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 All this time wasted and all this time gone

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Anonymous

Le souvenir s’arrête en même temps qu’il prend une inspiration de l’air humide ambiant, qu’il laisse ses sens s'ancrer dans le présent. Lope a toujours essayé de se dire (de se mentir), de ne jamais mettre un visage sur une alice victime ( ou trouver des excuses, *c’est sa faute, il a cherché, il aurait dû…* mais ne jamais leur pardonner) et là... Là, il y a des bourreaux, des alices ; il les connaît bien, c’est ceux qu’il cherche, ceux qui lui confirment qu’ils sont tous pourris. Mais il y a aussi…
Une victime.
Toujours un alice.
Et il n’y a pas d’excuses…
C’est contre tout ce qu’il avait toujours cru.

Ils sont donc tous dérangés. à même s’attaquer entre eux.

Ils ont bien leur place ici, dans ce bal des fous, où les déments dansent avec des victimes, ricane-t-il intérieurement, presque à bout de nerfs. Ils sont tout aussi déjantés que les natifs de ce monde cinglé. Ou bien est-ce leurs déviances qui ont conduit à celles de ce monde ? Lope fronce mes sourcils. Il ne sait plus très bien mise à part que…
C’est compliqué.
Il en parlera à Wolpertinger. Sa tendre et chère complice. Qu’en pensera-t-elle ? Elle qui lui apprit la tendresse, la douceur, la joie, l’émerveillement. Et enrichie de ces nouvelles informations et questions, que dira-t-elle ? Il a hâte de la revoir. Elle lui manque. Il a envie de prendre soin d’elle, de s’enfouir dans ses bras, d’être dans leurs monde à tout les deux…

Il repousse le compliqué à plus tard.

Lope lâche un soupir. Il aurait aimé une situation plus simple. Mais la vie est une garce qui s’amuse bien de lui visiblement. Dans ce garçon aux cheveux de neige, il reconnaît ses peurs, il reconnaît la petite chimère en boule qui retenait ses larmes de peur d'alerter quelqu’un et qui se refermait sur lui-même pour encager sa peine et ses souffrances au plus profond de son ventre. Il approche à quatre pattes, s’assoit à côté  de l’enfant en souffrance et le tire avec douceur dans ses bras, encerclant le petit corps dans le cocon doux de son corps, tout en murmurant :

Hey, Dan. Dandelion. C’est fini tout ça. Tu n’es plus là bas, tu n’y retourneras jamais. Tu as été sauvé car il y a eu cette forme sombre qui t’a emmené ici, te souviens-tu ? Depuis, on s’est rencontré. On s’est disputé. Mais on se reparle maintenant, ok ?

Il caresse le dos de l’alice. Ah, il n’aurait jamais cru le faire un jour. S’il avait su, il se dégoûterait lui-même. Il pose sa joue sur la tête de l’autre et continue de lui parler pour le faire revenir à lui.

Tu dois te réveiller maintenant. On est dans l’Underland, tu dois te concentrer sur le présent. Dis moi ce que tu sens, ce que tu vois, ce que te dis ton nez.

Tu parles vachement mieux qu’avant, fais m’en profiter. C’est pas juste si tu vas là où je peux pas te suivre.


Reviens…
Quelque part en 591 Ap.A
Dandelion
Cutie & Bully
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Citation : forth from its sunny nook of shelter’d grass — innocent, golden, calm as the dawn
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Dandelion
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Le souvenir phosphène sur tes paupières closes, plissées de terreur contre tes rotules pour ne pas en libérer de nouvelles larmes. Aussi prégnants soient-ils, tu refuses de pleurer encore sur ces cauchemars, refuses de leur abandonner un sanglot neuf ; pas maintenant que tu as grandi, que tu as. Mûri — certes trop peu pour parer la petite pomme de ton myocarde de davantage que de nuances rubescentes — mais enfin. Tu ne veux plus donner à voir ton squelette tremblant d’effroi, alors même qu’il est si dur d’aller à l’encontre de ces émotions qui t’inondent et te noient aussi aisément qu’un torrent de montagne. Ton esprit lutte quand ton corps rend les armes. C’est ainsi. Car longtemps as-tu gardé cette peur la nuit, trop longtemps la lumière a dû rester allumée jusqu’au matin afin de te permettre de dormir serein, même blotti contre le ventre douillet de tes mères, et durant cette année loin d’elles il a bien fallu que tu apprennes à sécher tes chagrins tout seul, à te consoler entre tes propres bras, à penser toi-même aux mots qui pansent, à t’apaiser. Tu connais par cœur le sentier vers le gouffre où jeter ta conscience lorsqu’elle s’épuise contre le courant. Mais tu as aussi commencé à tracer, par empreintes légères et régulières, un fin chemin de ronde bordant les ténèbres de ces repos fiévreux, et à force d’y revenir, à force de t’y traîner chaque fois que nécessaire, tu prendras un jour l’habitude de t’y réfugier en solitaire. En sécurité.
Pas ce soir.

Ce soir, tu as besoin des mains de Jackalope pour te tirer vers l’ornière rassurante. Tu as besoin, sans le réclamer ni même le savoir, qu’il t’enrobe de son odeur comme de ses paroles, qu’il te hisse hors de l’obscurité dans laquelle a sombré ton esprit, qu’il te repêche, sans quoi tu demeurerais une fois encore dans ces tréfonds de caverne, victime d’une mémoire en arrêt sur image immobilisée quelque part en 2010. D’ailleurs, tous ses vocables ne te parviennent pas ; certains s’égarent avant d’atteindre ton entendement, leur sens s’étiole dans les limbes, cependant tu en perçois les accents doux, les phonèmes interrogatifs que la chimère dessine du bout de la langue. Qu’est-ce qui est sombre ? Qu’est-ce qui s’est disputé ? Qu’importe. Tu t’accroches à cette voix autant qu’à cette caresse sur tes vertèbres, loin, si loin de celle prodiguée par la pierre crayeuse d’un mur raclant ton épiderme nu. Ce que dit ton nez. Il ne dit rien, ça ne parle pas, un nez, mais tu comprends — ton attention de nouveau crantée au réel, les ongles enfoncés dans le présent. Tu te serres contre ton ancien ami jusqu’à sentir une goutte chaude poindre au coin intérieur de ton œil puis déborder et rouler le long de ton museau, où elle meurt dans un pli de ta manche. Tant pis pour tes résolutions. Tu ne t’es jamais trouvé brave, de toute façon.
« ...doux... », commences-tu à tâtons, répondant à ses exigences par à-coups. Il exige que tu te concentres, et en dépit de la difficulté présente, tu ne souhaites le décevoir. Peut-être qu’il ne te déteste pas tant que cela, finalement. Pourquoi se loverait-il contre toi, sinon, tels deux bébés chouettes transies de froid ? Concentre-toi. Il ne te déteste pas. Et quelle autre pensée saurait te réchauffer plus délicatement que la promesse d’être pardonné ? « ...vois la terre en pierres dessous les pieds. La nuit plein des bateaux, c’est noir... un peu bleu, avec l’elcaboussure des lumières, dans les fenêtres. C’est... maison. Comme l’odeur... de la pluie des poissons... ou la mousse aux orteils des arbres. Ce sent dans les boîtes, les étoiles toutes toute petites, en cachette, si... dessous le lit de Maman Lavande. »
Nonobstant l’hésitation dans ton discours et bien qu’insouciant des problèmes de compréhension que celui-ci engendrerait chez autrui, faute de pouvoir traduire le Dandelion en un battement de cils, c’est de cette manière que tu réussis à décrire le paysage qui se met au net sous tes pupilles désormais visibles, un chouïa troubles, lesquelles papillonnent avant de se dissimuler derechef à l’instant où tu reprends, en boule contre Jackalope : « Je écoute le po-poum po-poum, c’est ton cœur. Elle sent... du sucre cuit. Ton odeur... c’est joli. »
Puisque tout ce que tu aimes est joli, et que ce bruit-là ne fait pas exception à la règle. Ce son étouffé, aqueux et tranquille, qui répète tout va bien, tout va bien sans jamais se lasser.
Sans jamais te lasser.
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Il console un alice. La joue posée sur la chevelure blanche d’un Dandelion blottit contre lui, Jackalope réalise : il console un alice. Il en a vu tant en détresse (des détresses qu’il a lui-même causées), des appels à l’aide qu’il a récompensé en mettant les gens à la porte de la galerie des glaces pour s’y réfugier et s’y reposer. Ce sentiment qu’il ressentait alors, que son jeune cœur n’arrivait pas à identifier, ce sentiment d’épuisement… était-ce de la lassitude, était-ce du regret ? Ô culpabilité, ne pouvais-tu pas parler plus clairement ? Si Jackalope dispose d’un esprit de grand, son entendement, son coeur, eux, sont si jeune… Que va-t-il faire maintenant ? Comment va-t-il vivre quand ces convictions, basées sur un terrain sableux, sont engloutis par les incertitudes ? ça lui étreint son estomac, le rend presque malade d’angoisse de penser à ça.
Alors il met ça de côté et se concentre sur le présent.
Il caresse, dans des mouvements lents, le dos du jeune alice, passant sur la colonne qu’il ne sent que trop bien (Manges-tu assez ? pense-t-il) sous ses doigts, se concentre sur le mouvement. Puis il passe d’une épaule à l’autre dessinant des sigles qui n’ont aucun sens. Il murmure des paroles rassurantes, de doux rien du tout qu’il improvise.

ça va aller. Tout va bien. Qu’entends-tu ? Que sens-tu ? Tout va bien.

Le temps s'égraine et si d’habitude la chimère prend conscience des minutes qui passent, là, il lui semble que le temps a ralenti ou s’étend comme du beurre sur une tartine trop longue. Est-ce qu’il console depuis des minutes ? Depuis des heures ? Il se rend compte qu’il s’en fiche tandis qu’il laisse s’échapper un léger soupir d’aise.
Il est sorti de sa bulle quand Dandelion se remet à parler, comme pris au dépourvu alors qu’il l’invitait à le faire depuis… quelque temps déjà. Ses oreilles se redressent de surprise, l’une effleure la joue puis l’oreille de l’enfant.
Doux.
Oui, on lui dit souvent ça. Car il choisit des vêtements doux, des attitudes douces pour attirer la sympathie des gens. Parce qu’il lutte pour ne plus rien avoir de rêches sur lui, plus de coups, plus de blessures. Plus jamais. C’est sa fuite à lui quant à son passé.
Il n’est pas prêt de l’avouer.
L’alice décrit les alentours et Jackalope se redresse un peu, suit du regard le paysage qui les entoure et peut-être pour une fois, il peut y voir se dégager comme une poésie. Les bateaux volent au-dessus de leurs têtes, les animaux marins et quelques sirènes passent comme de jolis oiseaux. La lumière aux fenêtres sont comme des tâches de peintures lumineuses qu’un artiste peu soigneux aurait laissé tomber sans faire attention.

Oh, fait Jackalope, c’est ainsi que tu vois le monde ? C’est joli.

Puis il rigole. “Je sens le sucre car je passe mes journées près d’un stand de barbe à papa et de pop-corns. Ce sont des friandises sucrées.

Il n’a pas de paroles pour les remarques sur le son cœur. Lui qui a tant bien fait de dévier l’attention de lui sur autre chose, il n’arrive pas à commenter. Ne jamais être le sujet d’attention de quelqu’un, se faire discret, se faire oublier…
Il n’y arrive pas.
Il laisse le rose lui venir au joue, embarrassé, ses yeux se plisser tandis qu’il ferme sa bouche pour juste laisser le compliment l'imprégner. Il n’a pas l’habitude. Lui qu’on a tant maudit d’être vivant, il n’aurait pas cru qu’on puisse lui dire que ce qui le tient en vie est joli. Alors, Jackalope laisse Dandelion se cacher un peu d’avantage dans son étreinte, le rapproche un peu de lui en le tenant de ses deux bras, referme le cocon en serrant ses jambes contre.

Il voudrait parler. Dire qu’il sent mauvais, qu’il a besoin d’un bain. Lope n’aime pas les sensiblerie, il se sent vulnérable, faible. Il préfère détourner les attentions… Tout sauf montrer une prise sur laquelle l’attaquer !
Mais cet instant, juste encore un moment, Jackalope veut le garder. D’habitude, il n’y a que Wolpertinger qui lui fait se sentir vivant et heureux de l’être. Fallait-il vraiment que le deuxième être qui lui donne envie de rester soit un alice.

Ah, soupire-t-il silencieusement, en proie à tant de démons le traversant. Quelle ironie.

Il ne se dégage pas, reste encore un peu. Il ne veut plus briser ce qu’il a.
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Dandelion
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L’espace d’un clin d’éternité tu flottes au-dessus de l’Atlantide parmi la faune aquatique, immergé comme à la première pulsation de ta vie où, depuis l’intérieur de ta bulle de chaleur, ton fœtus ne connaissait rien des affres du dehors. Les bras de Jackalope sont cet abri primordial, ce refuge de l’ère de Planck, et tu t’y coules dans un mutisme béat pour mieux savourer le son de sa voix qui échoe légère à l’orée de tes tympans par touches doucereuses, par prosodie rassurante. Bien sûr, il y a tant de choses que tu n’as pas décrites faute d’en avoir appris la grammaire, mais s’il t’avait été permis de t’exprimer correctement, alors oui, tu aurais rajouté que sa seule présence t’évoque les bruits de pas dans les escaliers acajou du lupanar à l’heure où Jasmin descend dans la cuisine et que tu n’as qu’à compter dix fois tes doigts avant que n’embaume l’arôme du caramel ; la silhouette fumante de Primevère avachie dans le papasan en teck près de la fenêtre, un soir d’Havent’ur, qui regarde sans les voir les sillons tracés par la poussière sur la vitre tels le reflet de ses larmes sèches, puis la caresse qu’elle te prodigue sur le haut du crâne quand tu t’approches d’elle pour lui montrer tout fier ton nom inscrit à gros traits sur une petite ardoise, avec son demi-rictus en guise d’encouragement ; la façon dont Lavande coiffe la soie noire de sa chevelure en un chignon piqueté d’épingles où s’amassent des grappes de strass rosâtres, et celle qu’elle garde entre ses doigts de phasme pour ensuite venir accrocher un pan de ta frange trop longue ; les murmures fredonnants de Volubilis penchée sur le bouton de nacre qu’elle recoud pour la quatorzième fois sur la tête de ta peluche pingouin-félin-tamanoir tandis que tu patientes, assis par terre devant elle, absorbé par la méticuleuse ritournelle de ses phalanges qui piquent, tirent, repiquent, serrent, ajustent, repiquent encore, au rythme de ses comptines ; le creux que t’abandonne Amaryllis entre son bras et ses hanches quand elle t’accueille dans son lit après sa toilette, tard dans la nuit ou trop tôt le matin, le temps d’y nicher une histoire ou deux avant d’aller se coucher dans les draps aux parfums de vieille laine et de patchouli.
Tout cela, tu ne peux pas le dire. Et pourtant tu ne t’en souviens que trop bien, jusqu’à la sensation de l’index de ta mère qui frôle tendrement ta pommette ainsi que l’oreille de Jackalope. C’est joli, répète-t-il. Mais jamais autant que le rire qui fleurit juste après contre tes tempes et propage sa délicatesse au plus profond de ton myocarde.

Tu essaies de te représenter cette barbe-à-papa et ce pop-corn, en vain. Mais si c’est sucré, ce doit bon, forcément — encore plus si c’est l’endroit où la chimère habite, à l’image d’un terrier de gourmandises. Si tu lui demandais de voir, est-ce qu’elle accepterait de t’emmener ? Finalement, hormis les moments que vous avez passés ensemble dans les rues de l’Atlantide, il y a trois siècles ou peut-être davantage, tu ne sais rien de comment vit ton ancien ami. Et cette brève période de rapine n’est sans doute plus à l’image de son existence, maintenant que le temps s’est envolé loin de votre enfance. Cependant tu n’oses défaire l’étreinte que vous continuez de partager, d’autant que tu as retrouvé la conscience nécessaire pour glisser à ton tour tes bras dans son dos, remontant tes paumes vers ses omoplates, le museau relevé là où affleure sa clavicule. Encore une seconde, oh, juste une. De quoi retenir qu’il ne te hait plus assez pour te repousser.
« Des frian...dises, que tu fais ? Tu cuisines tout la journée, c’est dur ? » Voilà qui expliquerait que tu ne l’as plus vu durant aussi longtemps. Ça et le fait que c’est compliqué, aussi, être vilain sans vraiment l’être. Tant de travail doit l’épuiser, à l’évidence ; s’il était moins fatigué, il ne se serait probablement pas écroulé non plus en pleine rue en tentant de te rattraper. Ah, tu n’y as pas pensé — comment pourrais-tu l’aider ? S’il a besoin de ton recours, il le possède tout entier. Et ton corps de s’écarter d’un cran avant de l’interroger, de quoi lire sa réponse dans ses prunelles autant que sur sa bouche.  « Tu es ici alors tu peux pas manger, oui. Et quand tu as faim, on peut faire, heu, comme avant, on peut... survivre ? »
Puisque vous n’aviez jamais employé le terme « voler » : dans vos caboches de mioches, dérober de la nourriture ou tout autre moyen d’en obtenir relève de la conservation la plus basique. Nulle valeur morale ne venait ternir vos rapines. Seule la faim vous commandait. Principe de survie le plus intime.
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Il y aura un moment où le temps reprendra son cours. Il y aura un moment où tous deux reprendront leurs vies avec ce nouveau poids sur les épaules. Un poids qui pourrait être résumé par C’est compliqué. Comment continuer les arnaques quand il se rend compte que les alices aussi ressentent et souffrent ?
Oh, Jackalope n’est pas bête et au fond, il le savait déjà très bien ; mais il couvrait ses yeux de ses oreilles duveteuses et passait une nouvelle journée dans une ignorance qu’il choisissait d’avoir. C’était simple. Mais les choses sont compliquées à présent.
Lâcher cette embrassade pour Lope, ce serait accepter que les choses allaient changer pour de bon, qu’il y aurait un avant puis un après.

C’était accepter le retour d’un ami, conscient cette fois de ses traits d’alice. Quelque chose de bien compliqué pour le jeune coeur de la Chimère. Un concept qui bouscule tous les fondements de sa personnalité. De quoi l’affoler si une main ne passait pas avec douceur sur ses anciennes cicatrices, comme une gomme essayant d’effacer les erreurs passées.

Il décide d’essayer de ne pas y penser. Pour l’heure, il se concentre sur la sensation de retrouver une partie de son passé qu’il s’était efforcé d’oublier, à l’amer goût de trahison.
C’est lui qui a trahit sans doute se rend-il tristement compte.
Aujourd’hui, il en goûte de nouveau les saveurs, car après tout, tout n’était pas si mal de cette époque là. Oh, bien sûr, il vivait dans la peur que son ancien tortionnaire le retrouve, la faim, le froid et la misère et…
Hum. Pas grand chose à retenir en fait se dit Jackalope, bien plus satisfait de son présent. Présent où il sent le sucre et la cannelle, à passer trop de temps dans une fête foraine continuelle.

Non, répond-il après un temps de silence, je fais pas tout ça. Je…
Il arnaque des gens, les faisant rêver de rentrer chez eux pour leur confirmer que le cauchemar sera éternel maintenant pour eux. Mais Jackalope ne peut répondre ça. Car c’est compliqué, ces sentiments envers son activités le sont, comme il ne sait plus ce qu’il va faire à présent.
Je gère la galerie des glaces du Looney Park avec Wolpertinger. ” C’est un semi-mensonge. Mais le fait qu’il y ait une part de vrai le rassure aussi. Car au fond. Peut-être que c’est déjà pas mal. Peut-être peut-il faire le reste de sa vie ainsi. Il ne sait plus très bien ; pour la première fois depuis des années, le futur lui fait peur aussi.
Du coup, hum. Si tu me cherches, ce sera là-bas et… et je te ferai goûter des trucs sucrés.

L’enfant s’éloigne et Lope en profite pour se repositionner et tendre une jambe engourdie. à la proposition de rapine, la chimère penche la tête, soulève une de ses oreilles tombantes. C’est désarmant de voir un alice si innocent proposer ainsi de dérober sans arrière pensée. Lui aussi, à l’époque, s’était débarrassé de la morale tant qu’il s’agissait de sa survie. Peut-être est-ce une gymnastique intellectuelle qu’il doit faire s’il veut continuer sa vie telle qu’elle est : apprendre à la regarder sans morale et sans compassion.
C’est compliqué.
Il y réfléchira plus tard.

à la place, il offre un demi sourire, commissure de ses lèvres légèrement levée en secouant la tête. “Pas la peine. J’ai de quoi payer pour ne plus m’inquiéter de ça.
Ou plutôt, ses méthodes de survie ont changé et rapportent maintenant plus. Il a arrêté de vivre au jour le jour, mais il s’attire de plus gros ennuis aussi. Heureusement qu’il n’est pas seul.

Et toi ? Est-ce que… Tu manges à ta faim ? Est-ce que tu te reposes bien ? Comment t-tu… survies ? Aujourd'hui ?

Pour la première fois depuis leurs retrouvailles, Jackalope regarda de la tête au pied son jeune interlocuteur d’un oeil critique, une angoisse grandissant dans le creux de son ventre.

Est-ce que… tu es tout seul ?
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Le mouvement venait de toi pourtant et déjà tu le regrettais — regrettais cette distance entre vous, cet écart où s’immiscèrent le froid, la solitude, la peur, l’existence tout entière qui se rappela à toi puisque Jackalope n’est pas ton siamois — heureusement pour lui ! — et abandonna tes bras à mi-chemin, suspendus encore de part et d’autre de ses hanches comme s’ils hésitaient à se replacer contre les tiennes ou à le retenir un instant de plus, des fois qu’il lui aurait pris la lubie de disparaître de nouveau. Est-ce que tu l’aurais rattrapé ? Est-ce que tu le rattraperais toujours ? Le futur est un monstre d’inconnu à qui ne connaît ni l’heure ni la saison, et ces considérations-là papillonnaient si loin de tes réflexions ; lesquelles se concentrent autant qu’elles le peuvent sur la compréhension de ce que te raconte ton ami, pour n’en plus rater une miette, un grain de sucre.
Il y a quelque chose dans la voix de la chimère qui sonne chagrin, qui sonne incertain. Apprendre qu’il ne cuisine pas comme tu l’imaginais, toque entre les cornes et tablier immaculé tel le talentueux marmiton qu’il aurait pu être, te fait pencher la tête sur le côté avec étonnement alors même que tu visualises cette galerie des glaces à la manière d’un immense couloir dégoulinant de sorbets et crèmes glacées. À quelle délicieuse étrangeté ressemble donc le travail là-bas, s’il ne s’agit pas de cuisine ? Oh, peut-être qu’il doit les goûter toutes une par une et vérifier qu’elles soient assez bonnes pour les visiteurs ? Cela paraît aberrant, mais dans les Otherlands, pas forcément. En tout cas, la perspective de le retrouver là-bas, assis sur un cône praliné couronné de trois boules pistache, fraise et coco t’emplit d’émerveillement : qu’importe ces « trucs sucrés » qu’il te fera manger, tu en as le sourire au cœur rien que de l’espérer.

L’inconfort cède bientôt la place à son petit frère en ré lorsque Lope se permet de refuser ton offre. Pas que tu en prennes ombrage : il a ce ton doux, serein presque, qui désamorce toute offense quand bien même tu ignores que ta proposition serais perçue comme malveillante par quatre-vingt-seize pour cent de la population au bas mot, lui compris. Avoir faim, survivre, quoi de plus naturel au fond ? Que vous ayez à tendre le bras au-dessus d’un étal de brioches ou plonger la main dans une poche étrangère, il n’y a que l’instinct qui compte — et à l’époque, la morale n’avait que faire de vos techniques. D’ailleurs, dans ta tête, elle n’existe même pas. Seul le regard soutenu de ton interlocuteur s’apparente à un jugement, sans que tu ne saches quel nom lui donner vraiment. Tu écoutes ses mots perdre de leur consistance, ses phrases défaillir comme s’il n’osait pas, qu’il craignait — tu ne sais quoi — raviver d’autres souvenirs peut-être, oui sûrement, tu ne fais pas encore le rapprochement jusqu’à ce que tombe sa dernière question, et avec elle ton front.
Qui acquiesce.
Depuis un an que tu vagabondes solitaire, pas une journée ne s’achève sans que tu n’aies une pensée pour tes mères. Avec le temps la douleur a fini par refluer à l’arrière de ton crâne, muette quoique tenace, elle a tout vernissé au point de se confondre avec ta mémoire mais ne craquèle pour répandre une larme qu’à la faveur d’un mauvais rêve ou d’une violente altercation. Pas là. Néanmoins un nœud coulant doucement s’est glissé dans tes entrailles, rêche comme la faim, acide comme la nausée, et il te faut prendre une grande respiration avant que ne s’entrouvre la gerçure de tes lèvres.
« ...peut pas rentrer. Je ai plus droit. C’est... par cause de moi. »
Aïe, le nœud qui te serre sous le diaphragme. Vigoureusement tu secoues la tête, assez pour chasser la sensation — en vain — puis la relèves à fond accompagnée d’une nouvelle inspiration, bloques le tout une seconde, deux, et expires enfin. En tout et pour tout, tu as gagné une minute de répit sur ton asphyxie.
« Je mange, heu, par fois. Je marche, beaucoup, je m’assieds quand y a la fatigue. Ou je dors. Par fois, les gens sont pas contents, il houspète, il fait pioust’ pioust’ ! — geste de rejet à l’appui, tes paroles se font plus compréhensibles — puis par fois il donne du manger et du chaud, même des câlins. »
Comment dès lors décrire ces silhouettes samaritaines qui te sauvèrent cent fois de la mort, les maternelles et les malgré elles, les ailées et les obligés, celles qui ne purent refuser et celles qui oublièrent de le faire ? Comment lui décrire les Parthenópē et les Insomnia, la clarté des Dormouse, les Renard duveteux et les Azalée de coton ? Quelque part, c’est grâce à eux que tu as survécu, entre deux dégringolades, la survie en dents de scie, des miracles en pointillés sur une autoroute de chausse-trappes.
« Mamans, elles veulent pas je rentre. Pour cause du danger... que si je rentre, elles... » Le verbe s’enraye, s’étrangle, bifurque. « ...avant, je veux les voir encore. Je reviens ici, loin, pour que pas danger. Puis tu es là. »
Une nouvelle épiphanie, entre deux traversées du désert.
Jackalope
Nouveau-thé
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Citation : Entre un lièvre (jackrabbit) et une antilope (antelope).
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Jackalope
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Citation : Entre un lièvre (jackrabbit) et une antilope (antelope).
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Nouveau-thé

Son monde se colore de nuances. Son jeune cerveau essaye d’accepter cette vérité, si dure à appréhender. Les Otherlands ne sont pas noir ou blanc, il y a du gris, du verts et tant d’autres teintes que ses yeux daltoniens ne lui permettent pas de voir. Les souvenirs qu’il lit lui permettent parfois d’en voir plus et il s’étonne alors que ses perceptions soient si limitées sans comprendre tous les aboutissants d’une telle révélation.
Son encéphale n’est plus celui d’un enfant, il ne l’a jamais vraiment été, mais n’a pas le développement d’un adulte non plus. Aujourd’hui, l’esquisse d’une vérité se dessine, la graine de doute se plante et grandit.
Le monde est beaucoup plus grand, plus compliqué, que ce qu’il peut imaginer, que ce qu’il aimerait voir.
Jackalope se met à douter de tout. Il ne s’était jamais imaginé héros d’une quelconque histoire, même pas de sa propre vie, mais aujourd’hui, c’est pire encore, il se sent tellement petit face à un grand tout, tellement loin de le comprendre et d’en dessiner toutes les frontières qu’il a soudain peur de bouger.

Il joue avec le pli de son vêtement de sa main. Il aimerait jouer avec les doigts de Dandelion, pour prolonger un peu ce contact physique, rester un instant de plus avec lui, s’assurer qu’il est vivant, bien là, qu’il ne disparaîtra plus…mais n’a-t-il pas déjà été trop tactile ? N’a-t-il pas déjà trop de fois pénétré dans son espace personnel, ne l’a-t-il pas trop de fois bafoué pour juste satisfaire ses propres envies ? Besoins ? Il n’est plus sûr de rien.

N’est-il pas une mauvaise personne dans le fond ?

L’idée se matérialise en une créature effrayante ; il est chimère peste, s’en rendre compte est désolant. Toute cette histoire est sa faute, au fond, n’est-ce pas ? Cette haine qu’il a construite n’est que factice et qu’est-ce que ça lui a apporté alors ?
Il ne s’en rendait pas compte, est-ce une excuse ?

A-t-il été mauvais avec Wopeltinger ? Même involontairement ?
Ses yeux se gonflent et s’humidifient, mais Jackalope se retient de pleurer, il n’en a pas le droit.
Il est tordu, autant que ses cornes qui se dressent sur sa tête.

Face à Dandelion, il doit faire le grand, celui qui sait, celui qui maîtrise. Il hume à l’affirmative, perdu dans ses sombres pensées, tandis que son alice d’ami lui raconte ses (més)aventures. Il relève les yeux jaunes quand il écoute combien les choses semblent simple selon l’alice.
Dormir quand on est fatigué.
Manger quand on a faim.
Partir quand on ne veut pas de lui.
Mais tout est faux, pas vrai ? Car le monde est compliqué et maintenant embarrassé de cette nouvelle connaissance, Jackalope n’arrive pas à passer outre.

“[color=#cf7536]ça semble… Solitaire. Et… triste ? Es-tu triste de cette existence ?”

Lui ne sait pas s’il pourrait vivre ainsi. Il a essayé, la survie, la rapine, ne compter que sur lui, ne vivre que pour lui. Un peu. Avec le Chat, avec Dandelion pour tromper sa solitude, puis plus personne lors de ses recherches.
Il ne voudrait pas retourner dans ce temps. Être déconnecté de tout, il n’y a rien de pire pense-t-il doucement.
Peut-être est-ce dû à sa naissance. Sans lien avec personne, Jackalope cherche à se lier pour ne plus jamais être seul.

Peut-être.

Il doute.

Il doute de tout.

Encore plus de mères qui rejetteraient complètement l’enfant.

Tu es… sûr de toi ?

Jackalope ne comprend pas tout, les explications sont aussi fragiles qu’incomplètes. Tordues. Compliquées. La graine pousse et la chimère renifle avec dédain.

Je veux pas être méchant.” Mais sans doute l’est-il un peu “Mais t’es pas le pingouin qui glisse le mieux. Est-ce que tes mères t’ont vraiment dit qu’elle ne voulaient plus te voir ? Ou est-ce que c’est compliqué ?
Il marque une pause.
Comme avec toi et moi ?”

Les sourcils se froncent un peu, un peu en colère, contre lui-même, mais qu’il projette à présent sur Dandelion, la cible facile.

Allons. Dis moi. On s’est disputé. Pourquoi on s’est disputé ? La faute à qui ?

Il veut se faire mal, entendre ce que son cœur tente de lui cacher.
Qu’il est fautif.
Car le monde est peint de couleur que Jackalope ne pouvait même pas imaginer avant. Faute de les voir.

Est-ce que tes mères t’ont accusées ? Est-ce qu’elles ont raison, tu penses ? Est-ce qu’elles pourraient regretter ? Car peut-être que les choses ne sont pas si immuables que ça.

Pas autant que le voudrait la chimère en tout cas.
Car le voilà ami avec un alice.
Et voilà qu’il lui veut une vie heureuse. Et sans tristesse, ni regrets.
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Dandelion
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Tu es là. C’est ce que tu lui as dit — sans y révéler toute la réalité que ces simples mots portent dans leur giron. Tu es là, comme une aube nouvelle après l’inlassable nuit de Bonfire, tu es là, comme la première étincelle d’un feu d’âtre au cœur de la neige, tu es là, comme l’odeur de la brioche perlée de sucre quand elle sort tout juste du four, tu es là couleur de soleil, de douceur, et l’obscurité recule en grimaçant devant ces prunelles mordorées, devant cette voix frémissante qui cherche son verbe autant que toi, mais finit plus souvent par le trouver. Solitaire. Triste. Vraiment ? Tu n’y as pas réfléchi. Pour être capable de porter un tel jugement sur ton passé, il faudrait encore être en mesure de l’intellectualiser, sauf que cet exercice de pensée est si incongru à qui ressent avant de conscientiser, et tu ne saurais faire le rapprochement entre l’aveu d’un chagrin ponctuel, immédiat, provoqué par un événement défini, et la sensation rémanente de douleur qui accompagne les âmes esseulées dans ton genre.

Tu secoues la tête — comment être triste quand devant toi tout à la fois se lève le soleil, s’allume le foyer et embaume la viennoiserie ? Jackalope te parle, Jackalope te prend dans ses bras. Certes Jackalope a cet accent de pluie dans la gorge, mais Jackalope est là. De quoi occulter le reste.
« Mamans me manquent, oui... ça, je suis triste, admets-tu cependant, conscient de ce poids qui pèse encore sur ta langue et mouille la bordure de tes cils. ...mais je peux rien pour ça. Peux faire rien. »
Dès lors, comment lutter ? Si tes mères te manquent, tu penses à elles, convoquant pour un instant ces souvenirs que déjà le temps estompe, brouille, ta mémoire abîmée mélange les jours et les visages sans même que tu ne t’en désoles, car seul le cœur conserve le sentiment de plénitude que leur présence a nourri durant toutes ces années. Toutes ces choses qui ne sont pas de tes réflexions et que ton ami se met à te déverser soudain les unes après les autres, telle une cascade d’interrogations glissant sur la banquise de ton incompréhension. Pourtant, ce qu’il essaie de formuler, ce travail de rétrospective dans lequel il tente de t’embarquer se heurte inéluctablement à tes lacunes mentales, lesquelles avalent la moitié des notions qu’il aborde : le compliqué, la dispute, la raison, le regret. Et un pingouin, quelque part dans l’addition. Bien sûr que non, tu n’es pas un pingouin, mais pour ce qui est de la faute ? Te voilà fort embêté de ne pouvoir comprendre — sans doute même, pour une fois dans ta vie, te rends-tu compte de tes limitations, en ce que le moment avive en toi une frustration que tu sais dirigée contre ta propre idiotie, contre ces mots qui ne collent pas, ne décollent pas, puis retombent en grumeaux au fond de ton encéphale.
Tu te sens bête.
Férocement bête.
Mélange de honte et vexation, de vieux remords et de gêne tiède. Tu baisses la tête en prime réponse, les poings ramassés sur tes cuisses, incapable de décider entre deux interprétations : ton compagnon est-il en train de te sermonner ou bien de te rassurer ? Tu voudrais comprendre, vite, net, comme tout le monde, tu voudrais que les écrous de ton crâne ne grincent pas autant chaque fois qu’il leur faut décrypter une sentence de plus de trois mots. Néanmoins, à l’évidence Jackalope t’incite à repenser à la rupture entre tes mères et toi, au motif de leur rejet, sans soupçonner le tragique de la scène — puisqu’entre lui et toi la Mort ne s’est pas encore immiscée, ne vous a pas encore séparés. Avec Amaryllis, c’est trop tard. Ce n’est pas comme si ce genre de dispute pouvait se réparer avec un câlin et de jolis mots en étoiles, non. Elle ne te serrera plus jamais contre sa poitrine. Elle n’écoutera plus jamais les battements de ton myocarde se calmer au rythme du sien. Quels ont été ses derniers mots à ton égard ? Tu ne te souviens plus. Et ceux des autres Fleurs ? Tu ne sais plus non plus. Tout ce que tu te rappelles, c’est la colère rampante qui avait éclaboussé tous les murs de la pièce et les draps de peur descendus du plafond pour recouvrir leur monde. Le tien aussi.
« J... Je sais pas. »
Tu ne sais rien. À l’exception du tremblement désagréable dans ton gosier.
« La faute... c’est m-moi. »
En es-tu certain ? Jackalope a dit c’est compliqué et toi tu le crois.
« Elles est toutes tristes, pis pas contentes. Maman Lilas, elle crie. Maman Vloubilis, elle pleure. Maman Lavande... s’en aller ? » Tes paupières plissées, fermées de force, se parent des ruines de ces images cent fois ressassées, cent fois étiolées. « Maman P-Pivoine... veut pas que moi aussi, je pars. » De toute, elle fut la plus consolante — en vain. Face à la rage sourde de Primevère, à l’effroi de Lavande ou à la désolation de Jasmin, elle n’est pas assez forte pour te garder dans la maison. « ...mais que c’est moi qu’a fait la morte de Maman ‘Ryllis, c’est moi qu’il faut partir. » Tu secoues de nouveau la tête pour toi-même, chassant en pensée ce flot de terreur qui menace de t’engloutir une fois encore. Puis rouvres les yeux sur ton ami, les mots peinant à franchir le nœud acide que tes larmes serrent à même ta gorge. Tout ton visage se froisse, près de se déchirer.
« Je veux voir, elles — ‘veux les voir... »
Puis lèves tes paumes vers tes sclères pour en écraser la brûlure humide, déjà vaincu, un sanglot pour ultime syllabe.
Jackalope
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Jackalope
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Il est idiot.

ça, Jackalope le sait.

Dandelion est un idiot ( lui aussi l’est-il sans doute).
Car, s’avoue-t-il au son d’un murmure, il l’aime comme ça. Il l’envie même un peu, de vivre de ses sentiments simples, d’assumer -même involontairement- tout ce qu’il est.
Tristesse, parfois coléreuse, allégresse, parfois affectueuse.
Il l’envie un peu, et c’est bien la chimère qui se sent idiote à ce moment-là. L'innocence n’a rien de reposant, les sentiments sont plus à vif, l'écorchure d’une tristesse plus blessante dans les entrailles, la tâche de la colère plus tenace à se débarrasser.
Lui n’est que pourriture, se dit-il amèrement. Il a un petit fond pourri, qu’il cache sous une couche de colère. Une couche de colère qu’il cache sous une indifférence parfois douloureuse et blessante (pour lui, pour les autres).  Une couche d’indifférence qu’il cache sous une gentilesse aussi doucereuse que fausse.
Et parfois, il ne sait juste plus qui être entre tout ça.
Il aimerait être noir et blanc, ne plus voir sa vie en couleur mélangées et désormais indéfinissables, d'autant qu'il sait maintenant que certaines couleurs lui seront à jamais inaccessibles.

Mais tout ne tourne pas autour de lui, pas vrai ?
Il met ses pensées de côté, sa colère envers lui-même pour demain.
C’est lui qui est idiot. Et ça, Jackalope le sait.

Tout ce qu’il savait de son monde coule entre ses doigts, se faufile entre les cavités des pavés éclaboussés de quelques gouttes de tristesse. Sérieusement, est-il plus intelligent car il parle mieux, car il vit mieux ? Il lui semble alors qu’il lui manque tant un cœur pour parfaitement appréhender un monde tout en nuances. Dandelion a ce cœur, lui.
Il est stupide d’avoir pensé les alices bêtes et responsables de tout.
Il y pensera après-demain.

Des jours prochains dangereusement chargés, ce sera un problème pour lui-futur.
Pardon, Jackalope-futur.
Tu vas beaucoup pleurer.
Retour au présent.
Debout.

Ok.

Il se redresse sur ses brindilles de jambes, étire un peu son dos et constate ses fesses bien douloureuses. Les pavés ne sont vraisemblement pas fait pour quelconque retrouvailles émotionnelles. Leçon apprise.
Les lumières dansent pour apporter une faible lumière déprimante, les poissons volent dans ce ciel d’eau et quelques passants lancent des œillades indifférentes aux deux gamins. Au moins sont-ils tous deux assez pouilleux pour qu’aucun ne voit en eux une potentielle cible de larcin.
Et qu’ils s’y essaient, Jackalope à plus d’un tour dans son sac et réveiller de mauvais souvenir est une vengeance si douce.

Il tapote la tête de Dandelion de ses doigts griffus et se vêt d’un visage aussi neutre qu’il ne comprend ses émotions (L’indifférence en réponses à ses interrogations), il satisfait doucement ses propres questions. Ainsi debout, surplombant l’enfant aux mèches blanches, il espère ses paroles plus tranchantes. Implacables, impeccables.

C’est moi le fautif.” Et ça lui fait un mal de chien de l’avouer. “Toi, moi. C’est moi qui ait été méchant. J’avais m…” Il soupire, à quoi bon se justifier ? Demander pardon devient alors nul et sans saveur et s’en est assez de se planter avec cet alice particulier. “C’est ma faute. Je t’ai fait vraiment du mal. Et j’en suis désolé.
Toi tu es innocent et gentil. Tu m’as sauvé jadis, tu te souviens ?
” Lui n’a sauvé personne, car c’est un fruit un peu pourris. La pomme en lui a ranci. “Reste comme tu es, tu es très bien ainsi.

Il offre enfin ses mains pour aider le jeune alice à se relever.

Allons-y. Allons voir tes mamans.
Tu veux les voir. Allons les voir.
Ça, c’est simple.


Il y a eut une morte, lui souffle un recoin de son céphalé, rien n’est simple quand il y a une morte. Lui ne connaît que très vaguement ça. Il a rencontré la sienne, presque. La faim, une fin, qui lui creusait le ventre jusqu’à le dissoudre. Entêtante pensées qui ne fut chassée que par une pomme croquée puis avalée.
Il ne comprend pas vraiment ça, pas plus que les brides d’informations ne l’aide à assimiler  l'ensemble. Mais un Dandelion coupable ? Très peu probable.
Alors il veut questionner, il veut appréhender. S’il y a erreur, il veut savoir d’où, démêler ce foutra dans lequel son ami d’alice s’est embourbé.
S’il a du chagrin, il faut que ça prenne fin. L’idée du rejet peut être aussi blessante d’effrayante. Mais ne pas savoir, n’est-ce parfois pas pire ? Imaginer et regretter, jusqu’à en crever.

Je comprendrais pour nous deux.” Il fronce ses sourcils de détermination. “Je resterai avec toi tout du long, quoi qu’il advienne. Ok ? Allons-y.

Pour la première fois depuis longtemps, il a l’impression de savoir où aller.
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Dandelion
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Tu es là et déjà il n’est plus.
Toi, tu es là encore et Jackalope s’est relevé, déchirant l’espace entre vous le temps de dégourdir ses os et ses muscles, le temps aussi que tu ravales, ou tentes de ravaler du moins, ce hérisson coincé au fond de ton gosier. Ta vision sous-marine, flouée de larmes, s’accroche au moindre de ses mouvements comme s’il n’existait plus que lui pour repère, et quand il baisse la main vers ton crâne tu le laisses faire — surpris d’abord, puis quémandeur malgré toi de ce contact un peu maladroit, un peu distant et doux pourtant, tellement jackalopien, le genre de geste capable d’essuyer tes yeux sans même les border, capable de te faire oublier ce pourquoi tu pleurais. Ses mots te sont insaisissables pour la plupart, quand le peu que tu parviens à comprendre du premier coup te laisse perplexe et désapprobateur ; Jackalope, méchant ? Ce Jackalope-là, aux mains rassurantes, aux mots de cailloux mous, à la mine peluche ? Ton Jackalope, un de ces trop rares êtres à laquelle ta mémoire s’est accrochée malgré l’absence, malgré l’effroi, ton ami comme tu en comptes si peu, quand bien même la définition du mot est aussi vaste que discutable — n’importe qui qui serait gentil avec toi. Alors quand lui te dit qu’il t’a fait du mal, tu n’as aucune idée de ce qu’il sous-entend. Ni même entend tout court, d’ailleurs.
Quelque chose s’est apaisé en lui, cependant. Résigné, presque. Mais tu n’es pas responsable. Il y a cette réminiscence lointaine au fond de ses prunelles qui te demeure invisible, inaccessible. Concentre-toi donc sur les tiennes, puisqu’elles vont très bientôt te servir à vous guider — c’est du moins ce qu’il te suggère, en te présentant ses paumes ouvertes que tu observes une demi-seconde avant de sentir tout ton squelette se redresser telle une tige de tournesol que le soleil vient illuminer.

Jackalope est un héros.
Ton héros.
Ces mot si ordinaires, recommandation basique et banale s’il en est, tellement que tu n’as jamais eu la bravoure de te les dire à toi-même, voilà qu’il te les lance avec tant d’aplomb que tu n’as d’autre réflexe que d’y croire. C’est simple, évidemment ! puisqu’il l’affirme. Comment pourrais-tu imaginer remettre en doute l’unique personne qui te veut du bien en cet instant précis ? Et tu le crois. Tu le crois des tréfonds de ton âme, tellement fort que cela resplendit sur ta face éclairée par la reconnaissance, dans tes yeux écarquillés d’admiration, dans ta respiration suspendue devant la grâce faite chimère. Méchant. Est-ce que tous les méchants brillent autant ? Tu ne peux comprendre ces subtilités-là, ni la différence, or tout ce qui importe à l’instant, c’est à quel point la main de Jacklope te paraît solide lorsque tu l’attrapes — non comme une franche poignée de mains, mais juste tes doigts refermés par-dessus les siens, enserrant ses phalanges ainsi qu’un trésor à ne pas laisser choir, à ne pas relâcher de crainte de le voir disparaître de nouveau.
« Oui... » tu fais, tout en te relevant. « Oui. »
Hoche la tête, convoque ton courage pour lui interdire de retomber dans son marasme timoré.
« Reste... Je veux. Avec moi. Pars plus non. »
Un jour futur tu te souviendras, et tu comprendras peut-être, combien tu fus égoïste de t’agripper à lui de cette manière et combien il lui en coûtait de t’accompagner. Combien tu abusas de son remords et de sa bonté, sans même savoir de quoi il s’agissait, et sans même savoir comment le remercier. Pourtant, c’est bel et bien la gratitude que tu apprends à ce moment, car tu ne ressens que cela à son égard — un abîme d’affection où tu te noierais volontiers s’il te le demandait — tu es bête, après tout, on ne se refait pas.

Spontanément, la paume toujours blottie contre celle de la chimère, tu détournes le museau vers la rue où vous vous êtes posés. Une fraction de seconde, ton regard cherche à recomposer le cadastre, la cartographie du pâté de maisons qui autrefois fut ton terrain d’escapades. Les lieux n’ont guère changé en une année, néanmoins tu ne peux pas prétendre être un expert en orientation et il ne te vient pas à l’esprit que Jackalope puisse vous guider, lui qui n’a jamais été vraiment le bienvenu parmi tes Mamans.
« La maison est... par ce côté, viens..! »
Ni une ni deux tu te mets au petit trot, le pied nu sur les pavés perpétuellement humides des dômes, tout à la fois leste d’espérance et pesant d’appréhension, tu t’élances en furet incertain, le nez au vent marin et les chevilles rase-crottes entre les anguilles, rasant les murs par réflexe plus que par nécessité pendant que les badauds anonymes ne prennent même pas la peine de s’écarter — tu ne les vois plus, rien n’importe plus que le souvenir du chemin avec, au bout, le pardon et la délivrance.
Ou la damnation.
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