atterrissons sur la terre, nos pattes arrachent des touffes d'herbes, et nos ailes frémissent de bonheur. Elles se recouchent le long de notre corps, tandis que félins, nous avançons vers le Grand Méchant Loup.

Nos yeux se posent sur elle, notre museau se rapproche, tandis que nous sentons le parfum de la peur perforer sa poitrine. C'est qu'elle est appétissante, Méryl, qui a pris le courage de revenir sur ses pas, et de revenir nous chercher. Nous hésitons, longtemps, nous avons faim. De sang, de chair, et de femme. C'est avec contre-coeur que nous revenons dans les airs. Nos ailes battent, le vent souffle dans nos oreilles, tandis que nous revenons en haut de la tour. Là, bien encré dans l'édifice, nous poussons un cri rauque en sa direction. Peut-être lui dit-on de partir, peut-être nous clamons la faim qu'elle soulève dans notre estomac. Puis, nous repartons en direction de la forêt, à la recherche des survivants.

Un simple claquement de mâchoire, un crachat de flamettes, et le tour est joué. Nous nous sommes rabattus sur la chair des bandits, nous avons croqué leurs membres, nous avons rempli notre estomac ; crus, ou grilles, il ne reste rien d'eux. Si ce n'est le sentiment de peur qui a envahi la forêt.

Nous avons fait sept.

Il est temps pour nous de revêtir notre peau d'humain ; notre travail est terminé.

Le calme revint sur la clairière, il ne restait du dragon qu'une vague odeur de roussi, les arbres et les branches cassés, le murmure du vent, et les traces de pattes. Sa carcasse avait disparu dans la fumée, et ce fut gêné que Martin apparut derrière un arbre. Ses longs cheveux recouvraient son corps, emmêlés, sa peau était suintante de sueur. Il pencha la tête sur le côté, et il héla la jeune femme. Il lui fait un sourire grimacé.

Bon... franchement, je crois qu'elle peut LARGE se rincer l'oeil, la demoiselle.

Tu cachais quand même ton service trois-pièce d'une main.

« Méryl ? Pouvez-vous me passer mes vêtements ? »
Tu es debout. Dans ton dos, une forêt que tu viens de quitter de quelque pas. Tes pieds bottés froissent l’herbe qui t’arrive presque à la cheville. Face à toi, une tour désolée, sans issue pour rentrer. Ce qui reste d’un bandit se trouve à quelque pas, une partie est manquante et tu présumes déjà où elle se trouve. Le reste n’est que tripes et sang qui abreuvent le sol. C’est déguelasse mais hey, t’as vu pire, t'as fait pire. Et là, t’as mieux à voir.

Genre le dragon, sur la tour.

Tu as beau fouler ses terres depuis déjà pas mal d’année, ça te fais quelque chose de voir un dragon. Tu te paralyses sur place, luttant contre ton instinct animal qui te hurle de fuir. Tu dois presque te concentrer sur tes jambes pour qu’elles ne détalent pas. Mais tu dois voir ça, tu es sûre que si tu te sauves, tu ne pourras plus jamais assister à ce genre de spectacle. Le dragon te regarde, longuement. Il t’a remarqué et tu arques tes jambes pour te préparer à filer. Ta curiosité ne vaut pas ta vie. Mais il s’envole et tu mets ton bras devant ton visage pour protéger tes yeux. Ça t’empêche de voir quelque chose t’arriver dessus, un bout de tissus droit sur le visage, te bloquant la vue pendant un instant.

Une fois le vol passé, tu entends des bruits dans ton dos, dans la forêt, des hurlements… mais ça ne te regarde pas. Ils s’en sont prit à vous, tu estimes qu’ils devaient se préparer à se faire tuer également. C’est ainsi que ça fonctionne ici. C’est comme ça que tu fonctionnes en tout cas.
Presque sereinement, tu t'intéresses plutôt à ce qui est venu se coller à ton visage et observe presque dérangée que c’est un caleçon. Tu le sers dans ton poing et regarde autour de toi pour voir le reste des vêtements sous ton pied. Des vêtements en bon état, ni déchirés, ni abîmés. Tu en conclus que Martin les as retiré calmement, sans précipitation. Il savait très bien ce qui allait se passer. Ça éveille tant de question en toi.

Tu collectes les vêtements, tandis que le dragon fait son affaire, les époussetant d’un geste sec pour retirer l’herbe et la terre qui se sont posés dessus. Tu entends l’horreur qui se déroule autour de toi, mais tu t’en sens étrangement détachée. La chaleur de la forêt brûlante te parvient, tu la sens sur ta joue. Est-ce aussi horrible de se retrouver face à un loup géant ? Est-ce que les hurlements sont aussi terrifiés ? Oui, tu te sens détachées, presque un peu trop. Puis la wyverne revient. Tu la regardes, un sourire un peu crispée sur tes lèvres. Elle se met à avancer vers toi, et chaque pas en avant te fait faire un pas en arrière. T’en sais toujours rien si c’est bien Martin, tu le penses, mais rien ne te l’assures totalement. Et tu n’en sais rien s’il a encore conscience que ce serait sympa de ne pas te bouffer.

Ses enjambées sont bien plus grandes que les tiennes. Alors tu comptes tes pas. À cinq, tu te transformes à ton tour et tu laisses ton loup aller se cacher dans les bois. Il aurait l’avantage sur ce terrain, tu en es sûre. Il est vif, il est agile et bien plus adapté à un terrain forestier qu’un dragon. C’est ainsi que tu te rassures que tu repartiras en vie de cette entrevue.
Un. Deux. Trois…

Mais il se renvole et tu souffles de soulagement. Tu prends conscience de tes mains crispées sur ton bras, où sont posés les vêtements. Un peu plus et tu partais avec, ça aurait été comique. Tu trouves une souche d’arbre fraîchement arrachée et tu t’assoies. Tu contemples les dégâts et tu te dis que ton loup, au moins, fait moins de dégât matériel. Sans doute. Tu n’es jamais retournée vérifier en vrai.
Martin revient, te hèle et tu lui réponds en secouant la main. Tu te relèves d’un bond souple et alors qu’il te demande ses vêtements, tu lui souris avec malice. Tu secoues devant ton visage son caleçon, comme on présente une friandise à un jeune chiot.

Oh très cher, fais-tu avec moquerie en imitant la voix d’un aristocrate, comme ça, on se transforme en Dragon ? Ai-je le droit de vous poser quelques questions en échange de ceci ? Ou peut-être puis-je espérer de la franchise de votre part ?

Tu lèves les vêtements pris en otage. Tu vis ça comme un jeu, l’expression de ton visage le montre bien. Mais tu es bonne joueuse et tu acceptera de rendre son sous-vêtement à Martin s’il fait preuve de bonne volonté. Et même s’il te dis oui pour te mentir encore, tu sais que tu lui rendra tout en fait, car après tout, es-tu vraiment en mesure de discuter ? Tu sais bien que non. Cette conversation, ces réponses que tu veux entendre, c’est par intérêt personnel que tu les souhaites. Martin te doit-il quelque chose ? Tu le penses bien loin d’avoir ce genre de considérations.

Tu sais que tu te jettes volontairement dans la gueule du loup, par curiosité, par envie de savoir. Quelle ironie.

[HJ : Je veux dire qu’elle rend quand même facilement son caleçon à Martin :p]
Méryl n'a pas l'air contente.
On peut dire que t'es dans la merde.
Et pas qu'un peu.

T'as l'expression de l'époux, qui a été pris en plein flagrant délit d'adultère. Comme si t'étais devant ta maîtresse ou ton amant, les hanches entourées par ses jambes, et que tu osais dire « non, ce n'est pas ce que tu crois ».

« Ce n'est pas ce que vous croyez. »

Lâche Martin, avec un petit sourire gêné, les mains recouvrant toujours son entrejambe. Il alla lui demander son caleçon, mais la jeune femme eut la présence d'esprit d'au moins le lui rendre. Il la remercia, et il se cacha derrière l'arbre pour l'enfiler. Il aurait préféré se retrouver nu devant elle dans d'autres circonstances, mais ce n'était clairement pas le moment d'aborder ce sujet-là. Il y avait plus inquiétant.

J'ai bien fait de la laisser en vie ?
L'avenir te le dira, Martin.
Je...

L'escroc sortit de sa cachette, il dévoila d'abord une gambette. Il se racla la gorge, gêné, quoiqu'il n'avait jamais eu de souci avec sa nudité. Il vendait son corps pour différents services et quelques vices : le stupre et la luxure en faisaient partie. Si ses préférences allaient pour les femmes, son opportunisme se montrait conciliant avec les hommes. Tant que c'était lui qui la mettait. La franchise ? Le souci, c'était que Martin était l'essence même de la fausseté. Il soupira, il ramena ses cheveux en arrière.

Elle se rince l'oeil, non ?

« Si vous voulez profiter du spectacle, vous pouvez me le demander d'une autre façon. »

Il haussa un sourcil, l'air enjôleur. C'était qu'il était bien bâti ; il était grand et svelte. Il aurait pu ressembler à un mignon petit éphèbe, qui charme et obéit, s'il n'avait pas eu autant de cicatrices. Les vêtements dissimulaient les marques, les boursouflures parsemant son épiderme, par ici et par là. Ses mains étaient ce qui en dévoilait le plus ; il avait les doigts effilés, mais la corne sur les paumes, les stigmates sur les phalanges en racontaient beaucoup. Il avait une marque sur le flanc droit, un coup d'épée esquivé trop tard. Une autre au niveau de l'aine, des morsures diverses ; ses aventures amoureuses étaient pleines de surprise.

Bon... on va essayer d'être plus qu'une belle gueule, et la persuader. Mais elle a pas l'air facile.
Combien ?

Oh mon dieu.

Oui  ?
Nah ! Pas toi. J'ai fait 17 !
Pourquoi faut-il toujours que ta chance se manifeste quand je n’en ai pas envie ? Et que tu échoues tes jets dans les moments fatidiques ?
Dans la culture internet, on appelle ça : le karma.
Il a bon dos le karma. Bref.

Martin sortit à Méryl son plus beau sourire, il était tellement convaincant qu'il aurait pu recevoir le Bon Dieu sans confession des mains d'un prêtre. Il lui susurra, tandis que nonchalamment, il était en train de natter sa chevelure flamboyante :

« Je peux tout vous expliquer... comme je disais. Je suis effectivement un dragon. Ce n'est pas que je me transforme en dragon, je suis biologiquement un dragon. Je tiens ça de mon grand-père, un dragon millénaire qui dort sur son tas d'or d'aussi loin que je me souvienne. C'est un être un peu sénile, mais juste. Comme vous l'avez deviné, je suis la légende du Dragon Rouge... même si je tiens plus de la wyvern. Je ne sais pas ce que ces types voulaient, par contre. Je ne me souviens pas de leurs visages ni de leurs propos. Et vous ? Vous êtes plus qu'une pauvre jeune femme perdue entre les mains habiles d'un scélérat comme moi. »

Martin fit glisser sa natte sur son épaule, et il continua. Ses doigts étaient effectivement agiles. Il lui sourit, avec une certaine douceur :

« N'est-ce pas ? ♥ »
Est-ce que tu as un truc avec les hommes nus, Wolf ? Car tu pourrais au moins présenter une petite gêne, des joues un peu rosies qui montreraient la demoiselle que tu es, au fond. Au très très fond.
Mais il n’en est rien, tout au plus, Martin t’amuse à cacher sa pudeur d’une main, tout comme tu te plais à montrer que dans la situation présente, c’est toi qui a la culotte. Littéralement. Tu l’agite en bout de bras, sans aucune bienséance. Mais après toute cette aventures, après le fait qu’il ne t’ai pas dévoré, tu dois bien ça au rouquin : tu lui rends le sous-vêtements et attends sagement qu’il revienne vers toi après s’être un peu mieux habillé.

Il a un ton enjôleur, un ton que tu as bien peu l’habitude d’entendre ou de reconnaître. Celui-ci est assez forcé pour que tu le remarques. Tu es une belle femme, Wolf, mais ton comportement t’attire plus de sympathie que de courtoisie. De plus, tout ça t’es tellement étranger. Ta fidélité quasi-canine fait que tu retourneras toujours dans les bras du petit chaperon rouge. Qu’importe ce que l’on peut t’offrir en face, qu’importe ce que ton amant peut te faire. Ça t’empèche aussi de voir bien des gens autour de toi, tu ne t’imagines pas une seconde pouvoir plaire à quelqu’un, vu que personne à part Little ne te plaît.
Alors… tu te méprends, imaginant que c’est une comédie. Tu fronces un sourcils, offre un demi-sourire et répond avec amusement, mais aussi avec une violente franchise :

Profiter du spectacle ? Oh, aucun risque de ce côté là, il faudrait déjà que je sois intéressée pour ça !

Tu ricanes à ta remarque.
Mais tu sais, Wolf, peut-être que d’autres ont essayé de te draguer dans le passé et peut-être que tu les as inconsciemment éconduit, avec la brutalité d’un mur tombant sur eux à toute vitesse. Ton manque d’expérience dans ce domaine vient peut-être de ton manque de vision. Peut-être que les élans de jalousie de Little sont justifié… Qu’en sait-on ?

Toi tu n’en sais rien, tu sais juste que tu perds ton sourire quand Martin se met à tout t’expliquer ; tu redeviens sérieuse.Très franchement, venant de quiconque d’autre, tu n’y aurais pas cru. Pas tout à fait, disons que ta notion de logique t’aurait amenée à trouver d’autres hypothèses pour expliquer tout ce que tu avais vu. Mais combien même, peut-être parce que tu venais d’y assister, tu y croyais un peu…
Non, tu y croyais très franchement. Le charisme de Martin te sautait soudain au visage, une éloquence que tu n’avais pas vue lors de ses précédents essais de monologue. Pourquoi cachait-il pareille qualité ? Etait-ce par jeu qu’ils vous avait conduit, toi et les autres, ici ? Ou dans une intention de vous dévorer, tous ? Tant de scénarios te traversent la tête et ils ne sont franchement pas agréables. Tu te forces à les mettre de côté quand il lance l’attention sur toi. Il te regarde, tu lui lances sa chemise, comme pour le remercier de l’histoire.

Un dragon trouve étonnant qu’une femme sache se battre dans les Otherlands ? On aura tout vu.
Je n’ai hélas pas de nouvelles à vous donner aussi sensationnelle que ce que vous venez de me raconter.


Ta modestie est sincère, l’éloquence de Martin a fait forte impression sur toi. Je suis le Grand Méchant Loup te semble être une anecdote par rapport à cette journée. Tu regardes le pantalon, toujours en main et remarques qu’avoir marché dessus a laissé des traces d’herbes et de terre. Méticuleusement, tu entreprends d’enlever les crasses du bout de la mains.

Et, reprends-tu sur le ton de la conversation, gardez-vous votre conscience quand vous êtes en dragon ? Votre mémoire ? Avez-vous tout contrôle ? Et pouvez-vous redevenir Dragon quand bon vous chante ?

Tu es tendue alors que tu poses ces questions. Même si tu essayes de garder un air dégagé, tes mouvements sont secs, ta voix, bien que douce, prends naissances dans une gorge sèche. Même ton vent se fait hésitant.

C’est pour savoir à quel point je dois vous être reconnaissante de ne pas m’avoir dévorée.

Tu lui souris en lui tendant son pantalon.

[j'espère que ça te convient, pardon du retard ! ><]
Ah... bah ma tentative de drague par contre, ça a échoué.

Tu t'attendais à quoi ?

Je ne sais pas... à rien de spécial, peut-être à un compliment.

Martin avait compris où Méryl voulait en venir : pour chaque bonne réponse qu'il donnait, elle lui rendait un habit. Il enfila la chemise, les pieds et les jambes toujours nues. Au moins, il pouvait désormais camoufler les cicatrices qui zébraient son torse. Il n'avait pas trop envie d'attirer son attention sur ça, parce qu'ensuite... viendraient les questions gênantes. Ou peut-être pas ? Il peinait à la cerner totalement. Dans cette situation, Martin n'avait pas de plan B. habituellement, il savait en façonner dix à la minute, mais là... Il lui sourit en coin, il rejeta sa longue natte rousse dans son dos, elle lui fouetta la fesse gauche, et elle continua de se balancer sur le côté jusqu'à s'arrêter. Il ramena une mèche rousse derrière son oreille, tandis que Méryl commença à lui poser des questions.

Hein ? Elle est sérieuse ? Généralement...

Généralement, ils sont morts dévorés, Martin.

J'aurais dû.

Tu crois ? Je ne pense pas. Tuer ne te dérange pas, jamais, surtout lorsque c'est ta vraie nature qui prend le dessus. Toutefois...

Toutefois, je l'aime bien, elle est intéressante. Elle me plait.

Pris aux dépourvus par la nature des questions, le jeune homme cligna des yeux. Il dévisagea Méryl, puis il soupira. Habituellement, on ne lui demandait pas cela. Il se lécha la lèvre inférieure, puis il réfléchit. Il pouvait bien - pour une fois - répondre en toute honnêteté.

« Je garde mes souvenirs, et ma personnalité, je pense. »

Parce que tu n'en étais pas très sûr.
Ce dragon, ce n'est moi, ce n'est pas toi. C'est « nous ». Notre vraie nature, qui gronde, entasse l'or, et dévore.

« J'aurais du mal à vous expliquer, sincèrement. En général, quand je prends cette forme, il s'agit de moi, mais je suis différent. Mes instincts ressortent plus facilement, et j'ai du mal à les contrôler. Vous voyez la nuance ? Comme si vous aviez une petite voix, lovée au fond de votre ventre, qui tente de vous faire céder ? Parfois je cède, parfois pas. Cela dépend à quel point mes instincts ont repris le dessus ou non. »

Je suis le loup déguisé en agneau.

Si tu savais, Martin !

Mais c'est le cas. Ma forme humaine est factice, toi, moi, notre vraie nature se révèle lorsque nous nous envolons dans le ciel. J'adore ce moment-là, j'ai l'impression que rien ne peut m'atteindre.

Nous aimons la liberté.

« Et... c'est une question intéressante. Concrètement, je peux devenir un dragon quand cela me chante. Toutefois, ça rate, comme si j'avais des jours avec, et des jours sans. Et ça vaut pour reprendre forme humaine. »

Martin marqua une pause, il fixa Méryl. Il lui sourit alors :

« Est-ce que cela répond à vos interrogations ? Et pourquoi tenez-vous en savoir plus ? Je suis déçu ! L'espace d'un instant, j'ai cru que je vous plaisais assez pour vous rendre curieuse. »

Accompagné d'un rire mutin.
Oh, Wolfie, tu es jalouse ?

Tu écoutes Martin, tu bois ses paroles, encore un peu impressionnée par l’élan de charisme dont il a fait preuve. Il t’a fait forte impression, c’est certain. Toi qui est plutôt du genre à avoir le faciès qui dit à ta place que tu as déjà tout vu, tout goûté, tu as pourtant là des yeux ronds. Tu es d’une exquise politesse et attention.

Oui, tu le comprends, quand il t’explique cette histoire d’instinct, de petite voix lovée en soit qui chuchote, murmure jusqu’à épuisement de la patience du porteur. Tu la mets en parallèle à la tienne, ta petite voix à toi ne s’arrête jamais vraiment. Plus qu’une voix, c’est comme un grondement, une impression dans le creux de ton ventre d’avoir toujours faim, d’avoir cette boule de haine qui ne pense qu’à tout détruire autour de toi… et quand ça arrive, tu n’as d’autre choix que de fermer les yeux, tu deviens sourde et aveugle, comateuse et rien ne peut te réveiller, si ce n’est que le temps qui passe. Tout t’est imposé, tu n’as même pas le droit d’essayer de lutter un peu, jamais une fenêtre de choix ne s’ouvre à toi.

Alors, quand il parle, tu as le regard qui se voilent un peu de tristesse… et de jalousie, oui. Ton sourire reste accroché sur tes lèvres, doux, mais aussi un peu faux.
Poli, mais un peu haineux.

Tu essayes vite de te débarrasser de ces sentiments. Ton corps, ton pouvoir, ta malédiction sont tiens et Martin n’en est aucunement responsable. En comprenant qu’il était devenu dragon, tu avais espéré trouver un camarade avec qui te rapprocher pour te plaindre parfois de ta condition de grand méchant loup. Bien sûr que tu en jouais aujourd’hui, que tu avais Little et Jack pour te regarder sans haine et t’aimer malgré tout. Mais merde, ce que tu aurais aimé trouver quelqu’un à qui dire combien tu trouvais ça affreux parfois et qui pourrait te répondre que ça craint et pas juste par sympathie. Tu te sens horriblement seule.

Et en même temps, jolie louve, souhaiterais-tu vraiment que quelqu’un partage ton existence ? Qu’il ait les même peines que toi, connaisse et comprenne vraiment ton monde ? Tu espères être seule dans ce cas car ta vie, tu ne la souhaites à personne d’autre.

Tu te rends compte que le temps s’est écoulé depuis que Martin a posé sa dernière question. Tu reviens à toi, un peu confuse et jette à la va vite le pantalon à son propriétaire.

Vous me plaisez, à votre façon, oui.” réponds-tu en bafouillant un peu. Tu te dis qu’après tant d’honnêteté, tu lui en dois aussi un peu. “J’ai… une condition un peu similaire à la vôtre, disons. Je me demandais à quel point nous étions semblables” Puis tu hausses les épaules et redresse la tête, affrontant enfin son regard. “Mais vous gagnez, vous êtes plus incroyable que moi, je peux vous l’assurer !
Tu dis ça avec le peu d’humour qu’il te reste et avec beaucoup d’humilité. Ton loup se ferait croquer par le dragon. Tu te demandes si tu en es terrifiée ou un peu soulagée.
Tu es encore un peu sombre, Wolf, ça risque de se voir alors tu essayes de détourner l’attention :

Je ne sais pas où sont vos chaussures par contre. Vous avez fait un sacré bazar ici.
Oh, et est-ce que j’ai le droit à une dernière question ? Est-ce que je peux savoir ce qu’il y a dans la tour ?


Tu te forces à redevenir légère espérant qu’à te faire ainsi violence, tu parviendra à l'être de nouveau au naturel.
Page 1 sur 2Aller à la page : 1, 2  Suivant
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum

Sauter vers: