On dit l’amour aveugle. Pour Staycie, il le faudrait mieux sourd.
Les premiers pleurs sont les plus cruels. Pas pour la gamine. Elle, bébé, ne s’en souvient pas. Mais pour toute l’équipe aidant à la naissance qui se demande comment un si petit bout de truc peut faire un boucan pareil. Les pleurs de bébé, c’est désagréable, hein ? Vous n’avez pas entendu celui de CE bébé.
Malgré tout (soyons franc : malgré la voix), sa maman l’aime de tout son coeur cette petite fille. Née d’une rencontre d’un soir mal protégé, le père ne fut jamais au courant qu’il avait engendré. Et sa mère, seule, a décidé de couvrir sa fille d’autant d’amour que si elle avait bien deux parents. C’est donc dans un cocon choyé que la gamine grandit.
Il y a pourtant de quoi en douter quand, dès la naissance, Maman l’affuble du ô combien ringard prénom de sa grand mère : Brigitte. Merci bien.
Petite Brigitte a une enfance on ne peut plus normale. Du genre chiant à écrire et raconter (et lire pour vous, heh !). Oh, bien sûr, sa naïveté et sa candeur en ont fait une victime plutôt idéale des brimades et du chahutage dans ses plus jeunes années… Mais grâce à son arme secrète (ses hurlements), bientôt, on trouva bon de la laisser tranquille. Pas de Drama de ce côté là.
Niveau éducation, ça se complique par contre. Brigitte met beaucoup de coeur à écouter. Pareil pour lever la main quand le professeur pose une question. Mais s’il a le malheur de l’interroger, le pauvre humain regrette vite son geste, se souvenant que la petite demoiselle n’a que peu de chance que son illustre cervelle ait la bonne réponse. Elle est charitable, Petite Brigitte. Et elle aime papoter. Alors quand elle voit le professeur face à un mur de silence suite à une interrogation, évidemment qu’elle lève la main pour juste le plaisir de parler !
Un plaisir non partagé.
Beaucoup d'instituteurs sont, sans doute à juste titre, très inquiets pour le futur de Brigitte et sa pauvre mère est alors régulièrement convoquée. Cette dernière, sans relâche, s’offusque et rétorque “ma fille n’est pas idiote !” avant d’hésiter et bredouiller (ne pouvant tout de même pas nier l’évidence) “Juste… Pas très éveillée…”
“Et toc !” pense petite Pinot qui range dans l’ordre croissant du reste d’encre les stylos de son professeur pendant que les adultes parlent. Sa mère raconte toujours la même histoire : qu’elle finira par éclore, petit bourgeons retardataire, mais ça viendra plus tard, beaucoup plus tard (Brigitte soupçonne que cette histoire vient de Mulan). Bon, bah, sa mère attend encore, mais admiront les croyances d’une femme qui se prétend pourtant athée.
Bref.
Si Brigitte arrive avec succès pourtant dans le monde cruel des études, c’est grace à des exigences peu hautes, une ambition quasi-absente et l’acharnement de sa mère célibataire à lui faire avoir des notes tout juste acceptables et non “correctes” voir pire… “bonnes”.
On peut être croyante à sa façon mais tout de même réaliste.
En bref, pas de drame familial dans l’histoire de ce personnage là. Sa mère était, envers et contre tout (surtout contre la voix de Brigitte), aimante et affectueuse envers sa fille, à défaut d’avoir quelqu’un d’autre dans sa vie.
Ah, mais c’est que c’était foutu, pensait la filette. Déjà 30 ans (la fin de la vie quoi) et une enfant…
La gamine se promet de ne pas commettre les mêmes erreurs et de ferrer le poisson avant d’avoir du plomb dans l’aile, quoi que ça veuille dire. Voir mieux : arrêter de vieillir avant 30 ans pour avoir tout le temps du monde. Rares sont ceux qui ont tenté de lui faire entendre raison. Nombreux sont ceux qui ont juste répondu " mais quelle bonne idée ! T’as bien raison” pour juste profiter de son petit minois satisfait et la faire taire.
Du coup, elle a cherché l’amour, Brigitte, très activement, sans succès, quelque chose faisant fuir tout ses prétendant (cherchez pas : c’est sa voix). Dès la primaire et jusqu’en ses études supérieures où elle suit une formation pour le très prestigieux métier de secrétaire.
Car oui. Qu’elle les trouvaient classe, Brigitte, ces reines de l’organisation ! Ces agendas remplis et annotés, ces pots à crayons toujours rangés, cette maîtrise du téléphone ! Tous les (rares) petits lumens de son bulbe brillaient avec tout ce qu’ils pouvaient pour atteindre cet objectif. Et à la surprise de tous, Brigitte y parvint !
Sans mention, bien sûr, on est toujours dans l’histoire de Brigitte.
Mais c’est avec ce destin nouveau s’ouvrant à elle, c’est en se sentant des ailes pousser que Brigitte alla bien vite à penser à son glorieux futur : “Bon, bin, pôle emploi hein.”
Une vie pleine de rebondissement (c’est du sarcasme).
Sauf qu’il y en a eut un de rebondissement (là, s’en est pas) : du genre un homme avec un masque de lapin qu’elle seule semble voir. La personne fut assez charitable pour lui indiquer que ce serait sa dernière journée dans ce monde et qu’après, elle rejoindrait les Otherlands.
Elle ne connait pas. Mais elle avait toujours été mauvaise en géométrie… heu. Graphie.
Et s’il y a bien une chose qu’on ne reprochera pas à Brigitte, c’est sa capacité à accepter ce qu’on lui dit. Du coup, elle passe une dernière journée avec sa mère, à qui elle tente d’expliquer la situation. Cette dernière, habituée aux histoires de sa fille (quoi que d’habitude, ces princes charmants sont beaux et ne portent pas de masque de lapin) ne la croit pas entièrement, même si elle disait “oui oui” dans l’espoir que sa fille arrête de trop lui expliquer.
Brigitte a beaucoup pleuré à la fin de cette entrevue. Sa mère allait être peinée de ne plus la voir et Brigitte n’arrivait même pas à lui expliquer pourquoi.
Elle n’avait pas envie d’aller dans un autre pays, elle aimait sa vie dans celui-là. Pire ! elle ne savait même pas si elle allait parler la langue !
Mais résiliente et le cœur lourd, elle prépare tout de même sa valise et y met le strict minimum utile : des carnets, des stylos à paillettes, sa calculatrice, quelques vêtements et surtout son très cher diplôme (sans mention) de secrétaire.
Quand l’homme au masque de Lapin revient, Brigitte est prête et le passeur fut chanceux car elle se contente de sourire, la gorge un peu trop nouée pour parler. Sans quoi, sans doute aurait-il pensé qu’il valait mieux rentrer bredouille. Peut-être aurait-ce été mieux, à bien y penser.
En tout cas, éveillée elle l’est(enfin) quand, au moment de donner son âme à la reine blanche, elle prétend que son vrai prénom, c’est Staycie. Et c’est pas un mensonge ! Au fond d’elle, Brigitte SAIT qu’elle est une Staycie (c’est tellement plus classe que Brigitte et ça fait tellement plus… secrétaire ! “Secrétariat de truc, Staycie bonjour !” Elle s’y croit déjà).
Elle donne son âme, bien qu’elle ait comme l’impression qu’elle n’a pas trop trop le choix dans le fond (éveillée on vous dit ! ça doit être le miracle du décalage horaire). Mais en tout cas, Staycie est très satisfaite de voir qu’elle a atteint un objectif qu’on lui avait souvent dit irréalisable : arrêter de vieillir avant d’être périmée comme sa pauvre mère. Le voilà le temps pour faire ses recherches afin de ne plus être célibataire ! Qu’elle est contente la petite secrétaire !
Tout juste arrivée à Wonderland, Staycie croit d'abord être dans un vrai conte de fée. Des Reines, Roi, Princesses ( heu ?!?!?! - résilience ON - Okay.), une technologie étrange et… Mais woaw ! Ce fut beaucoup pour son petit cerveau très limité. Mais comme dit, Staycie est conciliante comme fille. Elle s’est rattaché à ce qui est vraiment important : son statut de secrétaire célibataire. De bonne foi, elle a offert (imposé) ces services à la reine blanche…
Mais quelle n’est pas sa déception !
Cette dernière n’écoute rien et piiiiiire : elle la traite de… valet ?! Pire encore : Les gens semblent la mépriser ? Elle ? LA secrétaire ? Personne n’écoute ses planning ?!
Ainsi, maltraitée, mal employée, elle semble toujours déranger... Staycie est très vite malheureuse. C’est Tocquart land ici, oui ! (Et toc ! ). Et elle n’a même pas le droit d’apporter du thé lors des conseils royaux qu’ils soient militaires ou non. Un scandale, son image de secrétaire en Or en prend un coup ! Ces gens n’y connaissent rien. La royauté ? Des barbares, oui (Et toc toc !) ! Pire encore, on l'appelle même pas par son si joli prénom, mais alice. elle a jamais compris pourquoi, avec sa tête, c’est pas une tête d’alice ! Qu’ils sont bêtes ces gens. Des pas très réveill’és comme ils disent (triple toc !)
Alors Staycie, elle part et manque de bol pour lui, elle rencontre le diable.
Et elle en est trop trop amoureuse. L’amour fou est enfin trouvé et comme on le dit aveugle… Mais dans le cas présent, il le faudrait plutôt sourd et c’est pas le cas. Ah ! Dommage !
- En bref:
*589Ap.A : Staycie arrive malheureusement dans les Otherlands. Elle se proclame secrétaire de la Reine Blanche.
*591 Ap.A : Après deux années d’injustice, traitée comme un vulgaire valet et ne pouvant même pas apporter le café, Staycie quitte le royaume blanc pour rejoindre le Train (car vive la télé !) et devient secrétaire très dévouée du Diable.