Swords parcoure son jardin ses tiges et ses jolies fleurs les dernières avant le Bonfire
Swords sourit aux tournesols et rit poliment aux murmures des pensées. (elles colportent toujours des rumeurs si farfelues) Les tiges du saule chanteur viennent un moment s'attacher à son poignet avant qu'elle ne poursuive sa route, saluant de loin le bougainvillier avant d'aller s'accroupir devant les dahlias. Quelques uns poussent vers elle, leurs pétales pulsant à un rythme presque hypnotique. Swords papillonne de son unique oeil. Effleure le lys occupant son orbite vide.
« Oh vous voulez le remplacer ? » les pétales frémissent d'approbation
L'épée part d'un rire amusé tandis que son cache-oeil préféré s'offusque en un parfum étouffant. Oui, forcément, les dahlias voudraient ça. Ils sont sphériques et parfaits, d'une couleur fraîche qui, nulle doute, ramènerait de la vie sur son teint de porcelaine. (pas comme ce lys d'une pâleur spectrale) Si elle l'exigeait, ils cligneraient même.
(comme un oeil authentique) (celui qu'elle lui a pris)
« Que diriez vous, plutôt, de rendre heureux un ami ? » suggère Swords en se penchant vers les dahlias
Un 'ami' est vite dit, mais l'étincelle dans son regard reste sincère. Suffisamment pour que les fleurs lui répondent. Les dahlias viennent s'enrouler autour de sa main tendue, glisser leurs tiges entre les creux de son gantelet. Swords regarde les fleurs grimper comme du lierre. Les fleurs viennent fièrement trôner au dessus de son épaule.
Lorsqu'elle se redresse, Swords distingue les presque-pompons du coin de l'oeil. Rose pastel, rouge profond et or soleil égayent sa tenue noire habituelle. Arrondissent ses angles tranchants. L'épée tend sa main griffue vers d'autres résidents de son jardin, les invitant tour à tour à l'accompagner vers tree town.
Une fois sa visite terminée, elle n'a décidément plus rien de Vorpal, épée du roi noir. Un coquelicot derrière l'oreille, la tête couronnée de pensées et encadrée de tournesols, elle ressemble à.. son jardin. Porter autant de couleur ne lui ressemble pas, mais pour l'occasion, elle s'en accommode bien.
« En route. » sourit-elle, refermant la porte derrière elle
Le trajet n'est pas long et c'est d'un pas léger que Swords le parcoure. Elle quitte son domaine, traverse les restes du royaume noir, passe l'entrée des sous-terrains. Si les ténèbres font frissonner ses amis à pétales, il en faut davantage pour impressionner l'épée. Ou pour entacher sa bonne humeur.
son sourire s'étire quand on lui barre le passage celui qu'elle cherchait est arrivé
« Bonjour, gardien de tree town. » fait-elle, amicale
C'est un cadavre qui fait face à Swords. Entre.. autres. C'est deux mètres d'un mélange désordonné où la paille côtoie la chair piquée de vers, le tout enveloppé d'une indéniable odeur de décomposition. Quelque-chose qu'on préférerait mort. (un cauchemar ayant pris corps) Swords ne pourrait être de meilleure humeur.
« Te portes-tu bien ? » enchaîne l'épée, sereine
Ils ne se connaissent pas. Pas du point de vue de l'épouvantail, en tout cas. Ils ne se connaissent pas, techniquement, mais Swords le connaît. Swords l'a croisé à de nombreuses reprises en se rendant dans la ville sous-terraine, engageant la conversation à certaines occasions et se contentant d'être professionnelle en de.. rares autres. Scarecrow est si doux, disons, qu'elle peine à s'en empêcher.
Scarecrow est doux, mais surtout invariablement, Scarecrow l'oublie sans même qu'elle aie à l'y obliger
Or Swords a beau être droite et fière, un esprit se voulant aussi acéré que la lame qu'elle manie.. Swords préfère ça. Il l'oubliera. Quoi qu'elle dise, il l'oubliera. D'une certaine façon, elle trouve ça rassurant.
thou canst not stir a flower without troubling of a star
Un battement de cils, une lumière qui danse à travers des paupières translucides. C’est comme un songe, à mi-chemin entre le rêve et la réalité. Brusquement sa poitrine se soulève, l’arrache aux rêveries dans le son assourdissant d’un battement de cœur qui résonne comme le chant d’une première aurore; les chants des cor-creux lui semblent soudain si lointains de même que la perspective de se faire dévorer le foie. Il ne le saot pas, mais il est là pour ça, leur faire peur et non leur servir de diner. Il s’éveille en douceur, et sur ses mirettes empruntées se redessine ce monde qu’il devrait pouvoir parcourir les yeux fermés. Mais ce ne sont pas les mêmes qu’hier, ils changeront probablement demain. Il est comme ces tableaux velledas, qui ne gardent jamais les traces de ce qu’on y couche, une page éternellement blanche.
Il observe avec fascination les rais de soleil qui dansent dans les cristaux, les daims qui s’envolent et disparaissent dans les corps caverneux des Otherlands. Les premières salutations lui tailladent les joues d’un sourire mal contenu. Un rictus malhabile, il ne sait plus comment faire. Ni comment respirer. En a-t-il seulement besoin ? Il ne sait plus. Tout ce qu’il sent c’est les écorchures qui mutilent sa paume. Il la ramène instinctivement vers son visage, déchiffrant sans mal les hiéroglyphes tremblants qui y sont gravés.
“ Garde les lieux “
C’est tout. Trois mots auxquels se réduit sa vie. Juste être là, comme les statues des anciens rois qui gardent un paysage fantôme, il n’est rien de plus qu’une réminiscence d’un autre temps, tout au plus une gargouille, effrayante, mais inoffensive. Chaque jour le voit naître, comme une nouvelle âme, ses soupirs s’étirent sur des semaines sans que le souffle ne vienne à manquer, qu’il ne ressente un besoin quelconque. Il EST. Et c’est tout, il se contente d’exister dans ce monde en perpétuel mouvement, comme un majeur dressé vers le Castor. Son cœur bat, sans s’épuiser, sans jamais se reposer. Chaque jour semble neuf, mais ils ne cessent de s’accumuler. Ça se sent, sur son dos voûté, sur sa peau squamée, raillée de pourritures.
_ jO-lI
Tu es là. Blanche, immaculée et aussi rayonnante qu’une étoile dans l’obscurité. Le mot est sorti seul tel le gazouillement dun oiseau, ce sera sous cet augure que se placera sa journée. Pour lui tu es ce qu’il lui a été donné de plus beau à voir. Il s’est machinalement posé devant toi et tu lui souris comme tous les autres, un sourire qu’il te rend, désassemblé, supposé, une grimace mal dessinée; simple miroir brisé. Il ne sait pas pourquoi il te rend ton sourire; se demande s’il aurait dû le garder. Dans sa mémoire, il y a quelque chose qui frétille, qui lui susurre qu’un cadeau ne se rend pas, qu’on se doit de le garder.
Alors il se détourne de toi, se retourne sans écouter tes mots, observant les lieux qui vous entourent. Ils brillent autant que toi, alors oui, ça doit aussi être un cadeau. Et toi. Il faut aussi te protéger. De quoi ? Comment ? Il se contente de tourner la tête sur ses épaules, te tournant le dos. C’est plus pratique ainsi. Il s’étire, observe son corps, analyse ses mouvements, se réinvente pour la énième fois.
_ je…
Il a du mal à articuler. Retente, se déboite la mâchoire pour offrir un chant en réponse au tien.
_ vOuS ne pOUvEz pAs EntRer ?
Sa voix ronronne dans sa gorge desséchée, il a du mal à la calibrer, à gérer son intonation. Sa tête se penche, dodeline un peu au bout de son cou, son regard cherche des réponses dans ton œil creux. Il tend la main vers la fleur qui prend ses racines en toi comme les vers qui s’agitent sous sa peau. Ils se nourrissent de lui, comme ce parasite semble amalgamer ta beauté, ne faire plus qu’un avec toi dans le merveilleux tableau que tu lui offres à voir.
Ses épis de blé craquent sous sa peau tandis qu’il se penche en av… arrière ? Tandis qu’il se penche pour observer les fleurs qui t’ornent de plus près. Leur odeur emplit ses narines, et leur reflet pare ses yeux des couleurs de l’infini.
les fleurs reculent face à sa pourriture mais le sourire de l'épée ne flanche pas
Seul son lys copie son immobilisme. Lui l'a souvent vu, cet amas de chair et de vers, ce pantin ne tenant qu'à un fil. Voilà longtemps qu'il n'en a plus peur. Swords papillonne de l'oeil, une étincelle dansant dans son regard. Il est.. charmant. Il a toujours été charmant, non pas au sens figuré mais au sens propre. L'odeur qui la prend à la gorge ne saurait éclipser son sincère émerveillement. Elle trouve toujours l'épouvantail d'une rafraichissante ingénuité. L'épée se trouve enchantée.
« Oh, merci. » répond-t-elle aux syllabes fracturées
Est-ce la première fois qu'il lui dit ça ? Swords en doute fort. Mais puisqu'il l'oublie toujours, elle l'entendra encore. (il est d'une telle sincérité qu'elle doute d'un jour s'en lasser) Son sourire rapiécé ne fait qu'éclairer celui de l'épée et s'il se détourne vite, elle, reste immobile. Patiente. Sans doute s'attend-t-il à ce qu'elle continue son chemin.
Les fleurs murmurent, quittant peu à peu leur repli dégoûté pour quelques frissons indignés. Cette carcasse serait-elle en train de l'ignorer ? Scandaleux ! Impensable ! Même elles savent tendre la feuille lorsqu'on leur adresse la parole ! Ce sont les sinistres craquements de l'épouvantail qui ramènent le silence. Swords ne recule pas tandis que sa tête pivote sans le corps, se faisant la réflexion qu'une anatomie aussi malléable n'est pas bien courante, même en Otherlands.
A sa question, l'épée secoue la tête: elle n'est pas venue pour la ville. Pas qu'il puisse deviner. (encore moins s'en rappeler) Alors qu'il penche vers elle, aussi souple qu'un arbre au tronc brisé, les dahlias reculent. Les pensées tremblotent. Les campanules, plus curieuses, tendent leurs fragiles clochettes vers cette terrifiante marionette.
(elle n'a pas l'air bien méchant) (ses yeux morts semblent étoilés) (comme les ancolies au gantelet de l'épée)
« Je voulais te voir, sourit-elle, penchant la tête alors qu'il s'intéresse au lys de son oeil vide, savoir comment tu allais. »
Est-il plus ou moins rapiécé que la dernière fois ? Swords ne saurait dire. Elle le trouve un peu plus fétide en tout cas. (la chaleur ne doit pas réussir à sa chair sans vie) Plus véreux, au sens propre. Sans doute le climat de l'Antère est-il plus favorables à la prolifération de ces parasites. Un brin répugnant, suppose l'épée, mais elle ne trouve pas moyen de froncer le nez.
c'est que ses fleurs la protègent de leurs pétales sous leur parfum, elle sent à peine la charogne
Décrochant de son cou un des pivoines les plus braves, Swords le tend à l'épouvantail de sa main gantelée. Les ancolies qui y loges frémissent. Puis s'intéressent avec prudence. (aussi horrifiées que fascinées) Le pivoine, en revanche, ne se plaint pas. Il effleure la joue de Scarecrow, comme pour le saluer.
« Aimes-tu les fleurs, gardien de tree town ? » elle lui a déjà demandé, c'est même pour lui qu'elle en a amené
Pour autant, que sait-elle ? Contrairement à elle, qui ne s'oublie ni ne se pardonne jamais, l'épouvantail se réinvente chaque jour. Ni peines de coeur fantôme ni souvenirs voraces pour venir mettre du froid jusque dans ses os. (si tant est qu'il en aie) Quand l'Haven'tur la fait trop souvent soupirer, Swords se dit que quelque-part, elle l'envie.
