Un passé dépassé. Un souvenir regretté. Protégé. Un instant égaré. Retrouvé en une pensée. Replonger dans vos mémoires trépassées. Déterrer la beauté des récits achevés. Ressasser ces moments oubliés. Ces images aux couleurs délavées. Guidez vos personnages dans leurs pèlerinages. En quête d’un ancien âge. Quelques phrases pour revenir aux bases. D’un passé dépassé.
Écrivez en slam une introspection de votre personnage sur ses souvenirs (ou un souvenir en particulier).
Contrainte
Slam!: Dans son texte, le champion devra utiliser la répétition, soit de sons (assonance, allitération) ou de mots de même famille(figure dérivative). Le joueur peut utiliser la même répétition tout au long du texte, ou changer de son ou de famille de mot à chaque paragraphe.
exemple: Allitération (répétition d’une consonne): Si les salauds s’allient; si les missiles s’élancent; si nos soeurs sont salies; c’est la faute au silence (La faute au silence - David Goudreault) Assonance (répétition d’un son vocalique): Je mens énormément; j’ai un certain talent apparemment; souvent les gens croient en mes boniments; c’est étonnant. (Je mens - Bernard Friot) Figure dérivative: “Ton bras est invaincu, mais non pas invincible “ (Corneille, Le Cid)
Rappels importants:
Cette épreuve est d’une durée de 24h. (Du dimanche 26 mars à 00:01 au dimanche 26 mars à 23h59.) Il s’agit d’un solo en 1 post d’un maximum de 1500 mots. Indiquez les trigger warnings (TW) en début de post s’il y en a et évitez les sujets sensibles. Si cela est impossible ou en cas de doute, utilisez notre code pour y insérer les passages plus délicats.
Code:
<div class="TW">Le texte</div>
Si vous ne voulez pas être commenté, indiquez-le de manière visible au début de votre post. Les description de votre forum ou personnage en spoiler sont autorisées.
Kobe High School a un contexte à tendance réaliste school life qui se passe au Japon, en 2018, dans la ville de Kobe. Le lycée et l'université (situés sur le même campus) sont de renommée internationale, la culture japonaise se mêle donc aux cultures des autres pays via les différentes nationalités présentes sur le campus. Le slogan de l'université de Kobe ? Faire naître le meilleur en chacun de nous !
Présentation de Nobu:
Nobu Yoshimoto (étudiant en 2e année de littérature, 20 ans) est né dans une famille de pêcheurs. Petit, il s'est volontairement mis de côté socialement pour ne pas montrer la pauvreté de sa famille (il refusait que des amis viennent chez lui). Excellent élève, notamment en littérature, il gagne des prix au lycée. Ses parents l'incitent à aller à l'Université pour ne pas gâcher ce talent et se séparent de leur plus chère propriété (un bateau de pêche) pour le lui permettre. Il commence ses études à Osaka. Néanmoins, il vit un harcèlement important dans sa première université qui le pousse à changer et à aller à Kobe en deuxième année. En effet, Nobu est homosexuel. Et s'il s'empêchait de le vivre dans son village natal, il l'expérience dans la grande ville. Des camarades l'ont appris et lui ont fait vivre une misère. A Kobe, il continue à vivre son homosexualité, et a découvert l'univers des Drag Queen. Depuis quelques mois, il pratique lui-même le Drag. Même s'il essaie d'être le plus discret en dehors du bar gay dans lequel il performe, il aime le monde queer et s'y épanouit. Il a une “Drag Mother”, Hikaru, qui lui apprend comment se maquiller, se coiffer, s’habiller, et le présenter au monde. Ici, Nobu monte pour la première fois sur scène pour performer en tant que Drag Queen.
Ce soir, on va me voir. Non. Ce soir, on va me regarder. C'est la première fois depuis ma transformation. La première fois, depuis que j'ai changé mon nom. Travesti, dans un genre qui n'est pas le mien. Travesti, à faire semblant d'être coquin.
Et j'ai peur. J'ai peur d'être reconnu, malgré le maquillage. J'ai peur de l'abattage, d'être mis à nu. Que l'on remarque tous mes bleus, mes blessures. Que l’on remarque que je ne suis qu'une imposture.
Qu'est-ce que j'fous là ? Je revis ces derniers mois. Je n'aurai jamais dû entrer dans ce bar. Je n'aurai jamais dû m'y asseoir. Je n’aurai jamais dû croiser son regard. Hikaru. Hôte, ou bien hôtesse, sur la scène, moi je l'vois, si loin de moi.
J'veux qu'il me dévore, qu'il me canarde. Ses yeux, deux revolvers. Ses yeux, pour qui je parcourrai la terre. Je l'aime, à en crever. Je l'aime, et je sais plus trop quoi en penser. Parce que malgré toute son admiration, je ne vois dans sa réaction aucune adoration.
Je suis un frère. Ou bien une sœur. Je suis un fils, à peine une fille. Je suis celui qu'il coiffe, qu'il maquille. Celui qu'il présente, comme son extension. Mais pas comme sa Cendrillon.
Il annonce mon nom.
Je me cramponne à mes Swarovski. Cadeaux d’une mère qui m’a choisie. Encore une qu’il ne faut pas décevoir. Encore une qui a trop d’espoir. Et il y a les autres reines de la nuit. Qui m’épient, me suivent, même me dissèquent. Est-ce qu’elles attendent mon échec ?
J'traîne devant la scène, prêt à m’tailler. Voleur ou imposteur ? Et pourtant. Quand j’croise mon reflet, j’aime c’que j’dégage. Quand j’croise mon reflet, j’voyage. Dans un monde que j’ai jamais osé rêver. Dans un monde de beauté.
Eh puis merde ! Je prie, je m'élance et je danse. Je pense à tous ceux qui ont rêvé d'ma déchéance. J'vous dis : "toutes mes condoléances". Je suis là, et j'en ris. Je suis là, c'est ma vie.
Et je n’vois même plus Hikaru. Qu’il soit mon frère, ou bien ma sœur. Qu’il soit mon père, à peine ma mère. Dans cette bulle rien n’est réel : mes pensées, j’les entends plus. Mes pensées, elles ont disparu.
La musique pulse, et féconde mes veines. La musique pulse, maintenant que j’suis seul sur scène. Que l’on regarde mes hanches, mes fesses, ou mon dos ! J'ai plus peur des yeux qui caressent ma peau. Je suis fort, je suis fier. Je suis même beau.
Ou je suis belle, faisons tomber les genres. J'm'en fous si j'fais couler de l'encre. Meuf ou mec, ou un mélange, dans ma robe de velours, dans mes talons lourds, dans mon soutif rembourré.