La loi du plus fort, elle a bon dos. Chassés, cueillis, qu'importe en réalité. Cette putain de rengaine écœurante est une excuse dans la bouche de ces monstres aux sourires mièvres. Le fiel se fraie toujours un chemin si violent le long de mon œsophage que je préfère me taire, régurgiter les mots pour ne pas les cracher au plus méritant. Ils ont tous quelque chose à se reprocher, à me faire regretter et pourtant je me tiens parmi eux, sur mes deux jambes.
Je supporte cette folie, ce jour où tout est permis dans l'espoir d'une piste, de voir ce crottin se pointer et de le scotcher contre un mur pour qu'il avoue ses crimes, qu'il me donne ses trophées. J'ai appris qu'il avait un fils, est-ce que c'est bien lui le prédateur de mes souvenirs ? Je n'ai vu que son dos emporter mon ami, j'ai senti dans l'air jusqu'à perdre sa trace. Doué dans le vice de sa profession, si l'on peut appeler une tuerie ainsi -et c'est le cas sur la terre de ces monstres- je peine depuis tout ce temps. Je tiens un filon, un bon j'espère.
On m'a parlé d'une entité qui saurait peut-être… Il est là ? C'est lui ? N'est-ce pas ? Un pelage dragées, ça pourrait être lui. Ça DOIT être lui. Au milieu des cadavres et des corps qui s'entassent, s'enlacent pour mieux se détruire. Du sang, de la violence, qu'ils se fassent plaisir. Moins il y aura de cons, plus il y aura de prudents.
Bambi !!! Je voudrais crier son nom pour qu'il m'entende au travers de la foule, on me bouscule, on me cherche, mais je n'ai d'yeux que pour le faon devenu cerf il y a bien longtemps. Ils fracassent les uns contre les autres à la manière sauvage de notre nature dite sans merci. Elle, c'est un cycle contrairement à leurs pitreries. Le sang n'est pas un appel, c'est une nécessité et je ne suis pas censé faire partie de cette chaîne alimentaire ni en être au sommet. Je compte bien me défendre, pour ma vie, pour elle, puis pour lui. Le trouver, le ramener. Je n'ai que ça en tête depuis une éternité !
CASSE-TOI de mon chemin !! LAISSE-MOI passer !
On me cherche, on m'ennuie, on me brusque et on va me trouver si fort que Père Castor m'en soit témoin, je vais les défoncer. Pourquoi sourire, chercher la mort ? C'est un problème qui n'était pas le mien et qui se pose sur le sentier que j'empruntais. Très bien. Il n'est pas seul, ils font front commun. Forcément, mes grandes oreilles ne lui reviennent pas ? Je ne suis pas du genre à me laisser empailler sans mordre, sans griffer et j'ai appris à cogner depuis quelques années. C'est mon avantage, même si je ne fais pas le poids. Il en arrivera d'autres parce qu'ils n'ont aucun fair-play et se soutiennent seulement parce que je suis en dépit de mon adaptation l'étranger, le lagomorphe à abattre. Je n'ai pas le temps, je manque cruellement de cette précieuse notion ! Laissez-moi… je dois passer, l'attraper !
M.Hibou
Nouveau-thé
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Citation : On n’apprend pas l’histoire à l’envers. Elle est déjà assez trompeuse à l’endroit.
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Citation : On n’apprend pas l’histoire à l’envers. Elle est déjà assez trompeuse à l’endroit.
Aux aurores d’un soleil d’or, Hibou fut pris de terreur, quant s’était levé l’horreur.
Plumeau d’oiseau, ni nocturne ni diurne, il s’en était allé dans de sombres allées. La lune s’avançait et lui gloussait, car dans un marché bien caché, connu de quelques initiés et associés, de précieux livres prometteurs, il allait être acquéreur. Il n’y a pas d’heure pour le bonheur. Des écrits un peu interdits, d’après les on-dit. Mais quelques ouvrages nouveaux ont tôt fait de lui tourner le cerveau. Il n’a pas compris l’air contrit du vendeur (carambouilleur ?) pressé de plier bagage de son bel étalage. Le rapace s’était offusqué d’un indigné hoquet ! Vous pensez bien, traité comme un rien ! Mais il fut surpris quand le prix, il n’eut à le négocier : « payez ce qu’il vous sied ».
Pour une bouchée de pain, il eut un gain. Il aurait mieux valu deux, mais il faut se satisfaire de peu. Hibou aurait dû renifler un prochain coup de soufflet voyant que sur quatre pattes, le marchand se hâte. Or il est aux anges, alors rien ne le dérange. Caressant la couverture, inspectant chaque couture, ç’aurait pu être une belle nuit, loin de tout ennui. Mais il a l’ignorance en talent rance : s’il avait remarqué l’agitation c’était sans y prêter attention. Au premier cri retentit, sa vie se ralentit. Archimède réalise que la réalité se brise. Par ici gît un corps qui bien trop se tord. Par là-bas on étrangle, tourne les nuques en angles. Par en haut le vent se fait chaud, se charge de fer, puis s’embrase l’enfer. Flammèche à la poudrière à présent meurtrière, des liquides giclent en un morbide cycle, bouchant les gouttières et empoissant l’air. Le fumet flottant est atroce, surplombant celle des buglosses.
Il n’y a qu’un pas entre vie et trépas, un qui le paralyse et dans les craintes l’enlise. Il serre son recueil en maigre armure de feuille. D’un coup poussé contre un mur cabossé, c’est la douleur qui le sort de sa torpeur. Petit hibou se réveille, loin du pays des merveilles. Un royaume blanc devient de sang et lui ne peut que courir pour ne pas mourir. Chétif menu fretin, un funeste destin lui est évité par une bonne ruelle empruntée, c’est de chance qu’il avance, le souhait vivace dans son cœur de rapace que ce songe qui le ronge s’arrête, simple et net.
Car rien n’est réel, pas vrai ? Mais l'odeur de carmin frais…
Des idées tant appauvries qu’on en aurait rit, ses pensées s’affolent dans sa course folle. Il a connu la guerre, humant les conflits dans l’air, mais toujours de loin, jamais l’arme au poing. Ce qui le plus l’en approcha fut cette journée de Choc’hola où à rapide tire d’aile il délaissa sa forêt belle. Sa tranquillité mise de côté, pour côtoyer et choyer le petit prince protégé maintenant piégé. Qu’il déplore tant d’avoir pensé avoir du temps. Quant au lapin et à la moufette, oh qu’il regrette. Il les a perdus, loin de sa vue. Dans cette heure qui se meurt, Archimède se meut, animé de simples vœux : qu’ils soient vivants et bien portants.
Mais ses espoirs se cassent, se mélangent à la crasse, quand deux oreilles familières mettent fin à ses prières. Le désir de fuir est tellement fort, le besoin de protéger l’est plus encore. Au premier geste agressif, Archimède se fait décisif : son livre est jeté dans le bas-côté, empressé de s’immiscer entre léporidés et mêlée. « Que d’esprits échauffés ! » Dans quoi s’est-il fourré ? À bout de bras à la fermeté de rats, les feuilles pointues sont doucement rabattues dans le sens convenu pour éviter blessures malvenues. Panpan à l’instant malentendant ne comprend le paniquant usant de son talent. Le plus précieux : être ennuyeux.
« Connaissez-vous les tardigrades ? » Les autres se mettent en garde. Une lance s’avance. Puis le pique « ce sont des créatures fantastiques ! » l’encyclopédique jamais n’abdique. Il déblatère « ils vivent dans la terre ! » et se fait commère « et même dans les mers. » Parfois il s’aventure « et à haute température ? » puis accélère « ces petits métazoaires… » Qu’il a peur, presque en pleurs ! Mais au premier bâillement, Hibou brille de contentement. S’ensuit un, pour chacun. La lassitude gagne et personne, elle n’épargne. Et bientôt certains abandonnent ; tandis qu’au sommeil, d’autres s’adonnent.
Tout est bien, qui finit bien ? Libérant enfin l’illustre Lapin, Archimède cède. « Vous tombez à point mal nommé. » Gronde-t-il le garnement de gestes tremblants. Il prend le poignet du grand, l’attire faiblement. Comme c’est douloureux d’être sage honteux qui n’a pas su prédire ce sombre avenir. « Il faut déguerpir. » Mais par où partir ? Vers sa vie normale, avec son cheval, enfoui dans ses livres qui l’enivrent. Ou quelques miettes modestes, s’il en reste. « Venez. » Il lève le nez. Les traits sont tirés, l’angoisse soupirée. Il n’y a pas d’heure pour le malheur.
Sur les pavés en toiles s’étiolent les étoiles. Et un livre oublié désormais spolié.
592ap.A, pendant une certaine prise de pouvoir
Panpan
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Citation : “I'm not strange, weird, off, nor crazy, my reality is just different from yours.”
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Cette colère, je la ressens encore, en le voyant m'échapper. Me tourner le dos, si seulement c'est lui, comment fuit-il ? Comment ose-t-il passer dans ce couloir morbide, flot de populace entassée, désireuse de refermer l'accès pour m'en éloigner. Humanité, tu me répugnes, m'angoisses et révulses la moindre fibre de raison en moi. Si bien que je pourrais m'adonner avec plaisir à refaire le portrait de certains. Le sang est une sève que vous aimez faire couler pour de stupides motifs, autant vous y aider.
Je dois le retrouver. J'y arriverais et je le ramènerais par les cornes s'il le faut.
Une odeur d'écorce et de pages envolées. Familière dans les souvenirs à vif. Qu'est-ce que… Mes oreilles empoignées pour en soustraire le sens, je commence à comprendre. Autour de moi, on se tait, on écoute et on s'endort à moitié. Je déglutis, poings sur les hanches. On me prive de cette bestialité d'opportunité. D'accord petit être, je veux bien suivre le mouvement, obéir à tes ordres tant que je peux les suivre. J'inspire profondément, me laisse guider par ses mains plus petites que les miennes.
"Monsieur Hibou" un nom, soufflé, soulagé d'avoir un visage familier parmi la zizanie. Je garde mes questions pour un moment plus propice, voyant presque déborder dans le regard de cet ami son cœur qui bat la chamade. Ses yeux, si ronds, son plumage hérissé. Je servirai de bouclier s'il le faut, fragile compagnon. Pourquoi suis-je différent des miens ? J'ai vécu plus longtemps à leur côté que vous.
Trop lent, mon ami, mon aîné. Je ne peux laisser faire. "Dites-moi où aller" Ni une, ni deux, je lui présente mon dos, mes arrières délibérément exposés pour qu'il y grimpe et que nous puissions filer. Au travers du pays où le blanc se peint de rouge sous les chants des faux et les cris. Multiples expressions. Désespoir, peur ou folie, d'autres encore qui rendent la scène plus dramatique. "C'est toujours comme ça par ici ?" et l'on accuse Mêmeland d'être une jeunesse pourrie ? Un claquement de langue.
"J'ai vu Bambi, pas vrai ? Vous savez où il est ?" je ne perds jamais le nord, parole de petite bestiole à fourrure sympathique, convoitée, arrachée. Je me ferais de leurs membres broyés un chef-d'œuvre à troquer. Le seul qui m'en empêche c'est ce léger bagage. Sa vie, il y tient. Moi aussi. Petit râle, je voudrais tant corriger, éradiquer cette espèce décérébrée.
"Le temps presse, quoi que fissa veuille dire. Fissa !"
M.Hibou
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Citation : On n’apprend pas l’histoire à l’envers. Elle est déjà assez trompeuse à l’endroit.
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Qu’il est à déplorer, presque à en pleurer, en ces circonstances de croiser connaissance. Il y a un temps, si proche pourtant, où il a souhaité les avoirs en invité, boire un café, même un réchauffé. Voir les petits heureux, sous couvert du peureux. Triste nostalgie, par ici tu gis, d’un coup agressée, morcelée et blessée. Hibou détourne le regard, quelque peu hagard, fuit les gisants, bien trop déplaisants. L’ancre d’un poignet serré, pour ne pas s’égarer, il chemine de ruelle, évitant les cruelles. Il aimerait tant ainsi, protéger cet ami-ci, lui cacher les yeux, oublier le furieux, retourner à l’herbe couverte d’une canopée verte.
Il est tant difficile de s’élancer, de prudemment avancer, car son cœur s’affole dans cette ambiance folle. Il a les jambes molles, voilà qui le désole. Parfois, il lui semble partir, puis se sent revenir, qu’il serait pratique de céder à la panique. Mais il tient dans sa main, la volonté d’un lendemain. Il a les tempes qui tonnent de ses craintes qui résonnent, son esprit se perd et dans les limbes erre. Puis son nom susurré calme sa tête torturée. Lui qui se souhaite repère, retourne sur terre. Si son souffle est tremblant, son teint un peu blanc, il se force à s’adoucir puis à sourire. Enfin se stoppant “oui Cher Panpan ?” il se tourne puis voit et ça le laisse sans voix.
Quand le dos est offert, il ne sait qu’en faire. Pourquoi le lui présenter ? Veut-il être complimenté ? Certes, c’est un arrière charmant, peut-on partir prestement ? Puis ses neurones se connectent dans son illustre intellect et il s’oublie bouleversé pour devenir froissé. Le voilà bien fâché : allons, il peut marcher ! Mais il peut reconnaître, qu’importe le paraître, car c’est accablant, mais ses pas sont lents. D’autant qu’il constate qu’il est bien court sur patte. Presque une larme à l'œil, il fait vite son deuil et grimpe sur le lapin, accroché comme pomme de pin. Aussi âgé qu’il n’est léger, Hibou n’est que plumet et à présent calmé. Sa voix est plus assurée quand il se met à murmurer : “Les abords de la forêt, un village en retrait”. Est-ce égoïste que le bouquiniste espère être gardien de son quotidien ? Surtout sa jeune Majesté et sa mère alitée. Se pinçant l’arrête du nez, Archimède se sent chagriné.
Quelle situation compliquée ! Quelle réalité détraquée.
Mais à cet instant, ce n’est pas important, car transportent les vents le souhait d’être tous vivants. À la remarque du grand, le voilà soupirant et plein de tracas : “en aucun cas, bien qu’à parfaire, c’est loin de cet enfer”. Demain sera mieux, escompte le vieux. Pour observer la peine, devenue si anxiogène, que tout a éclaté mettant à mal la sûreté. Dont celle du naïf faon s’enquiert l’enfant ? “J’espère que non et qu’il est dans son cabanon. Je vis à ses côtés alors, autant se hâter.” Sans doute ce coin reculé n’est pas aussi acculé ? Et peut-être qu’avec Panpan ils s’éloignent des guets-apens. Puis soudainement pressé, sortant de ses pensées, Hibou brille des connaissances, quelque peu sans sens, qu’il peut enseigner au jeune renfrogné.
“Qu’est fissa ? Ah, je sais ça ! C’est de l’argot…” Ah, mais qu’il est sot. L’heure n’est pas l’apprentissage, comprend vite le faux sage. “Oui, Fissa, c’est ça.” Dit-il tout penaud, le faciès chaud.
Ça aurait pu être une idiote épopée, mais elle est d’un coup stoppée lorsqu’on le saisit par le col et il prend son envol. Pas un qu’il maîtrise, qu’elle est cette traîtrise ? Au sol et désorienté, il aimerait protester, mais il s’alarme quand s’élève une arme. “Je…” pas le temps d’endormir, juste de subir. Plus rien à se préoccuper, car bientôt, il sera coupé.
J’encourage la violence.
Panpan
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Un village en bord de forêt, voilà qui sied mieux à mes amis que la folie des grandes villes. Pourquoi tout a basculé à ce moment précis ? Je l'avais retrouvé et je ne désespère pas. L'emplumé sur mon dos, j'ai toutes mes chances. Cabanon ? En courant, je ne fais aucune halte, dents serrées, mâchoire contrariée par cette appellation. C'est ainsi que l'on nomme les ateliers, les maisons de bois, généralement petites et particulièrement celles qui abritent les chasseurs plus que les bricoleurs. Il doit y avoir une explication, mais nous n'avons pas le temps.
Un œil faiblit sous la pression d'une précision, si intéressante soit-elle, il en a toujours été : notre professeur bien aimé tend à nous endormir plus qu'à remplir nos têtes de sagesse. Sois sans crainte, je m'instruis à mon rythme, renseigné sur bien des affaires, notamment lorsqu'elles servent à mes enquêtes et ma couverture d'homme lapin.
Soudain, le poids plume s'envole. Une chose que je ne peux ignorer, même en pleine course. Il s'agit de survivre, non de fuir en solitaire. Tournant aussitôt les talons, le constat m'accable , j'agrippe le col du lâche sans lui laisser la moindre chance justifier son geste. À mesure que je ponctue les miens, que mes poings luisent à lui briser les dents, je réfléchis. "Veule saloperie, putain d'immondice, t'es content de toi ? Crève. Crève, crève et ne reviens pas, pas comme ça !" douce violence qui pendait au nez de ces non-braves. S'en prendre à ceux qui cherchent réconfort au lieu de querelle. Humanité désuète et pourri, n'auraient-ils pas mieux fait de s'étouffer avec la pomme du savoir tant ils sont dénués de tout ce qui devrait primer ? Suis-je sot, ça n'est pas leur histoire et quand bien même, j'aurais préféré que la réalité s'en rapproche, on ne peut défaire ce qui a été fait. Je corrige, ardemment, puis reviens à ma première mission : trouver sauver.
Monsieur Hibou me dévisage sûrement. Lorsque j'estime que son bourreau a eu son compte, aussitôt je m'empresse de tendre la main vers l'aîné. "Mes excuses, le sort que je réserve à cette sous-espèce d'homme ne vous a pas trop… surpris, j'espère ?" Nous sommes bien loin des rêveries où nos seules préoccupations étaient l'herbe fraîche sous la rosée du matin et les feuilles croquantes de quelques savoureux cadeaux de la nature. Les pignons tombés de pommes de pin que partageaient les écureuils, les épis dépassant de limon de quelques légumes sauvages à déterrer dans le sol encore humide de notre prairie favorite. Tout ça me manque terriblement et ne sera à jamais qu'un souvenir intact tant que je ne l'aurais pas avec moi.
"Je voudrais rentrer chez nous…" le sable s'écoule et nous reprenons la route, loin des exhalaisons de sueur et de sang. Je ne suis pas fier de celui que je suis devenu, forcé aux us et coutumes de ces créatures aux principes écharpés. Je les déteste, quand bien même les charges sont partagées. J'éprouve, sous l'azur de ses mirettes, un embarras sans pareil exprimé par un silence inhabituel. Je souhaite que ses désillusions ne soient pas d'intensité à me fuir. Même si je suis aux premières loges pour contempler mes fautes, il m'aurait été difficile de survivre autrement qu'en les commettant. Le rythme dans la sonorité de mon nom n'est plus aussi euphonique. On parlerait de coups secs, semblables à ceux d'une arme à feu. À regret, je constate l'ironie, je n'en ai jamais tiré aucun. Un jour, peut-être renverrais-je à l'envoyeur la balle de son fusil. Serais-je chasseur pour autant ?
Lèvres pincées, j'attrape ce qu'il reste d'une table et nous protège au mieux de tout projectile. "Pardonnez-moi, j'ai bien changé, je sais. Je sais."
M.Hibou
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L’arme est redressée, bientôt abaissée ; Hibou se prépare à son proche départ avec les yeux plissés et le visage froissé. Mais pas de trépas, car mort ne vient pas, il entend plutôt des cris dans ce charivari : Panpan ravage perdu dans sa rage. Le soi-disant avisé est soudain paralysé, une boule au ventre, là, juste en son centre, et il ne peut qu’observer, assis sur les pavés. Il lui faut un temps pour voir la main qu’on lui tend et aux excuses, en sombre buse, il ne peut piper mots devant les maux. Lui n’a connu que les coupures de livres, n’a pas eu à se battre pour survivre. Lâche qu'il est ne mérite guère qu’on couvre ses arrières, ou se perde dans la violence, quoi qu’on en pense. Ces coups de poing sont son échec à s’être cachés dans sa bibliothèque et quand finalement on les lui présente, l'absence de leurs beautés d'antan le hantent. Dans son cœur endort ces instants passés d’or, alors que les enfants le réveillaient pour lui montrer ce qui les émerveillaient, et lui ronchonnait de leurs loisirs autant qu’il s'ébouriffait de plaisir.
Il se relève aidé de son élève, les yeux hagards, le suivant du regard. Le lapin a toute sa concentration lorsqu'il souffre ses lamentations. Rentrer chez nous, entend le hibou et il penche sa tête un peu plus stupéfaite. C’est une bien étrange notion à laquelle il n’a prêté attention. Maudit entre deux corps, temps passé quand il dort, il ne se sent ni vraiment humain, pas plus que sylvain. Dès le départ, il n’est chez lui nulle part. Détaché de lieu, il pense s’être créé mieux : des gens pour qui sourire et à qui appartenir. Qu’importe alors la tête, peau de bipède ou de bête, l'essentiel est le quotidien, se dit ainsi l’aérien. Mais c’est sa vérité, qu’il met de côté, car ce n’est pas le moment de plus de tourments : le Lapin se trouve mal, il a besoin d’amical et non d’un sermon du grognon.
Son regard ambré s'éclaircit, juste attristé de soucis, Archimède approche et sans reproche, pose les mains sur les joues du gamin. Les pommettes caressées de ses pouces, il reprend d’une voix douce : “Nous faisons ce que nous pouvons. C’est ainsi que nous survivons.” De même pour les civilisés se tait-il bien avisé. “Il faut simplement de, je pense, refaire connaissance. Ne soyez pas apeuré, car je peux vous assurer que, quels que soient les changements, vous serez toujours mon garnement. Je suis juste ravi de vous voir, c’est tout ce qu’il y a à savoir.” Malgré cette mauvaise journée, qu’il espère bientôt terminée. Il suffit de se cacher, veiller à ne pas la faire plus trébucher. “Je suis un piège sage, sourit-il en délaissant le visage, mais je sais quand déguerpir.” Et de préférence avant que ça n’empire.
L’emplumé enserre le poignet avec fermeté, le tire avec lui et son pas hâté (on admire l’effort du très peu fort). Le couard encourage le brave “ Vite, avant que ça ne s’aggrave. Lâchez ça et allons, fissa.”
