The otherlands
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 Au bon endroit, au bon moment, en mauvaise posture - ft. Gali

Le sac-à-main au labo dormant

Travaillant d'arrache-pied pour comprendre les secrets de ce monde, le Docteur a un invité indésirable dans son SAS d'entrée, complètement endormi...



Qu'est-il de plus exaspérant que de devoir classer les habitants d'un nouveau monde dans des matrices un tant soit peu ordonnées ? Il est vrai que le sexe, la taille, la corpulence ou même la couleur du sang et toutes ces choses inutiles étaient faciles à vérifier avec un tant soit peu de pratique, mais pour ce qui est des pouvoirs, ces fascinants petits pouvoirs... Comment faire, sans pour autant attirer l'attention des autorités et de ces semblants d'Archons qui se nourrissent d'âmes pour on-ne-sait quels réels desseins ? Il avait bien sûr entendu parler de ce nouveau dirigeant, sobrement appelé "La Mort", mais il n'avait pas eu l'occasion pour le moment de lui rendre une petite visite. Vallahland, intriguant. Quoi qu'il en soit, le Docteur avait commencé à faire le point, il avait pu découvrir des pouvoirs intéressants comme des pouvoirs complètement inutiles. Faire des bulles de savon avec son nez, quel intérêt ? Ceci dit, il eut au moins la présence d'esprit de trouver rapidement une excuse pour se tirer d'affaire, celui-là. Dandelion, quant à lui, restait un mystère. Pas de pouvoir, pas de particularité, mais il devait le garder à l'œil et trouver ce qui le troublait. Combattre ou fuir, cela restait cependant son choix, au final. Il bailla, fatigué des travaux en cours. Au moins, avec ses anciens employeurs, il avait à la fois les fonds et les technologies pour s'amuser un peu, mais là il n'avait rien à se mettre sous la dent, si ce n'est cette angoisse insupportable de perdre la vie avant d'avoir accompli un nouveau magnum opus digne de son génie. Quitter les Otherlands avant ça était hors de question.

Plusieurs heures passèrent, il voguait de document en document, bravant les vagues de son propre ennui et les déferlantes de questions idiotes de son compagnon aranara. Il n'accostait jamais sur une seule idée, préférant le voyage vers l'inconnu pour une fois, cherchant à trouver ce petit détail qu'il manquait à l'équation. Pourquoi ce monde abrite-t-il des résidents de tant de mondes différents ? Quelle en est la fonction ? Il devait bien y avoir une fonction à tout cela, non ? Une sorte de purgatoire à idées ? Ils prenaient vie et pouvait ensuite jouer leur propre vie, se voyant octroyer le libre-arbitre tant souhaité ? Après tout, le ciel était bel et bien faux sur Teyvat, alors le voilà sorti de prison et sans rien pour l'occuper pleinement : quelle tragédie implacable, quel coup du sort tordu. Il termina le reste de son velouté, froid, sans sourciller, puis chercha Aramudra des yeux. Après quelques minutes, il le vit camper là, près de la porte du SAS. Il soupira, comprenant que quelque chose devait attirer son attention. Encore un invité indésirable qui se cache dans ce passage, prêt à tout pour ne pas se faire remarquer ? Encore un imbécile qu'il faudra endormir et déposer sur la table d'opération ? Il s'approcha, lentement, pour constater l'ampleur de la stupidité qui trônerait ici.

Nara Docteur, regarder ! Agator il fait dodo !

Agator ? Qu'est-ce qu'il raconte ? L'homme s'approcha de la vitre qui séparait le laboratoire du SAS pour le voir. Gargantuesque. Alors ça, pour la furtivité, on repassera. Il dormait là, tout simplement, comme si le lieu lui appartenait, comme s'il était légitime de se retrouver dans le laboratoire du Docteur. L'imbécilité avait bien des visages, la stupidité bien des noms, mais l'inconscience venait de trouver son parangon...

Aramudra, ceci n'est pas un... Alligator. C'est un crocodile. Les crocodiles ont une mâchoire plus courte que celle des Alligatoridés, de forme triangulaire, les alligators et les caïmans possèdent un museau large, arrondi. Tu vois bien que là, il est plus aplati. De manière générale, les crocodiles sont souvent plus grands que les alligators, eux-mêmes plus imposants que les caïmans. Enfin, bref, savoir commun. Va enclencher les machines, j'ai un bestiau à analyser.

Le petit n'avait clairement pas tout compris, mais il s'exclama volontiers "Crocrodile !" avant d'exécuter les tâches qu'on venait de lui donner. Après avoir soupiré tout son ennui, le Docteur, regarda de plus près la bête. Quelque chose ne tournait pas rond, il était tout de même vachement grand, trop grand même. Est-ce qu'il ne serait pas, au final, lui aussi une créature dotée de pouvoir ? Simple hypothèse qui, si elle était vraie, propulserait l'animal au rand de sujet d'expérience potentiel intéressant. Il démarra le processus d'endormissement, lâchant des gaz soporifiques dans le SAS. Simple précaution, évidemment, personne n'aimerait se retrouver nez à museau avec un animal aussi imposant. En un sens, il lui rappelait les crocodiles de terre des peuples du désert, peut-être lui aussi avait-il des capacités similaires ? À mesure qu'il se posait des questions, ses yeux luisaient de plus en plus d'un rouge abhorrant la médecine légale, avec des dents devenant aussi pointues que ses compétences en dissection. Non, il ne faut pas l'abîmer, pas maintenant. Il ouvrit le SAS et utilisa quelques machines et des gants bien agrippant pour tirer la bête. Le soulever pourrait être facile, mais il utilisa une sorte de transpalette pour le faire monter assez haut afin de le poser sur la table, qui couina sous son poids. Il le sangla, difficilement, puis éteignit toutes les lumières, sauf celles juste au-dessus de ce crocodile.

L'analyser était intéressant, il était toujours vivant mais son cœur n'était pas le seul à battre. C'était même comme s'il avait quelque chose de mécanique en lui. Outre cela, les écailles étaient solides, les crocs en bon état, les yeux réagissaient pas aux faisceaux lumineux, tout semblait en ordre. Organes reproducteurs, conformes à ce qu'il connaissait. Résistance globale à l'effort physique, très bon, visiblement. Un crocodile comme on peut en voir partout, simplement plus gros que le reste. Il notait, scrupuleusement, tout ce qu'il trouvait comme détail sur son nouvel "invité", testant parfois les sangles pour s'assurer de sa future "coopération" quand il se réveillerait.

Bon, vu tout ce que je peux voir, je dirais... Crocodile marin. Pattes palmées, peau sèche... Hm, il ne semble pas passer assez de temps sous l'eau, ça devrait pouvoir s'arranger. Aramudra, regarde dans le fond du laboratoire si le spécimen aquatique que j'avais trouvé est mort.

Il l'était, mais depuis peu. Parfait, ça fera de la nourriture pour ce crocodile qui irait sans doute ainsi plus volontiers dans sa prison-baignoire. Quelle idée, de venir dormir ici, asséché comme cela ? La stupidité n'avait pas de race, visiblement. Il s'agaça, cependant, en entendant encore ce son qui n'arrêtait pas. Il l'auscultait, mais outre l'impression qu'il s'agissait d'une horloge, il ne pouvait savoir exactement ce que cela pouvait-
Une horloge... Non, quand même pas ? Il enfila ses gants après avoir retroussé ses manches et tâtonna le ventre de la bête. Ici, plus bas, parfait. Là, précisément là, il avait comme une horloge. Il frappa un grand coup et ceci enclencha l'horloge, qui sonna violemment dans tout le laboratoire, réveillant le crocodile. Qu'il s'agite ou pas, peu importait, le Docteur se recula suffisamment pour l'accueillir et le laisser s'expliquer.

Bienvenue dans mon laboratoire. Je vais supposer que tu sais me comprendre et te faire comprendre, car toute hypothèse est bonne à prendre. Qui es-tu ? Que faisais-tu évanoui dans mon SAS d'entrée ? Et le plus important : qu'est-ce qu'une horloge fait dans ton ventre ? Je suis Docteur, je peux t'aider.

Aramudra restait presque caché, apeuré par une bête lui rappelant un peu trop ceux de Teyvat qui le trouvaient à leur goût. L'homme, lui, restait stoïque, les bras croisés derrière son dos, attendant une réponse à ses questions. Après tout, dans un monde comme celui-ci, un crocodile qui parle, ce ne serait pas aberrant... Non, ce qui l'est, c'est plutôt cette fâcheuse tendance à systématiquement être bête ou inconscient quand on rencontre le Docteur, ça oui.
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