The otherlands
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 Si j’ai du goût, ce n’est guère Que pour la terre et les pierres. Je déjeune toujours d’air, De roc, de charbons, de fer.

"Les salades, les fruits
N’attendent que la cueillette ;"


Sa petite voix fluette ne résonne plus du tout. Un autre chemin, un autre jour, toujours la faim, au creux des reins. La voilà qui s'est fait d'un nid de poule, un cocon. Si petite désormais, qu'elle est prête à abandonner. Laisser couler, simplement, se laisser aller. Dans son coin, sur le chemin, le besoin peu à peu la quitte, l'envie la déserte, la soif la délaisse. Plus ni fringale ni désagrément, la terre aride lui semble douce et moelleuse, elle ne ressent nulle incommodité à être ainsi blottie. Le seul inconvénient peut être c'est qu'il lui faut attendre, attendre sa fin. A défaut d'avoir su trouver comment rassasier sa faim. C'est bête, Absynthe à toujours détesté attendre.

"Mais l’araignée de la haie
Ne mange que des violettes."



Oh comme elle voudrait que ces mots la nourrissent, mais voilà, c'est elle l'araignée, et les violettes, ne sont ils pas ses points dansant devant ses yeux ouverts ? Elle n'a plus aucune force, elle pense à des choses terribles et ces choses terribles n'arrivent à créer dans son coeur aucun émoi, aucun effroi. Elle est trop petite pour éprouver plusieurs émotions à la fois, et cette fois-ci après la faim c'est le désir de mourir qui remplit tout son esprit. La voilà qui espère qu'un inconnu viendra lui arracher ses ailes comme un sadique le fait d'un insecte pour le voir dépérir puis mourir. Ca ne prendra pas longtemps, et alors elle séchera tout à fait, deviendra si friable qu'à la moindre égratignure elle deviendra poussière et ainsi, retournera à la terre.
Si j’ai du goût, ce n’est guère Que pour la terre et les pierres. Je déjeune toujours d’air, De roc, de charbons, de fer. ★ ft. Absynthe

Au-loin, à la surface, se dressait les ruines du château noir. Lilith se souvenait parfaitement de sa première et unique visite en cette cour maudite, de la façon dont s'était achevée cette entrevue décisive. Destitution et changement de régime, elle avait réussi à changer le destin d'une partie de la société, partie désormais déchue, délabrée, oubliée. Parfois, elle se demandait ce qu'était devenue l'Architecte, si elle lui en voulait d'avoir provoqué sa chute ou si au contraire elle la remerciait de lui avoir injecté un peu de bon sens dans le crâne. Comment savoir après un silence radio datant de plusieurs décennies ? Après un ultime regard vers les vestiges d'un passé révolu, elle tourna les talons et s'enfonça sous terre, sans un regret. Elle n'était pas là pour la réminiscence. Mais alors que menait cette icône de la thé'lévision en ces terres ravagées où les pauvres âmes présentes survivaient, où malhonnêteté et affaires douteuses pullulaient ? La paix. Ici, là où les antennes radios se faisaient rare, où la guerre ne régnait pas, elle pouvait respirer. C'était aussi simple que ça. Se ressourcer pour faire face au stress quotidien, aux feux des projecteurs et aux regards des thé'léspectateurs était vital à toutes célébrités digne de ce nom. Les caves l'accueillaient.

Alors elle se baladait, s'imprégnait de cette atmosphère dépressive et déprimée, observait la déchéance et la misère, s'en inspirait pour rédiger le script de sa prochaine émission et convaincre les faibles d'agir en son nom. Elle voulait donner une chance à ceux qui n'en avaient guère, tirer cette horrible société vers le haut tout en restant au sommet, c'était ce qu'elle avait toujours fait depuis son arrivée. Les natifs du coin l'observaient avec curiosité; son pouvoir était bien évidemment activé, la démone refusait de passer inaperçue. Téléphone en main, elle vérifia l'horaire de départ du train entre deux photographies. Il lui restait environ deux heures avant de devoir remonter, ou bien payer une somme monumentale si elle ratait par malheur le coche. Touriste fortunée aux airs journalistiques, elle immortalisait sur son petit écran les choses choquantes, qui ferait réagir les esprits sensibles et enrager les plus activistes. Elle prit en photo cette masse humanoïde inerte verte et ailée avant de s'accroupir à son chevet; elle semblait sur le point de passer de l'autre côté. Et tout le monde s'en moquait. Le coeur en pierre de la Succube se serra momentanément, elle ne pouvait pas la laisser comme ça. Etait-ce de la pitié ? Ou bien était-ce intéressé ? Qui sait. La première femme d'Adam lui toucha délicatement l'épaule. "Bonsoir. Êtes-vous toujours parmi nous ?" Sa voix était mielleuse, douce, attirante, attachante; elle parlait comme une ancienne, avec énormément de dignité. Lilith n'avait rien à y gagner, mais elle pouvait faire sa bonne action de la journée et lui offrir un repas dans le restaurant du coin, lui donner de quoi subsister une journée de plus. "Que direz-vous d'un bon repas ? Vous semblez en avoir sérieusement besoin. Voyez ça comme un signe du destin, de la part de votre ange gardienne." Un sourire en coin. Qu'est-ce qu'elle aimait se sentir utile, valorisée, être la gentille de l'histoire.
(c) noctae
"Qu importe la detresse pourvu qu'il y ait l'ivresse"

Elle le dit machinalement, l'atonie étrégnant son cops lui interdisant de bouger. Sa voix est un filet, pépiement d'oiseau.
Un certain Alfred de Musset avait écrit ces lignes, un tendre, ce Musset, comme celle là, immense qui la regarde avec ces yeux brillants comme des pierres précieuses. Ils sont nombreux a être passés sans la voir, l'inexistante, l'anonyme du trottoir. Elle est comme ceux là, écroulés contre un mur, qui font la manche sur les larges avenues. Il aurait juste fallu qu'elle atteigne la ville. La bas l'attendaient les lumières éclatantes et les cris, les rires et les voix, le brouhaha, et là elle n'aurait eu qu'à croquer les rimes de tout ce joli monde.


"Donneriez vous des rimes a  celle  qui à faim ?"


Elle grandit a peine, comme si l'envie de faire une bonne action de Lilith agissait sur elle comme une bouffée d'air qui l'avait gonflée, à l'image de ses flotteurs dans lesquels il faut insuffler de l'air pour les faire croître. Une lueur d'espoir. Elle s'accroche à la flamme de cette petite bougie, son appel se faisant à peine plus sonore.

"Pour guérir le chagrin; mettez y la cadence.

De la beauté, du charme, viendra l'émotion,

A fin

que naissent les sentiments dont mon âme a besoin"
Si j’ai du goût, ce n’est guère Que pour la terre et les pierres. Je déjeune toujours d’air, De roc, de charbons, de fer. ★ ft. Absynthe

Elle grandissait à vue d'oeil. Représentation physique du besoin d'attention de la Succube, cette créature semblait, tout comme elle, s'épanouir sous l'attention d'autrui. De manière bien plus littérale cependant. Curiosité piquée, intérêt accaparé, Lilith ne s'éclipsa pas à la demande inhabituelle de cette chère inconnue à la vitalité effacée. Puis vint au tour d'une poésie spécialement créée pour lui indiquer la marche à suivre : poésie rimait avec vie, l'ange gardienne devait se la jouer Verlaine. Tâche ardue mais guère impossible pour une demoiselle au charisme exceptionnel, l'art de la parole et du paraître n'avaient aucun secret pour elle. Son sourire en coin s'intensifia, bientôt elle s'accroupit dignement face à son interlocutrice pendue à ses lèvres. "Poésie, poésie ... Ô très chère poésie, viens à moi je te prie." Ses synapses travaillaient, son cerveau réfléchissait. Ses phalanges se levèrent une à une : elle comptait les syllabes.

Elle jalousait l'aisance des écrivains et autres penseurs pour ces magnifiques discours rythmés. Fut-une époque, elle se souvenait, que ces personnes représentaient les hautes sphères de la société. Qu'était advenu de la beauté de la parole, du sens profond des mots ? Aujourd'hui le dialogue n'existait plus et seul le fer était échangé entre les états, les gouvernements, les gens. Bientôt ses délicieuses lippes de tentatrice s'entrouvrirent pour laisser passer le fruit de ses quelques efforts poétiques.

"Pour te sauver, douce demoiselle en détresse,
Je reformule cette proposition:
Un peu de compagnie, un peu d'affection,
Voilà un cadeau digne d'une vraie déesse."


Légère révérence, elle rangea son téléphone et joignit les mains avant de zieuter avec énormément d'intérêt et de curiosité les conséquences de sa strophe improvisée. Ce lieu délabré et oublié, à l'écart de la civilisation moderne l'inspirait en un sens, pour autre chose que sa chère émission thé'lévisée. C'était décidé, parler du Lostland serait le sujet de sa prochaine apparition au grand écran. Elle avait hâte de travailler sur son script. Peut-être que cette petite pourrait l'illuminer, davantage l'inspirer, qui sait.
(c) noctae
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