The otherlands
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 sugar & spice & everything nice ft. White Rabbit

Sad Hatter
Déjan-thé
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Sad Hatter
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Déjan-thé

Chapo & Lapin

everything nice

ouin ouin

il fait si beau, aujourd'hui
le ciel est d'un bleu radieux

Allongé dans l'ombre d'un buisson, Sad revient lentement dans le monde. L'herbe est douce, même à travers sa chemise. Un peu humide. (pas assez pour lui faire froid) Il entend le bruissement des feuilles dans une brise légère. Discerne le bourdonnement lointain de Mathilde parmi les champs de thé. Mathilde travaille beaucoup. Sad se demande si elle a encore toute sa tête. Tous ses boulons. Il ne saurait pas la réparer, si ce n'était pas le cas, mais il préviendrait au moins Mad.

Le ciel est si radieux qu'il lui pique les yeux. Sad déglutit. Sent quelque-chose de poisseux et métallique dans sa gorge. Ah, se dit-il avec un goût de défaite sur la langue, ça ne l'aura pas retenu longtemps. (rien ne le retient longtemps) Son oeil rouge pleure alors il le ferme.

Sad n'a pas aussi mal qu'il devrait
il suppose que pour changer
il a de la chance

(les pastilles lui ont servi)
(plus qu'il ne le pensait)

Le ciel est presque aussi radieux que la flaque de rouge très rouge qui s'étend tout autour de Sad. C'est une jolie couleur. Très vive. Très gaie. Très saisissante, sur une herbe entre le vert tendre et le vert frais. Sad sent que la couleur s'attache à lui. Poisseuse. Collante. Elle remplit ses vides et ses déliés. Elle dégorge du gouffre dans sa gorge, entre l'angle de sa mâchoire et le col de sa chemise.

sa chemise blanche
(plus maintenant)  

« Haa.. » soupire-t-il en roulant sur le côté

Sa tête est lourde. Sad commence à avoir un peu plus mal et il sait qu'il va falloir faire quelque-chose. L'écarlate ne dégorge plus de sa coupure mais il sent sa voix rauque et usée. Il sait qu'il en a partout. Et surtout, maintenant que son esprit est de retour dans le jardin, il sait qu'il n'est pas présentable.

il devrait l'être
quelqu'un doit venir
(mais il ne sait plus qui)

« Oh.. oh non. » marmonne-t-il de sa voix éraillée

Dans le coton qui envahit sa tête, Sad parvient tout de même à se sentir coupable. Avec les caprices du portail, il y a toujours des invi'thés, mais celui-ci est important. Celui-ci ne mérite pas d'avoir affaire à une carcasse. Alors qu'il s'efforce de s'asseoir, Sad sent sa tête lourde. Il y a une lame dans l'herbe, luisant du même joli carmin, et il ne la regarde même pas. S'il se laisse y penser (s'il se laisse paniquer), il est reparti pour un tour.

(et ce n'est jamais bien long)
(mais Sad n'a plus le temps)

Il se lève au prix d'un effort de volonté, prenant mesure des dégâts. Sa tenue est.. tâchée. Ce n'est pas bien grave pour lui (tous ses vêtements se ressemblent plus ou moins), mais ça le sera davantage pour l'invi'thé que mentionne son subconscient. C'est un invité à grandes oreilles, pense-t-il soudainement, mais ça ne veut pas dire qu'il peut lui agresser les yeux. Alors Sad boitille hors du jardin et vers la demeure où il devrait trouver un change.

sa chemise a trois boutons ouverts
un attaché au mauvais endroit
et une grande, grande tâche

Le rouge est dans son cou. Il imbibe son col, inonde le haut de son dos et de ses épaules, vient même moucheter son torse. Il y a eu quelques éclaboussures. Encore, s'il ne portait pas du blanc.. Au moins, son short est noir. Mais son short était trop loin du problème pour être très affecté de toutes façons. Ce n'est pas mal, se dit Sad. Ca fait un seul vêtement à changer.

Lorsque la demeure est en vue, il tente de presser le pas. Il ne lui faut cela dit que quelques secondes pour trébucher, se prenant les pieds dans ses lacets défaits et manquant de s'étaler de tout son long. Sad se rattrape à une chaise, près d'une entrée secondaire. Il est déjà à bout de souffle.

mais ce n'est rien de bien grave
pas comparé à sa gorge qui se serre
quand il trouve la porte principale entr'ouverte
White Rabbit
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ft. Chapo

The dreams in which I'm dying are the best I've ever had

Mais il n’entre jamais par la porte. Car White est chaotique. Chao-tique. Une tique.. Ko. Un sale petit insecte mort. Ça lui va bien.
Arrête de penser White, tes neurones sont encore grillés par ton dernier voyage chez les alices. Et par l’après. Secoue ta tête, laisse tes pensées s’entrechoquer, se casser et laisse toi enfin tomber, brise toi, je prendrais soin de ce qu’il reste.

Il n’entre jamais par le portail des Chapeliers. Ce serait se conformer aux règles et, oh, qu’il déteste les règles. Il a l’impression d’y perdre encore un peu plus de liberté, éternel prisonnier de ses cauchemars et du destin que d'autres ont tracé pour lui. Il s’en libère et se déclare par ses gestes mieux que la populace locale : il entre où il veut, quand il veut.
Et au fond, ne teste-t-il pas ? N’essaye-t-il pas d’excéder les chapeliers ?
Arrivera-t-il un jour inopportun, un jour où il ne faudra pas ? Sera-t-il chassé par l’un deux et alors, pourra-t-il prétendre que c’est ainsi : il est facile à détester. Même son idiot d’ami (allons.. il n’a pas l'outrecuidance de se penser ami de qui que ce soit. Tout juste le chapelier arrive-t-il à le supporter, au mieux… ami ? Pour qui te prends-tu White Rabbit ?)
Bref.
Même le plus toqué des fous aura alors eu la présence d’esprit de s’éloigner.
Il pourra alors être vraiment seul, infect, rejeté et abandonné (tous le font, à raison, sauf celui qu’il faudrait) et il pourra se laisser sombrer dans sa méchanceté, sa violence, juste... tout laisser brûler autour de lui et lui avec.
Cherches-tu la confirmation que tu es un con, White ?

Tout le monde le pense déjà. Et par tout le monde, je veux dire surtout toi.


Il se frotte la paume de la main contre ses yeux cernés, baisse après ses lunettes cendrées qui cachent ses yeux dorés si fatigués.

White sort de l’un de ses tunnels. D’habitude, il vise le salon, un endroit qu’il connaît et visualise bien et qui est à la limite du assez intimiste pour agacer mais aussi assez impersonnel pour ne pas non plus… Trop déranger ? Allons White, tu te contredis toi même, t’es pitoyable.
Mais plus pitoyable encore : il se rate (mais est-ce étonnant? Tu rates ta vie, alors, un simple tunnel, c’est dans la bonne lignée ! ) car plutôt qu’ouvrir un tunnel dans la demeure des chapeliers, le mur sur lequel se matérialise sa sortie est le hangar de Mathilde. Il en reconnaît le ronronnement, les odeurs lui chatouillent le nez.
Parce que c’est là qu’il est passé la dernière fois qu’il est venu ? Peut-être. Il n’a pas le temps d’y réfléchir, loupe une marche et trébuche à moitié.
Au moins, aucun témoin, il ne peut que se sentir humilié seul.

Mais c’est bien suffisant.

White sert les dents, sert le poing. Puis inspire par la bouche, expire par le nez.
Se force à un peu plus de calme.
Il vient en paix aujourd’hui, avec des offrandes. Il se demande ce qu’il espère en tirer. Car il espère en tirer quelque chose, pas vrai ? White Rabbit est pourri, jusqu’à l’os. Il ne peut pas vraiment faire ça sans arrière pensées. Il n’a juste pas encore trouvé quelle est-elle.

Il est distrait de ses réflexions par du carmin, exacerbé par le vert du champ, qu’il aperçoit du coin de l'œil. Il contemple la tâche, l’air interdit. Son fil de pensée s’appauvrit, White regarde dans le vide, le souffle coupé par une image morbide qui traverse sa tête. Puis il s’arrache de sa contemplation et voit une chemise blanche et rouge qui dodeline vers le portail. Soit le chapelier fou s’aventure dans de nouvelle strate de la mode que White ne comprend définitivement pas, soit...
Oh.
Oh se dit White.
Il a un soupire et avance, suit le Chapelier Triste dans un silence endeuillé. Coupable. Il entre la tête dans les épaules. Il avance, il a le vertige. Le même qu’au sommet de cette falaise. Il y repense, il se souvient aussi d’après. était-il alors proche de comprendre le Chapelier Triste ? Ah, mon époque bénie ! Mais il a fallu que le lièvre fou de mars arrive presque à l’en tirer.

Oh, White, t’as remarqué ? Tout ceux qui t’entourent son fou jusqu’à dans leurs titres. Tu te demandes encore pourquoi ils te gravitent autour ?

Encore, il est arraché de sa pensée par le chapelier qui manque de tomber. White est trop loin pour le rattraper mais se surprend à avoir ce tressaillement de réflexe de vouloir le faire. Il soupire de nouveau de voir qu’une chaise à réussi là où il a échoué.

Encore un échec White, Ma parole, c’est un thème récurrent chez toi ? L'échec. Les fous. Qu’est-ce que t’en tire comme conclusion ?

Sa voix est rauque - cassée-, sa gorge presque serrée de frustration -contre lui, contre sa vie, contre tout- quand il arrive à portée.

Hey, Chapelier.

Il approche doucement, amène ses mains près des épaules du chapelier triste, prêt à l’attraper s’il manque une nouvelle fois de tomber. Mais il ne touche pas. Jamais il ne touchera consciemment. Le sang ne le dérange pas. C’est ce qu’il pourrait se passer s’il touche vraiment.
*Pousse*
Splortch.

C’est la façon dont il pourrait pourrir le chapelier, comme c’était contagieux. “Doucement.” White ne sait pas ce que ça fait de mourir, de revenir. Il ne pourra jamais savoir, sa mort à lui sera un aller simple. Que c’est frustrant, il est l’idéal du Chapelier Triste.
Il ne sait pas ce que ça fait de mourir alors, il essaye de se dire que c’est comme un voyage chez les alices. Il essaye de se projeter, pour ne pas être brutal. Pas trop. Mais sait-il encore ne pas l'être ?

Il lève les yeux, voit quelques invi’thés qui avancent d’un pas prudent en passant par la grande porte.

*Ne regardez pas !*

Son regard s’assombrit, il a envie de leurs envoyer des pierres à ces gens qui gloussent de bientôt prendre un thé dans la célèbre demeure des chapeliers.
Mais ne regardez pas quoi White ? L’ensanglanté Chapelier triste ? Ou le triste bouffon que tu es ?
Qui est le plus risible de vous deux ?


Tu peux bouger ? On va essayer de s’occuper de ça.” Comme si tu pouvais t’occuper de quelqu’un.  “Ou. Ou je peux aller chercher le Chapelier, grogne-t-il, ça sera sans doute plus… Malin, logique, j’en sais rien. Tu préfères ?

Allons White ! Bien sûr qu’il préfère !
Tous sauf toi, tu le sais bien. Toi-même, tu aimerais tant être libéré de toi-même.
Sad Hatter
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Chapo & Lapin

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ouin ouin

il y a des invi'thés
Sad les entend entrer

Il y a des invi'thés mais ses yeux n'arrivent pas à se concentrer. Ses yeux n'arrivent pas à chercher. Sans doute vont-ils tourner. (il aimerait bien tourner de l'oeil, ce serait plus simple) Le souffle lui manque. La tête lui tourne. Sad devrait peut-être retourner au jardin, en définitive. Retourner voir sa lame et s'accorder un peu de répit. Impossible d'accueillir le moindre invi'thé dans cet état ! Il n'est pas présentable. Il n'est pas en capacité de se rendre présentable. Il n'est pas capable de grand-chose de toutes façons.

incapable
stupide
inutile

Sad spirale dans la direction habituelle. (la mauvaise) Sad serait resté à spiraler longtemps, entre ses clairs ses sombres et ses écarlates, si une voix familière n'avait pas dissipé le brouillard.

c'est.. c'est Lapin
c'est lui qu'il cherchait
l'invi'thé aux grandes oreilles

Si ses yeux brumeux s'éclairent, sans doute le voit-on à peine. Peut-être à cause des larmes. Nul doute à cause des larmes. Il esquisse un sourire mais se doute qu'il tremble un peu. (un peu trop) Mais c'est Lapin ! Sad est content de voir Lapin. Juste parce que c'est lui.

Lapin sonne plutôt.. orageux. Ce n'est pas inhabituel. Ce n'est pas anormal non plus. Tous ces nuages sont bien à leur place ! Sad n'est pas du tout en état de se comporter comme un hôte décent. Un tel manque de courtoisie laisserait n'importe-qui de mauvaise humeur ! (il fait un ami déplorable) Son oeil rouge le pique assez pour qu'il sache que de grosses larmes transparentes coulent maintenant sur sa joue.

il ferme les yeux
les rouvre lentement

Lapin s'est maintenant avancé, les mains proches de ses épaules. Assez pour toucher, mais pas vraiment assez. Ah. Oui.La culpabilité vient lui serrer la gorge. Entre les traces d'herbe et le sang, il est terriblement sale. (répugnant même) C'est déjà une surprise que son ami aie daigné arriver aussi près.

« Lapin.. bonjour. » articule-t-il, une excuse au bord des lèvres

Il allait le dire. Il voulait le dire. Il voulait vraiment le dire, parce que Lapin mérite au moins d'être traité décemment. Mais lorsque son regard s'assombrit les mots meurent dans sa gorge. Les invi'thés sont entrés, il les entend même travers la brume. A travers le coton. Ils sont là et son premier instinct serait de tenter d'être utile (pour changer, persiflent les voix) mais il ne pense pas y parvenir. Ses jambes faiblissent.

Sad ne peut pas les accueillir
le voir ruinerait leur visite
il devrait partir

Il devrait partir mais le sursaut d'énergie de de tout à l'heure -celui qui l'a porté jusqu'ici- commence à se dissiper. Puis Lapin lui parle. Ses mots lui parviennent comme ralentis. Comme à travers de l'eau. Lapin est en face de lui et il ne peut décemment pas l'abandonner là.

« M-Mad ..? » répète-t-il bêtement

Avec ses yeux embués il ne voit pas très bien. Quelle idée d'autant pleurer. Voilà pourquoi il ne mérite pas d'être là. Sad s'essuie le visage avec une manche tâchée de rouge encore un peu humide. (ça arrange fort peu de choses, mais ça absorbe quelques larmes) Mad n'est pas là alors pourquoi ..?

oh
Mad
pas là

Oui, il devrait penser à Mad, au lieu d'essayer de réfléchir aux choses avec sa tête vide et son esprit lent. Veut-il vraiment compliquer les choses pour Mad ? Mad qui prend grand soin de ses invi'thés. Mad qui a clairement mieux à faire que de rattraper ses sottises. Serait-il justifiable d'aller l'embêter, grondent les voix ? Est-ce là ce qu'il veut ?

il pense que non
non, il ne veut pas
il devrait disparaitre
ou du moins lui ficher la paix

Mais déranger Lapin ? Lapin qui est un Invi'thé ? Lapin qui est un ami ? Impensable ! Voilà que sa bêtise le met dans une situation délicate. Manquer à ses devoirs envers Lapin ou ruiner la journée de son frère. Sad sent les larmes empirer. Oh, ça ne va pas. Il hoquette laborieusement, tentant et échouant à être brave. A ne pas cacher son visage contre le dos de sa main.

« N-non.. je-je .. Mad est occupé. bredouille-t-il en secouant piteusement la tête, Mais tu.. tu ne devrais pas a-avoir à.. faire ça. Tu.. tu es invi'thé La-Lapin.. il faut que je.. que je le fasse moi. »

Ca fait beaucoup trop de mots pour son état éparpillé. Pour son état de panique. Pour sa gorge qui lui fait maintenant mal de façon assez consistante. Sad ne pense pas que ça coule, mais il y a encore trop de rouge pour qu'on puisse vraiment le savoir. Ses yeux délavés passent sur Lapin aussi longtemps qu'il ose. (une demi-seconde) Retombent sur le sol herbeux. Sur ses lacets défaits.

il faut qu'il le fasse tout seul
mais en est-il seulement capable ?

« J-je.. désolé, Lapin.. tout-tout est sale. » sanglote-t-il en effleurant le col de sa chemise

Tout est sale et tout est de sa faute. Sad se sent basculer. Pas dans ces ténèbres accueillantes qui l'arrachent aux Otherlands brièvement, non. Il bascule juste.. physiquement. On dirait que ses jambes l'ont enfin abandonné. Il se prépare à retrouver le sol. (celui dont il n'aurait pas dû se lever) Pourvu que Lapin l'évite.
White Rabbit
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ft. March Hare & Black Rabbit


C’est White, pour les intimes, a-t-il un jour dit. M. Rabbit pour les autres cons.

Lapin, pour les plus hardis.

Mais Sad est suicidaire, alors, ça compte pareil. Sans doute ? White a la bouche qui se tord en coin, a un petit soupire qui lui passe par les narines, les épaules qui se crispent juste un peu sous sa chemise. Si des gens l'entendaient et s'amusaient à répéter le sobriquet -Lapin, lapin !- sans doute qu’il leur casserait la gueule. Mais Sad… Sad c’est différent.
Sad, c’est une partie du lapin qui s’exprime, qu’il comprend. Qu’il a connu, qu’il était quand il errait dans les rues à la recherche de quelque chose.
Il ne savait pas vraiment quoi.
Sad semble avoir trouvé.
White laisse donc faire, par pitié pour cette partie de lui qui a un jour existé. Il se pense sorti de tout ça -le penses-tu ? Le penses tu vraiment ?- , s’en rappelle juste assez pour pouvoir essayer d’être… Gentil ? Il ne faut pas abuser.
Moins infecte tout au plus. Patient.
Il se vengera sur l’autre chapelier. Après tout, ce sont les deux facettes d’une même personne, pas vrai ? C’est vrai.
Quand d’un ils sont passés à deux, White n’a pas vraiment réagit. Pour lui, ça a été d’une normalité absurde dans les Otherlands. C’est la même personne. Mais ils sont deux. C’est la même essence. Mais des couleurs différentes qui s’expriment. Il ne pouvait pas aimer (non)   apprécier (non plus) supporter (ça fera l’affaire) l’un sans supporter l’autre également.

Les deux fesses d’un même cul comme diraient d’autres.

Alors, patient, il essaye d’apprendre à l’être. White attend simplement. Il se retient de taper du pied, il se retient de croiser les bras. Il ne veut pas affoler Sad. C’est dur, il ne sait pas quoi faire de ses mains. Ni de ses pieds. Ni de lui tout court en fait. Il aimerait aller chercher Mad. Ce serait plus simple. Mais quelque chose le retient. L’envie de tabasser les gens qui entrent et chuchotent en les voyant. L’idée qu’il ne peut pas vraiment laisser Sad seul, pas comme ça. Pas alors qu’il pleure. Le lapin se sent s’agiter un peu plus, se force à l’immobilisme pour ne pas empirer la situation. Il retient dans sa gorge les mots qu’il sait malheureux qui pourraient en sortir. La détresse du chapelier le touche et il ne sait plus quoi faire.
Merde.
Et le consentement de Sad qu’il n’obtient évidemment pas ne l’aide pas à se mettre en action. De bondir, son cœur risque de s’arrêter, White ne connait plus le calme, ni l’attente, ni l’inaction. Ses tripes se serrent dans son ventre, mais il ne faudrait pas *déranger* ce bon chapelier fou !
White a presque un rire nasillard.

Ha ! Mad occupé ? Et alors ? S’il avait le sort du monde entre les mains, il le laisserait tomber sans problème pour s’occuper de toi et il n’aurait aucun regret."

White roule les yeux en parlant, hausse les épaules. Ses tics nerveux expriment combien l’immobilisme le met à mal. Il essaye d’adopter un ton de voix léger, rassurant. C’est sans doute un peu raté.
De son monde à lui, il n’est sûr de rien. Du monde des Chapeliers, il est au moins sûr de ça.
Et ne l’envies-tu pas un peu ? Ce lien ?
Les siens, de liens, il les envoie tous balader. Chier. Loin, loin. Il les fuit. Il est le problème, il le sait très bien. Il court pour les éviter.
Mais il est en retard pour s’en détacher totalement. Car il y a ceux qui s’accrochent et cette petite partie de lui qui n’arrive pas à totalement les laisser.
Connerie de sentiments. Connerie qui l’empêche de juste cracher à la gueule des chapeliers “merde”.
Connerie qui fait qu’il accepte de ne pas partir pour délaisser le fardeau *Sad* à quelqu’un de mieux équipé que lui. Ou juste de s’en foutre.
L’équipement social, White l’a abandonné au garage y’a longtemps. March en a fait les frais. Mais il y a des restes. Merde.

Et je n’suis pas un invi’thé, je suis un putain de parasite qui s’invite. Du coup, tu ne me dois rien.” Sa voix est un peu sèche s’inquiète-t-il, ainsi il ajoute sur un ton plus doux, bredouillant : “...t’inquiète.

Ce qu’il lui faudrait. C’est un truc pour lancer aux Invi’thés qui passent, qui leurs lancent un coup d’oeil curieux. White ne sait pas ce qu’ils regardent. Lui ? Le chapelier en sang ? Leur conversation ? L’étranges duo qu’ils forment ? Tout ce qu’il sait, c’est que ça le fait bouillonner. ça, tous, tout, ce putain de monde, ne pas savoir, la détresse. Comme une vague de sentiment qui menace de le noyer.
Et puis, la voix de Sad, de nouveau, qui le fait relever la tête, et prendre une inspiration quand quelque chose lui tombe dessus, le sortant de la noyade.

…Et White se pousse. Il regarde le chapelier s’écraser, lui crache un “pitoyable” avant de frapper l’homme à terre d’un coup de pied bien senti…

C’est ce que tu aurais aimé faire. C’est ce qui aurait été le mieux. Sad aurait eu mal, mais tu aurais enfin coupé le cordon, tu aurais enfin laissé les chapeliers en paix. Ils t’auraient détesté, ils auraient vu ta vraie nature.
Tu aurais arrêté d’être cette tâche souillée qui risque un jour de les contaminer.

Oui, ç’aurait été idéal.


Mais à la place, il s’est préparé. Ce fut si rapide. Au premier chancellement, White a tendu les bras, bandé les muscles de ses jambes, préparé son dos en le contractant. Il a rattrapé le chapelier triste.

Il aurait tant aimé rattraper l’autre aussi.

Toujours recroquevillé sur lui, White oublie souvent que le chapelier est plus grand que lui. Mais le lapin a eut les réflexes qu’il faut pour ne pas basculer lui aussi alors que la fatigue poche ses yeux dorés. Il reste un moment, interdit, à comprendre la situation avant de soupirer et doucement, refermer ses bras sur le dos du chapelier, le lui tapotant avec une maladresse ridicule.

"C’est… c’est que du sang, ça s’en va au lavage. Je suis déjà plus sale que toute tâche que tu pourras un jour me faire.” murmure-t-il doucement. “Respire juste. Et dès que tu peux, on bouge. Appuis toi juste et guide moi. Ok ?

C’est peut-être pour ça que, au fond, sans l’admettre, tu cherches encore le contact du chapelier, de March, White. Car ils te font trouver ce que tu penses avoir perdu, ce qui s’est écrasé en bas de cette falaise il y a déjà si longtemps.

Ton humanité.
Sad Hatter
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Chapo & Lapin

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ouin ouin

Mad.. Mad laisserait tout tomber
Lapin n'en doute pas un instant

Sad ne sait pas si c'est une bonne ou une mauvaise chose. Egoïstement, il trouve l'idée douce. Réconfortante. Que Mad l'estime suffisamment important pour.. oh la tête lui tourne. Un peu. Mad ne fait pas de son affection un secret mais l'esprit de Sad efface ce qui pourrait lui faire du bien avec une terrifiante consistance ! (il l'embrume dans des 'tu te fais des idées' et 'tu n'en vaux pas la peine') Oui, même ce qui a trait à Mad. Surtout ce qui a trait à Mad, à vrai dire, son frère étant l'être le plus apte à le faire sourire..

Justement, revoilà l'esprit du chapelier gris à l'oeuvre ! Aussitôt cette pensée rassurante s'est elle formée que la lame de la culpabilité tombe sur sa nuque. Comment ose-t-il, tempêtent les voix ? Ce que dit Lapin est abominable ! Mad, abandonner le sort du monde pour un tel raté ? Invraisemblable ! Impardonnable ! Pas tant pour son frère que pour lui ! S'il peut mener à ce genre de désastres, il ferait mieux d'aller croupir ailleurs. De ne pas parasi-

ah, tiens donc
mais que dit Lapin ?

Des choses affreuses ! Des choses horribles ! Des choses impensables qui tireraient des océans aux yeux de Sad s'ils n'étaient pas déjà humides ! Lapin est très bien, comment peut-il.. enfin.. Autant que le chapelier gris aie pour habitude de se destiner les mots le plus effilés, son coeur se brise en morceaux d'entendre un ami si cher faire la même chose. (un ami qui ne le mérite bien entendu pas du tout) Il aimerait réconforter Lapin mais.. il n'a pas le temps. (tout chez lui est trop lent) N'a jamais été très bon à ça. Ne trouverait pas les vrais mots de toutes façons.

(Lapin est bien plus qu'un invité, il est vrai)
(mais Sad fait un trop piètre orateur pour l'exprimer)

Au lieu de ça il chute en se disant que ah, Lapin est une sacrément bonne personne. Un excellent ami. Il a fait bien attention à émousser les angles de sa voix tranchante. A adoucir sa touche d'amertume autant que possible. Quelle charmante attention. S'il ne le fait pas remarquer, Sad est profondément reconnaissant. Ca allume une douce lanterne orangée dans son monde gris, il n'en mérite pas tant, mais le chérira quand même.

Mais Sad en était à sa chute. Sa chute qui termine.. eh bien pas à sa juste place. Sad papillonne de ses eux embrumés, confus et surpris, se demandant s'il s'est inventé un perchoir. Si dans sa fatigue dans sa panique dans son esprit de toutes façons à jeter, il est allé jusqu'à effacer la réalité.

le sol reste sous ses pieds
ses bras pendent mollement dans le vide
puis un tapote son dos et il comprend ne pas rêver

« Oh.. » souffle-t-il bêtement

Lapin l'a retenu. Lapin qui lui dit que le sang c'est vraiment rien. (mais ça l'est ! il en a suffisamment nettoyé pour savoir que c'est un vrai souci !) Lapin qui l'empêche de retourner au sol et lui assure qu'il est plus sale encore. Sad suppose que les terriers sont salissants, mais.. mais ce n'est pas pareil ! C'est son travail qui l'oblige à y passer, ça n'a rien à voir..

« D'a-d'accord.. » accepte-t-il, oubliant son flot de pensées quand il entend un impératif

Sad respire
inspire
expire

lentement

Il reprend son souffle et il reprend son calme, même si savoir que Lapin a fait l'effort de le rattraper pourrait encore le faire pleurer. (d'une joie confuse, mais d'une joie sincère) Au lieu de ça il revient à un état plus.. stable. Ca vaut mieux. Il ne peut vraiment pas aider Lapin à l'aider, s'il ne tient pas debout. Encore moins s'il panique et repart dans une spirale et..

« Mer-merci Lapin. » murmure-t-il, une fois un peu remis

Sad sait bien qu'il ne sera jamais vraiment remis à moins que les Otherlands acceptent enfin de l'envoyer à sa juste place mais.. ça suffira. Pour l'heure, il fera avec. Alors il se redresse un peu. Passe un bras autour des épaules de Lapin pour s'appuyer sans l'entraver. S'efforce de ne pas penser aux invi'thés qui viennent d'entrer.

« Par.. par ici. » indique-t-il, commençant à avancer

Tout est affreusement lourd et maintenant qu'il s'ancre, Sad a mal. La plaie ne coule plus mais sa douleur se précise. Elle coupe à travers la brume et s'il ne veut pas s'effrayer trop vite, il va lui falloir mettre un bandage sans perdre trop de temps. (pas sa spécialité) Puis Lapin est là, il aimerait bien ne pas s'évanouir dans ses bras. Ca ferait de lui un encore pire ami !

Donc Sad les dirige tant bien que mal pour contourner les pièces principales, évitant les endroits où il sait que les invi'thés risquent de les croiser. C'est une habitude, à force. Le chapelier gris sait se faire fantôme dans son propre domaine. Il marche sur la pointe des pieds. Se déplace à l'abri des regards. Tout pour éviter que sa déplaisante présence indispose plus de monde que nécessaire. Ils prennent un chemin un peu trop long pour être optimal, mais Sad arrive à une entrée suffisamment discrète.

« On.. y est presque. » assure-t-il, craignant que Lapin ne se décourage

oh, ce serait légitime !
il ne lui en voudrait vraiment pas !
mais autant que possible, Sad l'encourage

(il pense ne pas être très bon. pas pour ce genre de tâches du moins. il sait encourager à en finir, à embrasser le repos que tous sauf lui méritent, mais le reste est pour lui un brin nébuleux. terriblement peu familier. il essaye mais il est certain d'échouer.)

Sad est bien peu de choses mais au moins n'est-il pas un menteur non plus. Ils arrivent sous peu à sa chambre, lui permettant d'enfin libérer Lapin de son poids. Faire tant travailler un invi- un ami ! Par sa faute ! Sad ignore quoi en penser. Ses yeux piquent mais pas autant que sa gorge et il se rappelle que Lapin lui a dit de respirer. Ce n'est.. ce n'est pas le moment. Il a un désastre à nettoyer.

« Merci.. merci encore. souffle-t-il, assis sur une chaise, Lapin est-ce que.. si tu-tu veux bien.. hm.. Pou-pourrais-tu aller chercher des-des bandages ? M-mes excuses. »

Sad n'a pas pour habitude de demander des choses. Etre un fardeau actif le peine plus qu'être un échec passif. Pourtant.. pourtant il pense que c'est un moindre mal, cette fois. S'il se lève, il va retomber. S'il retombe, Lapin étant trop gentil, il voudra l'aider ! Non, impensable. Il ne peut pas lui faire ça deux fois en une seule visite ! Ce serait un coup à ce qu'il ne revienne jamais et alors.. oh. Oh non. Mad serait si triste. (au moins autant que lui) Tout serait de sa faute.

il ferait tout rater
comme il le fait si bien

« Ce-c'est juste là.. » indique-t-il, s'efforçant de ne pas re-pleurer

'Là' est une boite blanche de taille moyenne,,e. Une boîte à pharmacie, à côté de sa table de nuit. Sad en a plusieurs dans sa chambre, parce qu'il n'est jamais à l'abri d'une envie d'en finir, mais c'est la plus proche. Il ne réfléchit que trop tard au fait qu'il aie vraiment du sang un peu partout. (ses tentatives les plus spontanées sont souvent les plus salissantes) Qu'il serait certainement plus efficace d'aller dans la salle de bains adjacente et utiliser un gant humide pour nettoyer tout ce rouge.

mais Lapin l'a déjà quasi-porté jusqu'ici
Lapin a été si patient et si gentil
il ne voudrait pas en abuser
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ft. March Hare & Black Rabbit


Il a marché en tentant de faire taire les voix de sa tête. Ma voix.

Comment réagirait le chapelier triste si tu lui disais que tu l’envies ? Il arrive si facilement à passer le pas alors que toi, il y a ce quelque chose qui te retient toujours, malgré tout.
Comment réagirait-il s’il se rendait compte que tu es son idéal ? Un être sans aucune chance de revenir…

L’idée tourne dans ta caboche, ricoche, elle t’obsède tant que tu oublirait d’être en colère.


Il les fait taire. Méchamment, les sourcils froncés, la tête détournée un instant avant d’adoucir son visage, afin que Sad ne l’interprète pas comme de la haine envers lui. White est en colère, oui toujours elle est revenue aussi vite qu’il l’avait oublié le temps d’une autre obsession, il est en colère mais contre lui-même.
Il se concentre à avancer lentement, soutenant le chapelier et se calant à son rythme de marche. Soutenir quelqu’un de plus grand n’est pas forcément chose aisée, et puis, White n’a pas l’habitude de soutenir grand monde. Alors, il laisse le chapelier mener la danse, tanguant dans les sens inverse pour équilibrer et éviter la chute, raffermissant sa prise quand il sent ce dernier lui glisser entre les doigts (Plus jamais laisser tomber quelqu’un, c’est ça, White ?).
Fait-il une béquille acceptable ? White, tu veux te reconvertir ?

La route lui semble si longue, mais White se retient bien de le signaler. Ou même de juste s’en étonner. Il comprend. Lui même ne prend souvent pas les routes les plus courtes quand il sait que ça le ferait passer devant sa chambre à *Lui*. Et puis, ça n’étonne pas le lapin que le chapelier ne veuille se faire voir. Ses muscles ont bientôt fait de lui signaler leurs fatigues qu’à nouveau, il les assomme d’un “la ferme” interne. White n’est pas en forme. Retour de son passage sur terre, tout ça.  Alors, il se tait, fait taire ses muscles, fait taire sa tête.

Si seulement c’était si simple.

Dent serrées, concentré, il ne réponds que des “hums” aux encouragement de Sad, suivit de “t’inquiète” qu’il sait déjà inutiles. Qu’importe. Au moins, bientôt, il peut poser le chapelier dans sa chambre, sur une chaise. Bien, et maintenant ?

Maintenant, il s’imagine être March. Que ferait son oncle s’il le savait dans cet état ? La résurrection en moins. En fait, la mort en moins. Tu te souviens,White ? Tu es un passeur. Une mort définitive. L’idée revient, jamais tue.
Étonnamment, c’est Sad qui lui donne la réponse et qui le sort de sa torpeur.
T’es nul en improvisation White. C’est nul de se faire aider par quelqu’un qui est tout juste vivant. Encore moins utile qu’un presque mort, t’es pathétique ! Tu peux dire que la fatigue te rends con. Mais est-ce la seule excuse ?

Malgré toutes ces pensées, White a un sourire presque moqueur envers le chapelier.

Le manque de sang te rend quémandeur.” Il tapote gentiment la tête du chapelier “C’est une bonne chose. Que tu demandes. On n’attend que ça de ta part, tu sais ?

White s’active alors. Que ferait March ? Je vais t’aider vu que tu n’es bon à rien : il nettoierait en premier le sang. Sinon, les bandages vont glisser, les pansements tomber. White hoche la tête pour lui-même, s’agite en regardant autour de lui. Trousse à pharmacie : Check. Quant au reste… White reprend les commandes.

Voilà ce qu’on va faire. Tu vas en premier enlever ton haut. On va nettoyer ta plaie. Et après, on mettra un bandage le temps que ça finisse de cicatriser. Okay ?

C’est pas comme s’il attendait vraiment une réponse.
White se met soudain à chercher dans ses poches et en sort un petit paquet de bonbons venu de chez les alices. Des petites formes en berlingot aux couleurs chatoyantes. Il attrape une main de Sad, met le paquet dedans.

T’as qu’à manger ça le temps que je trouve de quoi nettoyer, je crois que t'aimes bien cette meeeer…chandise. Marchandise.

White détale comme le lapin qu’il est. Et revient avec une chaise, une bassine avec de l’eau savonneuse, des gants et des serviettes. Il approche la trousse à pharmacie aussi, s’assoit sur sa chaise pour être à hauteur du chapelier, humidifie un gant avec de l’eau et approche la main avant de soupirer.

Ça va piquer. Concentre-toi sur les bonbons. Et si Mad n’est pas content pour les serviettes, il mettra ça sur mon ardoise. C’est pas comme si j’avais un jour l'intention de la payer de toute façon” ronchonne-t-il d’un ton sarcastique et satisfait.

Et White nettoie avec une douceur qu’on peinerait à lui soupçonner, les doigts pourtant un peu raides de tension. Mais que tu veux en prendre soin, au fond, de ton ami. Ils sont si rares, si fragiles…

Que tu as peur de les briser, eux aussi.


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Chapo & Lapin

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ouin ouin

Lapin semble si fatigué
il ne l'a pourtant pas fait tomber

L'esprit cotonneux de Sad ne lui permet pas d'ignorer ce détail. Ils ont pris un long chemin et malgré sa figure passablement décharnée, le Chapelier est plus grand que son ami. Pourtant, pourtant.. Ah. Lapin est vraiment une personne incroyable. Un merveilleux ami. (tellement plus qu'il n'en mérite) Il en pleurerait presque, s'il n'avait pas les yeux aussi secs. La gorge aussi sèche. C'est que se vider de son sang l'a aussi déshydraté, visiblement.

Flottant dans ces considérations, il ne remarque pas le sourire de Lapin. Ses mots, en revanche, ne lui échappent pas. Ils tombent comme une guillotine qui lui ferait perdre la tête sans achever le travail. Tête qu'il.. tapote. Gentiment. Sad frissonne de surprise. Il n'est pas certain de comprendre. (n'était-ce pas un reproche ?) En levant ses yeux délavés, le Chapelier trouve un sourire.

c'est.. bien, dit-il
il fait bien de demander ?

Voilà qui est affreusement dissonant avec les persiflent que Sad s'adresse à lui-même. Bien, vraiment ? Quoi, pour qu'on puisse refuser, comme il se doit ? Demander, quel mot affreux. Trop grand. Trop inapproprié pour un tel déchet. Lui qui ne mérite rien de bien..

Pourtant, Lapin a l'air.. lumineux ? Un peu. (aussi lumineux que Lapin peut en avoir l'air, disons) Le Chapelier gris pense à Mad tandis que son ami quitte la pièce. Pense à ses yeux pleins d'un rassurant soleil. Pense à son insistance sur le fait qu'il tienne à lui et aux histoires de lapin rose, rouge, corail racontées pour l'aider à dormir. Il lui semble encore sentir une main dans ses cheveux, curieusement rassurante.

(c'est 'bien' qu'il demande)
(pour qu'on puisse l'aider ..?)

L'idée détale aussi vite qu'elle a pointé le bout de son nez. Quelle arrogance, Sad, aurait-il perdu son bon sens en même temps que son hémoglobine tout à l'heure. C'est peut-être ce que Mad et Lapin essayent de dire.. mais ce n'est certainement pas ce qu'il mérite ! (ils sont vraiment trop gentils) Alors qu'il ne pense pas un instant à en profiter !

Non, au lieu de s'arrêter là-dessus, Sad se concentre sur Lapin. Sur ses indications claires et précises. C'est simple. C'est accessible. Comme Lapin est aimable de lui dire comment faire. Même un échec comme lui ne devrait pas pouvoir se rater ! Sad hoche la tête autant qu'elle le lui permet. (assez peu) Puis il commence à s'y mettre, malgré la coopération limitée de ses mains tremblotantes.

il n'a pas sorti le premier bouton
quand Lapin lui donne quelque-chose

(des mer.. rites?)
(des mer.. veilles ?)
(des merchandises, dit-il)

« Oh. souffle-t-il, son visage s'éclairant, Mer-merci.. merci beaucoup Lapin. » ses yeux délavés semblent reprendre des couleurs

Lapin est.. vraiment trop gentil. Lapin qui ne l'a sans doute pas entendu, vu la vitesse à laquelle il a quitté les lieux. Quel empressement ! Le chapelier gris ne vaut vraiment pas la peine de tant se dépêcher, pense-t-il. Il est déjà mort. (et revenu) Il n'y a pas à s'en faire. La seule urgence serait de se débarrasser de lui, mais comme toutes les pestes, Sad n'est pas simple à tuer.

Pourtant, Lapin est déjà parti. Il lui faut quelques instants pour procéder l'information. Pour se redire que son ami fait vraiment trop d'efforts pour rien. Sad croit qu'il va pleurer. (encore) Sad croit qu'il pleurerait déjà, à vrai dire, s'il n'était pas trop vide et épuisé par ses propres échecs. A la place ouvre le paquet. Déballant maladroitement un des berlingots, il laisse le goût sucré envahir sa bouche et l'encourager à vraiment défaire ces boutons.

il n'avance pas très vite
heureusement qu'il avait négligé
de tous les attacher en s'habillant

« F-fait. » souffle-t-il, presque au bout de sa tâche

Lapin est déjà revenu lorsque le chapelier commence à faire glisser la chemise de ses épaules. Le rouge lui colle à la peau. Sad n'y pense pas. Sad ne pense qu'à l'effort qu'a fait son ami pour le traîner ici, éviter les invi'thés, lui ramener une bassine d'eau et un gant.

ça va piquer, prévient Lapin
et Sad sursaute mais ne recule pas

Il se contente de hocher sagement la tête tandis que son ami s'attelle à une tâche indigne de lui. Nettoyer ses bêtises devrait revenir à Sad, pense-t-il distraitement. Lapin est un précieux ami. Voudra-t-il vraiment revenir s'il doit faire face à des choses si répugnantes en leur rendant visite ? (non, bien sûr que non, et ce serait sa faute) Sad ne sait pas. Son estomac se retourne. Son effroi avec.

La détresse remonte dans sa gorge et il s'efforce d'être sage. De reprendre un bonbon, comme Lapin le lui a conseillé. Inutile de lui rendre la tâche plus compliquée. Il est déjà suffisamment embêtant ainsi. Perdu dans les nuages noirs de son esprit vorace, Sad ne remarque presque pas que son ami lui parle encore.

presque
parce qu'il est poli
quand on parle, il écoute

« Ma-Mad.. ce-c'est ma faute. assure-t-il, C'est tout- tout ma faute. Il.. ne t'en- ne t'en voudra pas.  » d'autant que s'il serait légitime d'en vouloir à quelqu'un, ce serait lui

Stupide, stupide chapelier gris. Chapelier raté. Chapelier tout cassé. Chapelier qui n'arrive même pas à correctement se casser, parce qu'il n'a vraiment rien récupéré de bon. Sad mâche son bonbon. Ferme fort les yeux. Essaye de penser à autre-chose, parce que ce serait vraiment, vraiment impoli d'aller se tuer dans les escaliers alors que Lapin fait tant d'efforts pour lui redonner l'air vivant.

il pense à des sujets légers
comme à.. cette mystérieuse ardoise

« Tu.. as laissé une ardoise ? fait-il, le regard un peu plus clair, U-une ardoise-Lapin ? dans sa tête, elle a une forme de carotte, Wow.. j'aime- j'aimerais bien.. y dessiner. P-Pour te remercier. » Sad ne dessine pas très bien, mais il peut au moins faire une fleur

Il se mettra peut être de la craie partout, mais une fois que ses mains trembleront moins, il pourra s'appliquer. Sad tortille entre ses mains le papier du berlingot qu'il mange. Espère ne pas déranger son ami. Puis se rappelle que vraiment, ce qu'il dit est inapproprié.

« B-bien sûr, te-te sens pas obligé ! » s'empresse-t-il d'ajouter

C'est à prévoir. Ce serait même logique ! Sad ne lui en voudrait vraiment pas ! Le papier se déchire entre ses mains. Sad penche un peu la tête pour faciliter l'accès au sang qu'il sait coagulé sous sa mâchoire. La plaie ne.. saigne plus. Pour l'instant. Tout ce qu'il reste, c'est le picotement dont Lapin l'a prévenu. Mais ce n'est pas si grave, parce que vraiment, c'était pire avant.

au moment où il a..
enfin quand..
voilà

« Ah hm.. ce-c'est vraiment bon La-Lapin, merci. fait-il, désignant les bonbons avec un sourire tremblant, Merci.. encore. Tu es vraiment trop- trop gentil. il en tire un autre du paquet, Tu.. en veux un au-aussi ? »

Ce serait logique, non ? Avec les efforts que fait Lapin, avec la considération dont il fait preuve, Sad ne peut que partager. Si le sucre adoucit même ses noires idées, qui sait. Peut-être améliorera-t-il aussi la journée de son ami, malgré les tâches ingrates dont il a dû s'acquitter.
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ft. Sad Hatter


Ses doigts tremblent un peu. Juste un peu. Sous son air détaché, White se tend. Car il y a…
Beaucoup de sang.
Dans un monde aussi fou que les Otherlands, un monde aussi violent, difficile de croire que quelqu’un puisse y passer une centaine d'années sans se retrouver mêlé à de sordides et sanglantes histoires. Pourtant, une vie au palais semble au moins l’avoir protégé de tout ça. Être le passeur chouchou du royaume blanc (de la reine…et de la princesse) comporterait-il des avantages ? Oh, mais ce n’est pas tant le sang qui le fait trembler. Des nez cassé il en a vu, des doigts écorchés, il en a, des membres parfois brisé, il en a fait…
Mais… il y a beaucoup de sang.
Autant que ce jour-là. Autant que en bas…

La gorge sèche, White se concentre, ignore son estomac qui se retourne, ignore ma voix. Tu es bon pour ignorer les choses, pas vrai ? Ignorer ton malaise, ignorer celui de ta princesse. Il veut le faire un peu plus encore et se concentre sur sa tâche : nettoyer le présent. Alors il mouille gentiment là où le tissu accroche la peau à cause du sang coagulé pour aider le chapelier à retirer le vêtement souillé. Il nettoie et… il plonge du haut de sa falaise.
Tu aurais aimé le suivre.
Tomber avec lui.
Tu aurais sinon aimer tout nettoyer.
Et tout oublier.
Mais tu t’es enfuis.


White secoue la tête qui se pare de vert. Il se colore de bien de nuances, mais elles sont plus celle de la mort que de l’amour ou de l’humour. Il sort de sa morbide torpeur en un “hein ?” quand Sad parle du chapelier fou. Il rigole aussi sèchement que sa gorge noué le lui permet “Non, t’inquiète, je pense Mad assez proche de son titre pour ne pas s’énerver contre moi quoi que je fasse.” Et ça le rassure et ça l’effraie. Quoi qu’il fasse, il semble ne pas y avoir de moyen à éloigner le fou chapelier. Ça semble lui assurer une éternelle amitié. Mais n’est-ce pas effrayant ? De voir aussi loin quand on peut mourir demain ? Si la reine se lasse, s’il cède à son cauchemar…

L’eau se souille vite. Bientôt, elle n'étale qu’un sang délavé plutôt que de bien nettoyer. White profite d’un changement d’eau pour s’en passer un peu sur le visage. Il tente de respirer, lentement, doucement. Reprendre un rythme cardiaque normal, une teinte normale.

On s’en fout de tes états d’âme. lui disons-nous, lui et moi en chœur. Ma voix se superpose à la tienne, n’est-ce pas le début de ta fin ?

White revient aussi vite que possible avec une eau tiède maintenant propre et se remet à la tâche avec une tendre patience. Les couleurs lui sont revenu, un blanc, un peu rosé, il espéra que ça tiendra. Il offre un sourire en coin au chapelier, un étirement d’une des commissures de ses lèvres. C’est mieux que rien, le lapin n’a plus l’habitude des sourires.
Et il se dit.
Qu’il espère que la triste tête ne va pas se détacher quand Sad la penche pour l’aider.
Que ce dernier doit vraiment avoir besoin de bien de repos pour ne pas comprendre qu’il parlait d’une ardoise de dettes.
Ses sourcils tricotent avec inquiétude et confusion. Il ne sait quoi répondre pour ne pas plonger Sad dans un nouveau flot d’excuses. Peut-être… doit-il maintenant acheter une ardoise ? Ou mieux, demander à Mad de lui acheter une ardoise afin que Sad dessine dessus ? “Jeeeee… te montrerai la prochaine fois. J’l’ai… oubliée chez moi.” fait-il finalement avec hésitation.

Un accident diplomatique de réglé espère-t-il ? Il voit le chapelier triste manger son bonbon et se dit que le sucre devrait lui donner peut-être un petit booste de VIE-talité ? Mais non. C’est encore pire.
Le chapelier triste le traite de gentil.
White cligne les yeux, s’interrompt dans son geste de nettoyage. Avant de reprendre doucement sa tâche. S’il y a assez de sang pour le faire paniquer… ça veut dire qu’il n’y en a plus assez pour bien faire fonctionner le pauvre Chapelier. C’est l’explication la plus logique que le passeur trouve pour comprendre les étranges paroles du malheureux moribond.

Ne t’inquiète pas, ça ne me coûte rien de te trouver des friandises de ce genre.” Juste un passage, une journée où il cesse d’exister. Ça ne lui coûte que quelques questions ‘pourquoi il fait ça, sinon parce qu’il tient à quelqu’un ? N’est-ce pas dangereux ? Dangereux pour les chapeliers… s’ils savaient.’ Il secoue encore la tête pour remettre ses idées en place. “Garde les pour toi, tu vas devoir attendre un mois avant que je puisse t’en avoir d'autres comme ça… Si je retourne dans une époque qui en fait d’ailleurs.

Et en même temps qu’il nettoie le sang, il espère un instant l’absolution et le pardon, avoir nettoyer son âme… Ne t’en fais pas Lapin, ça ne va pas durer.
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Chapo & Lapin

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ouin ouin

la tâche est indigne de lui
mais Lapin s'en acquitte avec douceur

C'est presque étonnant, à vrai dire, compte tenu des manières habituellement brusques de son ami. Ce serait étonnant, si Sad n'avait pas l'intime conviction que Lapin a bon coeur. Epineux, mais pas aussi rance qu'il n'en donne l'impression. Rien à voir avec la chose pourrie et rongée de vers qui se tord entre les côtes du chapelier gris. Une horreur qui attend sa fin. (qui jamais ne la trouve) Lui-même ne pense pas être si doux en nettoyant ses blessures.

ses mains tremblent
ses yeux pleurent
il bâcle souvent

Puis tant pis si ça pique et tant pis si c'est pas optimal, ce n'est (hélas) pas comme s'il allait y rester. Rien à voir avec Lapin qui fait les choses si bien. Même alors qu'il semble pâlir au fur et à mesure que l'eau s'assombrit. Il part la changer avant que Sad ne pense à demander, cela dit.

Mad est trop fou pour lui en vouloir, paraît-il. Sad trouve l'idée amusante. Son sourire persiste jusqu'au retour de Lapin et sa bassine désormais pleine d'eau claire. Mad est fou pile de la bonne façon. Il faudrait être sacrément mal tombé sur la tête pour chasser un ami aussi cher que Lapin.

il faudrait être un sacré échec
or, Mad n'est rien de tout ça

« Oh. fait-il à la mention de l'ardoise, Ce- ce serait merveilleux.. merci.. merci Lapin. »

Il le laissera dessiner dessus, donc ! Quelle super personne. Quel lumineux ami. Sad ferait vraiment, vraiment bien d'éviter les inepties à sa prochaine visite. (ou de mieux les cacher, puisqu'il sait si mal s'en empêcher) Pour qu'il revienne encore. Pour qu'il revienne toujours. Et avec un peu de chance, qu'il passe même un bon moment sur le domaine.

(avec Lapin, c'est difficile à dire)
(mais on peut toujours espérer)

Apparemment, trouver les bonbons n'est rien pour lui. Sad se sent un peu s'alléger: évidemment, pour quelqu'un comme Lapin ça doit même être simple. Quel déjan'thé incroyable ! Quelle chance il a de le connaître ! Le sucre fond derrière son léger sourire et il hoche donc lentement la tête, prenant soin de ne pas déranger son ami dans son travail.

C'est que ça a beaucoup coulé. Beaucoup plus que Sad ne l'avait remarqué. A vrai dire il remarque rarement très bien. Trop occupé à espérer que cette fois soit la dernière pour penser aux conséquences de ses échecs. Manquer de sang et d'équilibre est si courant pour lui qu'il ne remarque pas non plus comme ces tentatives le laissent faible. Comme se nourrir ne serait-ce que de sucreries lui fait du bien.

une personne saine se reposerait
mais le seul repos qui lui plairait
ne semble pas vouloir de lui

« D'a-d'accord.. fait-il en reposant le bonbon, Tou-toutes les époques n'ont.. n'ont pas de sucré ? demande-t-il, Hmm ces Alices-là ne-ne doivent.. pas beaucoup s'amuser.. » suppose-t-il, pensif

Comme il doit être amusant, alors, d'arriver dans un monde ou ces choses-là existent. Sad se demande si ces Alices sont heureuses ou décontenancées. Si repartir est leur priorité. Si.. si comme Lui.. oh. Oh non. Non, non, non il ne peut pas y penser. Pas alors que ses yeux commencent déjà à s'embuer. A un rien de renifler, Sad reprend un bonbon en espérant y dissoudre ses idées noires.

pour honorer les efforts de son ami
il ne peut pas rechuter ainsi

« Dis.. Lapin.. fait-il, empêchant presque sa voix de trembler, Dans.. dans ce cas.. vou-voudras-tu un.. un thé ? » propose-t-il, une luciole dans ses yeux délavés

C'est que Lapin est si occupé ! Lapin court partout, pour la reine, pour le royaume, pour tout un tas d'autres raisons qui passent au dessus de la tête vide de Sad. Lapin est pressé et pourtant il prend le temps qu'il n'a pas pour l'aider ! Alors Sad se dit que tout de même, lui offrir un moment de calme est la moindre des choses. Sans raisons de courir. Sans obligations inquiétantes et tâches carmin à enlever de sa peau.

juste.. un thé
pour le remercier

Sad ne sait pas si son ami acceptera, cela dit. Après tout, il a tant à faire. Vraiment, un refus ne l'offenserait pas et maintenant que les mots sont sortis il s'en veut de ne les avoir retenus. Comme s'il faisait bien le thé ! Comme s'il était un hôte décent pour les vivants ! Oh non non non, pense-t-il, mortifié. Ne sera-t-il pas trop loin de la hauteur méritée par Lapin ? Même la fonte du bonbon ne dissout pas entièrement ses appréhensions.

les idées sombres ont des dents
elles mordent dès qu'elles le peuvent

« Si-si tu as le temps.. bien-bien sûr. » ajoute-t-il, pour ne pas l'obliger

Il lui semble que Lapin en aura bientôt fini avec la grenadine qui salit sa peau. Sad se sent un brin plus léger. Un brin plus présentable. Un brin honteux, aussi, d'avoir fait faire ça à un ami. Mais puisque c'est 'bien' qu'il aie demandé.. le chapelier gris suppose qu'il peut laisser couler. Rien qu'un peu. Rien que cette fois.
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White Rabbit
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Attrape-moi si tu peux

ft. Sad Hatter

Ça lui semble sans (sang) fin. L’eau se teinte de rouge, ses joues à lui blanchissent. Un aller retour au robinet, un prétexte de changer l’eau, une main humide qu’il se passe sur le visage, sur la nuque. Ses cheveux qui s’humidifient au fur et à mesure de ses imprécisions alors qu’il se rafraîchit. Il souhaite si fort que Sad ne pose pas de question, ne remarque rien. White fait tant d’effort, tant d'attention dans ses gestes, dans ses paroles. Ne mérite-t-il pas pour une fois d’être récompensé et de ne pas décevoir encore quelqu’un ?
Finir cette entrevue sur une note où même lui ne pourra pas se cracher dessus ?

Allons White, tu sais bien que quoi que tu fasses… ça finira mal.

Le nettoyage n’est pas parfait. White hésite et tente de ne pas trop mouiller la plaie, de peur de la faire de nouveau s’écouler. S’il approche près, il ne sait pas ce qui sera raisonnablement acceptable. Peut-être que le chapelier ne peut pas mourir mais ce n’est pas pour autant qu’il désire le tuer. Juste, c’est ça ! Finir une journée sans tout gâcher. C’est trop demandé, Lapin Blanc, tu ne le mérites pas
Et il n’a jamais su soigner. Peut-être aurait-il pu réparer le coeur de Snow si ça avait été le cas. À la place, il l’a juste davantage émietté jusqu’à le rendre irréparable.
Voit comme il t’obsède l’Autre. Tout t’y fait penser, tout t’y rapelle.

Il lui faut de l’ardoise pour revenir un peu dans son présent, cligner des yeux et faire s’évaporer le brouillard qui entravait son esprit. Sans sourire, White répond doucement “Je la laisserai au domaine alors. Tu pourras m’y écrire ce que tu veux, je lirais quand je passerai.

Est-ce que le Chapelier, ou du moins, l’autre moitié, va rire de ça ? Va-t-il se moquer ou s’en servir pour lui dire quelques imbécilités sur une prétendue tendresse que possèderait le rongeur ? White se dit que oui. Lui qui s’essaye à une vie sans tâche, le voilà qu’il s’en décore d’une colorée par la faute, encore une fois, des chapeliers. Faut-il vraiment qu’il coupe les ponts, un jour !
Mais comment expliquer, sombre imbécile que tu te montres ainsi sous un autre jour quand tu es accompagné des chapeliers ? Est-ce que le triste attise simplement ta pitié ? Ton envie de faire ce que toi tu n’arrives à te résoudre ? White saisit une serviette propre et sèche et tamponne doucement là où le chapelier a été souillé puis nettoyé. Ce n’est… vraiment pas parfait mais, se répète-t-il, au moins, il semble qu’il n’ait pas aggravé la situation. Et maintenant, et maintenant ?

L’eau a été légèrement savonneuse dans l’espoir de mieux nettoyer, mais faut-il désinfecter ? Avec quoi ? Comment ?
Oh, White, tu es si peu habitué à ce qu’on compte sur toi, tu aimerais ne pas te foirer n’est-ce pas ? Toute cette appréhension alors que tu déglutis, saisit la trousse à pharmacie dans l’espoir d’y trouver une réponse…
Comme il se met la pression, le Lapin, ne souhaite pas décevoir, pas encore, pas une nouvelle fois. La vie de son ami, pourtant immortel, lui semble si fragile, comme un fil de soie qui ne demande qu’à céder. Avec, tout partira. Lui et les chapeliers. Où ira-t-il alors ?
Et au fond, n’est-ce pas ce qu’il veut quand il met tant d’effort à éloigner tout le monde, à être malpoli, désagréable, abjecte avec tous ? Son coeur se brise petit à petit et soudain, il se retrouve paralysé avec l’ultime conviction qu’il n’y a plus qu’un pas à faire et il aura tout perdu.
Il aura alors gagné la partie de sa vie.

C’est un jeu White.

Mais.
Mais la trousse lui apporte une réponse car avec les bandages se trouve des petites fioles d'onguents. Tout est étiqueté. Il arrive même à trouver celle qu’il faut, ouvre et voit qu’il en reste juste assez pour étaler sur la plaie. Respire White !
Il s’en est fallu de si peu, pas vrai ?
Il voit alors son gant. Ses propres mains recouvertes de tissus qu’il n’a même pas prit bon d’enlever pour nettoyer. Maintenant rougeoyants, humides, il les retire et grimace face à la triste mine de ses doigts. Mais définitivement, il ne pouvait finir les soins avec des gants souillés. Il applique la crème, l’étalant maladroitement sur la plaie et sent comme un soulagement à ne plus avoir sous le nez une plaie si béante. Et en attendant, patiemment, il répond au chapelier.
Chaque époque à ses friandises et amusements. Même si parfois ça m’échappe un peu. Mais certaines sucreries sont difficilement transportables ou parfois… ce n’est pas assez pérenne pour que je puisse les garder jusqu’à ce que je te croise.

Et au prochain passage à une époque moderne, se dit White, peut-être devrait-il apporter de quoi soigner efficacement.
ça commence à être une liste de courses affreusement longue pour des gens dont tu prétends être désintéressé…

Il a un sourire, émet un souffle amusé à l’offre du thé tandis qu’il applique enfin une ouate sur la plaie, la cachant pour de bon.

Tu sais ce que Mad me propose tout le temps aussi ? Une Tasse de thé. Vous êtes vraiment le même.

Car c’est comme ça qu’il l’a prit, cette étrange séparation. Une même couleur, à deux saturations différentes. Mais définitivement le même. Son esprit tordu ne s’est pas attardé à trop s’embrouiller.

Tu n’es pas trop fatigué pour préparer un thé ? Tu es tout juste revenu et…Il y avait beaucoup de sang.

Jamais testé, sans doute jamais ne testera. Mais le lapin peut imaginer à la démarche chaloupée l’état de fatigue du Chapelier triste.

Tu n’as pas à souffrir pour moi, tu sais ? Si tu as besoin de dormir, le thé peut attendre un autre jour.

Ou s’oublier. White ne se pense pas assez bien pour avoir le droit à une quelconque reconnaissance de toute façon. Sur le grand échiquier de sa vie, il le sait, ses meilleures pièces sont parties et voilà qu’avec l’énergie du désespoir il tente de garder ce qu’il lui reste.
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