The otherlands
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 Épreuve 3 || MinQ - Elysion

Père Castor
Conteur d'histoires
Icône : Épreuve 3 || MinQ - Elysion K5OhCv3
Citation : “I'm not strange, weird, off, nor crazy, my reality is just different from yours.”
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Père Castor
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Conteur d'histoires
#1 | 22.03.23 19:41 | Épreuve 3 || MinQ - Elysion
Epreuve 3

La vie en rose
MinQ - Elysion

Énoncé:

Elle est là, la belle invitation. Dans son enveloppe parfumée. Sertie de votre nom en lettres dorées. Vous êtes conviés, à vous joindre à ce grand événement. Vite. Vite. Il ne faut pas être en retard. Vos hôtes vous attendent pour les célébrations.

Vous êtes invités à l’événement de votre choix (pyjama party, gala, première de film, etc). Libre à vous de développer ce thème tout en respectant les contraintes.

Contraintes

Duo miroir: Dans ce type de Duo, les textes ont la contrainte de devoir se répondre et doivent s’avérer être l’opposé l’un de l’autre, comme des reflets à travers un miroir.

Haut en couleur: Les maîtres du jeu choisiront deux couleurs complémentaires pour chaque duo. Selon leur préférence, chaque duo se distribue les couleurs attribuées. Celles-ci devront être utilisées comme ligne directrice. Elles peuvent influencer la narration comme la forme et être utilisées de manière littérale ou figurée. Pour vous aider, les maîtres du jeu vous fourniront, une petite description de la symbolique de votre couleur.

Vos couleurs :

Blanc et Noir

Blanc: Associé à l’innocence, la bonté, la spiritualité, la propreté et l’humilité , il inspire la concentration et l’organisation . Cette couleur nous rappelle la simplicité, la pureté et la propreté. Le blanc est effacé et laisse sa place aux autres couleurs afin d’attirer l’attention sur elles.


Noir: Associé à la puissance, le mystère, l’obscurité, l’élégance et la sophistication, il inspire l’inconnu, la tristesse et la colère. Cette couleur puissante confère force et gravité et paraît raffinée et minimaliste. Le noir peut être audacieux, sophistiqué et sérieux.

Rappels importants:

Cette épreuve est d’une durée de 48h. (Du samedi 25 mars à 00:01 au dimanche 26 mars à 23h59.)
Il s’agit d’un duo en 2 posts (1 par champion) d’un maximum de 1500 mots.
Indiquez les trigger warnings (TW) en début de post s’il y en a et évitez les sujets sensibles. Si cela est impossible ou en cas de doute, utilisez notre code pour y insérer les passages plus délicats.
Code:
<div class="TW">Le texte</div>

Si vous ne voulez pas être commenté, indiquez-le de manière visible au début de votre post.
Les description de votre forum ou personnage en spoiler sont autorisées.



Marinette Dupain-Cheng
Invité
Anonymous
#2 | 26.03.23 20:45 | La vie en Rose
Marinette Dupain-ChengParis, l’une des plus belles villes au monde connu pour son authenticité à être naïvement romantique. Fort heureusement, les mœurs changent toujours, et une grande effervescence culturelle a commencé sous peu à se mettre en place pour le plus grand bonheur de tous. La foule se déchaine plus particulièrement sur ce Champ de Mars qui à priori, accueil pour la première fois un défilé de « petits créateurs ». On en parlait dans tous les journaux et plus particulièrement à la presse – Le soir du 21 juin 1925 entre 20 et 21h aura lieu un cortège pour les plus passionnés qui auront la chance de présenter au public leur collection. Bien-sûr, l’un des plus grands modélistes fera également parti de la fête.

La boule au ventre, l’adrénaline qui tourmente accompagné du syndrome de l’imposteur, c’est ce que ressentait fortement Mademoiselle Dupain-Cheng. D’abord fille de boulanger, celle-ci n’est pas d’avis à reprendre l’entreprise familiale, préférant se consacrer mille fois à la couture qu’à plonger ses douces mains dans de la vulgaire farine. Devenir styliste, bien que cela soit difficile pour l’époque est un rêve pour la jeune femme. Celle-ci y passe presque toutes ses soirées et ses après-midis à cela. Les gens qui la côtoient lui diront qu’il s’agit pour le moindre d’une passion éphémère bien qu’elle ne soit pas tout à fait de cet avis. On songe à bientôt la marier naturellement, s’inquiétant alors pour son célibat. Cependant, ils ignorent la relation qu’elle entretient avec le fils Agreste qu’elle admire tant.

Il fait nuit, bien que Paris soit illuminé par quelques lampadaires, l’obscurité envahissait toute la ville. Le défilé devait se passer dans une salle juste en face de notre célèbre Dame de Fer. La couleur or vient orner ces sombres monuments. Ne parlons pas du ciel étoilé dont la seine vient réfléchir son magnifique reflet. On ne pouvait entendre que le bruit de quelques baisers sur le pont des arts. Dans ce que l’on pourrait communément appeler des loges, la jeune femme commence à se préparer, enfilant sa plus belle robe noire aux épaulettes courtes. Une fois s’être refaite une beauté, elle décide de rejoindre immédiatement ses modèles pour peaufiner quelques ajustements dans quelques jupons et chapeaux qu’elle a confectionné elle-même. Essayant de respirer tant et plus, celle-ci ne parvient pas vraiment à se calmer, craignant des représailles que l’on pourrait lui faire si jamais on n’apprécie son travail fait avec soin. Dans la salle se trouvait des concurrentes et des concurrents de taille. Pourtant, elle devait gagner, au moins pour l’amour de sa vie se disait -elle.

- Quelle coïncidence ! Vous ici ?

Cette dernière se tourne brusquement, pour apercevoir celui qui fait battre son cœur qui vient tout juste de s’arrêter brutalement au son de sa douce et sublime voix frémissante. Elle espérait sa venue depuis une semaine, et maintenant qu’il est là, ses genoux tremblent comme une feuille d’automne. Elle contemple la personne en face d’elle qui vient tout juste de la saluer.

- Bonsoir Adrien, je suis ravie que vous voir.

Le jeune homme est habillé de manière élégante, un costume hors de prix qui lui va bien, si bien que celle-ci reconnu immédiatement le créateur de cette marque. Alors qu’il semble ailleurs, notre cher blondinet ne perd pas le nord, et avec un sourire solennel, il tourne la discussion à son avantage.

- Vous êtes là pour ?...

- Et bien, le défilé…

Les joues toutes rouges, celle-ci ne savait plus quoi dire tant son amant la bouleverse. Tournant entre les portes cintres au milieu des coulisses, tous d’eux jouent à fuir l’un et l’autre. Ce jeu de la séduction est un art pour nos deux tourteaux. Alors que celle-ci vérifie que tout est en ordre, l’autre s’amuse à toucher la matière de chaque tissu. Parmi les rires, on pouvait observer une véritable alchimie. Focalisé par la texture, il demande de ses yeux aimants.

- Ah ! Vous vous êtes enfin décidé de dévoiler vos merveilles ?

- Et oui, c’est cela.

- Je serai avec mon père. J’ai hâte de voir vos chef-d’œuvre…

Il lui prit la main qui dirige vers ses lèvres, et l’embrasse tel le gentleman qu’il est.

- Je vous envoie tout mon soutien. Chuchote-t-il en lui faisant un clin d’œil avant de partir.
Bien-sûr, si elle a décidé de participer, c’est aussi pour lui prouver sa valeur.

Le public, pour ce défilé de mode, est assis tout autour du podium. Seuls les photographes sont surélevés, installés sur des estrades tout au fond de la salle. Les premiers candidats ouvrent le bal. La musique est très douce au début du défilé, plus rapide que la cadence des pas des mannequins, elle est énergique et vivante. La performance débute alors que l'espace est plongé dans un noir total. Seuls des applaudissements se font entendre. On pouvait néanmoins apercevoir une première collection nommée « Ange de la nuit ». Le premier mannequin entre en scène, portant une longue robe droite en lamée argent, et rampe jusqu'au milieu du podium où elle se retourne sur le dos. Dans ce qui semble être son dernier souffle, elle s'agite puis cesse de bouger. Elle recommence spontanément ce geste en tournoyant sur elle-même. Le deuxième fait alors son entrée, portant une longue redingote de satin noir, ouverte sur une jupe transparente d'organsin noir. Il est vrai que les matières utilisées sont véritablement très bien pensées.

Les lumières s'éteignent sur cette scène, on annonce enfin son nom. Marinette, qui a priori se retrouve la dernière, commence par retenir son souffle en priant pour que tout se passe bien. Les autres participants ont offert quelque chose de mémorable, alors elle croise les doigts. Un nouveau bruit sourd survient, et la musique reprend. C’est à son tour, ça y’est. Les mannequins féminins arborent un maquillage léger et naturel. Les yeux et les sourcils sont accentués de clair et les joues sont légèrement plus foncées que le reste du visage.

Les coiffures, différentes pour chacun des mannequins, sont naturelles et sans artifices. Bouclés ou raides, les cheveux sont libres ou partiellement retenus derrière la tête. Le public peut clairement distinguer toute la subtilité des vêtements qui lui sont présentés sans avoir l'impression qu'ils comportent des fioritures superflues qui les surchargeraient. Quant aux hommes, ceux-ci portent des vêtements simples, rappelant les officiers de la marine française. Habillés de noir ou de blanc, ils sont vêtus d'une marinière ou d'un chemisier assorti d'un pantalon ample et souple, facilitant les mouvements du pas. Majoritairement de couleur noire et blanc, les créations féminines sont ajustées au niveau du bustier et amples au niveau des jambes et mises en valeur par les mouvements des mannequins. Quant aux chaussures, celles-ci sont également un accessoire majeur de cette collection. Confectionnées de cuir et autre, les bottes et les escarpins sont montés sur des talons aiguille.

La subtilité de faire rappeler les valeurs de la capitale marque des points du côté du jury. Tous les journalistes subjugués voulaient en découdre davantage. Une fois la délibération faite, on annonce le nom du vainqueur. Il s’agit là de la meilleure présentation de toute, et pour ça, Marinette n’arrivait pas à y croire puisqu’elle a été choisie. La foule applaudie et parmi eux se trouvait Adrien, très fier d’elle. Une fois le concours terminé, celle-ci alla fêter dans une autre salle sa victoire, accompagné de toutes ces personnes qui l’entourait. C’est presque un accomplissement, une victoire qui s’offre à elle. Souriante, elle rejoint immédiatement sur le balcon son dulciné qui est alors avachie sur le balcon en train de regarder les étoiles.

- Et comment avez-vous trouvé ?

Il se tourna vers elle, heureux de sa présence.

- C’était subjuguant, incroyable, parfait ! C’était épatant.

Tous deux se sourient l’un à l’autre. La jeune femme a toujours été apaisée à ses côtés, et le fait qu’il complimente sa performance lui redonnait de la pèche. Ils s’aimaient, se cherchaient, se retrouvaient. Elle appréciait particulièrement ce qu’il dégageait, et il aimait sa spontanéité.

- Et bien, pour une fois que je puisse être meilleure que vous, monsieur Agreste !

Elle aimait particulièrement le titiller, et il s’y prêtait une nouvelle fois au jeu. Rigolant aux éclats, le jeune homme se rapprocha un peu plus de son visage et sur un ton amoureux, il lui dit.

- En réalité, vous avez été parfaite, Marinette…

- Vous… Vous trouvez ?...

Toute rouge, elle se laissa emporter par les émotions, ferme doucement ses yeux et se laisse doucement voler un baiser par l’homme de sa vie quand soudain, Marinette se réveille au beau milieu de la nuit, dans son lit. Revenue à son époque et troublée par le rêve qu’elle vient de faire, elle se redressa légèrement, se morfondant dans les bras d’Adrien qui dort paisiblement. Et si tous deux venaient réellement d’une autre époque ? Ne sachant pas quoi penser, elle se rendormi paisiblement voulant rester à ses côtés pour toujours.
Anna
Invité
Anonymous
#3 | 26.03.23 22:11 | Re: Épreuve 3 || MinQ - Elysion
Anna

Le sculpteur

 Le soleil ne se couchait jamais sur le village de Jumeleras. Ses rayons parcouraient en permanence ses longues étendues de pierres. On ne pouvait rien leur cacher. La moindre silhouette à des kilomètres à la ronde était bien vite repérée. Seuls les habitants couverts et encapuchonnés dans leurs tuniques blanches, le visage maquillé de poussière, savaient être invisibles en plein jour. De leurs maisons creusées dans les profondeurs de la roche, ils pouvaient surgir sans que l’on ne puisse rien y faire. Mais la période n’était pas à la défense. Au centre du village se trouvait la carrière, et au centre de la carrière se trouvait le chantier de la statue. Depuis un temps si éloigné qu’il y faisait peut-être nuit, le sculpteur avançait son ouvrage. Bientôt, son travail allait prendre fin. Tous allaient pouvoir découvrir la figure de leur Dieu, adoré, mais inconnu. La cérémonie se déroulerait dans quelques semaines. L'époque de la méfiance se concluait pour laisser place à celui de la liesse.

 Anna rouvrit les yeux. Elle s’extirpa rapidement du trou où elle s’était dissimulée pour prendre un peu de repos. Elle sortit sa gourde et voulut boire un peu, mais se mit à tousser. Elle ne supportait vraiment pas cette poussière. Elle tourna la tête autour d’elle, mais personne à proximité. Le soulagement n’était pourtant pas complet. Le moindre mouvement l’agaçait, ses cheveux noués en une natte serrée étaient devenus bien trop lourds à cause de la roche qu’elle avait utilisée pour les teindre. Elle tira de sa poche un sablier. Son sommeil au moins avait été efficace, il lui restait encore de la marge pour accomplir sa besogne. Elle grimpa sur le rocher et reprit ses observations.

 Il n’était décidément jamais seul. Les ombres blanches se succédaient autour de lui. Elles ne paraissaient pas affairées, elles allaient et venaient simplement, dansant un ballet mortel pour tout intrus. Anna soupira. Elle pouvait attendre la cérémonie officielle, elle avait une invitation, une affreuse tablette, « négociée » auprès d’un notable voisin, mais ce serait compliquer sa tâche d’une manière conséquente. Un angle d’attaque allait bien finir par s’ouvrir… Et puis, lui, il ne dormait donc jamais ? Elle ne voyait de lui que ses pieds qui dépassaient par moment de sous l’immense drap qui recouvrait la statue. Parfois, elle pouvait aussi distinguer la forme de son corps par les ondulations de la toile, lorsqu’il travaillait plus en hauteur. L’ordre de mission ne répondait à aucune de ses interrogations. C’est irritant d’être intriguée pensa-t-elle. Elle n’était jamais curieuse habituellement. Elle n’en avait pas besoin, elle était le point final de toute histoire, peu lui importait les pages précédentes. Mais cette fois-ci, elle devait bien reconnaitre qu’elle aussi voulait savoir ce qu’il y avait là-dessous, et qui était la personne dont elle ne connaissait que les orteils et par hypothèse la forme du dos.

 Elle s’était assoupie sans même regagner sa cachette. Ce n’était pas très sérieux et à la poussière s’ajoutait une autre raison d’être agacée : les remontrances des mères qu’elle pouvait entendre siffler à ses oreilles même dans une telle situation. Mais, la chance venait peut-être de lui sourire enfin. Le silence s’était fait, si c’était possible, plus complet que d’habitude. Ne parvenait à elle que le son étouffé des outils. Elle attendit encore quelques instants, sans cesser de scruter à s’en brûler les rétines, le moindre centimètre de ces terres immaculées puis elle se rua en avant. Qu’importe la discrétion, elle avait fini par comprendre qu’elle ne pouvait pas les battre sur ce terrain. Elle avalait les mètres, il allait être à sa portée…

« Je te vois »

 La lumière se refléta pleinement sur sa lame au point de quasiment l’aveugler lorsqu’elle pourfendit le drap. Malgré tout, elle était persuadée d’avoir visé juste. Pourtant, son arme ressortit sans la moindre tache de sang, blanche et intacte. L’étonnement se dissipa vite. Ses tours de passe-passe ne l’impressionnaient pas. Avec son pied gauche, elle le faucha au niveau des chevilles et plongea sur lui dagues en avant.

« Ne fais pas ça »

 Les armes se fichèrent dans le sol. Non, elle n’avait pas cherché à l’épargner, elle en était certaine. Mais elle savait aussi que son geste avait été trop ample. Il était désormais sous elle et la fixait. Elle se jeta en arrière et tira son épée. Lui n’était pas armé. Il n’avait même pas ses outils. Aucun choc, pas de colère ; il souriait. Elle tenta de lui trancher la tête.

« Tu veux bien m’aider ? »

 Il esquiva, n’esquiva pas, elle n’en sut jamais rien. En tout cas, son cou était toujours présent. En sueur, elle s’immobilisa à bonne distance. Ce devait être un magicien, car physiquement, elle ne comprenait pas comment il pouvait lui poser de telles difficultés. Il était petit, sans âge, maigre comme un clou, plus blanc que les roches au point qu’on ne distinguait pas sa tunique de sa peau et surtout… aveugle.

« Je m’appelle Sunit et je suis content de te voir ! Tu as arrêté d’attaquer. Je sais que la fin est dans une semaine, mais j’ai encore tellement de travail… Mes amis ne peuvent pas participer. C’est la règle depuis toujours. Mais toi, malgré ton bel habit de nacre et l’invitation que tu caches, tu n’es pas d’ici. Oh, je ne te juge pas. Encore une fois, je suis plus qu’heureux de te découvrir. Tu me regardes étrangement… Ah, oui, tu te demandes pourquoi je veux ton aide alors que tu es là pour me tuer… Eh bien, c’est pour nous arranger tous les deux. Je n’aime pas le commerce, mais je suis juste dans mes échanges, ne t’inquiète pas. Dans une semaine, quand l’œuvre sera achevée, je vais mourir. Ce sera une fête joyeuse malgré tout, tu n’as pas idée !  Ma proposition est simple : assiste-moi pendant ces quelques jours et tu pourras repartir avec ma tête, mon bras, mon téton gauche, bref tout ce qui peut faire plaisir à ton employeur, et en plus de sa récompense, j’ajoute les richesses de ce village ! Tu peux déjà récupérer ce premier sac. Là, regarde, oui, ici. Ce sont des vrais. Et il y en a bien d’autres. Alors, tu acceptes Anna ? »

Elle avait envie de lui ouvrir les entrailles et de colorier avec toute la région environnante. Et en même temps, elle ne fit pas le moindre geste. De ce nain albinos misérable, elle sentait émaner une paix qu’elle n’avait jamais connue. Elle partit sans rien, sans dire un mot. De son côté, il reprit son travail, mais il sortait maintenant régulièrement. À plusieurs reprises, les gardes ayant manifestement disparu, elle retenta sa chance, mais sans succès. D’abord folle face à un échec qu’elle ne comprenait pas, elle devint peu à peu fascinée par sa faiblesse.

 Il était d’une lenteur terrible. Ses gestes étaient maladroits. Son marteau paraissait écrasant entre ses bras chétifs… Et il continuait inlassablement. Sans s’en rendre compte au début, elle rapprocha ses instruments. De ses épaules, elle fit ensuite une échelle pour l’aider à grimper. Elle coupa l’étoffe de sa tenue pour panser ses plaies. Elle n’avait aucune idée de l’avancée des travaux. Le monument n’évoluait pas dans sa hauteur, elle ne distinguait pas de nouvelles formes et lui n’en parlait pas. Il l’interrogeait plutôt sur sa vie durant les pauses qu’il s’autorisait désormais.

 Au départ, elle ne répondait pas. Ensuite, elle lui servait des mensonges. Après, ce furent des demi-vérités puis n’y tenant plus, le dévoilement débuta. Son histoire était atroce, mais il ne s’offusquait de rien. Peu importe les tragédies qu’elle glissait à son oreille, rien ne troublait la pureté de son expression. Il n’était personne pour la pardonner, elle n’en voulait pas de toute manière, mais tout son corps réclamait sa présence.

 Le septième jour arriva. Les habitants réapparurent. Tous avaient orné leurs tenues de fleurs blanches. Où avaient-ils bien pu les trouver ? se demanda-t-elle. Rien ne pousse ici. Ils se repartirent tous dans la carrière et la plaine environnante. C’était vraiment une fête étrange, dans le silence et l’immobilité. Sunit sortit de sous son drap. Il tira ensuite dessus, et alors que c’était impossible tant il devait être lourd, il le retira d’un seul geste ; le secret du sculpteur apparut.

 Il n’y avait rien et tout à la fois. Sunit avait construit la première des nuits à venir. Il ne restait plus personne, le souffle du drap tombé sur le sol avait projeté la communauté en l’air qui désormais orné la voûte nouvelle. Sunit quant à lui se mit à vaciller. Anna se précipita et le rattrapa avant qu’il ne s'écroule. Son corps n’était plus nimbé de poussières et laissait apparaitre sa peau noire qui contrastait avec la blancheur de celle d’Anna. Il sourit, tourna son regard vers elle puis le ciel et dit :

« C’est beau n’est-ce pas ?

- C’est magnifique. »
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