Babidibou ! voilà la Fée bleue

Il était une fois, une jolie fée qui n’eut pas d’enfance…

*Wow wow wow ! Tu fais quoi, là ? Une entrée en matière pitoyable pour justifier mon sale caractère ? Ne me retire pas le peu d’auto-déterminisme que j’ai. Ma mauvaise foi, je ne la dois qu’à moi !*

Mais est-ce faux pour autant, ô belle marraine ? Au sujet de l’absence d’enfance?

*Je suis née du désir d'autrui. D’une envie de miracle dans des moments de désespoir d’une vie, quand cette dernière est au fond du trou où on croit que rien ne pourra améliorer la situation, sauf une intervention magique. Une naissance TGCM en somme. L’étincelle magique au bout du tunnel qui relance le feu de la passion. J’ai eut alors différente forme, de la vielle gueuse au style vestimentaire douteux à la blondasse pas dégourdasse au sourire mièvre.

J’étais un clignotement d'existence, incertaine et floue, c’est à force que des pignoufs croient en moi et en mes soi-disant miracles que j’ai fini par être et me fixer dans cette apparence… plutôt agréable.*

Donc, pas d’enfance. Littéralement. La belle marraine la fée est apparue dans une jetée de poussières brillante au clair de lune, et un jour, a décidé de ne pas retourner dans le néant et disparaître jusqu’à sa prochaine invocation. Elle n’était alors rien, tout juste la somme d’une réputation vertueuse et mielleuse, on la présentait comme un petit bonbon délicieux.

*Ce fut un plaisir de grandir à contre courant de cette charmante légende*

Pêle-mêle, que peut-on t’attribuer, ô superbe Fée Bleue ?

La naissance d’un pantin de bois. Un père désespéré qui souhaite tant engendrer qu’il prie assez fort pour te faire apparaître.
*Quel égoïsme, si tu veux mon avis. Qui voudrait mettre sa descendance dans ce monde en pleine décadence ?*
Était-ce ta première apparition ? La seconde ? tout se mélange et tu ne fais guère d’effort pour entretenir ta légende qui s’auto-alimente bien assez à ton goût.

Il y a également l’amour trouvé qu’une pouilleuse cendrée. Une orpheline si triste de ne pouvoir aller au bal que son cœur au bord du gouffre use ses dernières forces pour t’invoquer le temps d’un battement.
*Quel foutoir ! Des chevaux cochets, des citrouilles carrosse ! Mince, j’ai même encore donné vie à quelque chose !*
Non et puis c’est quoi cette histoire de chaussons de verre ? Plus inconfortable, tu meurs.
*à la sonorité ça sonne pareil ! On ne peut pas me reprocher ça !*

En tout cas, tes chers enfants, tu les abandonnes tous.
*pardon ?*

Le pantin, la citrouille… tu ne sais même pas où tes miracles se promènent aujourd’hui.

Et il y a aussi cette histoire de château destiné à mourir que tu as rendu simplement endormi.
*C’était pas mal joué le coup des rouets ? Mais encore une fois, entièrement indépendant de ma volonté. Et un château entier contre une seule vie, les comptes sont bien mal répartis si tu veux mon avis.*

À t’entendre, rien n’est de ta faute.
*Qui sait même si tout cela est vrai ou simplement de la légende qu’on m’attribue ?*

La belle marraine la fée aurait pu extorquer, se faire payer ses babidi-bou de services mais incontrôlables, elle décida de ne jamais utiliser ses pouvoirs volontairement.  Magnifique, la marraine la fée bleu *tssk* aurait pu se démarquer et entrer dans le cortège des grands par un riche mariage auprès d’un noble et gagner ainsi le prestige qu’elle désirait. Mais encore une fois, La Belle Fée ne choisit pas la oisiveté et de profiter de ce qui lui a été donné. Si sa beauté est un don de naissance, elle ne l’utilisera pas, elle gravira les obstacles à la seule force de ses mains. Elle obtiendra tout et se battra bec et ongle pour !
Mais sans se casser le dit ongle pour autant, ni ne se froissant une jolie robe.

*C’est que j’ai des standards et une certaine flemme.*

Des standards bien bas, la fée considère souvent avoir été traînée dans la boue, à cause de ses Babidi Bou. Triste réputation selon elle, elle voulut cependant être reconnue mais par quelque chose qui n’était qu’à elle.
Sa radinerie.
*Mon sens des affaires !*

Madame la fée s'avère douée avec les chiffres. Alors elle troque, elle marchande, elle échange et elle gagne, patiemment. Chaque rubis gagné est à la sueur de son front et de sa matière grise, chose qu’elle considère à elle et bien à elle et non pas offerte.
Elle se développe en dépit des on-dit, se fait parfois mauvaise quand la légende la rattrape, devient aigre quand on s’approprie ses mérites. Mais toujours souriante face à la plèbe car quelque chose l’empêche de se révéler pleinement.

Une vie fragile qui ne tenait qu’à un fil blanc, un équilibre précaire qui ne demandait qu’à être renversé.
Ce fil fut coupé par un coup d’état. Un aléa qu’elle n’avait pu voir venir mais, ambitieuse et opportuniste, voici la fée bleue qui parvient à se faire trésorière du royaume.

*Naître à Wonderland était une évidence, bien que non de mon fait. Évidement que je devais naître dans le pays des contes de fée ! J’aurais pu choisir d’en partir, toujours pour aller à contre-courant de ce qui m’est imposé.
J’ai préféré ne pas le faire.
Ma réputation aurait pu m’apporter gloire et honneur.
J’ai choisi ma richesse.
J’ai même à force d’investissement acheté mon titre de noblesse, pour le perdre quelque temps plus tard lors de la révolte rouge. J’aurais pu me cacher lors de la prise de pouvoir de la nouvelle reine.
J’ai décidé de me dévoiler.*

Décider, choisir, préférer… La fée aime se définir, luttant contre le déterminisme que sa naissance lui a apporté. Elle même quintessence de la féérie des contes, elle se salit en s’associant avec l’argent et en se montrant sans pitié avec les finances.

*Le pays des contes de fée est pour moi le pays des comptes des faits. *

*Et merci, je m’en porte au mieux.*