Drowning in black and white ft. Fletje
Poussé, sur fond de noir et blanc, là où les couleurs ne peuvent rejoindre les rivages, ce fut la bagarre de trop. Je dérive, emporté trop loin pour que mes pas, si grand que je sois, me ramènent au tapis de poudre à canon. Je les ai vues mille fois faire, ces petits poissons, agiter leurs nageoires graciles quand je me débats prestement contre l'élément si peu familier lorsqu'il abonde. Inutile d'avoir cette mémoire si ce n'est pour atteindre les sommets de perfections en termes de survie, je suis bien loin, trop, de ma terre natale et Fleur n'est pas dans les parages pour me prêter patte forte.
Je ne l'aurais pas voulu. Pour qu'elle se noie aussi ? Impardonnable. Une erreur commise avec si peu de jugeote que je mérite mon sort. Tant pis si je coule, je reviendrais sans doute, avec une tare en plus, une qualité en moins. Je ne m'abandonnerais qu'à mon dernier souffle rendu, lorsque les cavités jumelles aux allures cotonneuses se seront gorgées d'eau et que mon intellect souffrira le manque d'apport en oxygène. C'est que j'en sais des choses, élève fort intéressé par les connaissances du professeur ailé. J'aurais voulu avant de périr, les retrouver tous deux, pouvoir leur dire avec ces mots trop humains dans ma bouche que je les aime et que je ne cesserai jamais de leur prêter mes battements.
Trop tard. Pour l'instant.
Les occasions ne manqueront pas, je les provoquerai, on ne me les enlèvera pas deux fois. Elle est persistante et teigneuse, cette substance. indispensable, puisque je m'en délecte quand elle est dans un bol, en bouteille, dans un verre. Toutefois trop présente, elle m'étouffe. Si j'avais besoin d'une telle étreinte, j'aurais joué au catch avec ma jolie moufette ! C'est tout aussi dangereux, néanmoins elle est réconfortante et ne menace d'attenter à ma vie qu'en apparence.
N'y a-t-il personne à prêter l'oreille ? Les miennes sont belles et bien visibles ! J'appelle, je hurle, je bois du sel. Je ne veux pas rejoindre les pierres lourdes au fond du bassin, décoration piètre et trop solitaire pour m'en contenter, s'il vous plaît !
" !!! "
Je ne veux pas mourir, je ne veux rien laisser. Ma vision se trouble, pique, sature. Mon cœur tambourine sa dernière mélodie avant redémarrage forcé. Au secours ! Je ne veux pas ! Je ne veux pas !
Décor illusoire, caresses acharnées, je n'ai rien demandé ! On m'a parlé des hommes qui se font désirer au fond des eaux glacées. On m'a chanté louanges sur cette mer agitée, sournoise et envoûtante. Fascinés qu'ils sont ces cerveaux cramés, je ne veux pas les rejoindre !
Je ne veux pas. Je ne PEUX pas ! Je DOIS vivre, laissez-moi encore fouler le pavé de ces rues à la poursuite d'un prédateur. Deux en réalité, deux, mais un seul que je désigne comme seigneur. Le prince chasseur. J'en rirais presque, épuisé par les gestes. Comment prônent-ils le calme dans ces conditions ? Elle ne coopère pas, la perfide étendue de sa robe azurée. Qu'elle me lâche ! Et vite ! Je vais…
Je ne veux pas…
succom…
