Houlà, houlà, le boss n’arrive plus à sourire, qu’est-ce qui se passe ? Le prof a insulté sa mère ?
J’avais réussi à comprendre qu’il nous parlait à tous les deux, mais je n’avais pas saisi ce qu’il voulait qu’on fasse. Je restai donc droit comme un piquet – ou comme un con – devant la table, en souriant de façon crispée. J’allais me diriger vers le boss en me rappelant tous les mots pour proposer de l’aide (« méï aïe helupu iu ? ») mais le professeur m’attrapa la manche.
« Merci, grâce à toi, j’ai pu me débarrasser d’un partenaire nuisible. »
Même si le boss était loin à présent, il m’avait parlé en anglais. Et je n’avais pu comprendre que le premier mot…
« You alu welucomu. » (you are welcome)
Il me sourit avec gentillesse avant d’enchaîner dans la langue de Shakespeare.
« Maintenant, tu voudrais bien mettre tes mains en l’air et chanter la Marseillaise ? »
... ... ... ...
« ……. Iéssu, you alu laïto…. » (Yes, you are right)
Son sourire sympathique se fit encore plus large et il éclata d’un petit rire cristallin et mignon tout plein.
« Haha, c’est bien ce que je pensais ! Tu comprends que dalle, sale petit morveux. Comment tu aurais pu savoir ce qu’il voulait que tu me fasses comme crasse ! T’as choisi ça par toi-même, et t’as retourné ta veste quand tu as compris qui j’étais. Aaah… !- on va passer une belle année ensemble, tu vas voir. »
………. Par pitié, faites qu’il arrête de parler si vite avec son accent tiré au couteau…………
Comme s’il avait lu dans mon esprit, le professeur reprit en japonais, et je me sentis plus à l’aise.
« Je pense qu’il n’est plus recommandable que tu restes ici. Je vais t’emmener dans un autre établissement. »
Je finis mon séjour à bosser dans une crèche avec des gamins très nombreux… Et insupportables. Je ne comprenais déjà pas leurs parents, alors leurs zozotements… Je me plaignis silencieusement chaque jour jusqu’à mon retour.
Sans me douter que l’année scolaire entière serait pire encore.
