The fake Alice torn apart the destiny- Alicia Leddil [Disparue]

Alicia venait de voir le jour par un hiver rude, en Angleterre dans les années 1920. Sa famille travaillait dans les mines et le père de famille se serait bien passé d’une bouche en plus à nourrir… Toutefois, la jeune mère délicate et raffinée, prenait soin de sa petite Alicia. Catholique bien affirmée, l’épouse priait chaque jour pour le bien de son enfant. La fillette grandissait, mais elle n’était pas scolarisée, car son père ne voyait pas la peine pour une fille de s’instruire. Brute et d’un esprit étroit ce dernier imposait son autorité par la violence. Sa mère était cependant l’exact opposé, elle lui apprenait secrètement à lire, écrire et lui enseigna avec l'aide d'une amie bourgeoise à jouer du piano. L’admiration de la petite fille pour sa mère était grande, malheureusement elle n’avait pas hérité de ses cheveux blonds, de ses yeux bleus, ni de cette grande beauté. Felicity était le nom de cette femme, malgré le despotisme du mari, elle restait dans cette maison avec le fruit de son ancien amour et un amant devenu bestial. Alicia préférait souvent se faire punir plutôt que de voir Felicity recevoir une correction. La petite devint anxieuse et d’une timidité névrosée. Un père ? Alicia l’a toujours considéré comme un ogre, elle ressentait une peur viscérale et le dégoût de savoir qu’elle portait dans ses veines le même sang que cette bête humaine.

À ses onze ans dans les rues de Winchester, Alicia se promenait dans l’espoir de remplir son ventre. Son pantalon troué, sa peau pâle, mais couverte de saleté la rendait indésirable et personne ne souhaitait vraiment s’en approcher. Seuls ses beaux cheveux courts, contrastaient avec cette pitoyable apparence… Felicity s’évertuait toujours à coiffer et à laver sa chevelure disant que c’était important. Les joues creusées et les mains sur son ventre elle fixait avec envie le bout de pain d'un homme, celui-ci se retourna avant de la regarder avec mépris : « Si tu le veux, tu peux bien le prendre. » Il laissa son bout de pain tomber dans la terre et Alicia se baissa pour le prendre… Lorsqu’elle le toucha du bout des doigts, une main retint son poignet et elle leva ses yeux noisette sur la personne qui venait de stopper son geste. Le garçon avait la peau mate, son visage et ses vêtements étaient aussi sales que ceux d’Alicia, mais il souriait de toutes ses dents. Il lui lâcha le poignet avant de lui montrer l’air enjoué son sac et la quantité de pains, pommes et autres petits gâteaux qu’il y avait. Alicia ne détacha pas ses yeux de ce sac rempli de trésors, avant que le garçon lui dise : « Ne mange pas ça ! Ça te donnera mal au ventre puis ce sont des connards… On a peut-être faim, mais te rabaisse pas à ça ! Je partagerai mon butin avec toi si on devient amis ! »

La petite leva ses yeux pour les planter dans le regard émeraude du garçon qui ne devait avoir que trois ou quatre ans de plus qu’elle… Méfiante, mais sachant qu’elle pourrait lui piquer quelques pains et pommes pour les ramener à sa mère, Alicia hocha la tête avant de le suivre. Le garçon venait de se lever, laissant son sac à terre pour prendre un caillou et le lancer sur l’homme qui avait rabaissé Alicia. Il eut des gestes grossiers avant que l’homme ne fulmine et le chenapan cria : « Cours !! ». Alicia couru le plus vite possible… Jamais elle n’avait dû faire une pareille chose, elle sentait une adrénaline étrange parcourir son échine comme une brise de liberté... Le garçon la tira par le poignet et se faufilait dans les ruelles avant que l’homme furieux ne soit semé. Une fois loin du danger, les deux « amis » s’assirent essoufflés. L’étranger avait ouvert le sac et lui dit de se servir, Alicia prit un pain et le dévora à grandes bouchées. Elle ne voulait pas savoir comment il les avait eus, elle se doutait qu’il les avait volés. Le jeune garçon se nommait Zayn et il fit promettre à Alicia d’être son amie. Un pacte s’était scellé entre eux, celui d’être toujours présent l’un pour l’autre…


Quelques années passèrent et Zayn venait toujours voir Alicia. Parfois ils jouaient, d’autres fois Alicia distrayait des marchands pour laisser le temps à son acolyte de voler. Quand Alicia emmenait ses livres, Zayn s’asseyait pour qu’elle lui lise des histoires, ce fut elle qui lui apprit à lire. Son père bien qu’illettré, était généreux et travailleur, il s’occupait de son fils avec un amour paternel qu’enviait parfois Alicia.

Certains jours, Alicia ne venait pas au rendez-vous qu’ils prévoyaient, c'est ainsi qu'un soir le jeune homme tourna autour de la maison de son amie pour la voir. Il y vit Alicia sortir et allait l’interpeller, mais le jeune homme la vit pleurer, alors qu'une partie de son visage était bleutée. L’adolescente lui tourna vivement le dos, elle lui cria de ne pas approcher et Zayn inquiet lui proposa qu’ils aillent voir un docteur. Bien qu’Alicia ne fût pas d’accord, son jeune ami trouva le moyen de l’y emmener. L’homme qui la soignait avait examiné son bras et remarqua dans diverses zones des bleus et blessures multiples, il ne fut pas difficile de déceler qu’Alicia mentait lorsqu’elle prétextait être tombée… Après les soins, Zayn hésita à la laisser rentrer chez elle et ce fut une des rares fois où il fut très sérieux en déclarant :

« Alicia, tu m’as toujours aidé et dépêtré de merdes pas possibles… Je veux aussi t’aider, un jour je deviendrai assez fort pour mettre une raclée à tous ceux qui te font du mal !

-Occupe-toi de tes problèmes avant… Je n’ai besoin de personne tu le sais. »

Le jeune homme eut un sourire triste en voyant le visage tuméfié de son amie et des larmes perlaient sur ses joues. Surprise et la peine dans l’âme de voir son ami si triste, Alicia passa une main sur son visage pour essuyer ses larmes.

« Je rigolais !! J’ai besoin d’un ami comme toi !!

-C’est pas ça… Je suis ton ami et je suis incapable de faire quelque chose pour toi ! J’aimerais être ton chevalier d’argent Alicia !

-Cesse tes bêtises… Tu sais bien que ce rôle m’appartient et que tu n’es qu’un prince en détresse.

-C’est faux !!»

Alicia fut surprise, mais touchée par les larmes de son ami qui avait du mal à se contenir. Elle le consola essayant de lui faire retrouver son beau sourire. Sans lui, elle n’aurait peut-être jamais connu tant de moments innocents et joyeux… Une liberté qu’elle perdait dès qu’elle posait les pieds dans cette affreuse maison lorsque l’ogre rodait.

Toutefois, rien n’a plus jamais été pareil après cela. Le docteur avait eu une discussion avec le père de famille le menaçant de lui retirer sa fille, la fureur de l’ogre fut sans nom. Il crut que sa fille avait parlé au médecin et brisa la table de la maison. Felicity tenait sa fille dans ses bras avant que son mari ne vienne vers elles. D’une voix monstrueuse, il hurla : « Je vais lui mettre une bonne raclée !! Elle n’aurait jamais dû voir le jour ! Tu sais quoi en plus ? Ta précieuse fille traîne avec un vaurien ! Elle a quinze ans et elle fricote avec un petit rat ! Si au moins cette salope se vendait aux hommes plus riches pour avoir de l’argent. »

Outrée par les propos de cet être infâme Felicity répondit froidement.

« Dieu t’enverra en enfer… Tu n’es qu’un monstre. »

L’ogre tira les cheveux de sa femme avant de la pousser et de trainer Alicia qui criait. La suite ?... Alicia porte les marques de cette terrible nuit sur son corps… Le monstre avait versé une casserole d’eau brûlante sur la petite qui souffrit de martyre… Felicity avait pu assommer l'ogre avant d’emmener sa fille chez Mr. Leddil qui lui fit des soins d’urgence, mais la brûlure avait été grave, elle en garderait les marques…

Alicia fut plongée dans un mutisme total, ne bougeant plus de son lit, ayant l’âme plus douloureuse que son corps mutilé. Lorsqu’elle due rentrer, son père avait disparu, mais la marque de l’ogre restait, tout comme la douleur. Alicia regretta presque d’avoir vu le docteur ce jour-là… Elle ne voulait plus se regarder dans la glace et se dégoûtait… Depuis cet incident, Zayn n’était plus jamais revenu, elle avait besoin de son ami, mais il ne venait pas… Mr. Leddil qui lui rendait visite régulièrement lui disait que le jeune homme était toujours en ville… Pourtant il ne tenait pas sa promesse… Alicia s’était renfermée et Felicity n’ayant pas les moyens de s’occuper d’elle, décida de la laisser à une autre famille. « Pour un meilleur avenir. » avait-elle dit. Alicia se fit adopter par le docteur Leddil et sa femme. C’était une bonne famille mais, elle eut du mal à s’adapter à ce nouvel environnement et regrettait toujours l’absence de sa mère. Toutefois, la bienveillance du docteur et de sa femme sut la guérir un peu… Ils avaient une fille qui était âgée de dix-neuf ans. La jeune Margareth était belle, gracieuse, aux beaux cheveux qui bouclaient majestueusement. Sa peau était d’ivoire, délicate et elle avait la voix d’une chanteuse d’opéra. C’est elle qui apprit à Alicia le chant et le violon. La voix d’Alicia était toujours la plus envoûtante, dans ce corps disgracieux se cachait la mélodie d’un ange, c’est ce que Margareth pensait de sa jeune sœur.

Alicia aimait Margareth avec adoration et l’envie de posséder ce qu’elle avait. Dans ce jardin d'Eden, la plus grande lisait des histoires à sa jeune sœur. Les mains de Margareth dans ses cheveux, lui rappelaient celles de Felicity et parfois l’envie de les prendre et de déposer un baiser sur ses beaux doigts lui prenait. C’était la seule personne dont elle acceptait le toucher et la jeune fille aurait aimé que Margareth reste à jamais à ses côtés… C’était celle qui avait su briser avec douceur la méfiance d’Alicia… Sa simple présence rassurait la cadette qui s’agrippait souvent à elle la suppliant d’une voix faible de ne jamais la laisser seule lors des nuits où ses pires souvenirs revenaient. Les années passèrent et parfois en voyant la belle Margareth, Alicia se stoppait pour l’admirer l’air rêveur.

Les deux jeunes filles grandirent et alors qu’Alicia atteignait les vingt-trois ans, Margareth avait décidé de présenter l’homme avec qui elle devait se marier. Alicia avait le cœur qui se serrait… Partirait-elle ? Est-ce que cet homme allait lui voler Margareth ?

Ce jour-là, lorsque leurs regards se croisèrent, leurs cœurs se serrèrent l’un par la rage, l’autre par la culpabilité…


Alicia eut l’envie d’enterrer ses ongles sous la peau du prétendant de Margareth… Comment pouvait-elle oublier ses yeux émeraude ? Il était parti et sa famille avait miraculeusement fait succès dans les affaires à Londres. Sa rage et une vive jalousie de le voir proche de sa grande sœur lui firent quitter bien vite la petite entrevue. Zayn faisait partie d’un passé qu’elle voulait mettre derrière elle. Ce n’était qu’un lâche doublé d’un menteur, pas une seule fois il n’avait essayé de la contacter, de la voir… Chacun de ses mots donnait une furieuse envie à Alicia de lui mettre une gifle. La jalousie parlait aussi dans ce jeune cœur… Elle aimait bien trop Margareth pour assumer le fait qu’elle serait liée à cet homme qu’elle haïssait.

Dans un petit salon où elle lisait, Alicia décida de calmer sa colère, mais l’homme était venu la voir et les yeux de son ancienne amie le fusillèrent d’une haine qui le mit mal à l’aise. Il ouvrit la bouche pour lui demander pardon et pour ne surtout pas révéler son passé. Alicia eut un rire cruel avant de répondre froidement qu’elle le ferait si l’envie lui prenait. Lorsque Zayn lui répondit que cela pouvait briser le bonheur de Margareth, Alicia se tut. Elle entrevit un sourire satisfait de son ancien ami et morte de rage la jeune femme s’approcha pour poser une main sur ce visage qu’elle avait autrefois consolé… Ses ongles se plantèrent violemment et l’homme réprima un cri de douleur.

« Si tu la laisses tomber, si tu lui fais du mal, je trouverai le moyen pour que tu souffres. Tu m’as abandonné en tant qu’ami, mais ne fais pas la même erreur avec Margareth en tant qu’amant. Un pas de travers et je ferai de ta vie un enfer… »

Les yeux d’Alicia flambaient de rage… Zayn ne put s’empêcher de baisser le regard et de la laisser partir.

Les deux amants se marièrent au plus grand bonheur de tous, sauf d’Alicia… Ce qu’elle ignorait c’est que l’un de ses deux amants cachait un regret bien plus profond que son sourire voulait faire croire. Margareth était partie, mais sa vie ne fut pas heureuse. Zayn lui mentait sur beaucoup de choses, ne revenait parfois pas pendant de longues semaines sans aucune raison. Margareth lui soupçonnait des liaisons, tandis qu’Alicia était impuissante… Sa sœur l’aimait tellement que le faire souffrir, c'était voir l’être le plus cher au cœur d’Alicia crier de douleur. Pour une raison inconnue, Margareth s’était mise à éviter sa jeune sœur. Son regard s’était fait méprisant et elle ne parlait plus à sa cadette. Alicia avait eu le cœur fendu, elle avait souhaité disparaître se sentant encore une fois indésirable… C’est à ses vingt-quatre ans alors qu’elle dormait dans le jardin qu’elle crut voir en « songe » un homme avec un étrange masque de lapin noir, sans aucune expression, qui la guida jusqu’à un terrier…

Une échappatoire ? Quelque part, où réécrire son histoire ? Elle disait oui, elle voulait réécrire sa vie, même si ce n’était qu’en rêve.



Âgée de vingt-cinq ans, Alicia tomba dans les otherlands. Quelle ne fut pas sa désillusion… La jeune femme avait fui son guide pour ne pas donner son âme et se trouvait dans une période où les guerres avaient repris. La trêve entre les royaumes était rompue et le danger régnait. Alicia était arrivée à la forêt désenchantée, rien ne la rassurait dans ces lieux et même les plantes pouvaient ne faire qu’une bouchée d’elle. Peureuse et désespérée, elle erra avant de tomber sur une jeune fille qui pleurait. Alicia se dirigea vers elle contente de voir quelqu’un, mais cette dernière n’arrêtait pas de sangloter et de dire des mots incompréhensibles. Lorsqu’elle se rendit compte de la présence d’Alicia elle s’agrippa avec force à son bras avant de lui chuchoter :

« Tu vois… L’homme qui dort non loin, aux cheveux de feu, il faut que tu me rapportes son gousset et le petit paquet qu’il a dans sa poche. Il dort profondément… Pour s’en sortir il me faut cela, il me les a volés. On pourra continuer le chemin ensemble après ! Avance et tu le verras. »

Par désespoir ou naïveté, Alicia fit ce que la jeune fille lui demanda, rien ne tournait rond dans ce monde, mais elle doutait être saine d’esprit elle-même. La jeune Leddil aurait aimé avoir un partenaire de voyage, même si celle-ci n’avait pas l’esprit clair. Le jeune homme dormait à poings fermé et à pas feutrés Alicia n’eut aucun mal à trouver ce qu’elle cherchait. Elle allait repartir soulagée, mais les yeux du jeune homme venaient de s’ouvrir grands comme des phares. Alicia avait entendu un bref rire et lorsqu’elle se retourna elle fut poussée avec une telle violence que son corps heurta un arbre. Elle avait mal, mais surtout extrêmement peur, les yeux du monstre, qui venait de la prendre à la gorge étaient empreints d’une de ces folies brûlantes… Alicia avait essayé de lui dire qu’elle lui rendrait tout ce qu’elle lui avait pris, mais un sourire fut sa seule réponse. Elle se rappela alors du petit canif qu’elle avait dans une de ses poches et put planter sa lame dans la jambe de son assaillant qui eut un cri de douleur. La jeune fille lui jeta de la terre dans les yeux avant de s’enfuir à grandes enjambées essayant de ne pas entendre l’effroyable rire qui résonnait maintenant de la bouche du monstre. Elle ne put jamais retrouver la jeune fille qui lui avait demandé ce service, mais au moins cette chose ne l’avait pas suivi. Elle frissonnait encore à l’idée de recroiser ses deux grands yeux empreints d’une cruauté de rapace.


Son seul compagnon fut un oiseau blessé qu’elle soigna tant bien que mal, avant que celui-ci puisse voler à nouveau. Alicia se disait qu’elle mourrait dans cette forêt, la guerre rendait les choses trop instables pour qu’elle puisse trouver vraiment de l’aide ou une échappatoire. Pour ne rien arranger elle mourrait de faim dans cet endroit infernal et elle commençait à devenir folle, elle entendait des choses, souffrait de plus en plus d’amnésie et perdait la notion de la réalité. Elle avait gardé dans ses poches ce qu’elle avait volé au monstre et en sortant le gousset elle entendit une voix chantonner non loin. Méfiante Alicia se mit en garde serrant discrètement son canif. Cette voix lui dit alors que ce qu’elle avait volé signait probablement son arrêt de mort. Lorsque l’homme se montra, Alicia desserra son canif et crut rêver… Était-ce son ancien ami ? À bien y regarder, il ne lui ressemblait pas… Un frère d’un autre monde, était-ce possible ? Peu probable… Alicia serra son poing, était-elle toujours en train de rêver ? Après-tout, les otherlands n’avaient pas l’air réel.

L’individu lui mit en garde contre cette créature qu’elle avait volé, lui signalant que même si elle lui rendait ses biens ce dernier la pourchasserait sans relâche. Alicia eut un frisson en se rappelant de ce qu’elle lui avait fait et ses yeux s’écarquillèrent de terreur. L’homme devant elle soupira avant de lui conseiller de toujours éviter son chemin et la rassura en lui affirmant que si ce monstre ne l’avait pas tué dans la seconde, c’est qu’il avait sûrement des raisons de ne pas le faire. Voyant que cela ne rassurait pas plus la demoiselle, il lui demanda sans attendre si elle voulait faire un bout de chemin avec lui. Ce dernier parlait si poliment, qu’inconsciemment Alicia fut apaisée par ses phrases et sa courtoisie. Toutefois, après sa question, le silence régna alors que la jeune femme le scrutait. Il lui ressemblait beaucoup… Mais celui-ci semblait bien plus idiot et louche que l’autre… Elle eut un sourire forcé et accepta à contrecœur, voyant surtout un moyen de sortir de cette forêt. Lorsqu’elle lui dit oui, Alicia s’attendait presque à revoir le sourire innocent qui avait éclairé son enfance, mais elle eut un clin d’œil qui lui fit rire si nerveusement que son interlocuteur devina que ça lui avait déplu.

Le nom de son compagnon de voyage qui l’emmena jusqu’à Lostland était Percival… Un chevalier qui avait une notion de la justice bien particulière. Malgré les apparences, l’homme avait quelque chose de sombre qui l’entourait et elle n’arrivait jamais à le déchiffrer correctement. Jouait-il les naïfs ? C’est ce qu’Alicia se disait parfois… Il l’aida par ses connaissances et ses capacités, tandis qu’Alicia collectait les informations sur ce monde. Percival lui racontait tout ce qui se passait, les guerres, les différentes façons de vivre, les créateurs etc… Lorsqu’il parlait sérieusement de ses connaissances, il finissait toujours par éclater de rire en rajoutant qu’il disait certainement des bêtises, mais avec le temps Alicia se rendit compte que son compagnon avait accumulé de bonnes informations. Même si parfois leurs chemins se séparaient, Percival et Alicia se retrouvaient souvent comme pour combler une solitude déjà trop présente.

Dans cet univers, c’était lui qui redonnait un peu de joie dans la vie d’Alicia même si elle ne l’avouait pas. Chien et chat, c’est ce qu’ils étaient, mais ils ne pouvaient pas se passer longtemps l’un sans l’autre. La forte tête qu’était Percival avait réussi à accaparer une certaine confiance de la part d’Alicia. Il connaissait les faiblesses de la jeune femme, tout comme elle arrivait un peu plus à le déchiffrer. Ils étaient devenus des confidents et se faisaient confiance. Les gens pensaient que Percival était un imbécile, mais il obtenait toujours ce qu'il souhaitait derrière son sourire  ingénu… Lorsqu’elle avait peur dans le noir, Percival lui demandait de chanter pour qu’elle oublie ses craintes, il lui offrait alors ses bras pour qu’elle calme ses inquiétudes. Hésitante et n’aimant pas les contacts la jeune femme avait fini par considérer ses deux bras comme des roches qui lui permettraient de survivre face à ce cauchemar. Il lui demandait parfois si elle le considérait comme un homme ou un objet ? N’avait-elle plus aucune crainte le concernant ? Alicia ne répondait jamais, elle ne savait pas si sa question était sérieuse.

C’est le chevalier qui apprit à Alicia quelques bases pour manier l’épée, juste de quoi survivre un minimum… Alicia n’était pas une combattante après tout. Elle ne pouvait jamais battre son professeur dans ce genre de duel.

Après deux-ans à s’être côtoyés Percival disparut sans un mot, mais bizarrement Alicia s’en était doutée comme si ces deux hommes se ressemblaient par essence… Pourtant, elle avait eu la naïveté de croire encore une fois qu’il ne l’abandonnerait pas. Sans ce déjan’thé elle se retrouvait encore une fois faible face à cet univers… Au moins lui avait-il donné une de ses bonnes dagues avant de disparaitre.


Alicia rencontra par la suite les personnages du Magicien d’Oz. Elle connaissait l’histoire sur le bout des doigts et grâce aux conseils de Percival sur ce monde, elle put se présenter comme Dorothy. Quel ne fut pas l’heureux accueil qu’elle reçut, elle était heureuse avec l’homme de fer, le lion et l’épouvantail, elle avait enfin des amis. Elle savait bien que ces derniers n’aimaient pas Alicia, mais Dorothy… Une personne qu’elle feignait d’être pour survivre… La méfiance d’Alicia et son envie trop grande de survivre ne lui permirent pas de dire la vérité à ses « amis ». Amis était un trop grand mot… Déçue trop souvent des gens, son cœur s’était glacé sous un faux sourire. Ses mots étaient doux, ses airs aussi innocents qu’un agneau, mais cette joyeuse bande ne lui servirait pas longtemps... Parfois, la colère lui prenait et dans l’angoisse Alicia se mettait à les regarder de travers, toutefois parasite qu’elle était, la jeune femme se sentait pire qu'eux. Tout ce qu’elle pouvait faire était d’user de son esprit dans un monde de fou. Ils la chérissaient comme une tendre amie, alors que sa manipulation se faisait de plus en plus sournoise. La jeune femme aimait cette position, c’est pour cela qu’elle restait, pour être aimée comme jamais elle n’avait pu l’être dans sa vie. Même si elle pensait que ce pauvre Scarecrow était idiot, il restait et la choyait. Même si elle pensait que le lion était froussard, il n'abandonnait pas Dorothy. Même si elle pensait que l’homme de fer était un sans cœur il demeurait près d’elle… Oh quelle joyeuse illusion…

Un jour, l’illusion disparut, tu avais fui les laissant sans aucune nouvelle… Tu les avais abandonnés à leur sort pour trouver de meilleures personnes à parasiter. Ta survie était plus importante que la vie de ces idiots… Pourtant ton cœur était lourd. Le regret… C’est ce qui commençait à peser… Ces personnages allaient te hanter pour le restant de ta vie.


Alicia croisa Edward Hyde ou plutôt Mr. Hyde, deux ans après avoir abandonné les personnages du Magicien d’Oz. Leur politesse et éloquence communes avaient dû inconsciemment jouer sur une bonne entente…  Cet individu avait changé sa vie, il fit surgir en elle toutes ses capacités les plus obscures. À travers Hyde, Alicia voyait certaines de ses propres ombres et désirs. Elle l’écoutait comme le miroir de la méchante Reine. Il lui fit miroiter un semblant de pouvoir et d’amitié, mais dans le fond, Alicia savait bien que ce terme d’ami n’était pas le lien qui les unissait réellement. Elle connaissait les dangers de cette voix, mais tant qu’ils se servaient mutuellement l’un de l’autre, il n’y aurait que des avantages. Pourquoi avait-il choisi Alicia ? Il avait sûrement ses raisons et Alicia voyait en lui un moyen de grimper les échelons. Malgré tout, l’un avait la manipulation plus forte que l’autre et un jour Mr. Hyde émit l’idée folle de « devenir » une des créatrices : Alice.

Liddel et Alicia, n’avaient que de vagues ressemblances entre leurs noms et prénoms, mais physiquement elles n’avaient presque rien à voir… Alors Mr. Hyde lui donna la solution à son problème… Alicia était intelligente et capable des pires manipulations possibles… Nul doute qu’elle remplirait ce rôle d’usurpatrice à merveille, dans la peau d’Alice elle aurait la richesse et un rang qu’elle convoitait… Alicia ne connaissait que trop bien l’histoire d’Alice pour ne pas user de ses avantages...


Alicia rencontra Lucifer après les conseils de Mr. Hyde. Elle énonça son souhait et donna son âme à l’ange déchu… Elle savait en regardant cette beauté et en écoutant sa voix tentatrice qu’elle faisait affaire avec le Diable. Il n’y aurait pas moyen de faire marche arrière, son âme était à présent sous forme de talisman aux creux des mains du Démon. Le pouvoir commençait déjà à l’enivrer et l’idée de pouvoir goûter bientôt à un rang si haut placé lui fit frissonner de plaisir… Ce pouvoir lui coûterait quelque chose un jour, Alicia le savait, mais sombrer était sa destinée. Si elle devait chuter, elle voulait que ce soit du haut de ses richesses et d’une grande tour d'ivoire. Lucifer changea son apparence et c’est ainsi qu’Alicia se retrouva blonde avec de grands yeux bleus… Elle était l’image parfaite de cette Alice dans les livres… La vraie Alice avait de toute façon disparue alors elle pouvait bien prendre cette place vacante. Une fois présentée au Royaume Blanc sous cette apparence et grâce à son éloquence et son grain de folie, Alicia usurpa la place d’Alice. Ce livre qu’elle avait lu avec Zayn s’avérait finalement utile et Lucifer l’avait bien aidé dans son projet grâce au contrat… mais à quel prix ?

Une ombre chuchotait parfois à Alicia quoi faire pour avoir plus… Mr. Hyde n’était jamais bien loin surtout maintenant qu’Alicia avait obtenu le rang d’Alice. La jeune femme travaillait sans cesse son image pour ne pas perdre sa position, sans jamais laisser le moindre doute sur sa véritable identité. Les guerres, conflits… maintenant Alicia ne craignait plus tout ça du haut de son rang… Dans ses yeux bleus, ce n’était pas la pureté et l’honnêteté qui s’y reflétaient, mais l’envie toujours plus grande et immense du pouvoir. Mr. Hyde n’avait fait que lui révéler sa véritable nature… Des envies qui sommeillaient en elles depuis déjà trop longtemps se soulevaient, mais jusqu'où pourrait-elle aller pour assouvir tous ses désirs ? Plus les années passaient et plus Alicia franchissait les limites...

Pourtant la peur avait ressurgi le jour où elle recroisa par hasard la route de cette terrible tête qui avait failli la tuer des années avant… Le regard de cette tête chercheuse s’était braqué sur elle, tel un rapace. Alicia avait envie de fuir, mais ses jambes étaient paralysées et elle avait presque oublié le fait qu’elle n’avait plus la même apparence. Sans aucune gêne la créature l’interpella par son nouveau nom. Sa voix fit l’effet d’un terrible choc dans les entrailles d’Alicia qui se rappelait son cauchemar, elle fit mine de ne pas l’avoir entendu et s’éloigna. Elle restait faible… Seul son rang et son intelligence lui sauvaient la mise. Rien ne lui importait à part ça et tous ceux qui se mettaient en travers de son chemin devait être éliminé.

Alicia vit les années défiler, mais le temps ne lui semblait jamais long… Elle vit les conflits, le Royaume Blanc se renommer Wonderland, les changements de ce monde et de leurs royaumes…



Avec le temps et ayant fait preuve de bon esprit, elle fut promue à la place de conseillère royale. Ses conseils et ses plans étaient remplis d’ingéniosités, elle brillait par son génie et personne ne songeait à se méfier de cette femme qui semblait si honnête. Dans une période de révolte et de guerre entre Wonderland et ce nouveau royaume qu’était Mêmeland, Alicia sortait ses épingles du jeu. La fausse Alice chuchotait de bons conseils à sa Reine, lui parlait sur tout ce qu’elle souhaitait et écoutait ses directives comme les ordres d’une divinité… Son bon sens et ses charmants mots, plaisaient à la cour. Elle se conformait à la vision de White Queen, à sa folie concernant la pureté, pour ne jamais perdre les faveurs de la Reine. Dans ses prières pour Dieu elle suppliait toujours le ciel de lui donner plus que ce qu’elle possédait déjà… Priait-elle vraiment le céleste ou les avatars de l’envie et l’avarice, Mammon et Léviathan, réunis ? Seul le ciel avait cette réponse.


Lorsqu’Alicia entendit parler de Lewis Carole elle avait fermé son livre l’air songeuse… Un plan s’était dessiné dans son esprit tordu… Elle se rapprocha de la jeune femme et fit tout pour devenir son amie. Alors que sa victime dans une naïveté confiante lui confiait petit à petit des choses, Alicia se rapprochait grandement de sa proie. Sous ce masque rempli de douceur se cachait l’envie irrépressible d’éliminer ce danger… Une amie ? Alicia n’en avait pas et surtout pas quelqu’un qui mettait en danger sa place par son lien trop proche avec Alice… Cette Carole était si naïve, si fragile… Mais elle était adulée à Wonderland… Quand Alicia tenait les mains de sa jeune "amie", l’affection n’existait pas, juste ce sentiment de satisfaction perfide qu’elle avait de savoir que Carole était faible sans l’adulation des gens de ce royaume. Alicia avait envie de briser ce cœur naïf de ses doigts, de la voir pleurer de désespoir… La fausse Alice engagea une bande de voyous guidés par une jeune femme du nom de Sinbad. Pour des bandits ils étaient tous très organisés. Alicia connaissait bien Sinbad et elle savait que cette dernière voudrait bien lui rendre service si elle la récompensait gracieusement. Les deux femmes s’entendaient bien et étaient sur la même longueur d’onde concernant les affaires. Alicia avait emmené en balade Carole et la bande de la cruelle Sinbad s’attaqua donc à Lewis dans le but de l’éliminer. La fausse Alice avait fait semblant de se faire kidnapper par une des femmes de Sinbad pour parfaire son jeu d’actrice jusqu’au grand final. Depuis ce jour, Alicia a cru éliminer Lewis, mais la vérité était toute autre… Si un jour venait à ses oreilles que cette douce Carole était encore vivante alors nul doute qu’elle essayerait encore une fois de la tuer.

Le temps faisait son œuvre, ainsi que le destin alors que ce cœur sombrait…



Alicia revit un visage du passé… Elle avait l’impression de l’avoir vu hier… Combien de fois l’avait-elle revu en songe alors qu’elle souhaitait tout oublier… Elle lui avait jeté tout son mépris à la figure par un regard et savait qu’il l’avait reconnu…

« Qu’est-ce que tu as fait ?... Redeviens Alicia ! Je t’aiderai à fuir ceux qui te veulent du mal. »

Percival croyait encore à la Alicia qu’il avait connu et lui supplia de ne pas sombrer plus. Mais la jeune femme avait une colère envers le chevalier… La vérité, c’est qu’elle ne voulait pas faire marche arrière, elle avait toujours été comme ça... Mais Alicia était décontenancée par ce visage qui la hantait comme une vieille obsession et doucement, elle marmonna : « Je te hais Zayn… »

Percival se coupa net avant de lui répondre qu’elle devait reprendre ses esprits… Il n’était pas Zayn et elle n’était pas Alice. Pour une raison qu’ignorait Alicia, l’homme n’avait aucune envie de la laisser à son terrible sort. Percival comptait bien remettre les choses en ordre quitte à affronter la demoiselle et le lui fit comprendre.

Alicia avait eu les mains qui tremblaient à la simple idée qu’on puisse découvrir la supercherie, détruire tout son travail… De quoi pensait-il la sauver ? Alicia n'avait pas besoin qu’on la sauve, elle avait déjà bien trop goûté à ce début de pouvoir. L’usurpatrice s’avança vers Percival qui ne bougea pas d’un pouce s’attendant presque à recevoir un châtiment… Les mains de la blonde effleuraient doucement la lame froide de cette dague qu’il lui avait offerte il y a longtemps et dans une sourde violence, la lame vint se planter dans le flanc du chevalier. Le visage blafard, elle eut un sourire atroce alors que le déjan’thé souffrait d’une douleur vive. Pourtant, ce dernier prit la main qui venait de plonger la lame pour l’enfoncer un peu plus. Le regard effaré, la blonde avait sorti la dague ensanglantée. Alicia s’était reculée scrutant cet imbécile avec effroi. Percival marmonna alors douloureusement :

« Tu aurais dû viser le cœur, mais je serai revenu… Je suis vraiment un idiot pour toi... »

Elle savait bien que les personnages revivaient… Elle savait qu’elle aurait pu viser plus haut, mais… il y avait un mais enfermé dans une boite de Pandore… Seule Alice existait vraiment… Alors pourquoi ce maudit chevalier redonnait une existence à cette pauvre Alicia qui devait rester enfermée à double tour ? Elle avait fui ce vieux fantôme, effrayée par son imbécilité qui frôlait la folie. POURQUOI ? Pourquoi fallait-il toujours qu'elle le recroise ? Était-ce une punition ? Si elle revoyait ce visage alors elle l’enfermerait quelque part pour des siècles et le blesserait encore et encore. Elle lui ferait hurler de douleur pour l'éternité. Pourtant lors de cette soirée Alicia avait eu du mal à se calmer riant et pleurant, elle contemplait dans l’obscurité ses mains tremblantes, tâchées par le sang de cet individu qui avait su un jour avoir sa confiance… Pourquoi Percival l’avait laissé faire ? Était-il fou ? Aucune personne saine d’esprit ne voulait souffrir, elle l’avait bien connu la douleur et plus jamais elle ne voulait revivre cela.

Depuis cette nuit on entendait parfois dans sa pièce de musique une nouvelle partition. Une mélodie au piano, sur laquelle on croirait l'entendre rire. Les notes puissantes s'élevaient comme les pulsations d'un cœur effréné et le sourire de la blonde s'étirait un peu plus à chaque battement rapide. Chaque note, sous ses doigts, écrasait violemment un peu plus ce cœur. Un œil plus proche que ce qu’elle croyait, avait bien l’intention de détruire cette fausse Alice et cette terrible mélodie. Alicia devait faire tomber le masque avant de subir le joug de tous ceux qu’elle avait trompé et sa propre folie… Mais il était peut-être déjà trop tard...


Lorsque plus jeune, elle tournait les pages de Sherlock Holmes, un sourire discret naissait sur ses lèvres face à l’avidité et la cruelle intelligence de Moriarty. Elle aimait déjà cette liberté viciée… Lorsqu'elle joue au violon la mélodie des roses bleues son coeur entretient le secret de ses larmes, mais lorsqu'elle joue la mélodie de la mort son âme riait à gorge déployée. Déceler les secrets de cet esprit ne servait à rien à part se perdre dans des méandres qui devraient rester dans une boite de Pandore.

Hell'come petit fou, tout me semble correct donc te voilà validé! Tu peux filer recenser ton avatar et ton personnage et ton pouvoir! Tu peux aussi créer ton logement, fiche de personnage et même un Fakebook pour ton personnage!

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