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 [MATURE (-16)] .Oh, to touch the mighty sea in your hair and drink its stars from your eyes. [Little Mermaid] *

Gévaudan
Déjan-thé
Icône : [MATURE (-16)] .Oh, to touch the mighty sea in your hair and drink its stars from your eyes. [Little Mermaid] * - Page 3 Yie2
Citation : “There's blood on your lies — the sky's open wide — there is nowhere for you to hide — the hunter's moon is shining.”
Messages : 23
Âge : ~30 ans
Race : Déjan'thé
Métier : Valet de Pique
Avatar : Arlecchino - Genshin Impact
Origine : Légende du pays de Gévaudan
Pouvoir : Paranoïa | Démence psychotique
https://otherlands.forumactif.com/
Gévaudan
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Déjan-thé
Elle n’avait pas bougé. Pas frémi ni détourné le visage, pas minaudé comme elle avait pourtant si bien su le faire au restaurant, et un instant encore la Valet se demanda si l’environnement familier de son domicile œuvrait en faveur de cette confiance retrouvée ou bien si un changement s’était bel et bien opéré à son insu, quelques minutes auparavant, tandis qu’elles remontaient l’allée menant au Santa’s Village. La manière dont Selkie la regardait, ses prunelles émotives emplies d’étoiles ainsi qu’une nébuleuse, dont elle la laissait approcher jusqu’à sentir la chaleur émaner de son corps, la façon dont sa poitrine se soulevait sans crainte ni impatience, sereine presque, sirène à coup sûr, comme si elle n’avait plus rien à redouter hormis, peut-être, de garder de cette nuit quelques traces charbonneuses çà et là sur la peau. Ensemble elles prenaient leur temps, ce qui n’était pas pour déplaire à la louve, une phrase après l’autre, geste après geste, préférant ne pas brûler de précieuses secondes nécessaires à saisir le nouvel arôme libéré dans l’air, ce parfum sucré qui devait moins à l’alcool dans leurs coupes qu’à la rondeur de cette joue lorsque la néréide vint l’enrober à même sa paume de suie — mais en dépit des particules noirâtres qu’elle abandonna sur cette peau de neige délicatement rosée, Gévaudan ne la retira pas. Après tout, elle pouvait la salir en bien d’autres endroits et celui-ci n’était certainement pas le pire, aussi apprécia-t-elle plutôt la vision de cette demoiselle blottie en toute innocence contre cet instrument de mort, ce joug implacable qui avait d’abord été pensé pour étrangler et non caresser. Mais pas ce soir.
Ce soir, l’armée de fantômes qui traînaient dans ses ombres s’était dispersée sans un bruit. La longue litanie des défunts s’était dissipée dans l’écho de cette voix aux accents espiègles, suave, qui semblait l’inviter à se rapprocher encore et encore, toujours plus près, jusqu’à la faire taire ou, tout au contraire, l’écouter rire en oubliant l’heure, la nuit, l’Ordre. De la pure inquiétude ? Un débris de scepticisme tomba aux pieds de la soldat sans qu’elle ne prît la peine de le ramasser, tant ce qui se déroulait sous son regard méritait bien davantage son attention. D’ordinaire, en effet, ses flirts ne prenaient guère ce genre de sentiers de traverse, pas plus qu’ils ne prenaient le moindre chemin détourné, d’ailleurs ; peu encline au superflu ou à ces interminables jeux de prudence, elle préférait se lancer à l’offensive sans attendre, sans prétendre, et si elle essuyait un refus elle s’en retournait aussi sec afin de s’épargner du temps et de la frustration. Vrai, jamais ne se serait-elle qualifiée de romantique sinon en guise de bref prélude à la chasse, et souvent lui faisait-on comprendre que ces mêmes efforts n’étaient pas nécessaires pour la finalité recherchée — l’avantage de traquer des créatures aux comportements au moins aussi animaux que le sien.
Tout l’inverse de Selkie.

Selkie qui la complimentait, semblant s’amuser d’être la proie, Selkie sans instinct de prédation ni de conservation, tactile, flatteuse dans tous les sens du terme, Selkie jolie et modeste, faussement modeste tandis qu’elle faisait venir ses phalanges sur les mâchoires de la Bête. Dire que, selon les légendes, elle était tout aussi prompte à dévorer la chair des naufragés imprudents qu’elle avait charmé de son chant. Fallait-il que sa compagne à la viande cendreuse se méfiât ? Deux mythiques carnivores dans une même pièce, mais une seule fidèle à sa genèse. Sauf si, son innocence en guise de masque, la Sirène était-elle véritablement en train d’ensorceler l’intrépide guerrière à coups d’adorables paroles et de délicieuses cajoleries.
« Seules les dames ont ma prédilection », qu’elle se permit de rectifier, quoique sans impulsion prétentieuse. Ce n’était là qu’une preuve à l’attention de son hôte, le signe que, en effet, cette chance dont elle parlait penchait en sa faveur. Et plutôt deux fois qu’une. « Pourquoi ? Penseriez-vous ne pas en être digne ? »
Elle voulut sourire pour la rassurer, mais sentit sa risette se colorer de taquinerie. La faute de ces doigts, à l’évidence, qui n’en finissaient plus de la frôler, de l’effleurer avec une douceur que peu s’étaient autorisés à lui témoigner ; s’ils avaient eu le cran de s’attarder sur sa bouche, elle ne les aurait sans doute pas laissés se retirer sans représailles. Représailles qui, lorsque la demoiselle lui dénia un instant d’attention au profit de son verre d’alcool, s’abattirent néanmoins sur celle-ci au gré de son invitation — après tout, ne l’avait-elle pas priée d’y goûter ?

Gévaudan n’eut qu’à se pencher pour cueillir son butin. Une semée de centimètres et leurs lèvres se rencontrèrent, collision de coton à l’arôme poiré, cette pulpe charnue sur laquelle elle se contenta d’abord de glisser, juste assez appuyée pour y goûter le sucre promis, puis elle s’écarta afin de prendre à son tour une gorgée du breuvage, avec une nonchalance qui aurait pu laisser songer qu’elle ne s’était pas rendue compte de ses actes. Elle en était pourtant outrageusement consciente, tellement qu’elle relâcha sur un ton de connaisseuse, après avoir avalé :
« Une attaque subtile qui laisse place à une saveur puissante. Excellente, en effet, mais… je pense préférer la vôtre. »
Ce disant, elle avait de nouveau resserré l’espace entre elles en vue de réitérer son geste, prolongeant cette fois la dégustation, plus affirmée, plus victorieuse, sa main libre en soutien contre la hanche de Selkie, l’incitant à reculer lentement jusqu’au bureau où elle se délesta de son verre encore aux trois-quarts plein, de quoi s’offrir une nouvelle prise sur la silhouette de la Sirène, de l’amener contre elle sans violence ni maladresse. De l’y garder farouchement tout en guettant la réaction chez sa partenaire qui lui indiquerait qu’elle pouvait faire plus, aller plus loin, et s’emparer de la houle tout entière jusqu’au matin.
little mermaid
Déjan-thé
Icône : [MATURE (-16)] .Oh, to touch the mighty sea in your hair and drink its stars from your eyes. [Little Mermaid] * - Page 3 Bj8d
Citation : “Mais les sirènes n'ont pas de larmes, aussi en souffrent-elles davantage.”
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Race : Déjan'thé
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Origine : La petite sirène
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little mermaid
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Déjan-thé
Oh, to touch the mighty sea in your hair and drink its stars from your eyes
Lorsque la blanche te demanda la raison qui te poussait à croire que tu n’étais pas digne d’être à ses côtés, tu ne pus t’empêcher d’ouvrir de grands yeux étonnés. Tu posais ton verre sur le meuble le plus proche de toi avant de te triturer le bout des doigts avec une pointe d’embarras et de honte dans la voix.

- P-Pourquoi ? rétorquais-tu en bégayant et en cherchant tes mots. La réponse me paraît plutôt évidente…

Elle était tellement évidente à tes yeux que tu n’étais pas capable d’aligner deux phrases pour expliquer ton point de vue ainsi que le cheminement de tes pensées. Maladroite. Bizarre. Chouineuse. Faible. Idiote. Pas très jolie… La liste s’allongeait au fil des défauts que tu t’attribuais arbitrairement et qui pourraient justifier un rejet de la part d’Edelweiss. Rongée par tes insécurités, tu avais pris l’habitude de te dénigrer en accompagnant tes paroles d’un sourire dédramatisant dans l’espoir qu’on ne te déteste pas d’avoir un peu d’ego. C’était une mauvaise habitude dont tu avais bien du mal à te débarrasser en temps normal, mais pour une obscure raison, ce besoin malsain n’était pas suffisamment fort ce soir. L’envie d’exprimer de vilains mots sur ta personne te manquait…

… Et la belle dame ne t’avait guère laissé le temps d’y réfléchir davantage.

Tu ne bougeais plus d’une crevette lorsque la soldate se pencha pour t’embrasser une première fois. Déconcertée et surprise par cette approche délicieuse, ce ne fut qu’au moment où la blanche décida de s’écarter pour boire une gorgée de son verre que tu réalisas enfin la teneur de ce qu’il venait de se passer. La sensation de ses lèvres posées contre les tiennes n’avait pas disparu et tu te surprenais à apprécier ce contact inattendu et pourtant si désiré. Tu ne pensais pas qu’elle oserait prendre une telle initiative aussi rapidement… Non, bien au contraire. Cette audace collait parfaitement avec son personnage.

Le rouge empourprait tes pommettes lorsque tu écoutais sa remarque et que tu descendais progressivement de ton petit nuage… pour mieux y remonter.

Envoûtée par son charme irrésistible, tu ne t’échappais pas lorsqu’elle posa sa main sur l’une de tes hanches et vola tes lèvres une seconde fois. Tu rendais ses baisers avec tendresse et passion tout en reculant de quelques pas jusqu’à ce que ton bureau se dessine derrière toi. Naturellement, tu prenais place sur le rebord de ce dernier et intercalais tes jambes entre les siennes. Tes mains glissaient doucement dans le dos d’Edelweiss et remontaient jusqu’à sa nuque.

Tu la serrais contre toi autant qu’elle ne te serrait contre elle, aimant te lover dans ses bras et plonger ton regard violacé dans le sien de braise. C’était étrangement agréable et tu espérais secrètement que ce moment ne connaisse jamais sa fin…

Avec douceur, tu quittais ses lèvres de charbon pour apprécier les traits de son visage et laisser pendre tes bras à son cou. Tu avais l’impression que ton cœur allait exploser dans ta poitrine, tu n’avais pas ressenti toutes ces émotions depuis… très longtemps.

- Vous ne passez jamais par quatre chemins, ricanais-tu avec beaucoup de tendresse dans le regard.

Pourquoi donc s’éterniser à tourner autour du pot quand les astres étaient aussi bien alignés et que tout paraissait si clair… si évident… Tu pouvais lire son envie briller dans le creux de ses pupilles striées de rouge et tu aimais cette étincelle. Peut-être que personne ne t’aimera comme tu avais pu aimer par le passé, mais tu appréciais et chérissais ce sentiment grandissant ; celui d’être désirée et de désirer en retour.

Tu voulais te blottir dans ses bras. Tu voulais entendre les battements de son cœur, si elle en avait un. Tu voulais la voir sourire. Tu voulais lui faire plaisir. Tu voulais la connaître. Tu voulais découvrir ce qui se cachait sous ses beaux vêtements.

Mais tu en demandais sûrement trop.

- J’ai envie de vous, mais est-ce mal de demander autant dès le premier soir ? Je suis un peu perdue…

Tu n’avais pas la prétention de précipiter les évènements à ce point en posant tes pas-si-innocentes questions tout à l’heure, tu cherchais simplement à tâter le terrain sans penser une seule seconde y trouver de l’or ou des pierres précieuses. Tu n’irais pas jusqu’à croire que la louve se forcerait à quoi que ce soit pour te faire plaisir, mais tu aimerais l’entendre de vive voix avant d’aller plus loin. Tu espérais aussi ne pas refléter l’image d’une pauvre sirène dépravée, tu n’avais simplement… pas su comment gérer autrement la situation.

Et puis, tu ne risquais pas de te mentir à toi-même, tu aimais cette alchimie et ce revirement de situation. Elle te permettrait certainement de tourner la page sur de mauvais souvenirs et commencer une nouvelle histoire… Ou juste passer du bon temps avec une agréable compagnie.

Peu importe… Tu n’arrivais plus à réfléchir correctement, de toute façon.

En attendant sa réponse, tu caressais la joue d’Edelweiss avec affection et posais un doux baiser gourmand au coin de ses lèvres. Tes doigts glissaient subtilement le long de son cou pour venir déboutonner ce col trop strict et trop étroit à ton goût.

- Vous avez de jolis crocs, Edelweiss… fis-tu remarquer avec un sourire en remarquant ses deux petites pointes blanches traverser ses lèvres et trahissant une partie de sa vraie nature. Je vous ai promis de vous faire visiter le logis, préférez-vous prendre un bain avec moi ou devrions-nous plutôt poursuivre dans la chambre ?…

La nuit serait certainement courte, mais tu espérais qu’elle soit belle et mémorable.

Ô Père Castor, tout s’enchaîne si vite…
Emme


Gévaudan
Déjan-thé
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Déjan-thé
Contre elle la Sirène s’était fait docile, conquise sans recours à la moindre contrainte — le cas contraire n’aurait pas été du goût de la Bête, qui préférait ravir ses victoires en tout entente — alors même qu’elle avait semblé hésiter à répondre à cette interrogation. Pourquoi ?, oui. Pourquoi après une soirée entière à se regarder dans la nacre des yeux, à se chercher, se frôler, se jauger, pourquoi se croire encore indigne d’une telle compagnie ? Gévaudan ne réfléchissait pas en ces termes ; par excès de confiance, d’aucuns diraient, par manque d’empathie, supposeraient d’autres, par éducation, surtout, en vérité. Parce que dans son travail, se sous-estimer était une erreur aussi conséquente que celle de se sur-estimer, parce qu’on l’avait dressée pour qu’elle soit fiable, efficiente, irréprochable, et dès lors elle l’était devenue. Comment donc considérer ensuite qu’elle pût se montrer indigne vis-à-vis de quiconque, même de son Roi, quand tout ce qu’elle avait accompli et tout ce qu’elle accomplirait visait à préserver sa place et sa qualité auprès de ses monarques ? Selkie n’était qu’une femme ordinaire, une friandise attachante sans ambition autre que celle de vivre sa vie du mieux possible et, en cela, la Pique ne lui devait rien qui pût la rendre moins probe, moins loyale à ses prunelles de corail nocturne. De fait, elle ne pouvait comprendre l’élan de dépréciation qui s’était emparé de sa compagne, en ce qu’elle n’en attendait rien que du plaisir, rien que d’une douceur suave jusqu’à l’heure des au revoir. Selkie ne lui devait aucun sentiment, aucune marque de fidélité ou de soumission — pas même la promesse de les lui offrir —  mais, plongée qu’elle était déjà jusqu’à la taille dans cette onde délicieuse, Gévaudan savait qu’elle ne regagnerait la berge que si on l’y obligeait.

Le corps de la Sirène contre elle lui transmettait une délicate froideur qu’elle sentait peu à peu refluer à la faveur de leurs caresses. Ces cuisses qui s’étaient croisées, décroisées durant le dîner et qu’une volée d’écailles avait dérobées à leur forme humaine, le galbe mutin d’un mollet contre ses jambes, elle les appréciait désormais au plus près d’elle, lointains d’une ultime épaisseur de tissus, tandis que de part et d’autre de ses vertèbres vinrent se glisser deux oiseaux fluets en quête de leur perchoir. Sitôt qu’ils l’eurent trouvé, ils relâchèrent une trille amusée à laquelle le Valet se garda de répliquer ; pourquoi y aller par quatre chemins quand l’objectif est devant soi, sans obstacle alentour ? Elle-même savait bien qu’au-delà des mots, au-delà de ses gestes, elle s’était exposée déjà mille fois à travers ses regards impérieux, dépourvus de gêne ou de pudeur, la flèche décochée droit vers sa cible pour la cueillir en son centre, pour en décrocher l’efflorescence. Et maintenant, voilà qu’elle en récoltait le fruit délicat, pas si chaste que cela à en croire ces nouvelles paroles délivrées de ce ton pourtant candide, inconscientes sans doute de leur effet sur la Bête.
Père Castor, que serait un monde dans lequel les femmes acceptent leurs désirs sans craindre pour leur réputation, sinon une merveilleuse utopie ? Aussi enviable soit-il, l’on n’y trouverait pourtant plus de dévoilements tels que celui-ci, prononcés d’une langue tout à la fois timide et franche, prude et audacieuse, l’on ne provoquerait plus cette capiteuse tentation face à quelqu’une qui, seconde après seconde, dans une confusion farouche, défait pierre à pierre les fragiles murailles de son donjon afin d’exposer ses envies les plus intimes, les plus indicibles.
« Demandez tout ce que vous voulez, nous sommes entre nous », se permet-elle alors de la rassurer, moins par réel souci de lui apporter du réconfort que parce qu’elle se plaît à mettre la griffe à la pâte pour abattre plus vite ces remparts, une esquisse de sourire au coin des lèvres. Ces baisers entremets, ces frictions en verrines, amuse-gueules qui l’affament d’autant plus que son estomac réclame mieux que de la mousse à la mangue et du velouté de potimarron. Pour la Bête, le véritable festin commence maintenant. Hors de question de laisser cela refroidir par une visite de maison ou un bain, aussi brûlant soit-il — surtout qu’elle ne voudrait, par effet inverse, dégoûter Selkie en transformant l’eau en marée noire.
« En vérité, Edelweiss n’est pas mon vrai nom… » L’aveu se murmure au creux d’une oreille pendant que, de la pulpe d’un doigt sombre, elle chute lentement vers le col de la Sirène, épouse le relief de sa poitrine, glisse sur son flanc en s’y multipliant, puis s’y agrippe d’un côté, son squelette s’abaissant le temps de passer un bras à l’arrière des genoux de sa partenaire ; cela fait, elle la soulève d’une seule impulsion, réajuste sa prise dans une secousse et, d’un pivot, s’oriente en direction de ce qu’elle considère être la chambre tout en poursuivant sa révélation : « …mais vous avez toute la nuit pour l’apprendre, n’est-ce pas ? La visite peut attendre une prochaine fois. »
Est-ce qu’elle trahit à demi-mot son impatience ? Probablement. Tant pis. L’éclat pourpre dans ses iris, ses mains avides, sa voix feutrée — tout se colore d’un désir qui l’embrase et l’emporte vers jusqu’à ces draps sur lesquels elle épanchera ses cendres durant les prochaines heures, la recouvrant comme la nuit s’allonge sur l’océan.
Son banquet royal, rien qu’à elle.



La pièce est encore noyée d’une pénombre bleutée, écumeuse, lorsqu’elle émerge parmi les vivants. Un souffle léger, qui monte et descend sur sa gauche en une houle tranquille, la bulle de chaleur non loin où s’est coincé son bras, où son ventre nu s’est blotti. La tiédeur du coton détrempé de suie là où les gouttes de transpiration, les larmes ou autres perles liquides se sont mêlées à sa peau de fumée. Et les images rémanentes, ponctuées d’échos langoureux, qui lui rappellent où elle se trouve. Il lui faut rentrer à la Caserne. Dans la brume matutinale de ses souvenirs, le devoir est un fanal qu’elle ne saurait ignorer, un clairon plus vivace que le hurlement distant des loups. Mais pour cela, elle doit renoncer au confort de cette tanière chaleureuse, de cette grotte sur la rive où respire sa voisine, puis se faufiler dans le froid du monde, retrouver ses vêtements éparpillés çà et là pour en sangler son corps en une étreinte bien moins tendre que celle de la Sirène. De sa Sirène, peut-elle reconnaître, à présent qu’elle l’a marquée à l’encre de ses baisers ? Il est encore trop tôt pour l’admettre — une aventure ne signifie guère qu’elles la réitèreront — quoique. Alors, chassant toute réflexion parasite qui se mettrait entre elle et la lueur diffuse de sa meute épineuse, la Bête se redresse, quitte le lit et, aussi silencieuse que lorsqu’elle officie, commence à renfiler ses habits.
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