Rien n’a d’élégance dans cette petite forêt de pins lugubres. Leurs cimes surplombent les visiteurs, voilant le ciel nuageux filtrant les quelques rayons tandis que poussières et brume se chargent d’honorer leur promesse de les perdre. Le renard, loin de sa maligne lignée s’est engouffré loin de la rassurante odeur de viande séchée que lui promettait son ami Loup. Comment, se disait-il, sans pousser la réflexion plus loin tant il en était incapable, dévorant de ses yeux clairs le paysage qui avait eu raison de son orientation. Pourtant il la sentait encore à en avoir son menton pointu couvert de salive. Sa langue entre les dents ne lui servait guère d’aide à en humer le parfum lui donnait cet air parfaitement ridicule.

Il se souvient des escaliers, nombreux, glissant parfois érodés par le temps et des mers qui ne sont plus désormais. Il se souvient avoir marché sans se plaindre du trajet en reconnaissant la fragrance familière de son Loup adoré. Mais il ne le voit nulle part et ne s’en inquiète aucunement quand bien même il pourrait être la proie d’un prédateur plus gourmand.

Inconscient de tout cela, son sourire nargue les bois dangereux de sa bonne humeur et de son insouciance. Ses mains formant un cône autour de sa bouche pour appeler celui qui plus d’une fois lui a sauvé la mise « Loup ? Tu es là ? » la stupide petite chose à peine couverte laissait entrevoir sa frimousse d’automne aux quatre vents sans la moindre prudence. « Grognes pas, d’accord ? Je suis pas perdu… je sais retrouver mon chemin maintenant, mais… » il y avait toujours un semblant de malice que l’on ne soupçonne pas. Renard dans sa splendeur, se croyant doué d’une intelligence commune à son espèce fait preuve d’une perspicacité aussi fugace qu’indigne de toute confiance. « J’ai flairé l’entrée, puis les arbres. J’aime les arbres » au moins, il y avait une chose qui persistait dans son esprit dispersé : ce qu’aimait ou non le canidé et Le Loup tenait une place particulière à n’en pas douter tant il lui était difficile de l’oublier. Les visages de ses paires n’étaient que des fragments, les voix sonnaient lointaine, mais celle rauque et suave de son compère aux féroces attentions demeurait aussi clair que l’instant présent. Ainsi voulait-il chérir de nouvelles leçons et l’éclat caramel de ses pupilles dont il ne se détournait jamais.