Il faisait sombre et lourd dans la brume de cet endroit. Elle avait froid et elle se demandait bien où ses pas la mèneraient. Mais Azalée n'était pas du genre à s'arrêter pour si peu. Dans le pire des cas, elle hurlerait et parcourait le chemin inverse dans la foulée pour sauver sa peau.
La brunette n'était là que depuis un mois, livrée à elle-même et loin des siens. Une épreuve difficile qu'on lui infligeait pour une raison saugrenue qu'elle ne comprenait pas. Est-ce qu'elle était dans une zone interdite de son si beau pays ? Il y en avait des séries, des romances, des films même. Rien qui ne dépeignait les bons petits hommes verts comme étant si cruels. Où alors, elle était dans une télé-réalité aux effets spéciaux drôlement avancés. Est-ce que la voiture volante était au moins au programme ? Histoire que ce soit un minimum agréable.
Dans l'obscurité elle trouvait le moyen de sourire et d'étouffer ses rires en réfléchissant aux idioties. Ça lui permettait de ne pas trop penser à tout ce qui lui ferait perdre de ses couleurs. Après tout, la petite fleur était réputée pour sa bonne humeur.
Elle grelotte et claque des dents, observant les alentours sans parvenir à repérer un chemin convenable. La lumière manquait et la minuscule bougie au fond d'un cocon de verre s'éteignait doucement. Un craquement soudain la fait sursauter, s'immobiliser. Puis, une ombre se projette, sombre et dense, épaisse. Si bien qu'elle se met à courir avant de se rendre compte que la chose fonçait droit sur elle. Pire encore, elle aurait dû sauter sur le côté, mais le temps que ça lui vienne à l'esprit, il était déjà trop tard. Azalée se mit à espérer qu'on l'épargne, ses yeux fermés après avoir crié et s'être roulée en boule au sol, murmurant des "pitépitiépitiépitiépitié !"
Astre
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Dans l’obscurité, tes pas résonnent. Le bruit te semble assourdissant. Il glisse sous tes petits talons, rebondit sur le sol, heurte les parois, le plafond, dévié par les stalactites pour se faire emporter par la brume envahissant les lieux. Ton corps ondule, un petit panier d’osier traînant au bout de ton bras, laissant sur ton passage une étrange fragrance de fleurs et de pétrole brûlé.
C’est comme les cailloux du Petit Poucet. Destiné à guider les monstres jusqu’au petit chaperon égaré.
Mais ce que tu crains, Astre, ce ne sont pas les créatures tapies dans les profondeurs de ce monde qui t’effrayent. Eux, tu peux les écraser de ta poigne trop forte, contrairement aux petites créatures douces et fragiles que tu voudrais protéger. Ton corps est fait pour détruire et non pour aider. C’est la malédiction qui pèse sur tes frêles épaules.
Tu n’es pas à ta place. Dans ces souterrains, ailleurs.
Tu avances, la faible lumière de ta lampe vacille contre les parois humides où se font voir les signes de condensation. Tu étires ta main, caresse la pierre du bout des doigts y dessinant des ondulations maladroites, troublées par des pensées parasites.
Et si tu te perdais ? Personne ne viendrait te chercher. Tu es déjà perdue. Ta mémoire, mais aussi dans ton existence.
Tu imagines les vies qui ont parcouru le même chemin que le tien. Celles qui s’en sont détournées, celles qui s’y sont éteintes. Les siècles qui ont passé et creusé ces cavernes, si elles se sont formées naturellement. Quelle machine pourrait être aussi grande ? Quel monarque aussi fou ? Un monstre, peut-être… Les étoiles viennent se nicher dans ton regard et un sourire étire tes lippes. Mais tes rêveries prennent soudainement fin.
Un cri retentit.
Plus loin. Tu t’actives, cours sans penser, en direction du danger. Tes pas guillerets se pressent, prennent en gravité. Il y a cette petite voix qui résonne dans ton encéphale, qui crie à l’aide, qui supplie. Elle a besoin de toi, alors tu te précipites. Tu cours, à perte d’haleine et tu la vois, cette petite lumière. Presque éteinte. Presque. Sans y réfléchir, tu abandonnes ton panier, la lampe vient à tomber, les flammes se répandent sur le sol. L’odeur de l’essence et de fleurs brûlées envahissent les lieux. Tes gambettes se déploient, tu bondis sur la bête avec une détente impressionnante pour ta carrure.
Le poing s'abat. Les os craquent. Le mucus se répand.
Le corps de la créature se retrouve projeté contre la roche, éclate, ça vient éclabousser ta robe blanche. Quelle idée, on repassera pour le camouflage. Tu souffles, soulagée, te retournes vers la petite boule d’être recroquevillée sur elle-même. Tu approches, lui tends la main, la mine inquiète.
- Tu vas bien ?
Et puis tu te rappelles en voyant les débris sur la main que tu retires.
Salie. Tu es effrayante, Astre. Bien plus que les horreurs dans les profondeurs. Something's blooming into me @HyeRi Codes
Azalée
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Les pensées s'agglutinent, les regrets se bousculent et piétinent au seuil de la détresse. Paupières closes, c'est une vie courte et frêle au parfum discret placardé sous les rideaux de fer. Une bulle destinée à soustraire toute douleur anticipée de crocs, griffes, autres attributs au-delà de cette cage, du cocon de soie dont aucun papillon ne sortira.
Puis, un mouvement, les ombres qui dansent, le silence après un fracas qui n'appartient à personne. Elle n'a pas bougé, persévérant dans l'obscurité, la petite fleur se risque à déployer ses pétales. Une main, gluante, tendue néanmoins et soucieuse de son état. La bête a disparu au profit de substances et d'odeurs moins attrayantes.
Une robe blanche éclaboussée, striée de façon irrégulière par le liquide visqueux se dessine en moins flou derrière la minette un peu plus propre qui revenait la chercher. Le souffle court, la boule au ventre, Azalée se sent fragile, incapable de se remettre sur pied si tenté qu'on l'y aide. Les larmes roulent, reflétant les flammes alentour. Les sanglots bourgeonnent dans un effort désespérée d'articulation. Elle la remercie tant qu'elle pourrait former une couronne et les bijoux assortis à chaque informitée passant le seuil de ses lèvres. Quand enfin, le flot se calme, permettant à son cœur de retrouver la mesure idéale, l'alice aperçoit cette douceur, l'inquiétude au parfum d'œillet, rouge, du plus clair au plus foncé. Elle les voit, ces couleurs, au-delà des salissures. Azalée hoquette en essuyant les larmes, caressant le bout des doigts de cette âme charitable à force décuplée.
Elle renifle, grimaçant malgré le sourire pointant derrière son humeur apaisée. "Merci… merci beaucoup je… je n'aurais sans doute pas survécu, vous êtes incroyable !" le flot ininterrompu s'éteignit uniquement sous le poids de ses soubresauts et de son embarras d'être peut-être trop… trop ? Elle voulait déborder, s'élancer un peu plus, comprimée par l'étau de ses doutes, ses défauts. Que dire, que faire, qu'être en fin de compte dans ce monde qui n'est pas le sien ? Dans cette infinité en noir et blanc ou le rose vient perturber tant sa prose que ses plus sombres pensées ? Perdue, encore, pourtant trouvée par une inconnue. Sauvée, peut-être.
