The otherlands
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
RSS
RSS
AccueilDiscordRechercherMembresGroupesS'enregistrerConnexion



 
-14%
Le deal à ne pas rater :
Apple MacBook Air (2020) 13,3″ Puce Apple M1 – RAM 8Go/SSD 256Go
799 € 930 €
Voir le deal

5 participants

 .Falling from grace | Rumy.

Rumy
Salidoux
Icône : .Falling from grace | Rumy. Yfmb
Citation : “Yeah I’m strange, weird, off and even crazy, then move.”
Messages : 5
Âge : -
Race : Nouveau'thé
Métier : Acrobate au Moon Circus
Avatar : Rhythm Guide - Sky: CotL
Origine : The Legend of Zelda - BotW
Pouvoir : Plaie précieuse
TW : ///
https://otherlands.forumactif.com/
Rumy
Icône : .Falling from grace | Rumy. Yfmb
Citation : “Yeah I’m strange, weird, off and even crazy, then move.”
Messages : 5
Âge : -
Race : Nouveau'thé
Métier : Acrobate au Moon Circus
Avatar : Rhythm Guide - Sky: CotL
Origine : The Legend of Zelda - BotW
Pouvoir : Plaie précieuse
TW : ///
#1 | 11.04.23 17:02 | .Falling from grace | Rumy.
RUMY"broken, bruised, forgotten, sore,
too fucked up to care anymore"
Informations
Nom : S’est appelé Ruben ; rares sont celleux qu’il autorise à le surnommer Ruby.
Âge apparent : Assez indéfinissable, mais on présume au-dessus de la vingtaine.
Âge réel : Soixante-dix-neuf ans — véritablement découvert en 532 après Alice.
Race : Nouveau’thé.
Genre : Agenre. Il ne reprend personne sur une méprise qui n’aurait pas lieu d’être et use par commodité du masculin en guise de neutre.
Sexualité : Aromantique & asexué.
Groupe : Memeland.
Âme : Jadis donnée à White Queen contre son gré, rachetée ensuite à la libération de Rumy puis scellée par Alice dans un rubis une fois arrivé à Memeland. Ladite pierre a ensuite été jetée au fond d’un gouffre de No Man’s Land et Ruben ignore absolument ce qu’il en est — il s’en fiche, de toute manière. Du moins, c’est ce qu’il prétend.
Métier : Acrobate au Moon Circus, spécialité ruban aérien. Accessoiriste, accessoirement.
Origine : The Legend of Zelda — Breath of the Wild.
Pouvoir : Plaie précieuse. Quand on frappe Rumy en n’importe quel endroit de son corps, qu’il s’agisse d’un choc involontaire ou d’une agression intentionnelle, avec saignement ou sans, un rubis jaillit de la zone affectée. Une gemme par coup, plus ou moins grosse selon la douleur provoquée. On peut noter pour l’exemple qu’une claque en crée de la taille d’un gravillon, une chute malencontreuse éparpille des noisettes chatoyantes, une attaque au couteau révèlera un œuf mirifique là où la lame s’est enfoncée, et pour peu qu’on lui brise un os avec un gourdin, on peut carrément induire un joyau de l’épaisseur d’une pomme. La couleur, elle, est aléatoire, rouge, bleue, verte, jaune, violet, même si un géologue ne saurait s’y tromper ; il s’agit toujours du plus pur des corindons.
Particularité physique : Translucidité. Exposé à une forte source de lumière, de quelque nature que ce soit — flamme, néon, projecteur, soleil cuisant ou simple lampe-torche —, la chair de Rumy se pare de reflets nitescents sur fond d’invisible. L’on peut dès lors voir à travers comme une bulle de savon ou une feuille de verre irisé, le plus souvent de façon localisée, puis son épiderme retrouve son ton ébène sitôt que la lueur faiblit. Autant préciser que ce don-là ne sert à rien, même s’il a son charme...
Avatar : Rhythm Guide — Sky: Children of Light.
Physique
Longtemps je n’ai pas appris mon corps. Pas appris à le connaître ni même à l’apprécier, aurais préféré qu’il n’existe pas ou qu’il ne soit pas mien. Des années où je ne me suis rien dit sur lui sinon qu’il aurait mieux fait de disparaître que c’était sa faute ma faute notre faute puisque nous sommes ensemble au monde mais non, c’est fini tout ça, loin derrière, jamais plus. Et béryl sa mère, merci à lui d’avoir tenu, mille mercis d’être debout aujourd’hui encore et d’être tout ce que je possède, tout ce que je suis — rien moins que mon unique trésor.

Vrai que je tape dans l’œil par défaut, souvent, avec un faciès pareil dur de faire autrement — c’est même pas une histoire de compliments sauf pour qui trouverait charmant une queue-de-pelle noiraude, la peau nuance de nuit sans lune, sans étoile, cette teinte d’obscurité où je suis né comme si l’on m’avait trempé par les cheveux dans une flaque de ténèbres, plouf plouf, à s’y noyer. S’il n’y avait que ça ! Ai toujours attaché en queue haute cette filasse nuageuse qui s’emmêle à la moindre bise. À la cime, en prise directe au vent, deux plumeaux aux airs d’épis rebelles — t’avise pas d’y toucher —, supra sensibles, mes vibrisses à moi, rien à voir avec ces tenons de chair atrophiés de part et d’autre de mon visage, nah, pour trouver mes oreilles direction là-haut où elles se dressent façon antenne radar — touche pas, j’te dis ! T’aimerais qu’on te tripote les tympans à doigt nu, toi ? Non. Bah pareil. Ça remue, ça frémit, fioup, innervé, capte les vibrations comme un organe auditif et si t’essaies de couper, rien ne repoussera. Comment je le sais, puisque j’ai encore les deux ? Le sais, c’est tout. C’est mon corps. Un brin fienteux quand y a beaucoup de vent, j’avoue, parce qu’à lors les ondes passent mal, mais. Au pire je te demanderai de répéter.

Si je devais mettre un sou chaque fois qu’on m’a demandé « il est où, ton visage ? », je vivrais dans l’opulence, sans rire. Il est là, bigleux, c’est juste qu’il coche pas les critères standards, loin de là, eh, tu crois que j’ai choisi ? Moi aussi j’aurais aimé avoir une ligne bien définie de sourcils, un nez troué par deux fois et cette drôle de cicatrice boursoufflée pour entourer ma bouche — non, je plaisante, yeurk, qui voudrait de ce truc mou qui craquèle quand il est sec ? « Face-de-masque », « tête hulotte », ai déjà entendu ça pour me désigner, et si les goguenards se la jouaient drôle je peux pourtant pas leur donner tort ; là-dessus tout est aussi lisse que si l’on y avait plaqué un voile uni, jusqu’à l’excroissance à la pointe douce qui fait office d’appendice nasal, poupée de bois inachevée. De la peau sans aspérité, pareille à une laque veloutée qui en intrigue plus d’un. Quoi, tu veux savoir comment je respire alors que je suis dépourvu de narines ou comment je parle sans desceller la bouche..? Laisse tomber, la réalité est plus basique qu’il y paraît : on peut toujours me noyer comme quic— eh, c’est pas une invitation ! Ai ça dit bien des yeux, deux globes de chouette effraie, le genre de billes phosphorescentes qui ne tolèrent guère la lumière du jour, elle les incendie donc je les clos quasi tout le temps ou bien cède une fente infime pour me repérer, jamais davantage en journée, une chance qu’on me laisse vivre la nuit. Pour ça, Bonfire meilleure saison, y a pas à tortiller de la croupe. La pénombre éternelle ? j’en suis. Puis pour la bouche, d’ailleurs, cherche pas les dents là-dedans tu n’y trouveras qu’une tanière exiguë où niche une langue marine pas plus large qu’un pouce, cachée derrière une entrée aux airs d’entaille infoutue de faire la différence entre une moue et un sourire. Certes on repassera pour la sensualité, mais je t’assure que c’était loin de déplaire à ceux qui ont voulu tester.

Pour ce qui est du reste de la planche anatomique, on retourne à du classique, un anthropomorphisme quelconque. Sache néanmoins que mon mètre cinquante-sept ferait de moi l’un des plus grands spécimens de mon espèce — à croire que la vie en surface a eu des effets étranges sur mon développement — et que mes petits potelés de congénères s’épouvanteraient probablement de constater à quel point ma carrure s’est effilée depuis qu’on m’a arraché aux mines. Ne subsistent du rumy moelleux d’antan que ce pompon de queue bleuet et, sur un tronc plat comme une planche, glabre de partout sauf d’une flaque de fourrure blanche qui court dense du sternum à mes reins, son résidu de pelage léporidé, sans rien entre les jambes que deux orifices pour les besoins naturels. Aurais oublié ce détail, tiens, tant il est anodin pour notre race ; puisque nous naissons de l’Alpha par... hum, y a un terme pour ça... bref, nous ne possédons pas d’organes génitaux et lui seul dispose d’un appareil reproducteur capable de nous engendrer. Question de maturité ? Même pas. Les voies de l’Alpha sont impénétrables, que veux-tu. La question se pose pas et je peux aller me rhabiller.

Mental
Nous, les rumy, il est de notoriété publique qu’on est pas réputé pour notre intelligence. Inutile de se leurrer — j’en serais pas là si j’avais eu un chouïa plus de jugeote — même si me suis rattrapé depuis. L’unique chose qui fonctionne bien dans notre caboche, c’est l’instinct de survie, alors pour sûr le mien est aussi rodé que ma prochaine chorégraphie. Parce que la nature nous a façonné de la sorte, méfiance et panique marchent en cycle clos dans la moindre de nos cellules tatouées par une histoire qui nous a montré que l’inconnu rime plus souvent avec danger-casse-toi-ça-pue qu’avec séjour-bien-être-hammam-inclus. Là où je diffère de mes confrères, c’est que l’eau de mon puits a été empoisonnée il y a de ça bientôt soixante ans et que je n’ai jamais réussi à la purifier de cette colère qui y stagne, une vraie saumure, ai même pas envie d’en parler tellement ça me prend à la gorge. J’y peux rien, plus âcre tu gerbes. Chacun pourrait y aller de son interprétation, de sa petite idée sur la solution, je m’en cogne. Je dois plus rien à personne ; ai trop donné déjà pour faire encore attention à pas déranger, pas perturber, pas m’exprimer, pas vivre. Soixante ans que je suis en guerre alors foutez-moi la paix. Juste.

On me trouvera égoïste et on aura pas tort. Sans tact ni manières, pour ce que ça sert. La compassion n’est pas mon fort, sans rancune non plus, d’autant que je réserve la délicatesse à mes numéros de cirque plutôt qu’à ma diction. Pas désolé d’avance pour les grognements et les jurons que je peux sortir : suis mauvais bougre, voilà tout — pas que j’en tire de la fierté, mais ça m’empêche pas de dormir. Les longs discours sur les valeurs vertueuses l’éthique la charité ou le respect j’en ai pas grand-chose à carrer, rien de tel pour m’agacer quoique je dis pas que frapper les agnelles c’est bien, inversez pas tout, seulement, je valide la vengeance qu’elle soit froide ou encore tiède. Et s’il faut voler ou trahir pour survivre, soit. Volons. Trahissons. Les morts ne peuvent plus se regarder dans le miroir et un vilain vivant vaut mieux qu’un samaritain enterré. C’est peut-être pour ça qu’au fond j’ai du mal à reconnaître mes torts et à m’excuser, ou plutôt, que je les assume sans chercher à changer. Pareil pour les critiques ; j’encaisse, j’accuse, sauf que si ça vient pas de moi elles resteront là à moisir, un haussement d’épaules et baste, aux oubliettes. Fatalement, ce caractère sauvage ne m’apporte guère de grandes amitiés ; elles tiennent même du miracle, à ce stade. On s’y fait. Moins de gens, moins d’ennuis.

À la fin il y a que là-haut que je me sente bien, suspendu au-dessus du vide. Que moi et l’espace, car ne touchant plus terre celle-ci disparaît avec le poids de l’existence, je redeviens rumy pour un temps isolé, retourne à mes origines dans la pénombre du chapiteau, m’élève solitaire à la force des muscles et cueille mille regards qui jamais oseront m’effleurer. Loin de la poussière je m’accorde une pensée pour les autres, calfeutrés dans les tréfonds de la mine — Sont-ils toujours cachés et heureux dans les abysses ? Y a-t-il eu de nouvelles naissances ? Est-ce que je leur manque ou m’ont-ils oublié ? Les questions s’envolent au son du drapé qui se froisse, comme un appel assourdi par le silence. Et tant qu’ils n’auront pas répondu, je continuerai à grimper ; dans ce cirque où mon passé n’a plus d’importance, c’est pas une place que je cherche, moi qui n’ai plus de racines à planter, mais simplement une raison de prier.


Anecdotes
hyperlaxe — se nourrit essentiellement de jus de fruits et de légumes ainsi que de graines qu’il gobe — a toujours des fruits secs dans les poches — myrtilles >>> all — dort en boule dans un panier fermé, plus rassurant, néanmoins il arrive qu’on le déplace sans s’en rendre compte — prend grand soin de sa fourrure ; elle luit comme une neige fraîche sous la lune — période quotidienne d’activité : 18 h 00 - 9 h 00 — horaires très aléatoires durant la saison de Bonfire — quatre orteils à chaque pied — a horreur des insectes et des canidés — haptophobie modérée ; si l’intention vient de lui, ça passe, sinon il fera tout pour s’écarter, et qu’on le force peut dégénérer en crise d’angoisse — mauvais perdant — humour taclin — adore le son de la pluie — roi des fausses bonnes idées — ...




Histoire
Je n’ai pas d’histoire.

C’est ce que j’aimerais répondre aux gens, chaque fois que leur curiosité s’emballe. Le truc, c’est que personne y croit, forcément — tout le monde a une histoire. Et vouloir la taire y change rien, elle vous reste crochetée à l’ombre comme la pire poisse qui soit. La mienne est pas du genre enviable, mais jouer les victimes très peu pour moi, je suis pas là pour me plaindre alors je vais vous la faire courte, échelle ou paille à vous de tirer.

Je suis né dans les Mines, loin, très loin de la surface, parmi les miens. À l’époque, je savais même pas que le monde extérieur existait ; le nôtre était là, secret, enfoui sous des strates et des strates de roches, sans lueur autre que celle de notre pelage et de nos yeux grands ouverts sur l’obscurité, à vivre en troupeau idiot et bienheureux sous la protection de l’Alpha. On manquait de rien parce qu’on avait besoin de rien, on gambadait et on dormait, pas grand-chose de plus, à lécher les pierres humides pour nous hydrater, une vie minérale, une vie de fossile soyeux, sans parole, sans désir, sans attente. Quand l’Alpha se reposait, on s’amassait tous contre lui ; quand il marchait le long des galeries naturelles nous le suivions comme autant de gros flocons bleutés ; quand il se grattait les flancs nous faisions de même, par réflexe plus que par volonté. Et le temps aurait pu passer ainsi infiniment sans qu’il arrive jamais rien, sans que personne connaisse notre existence.
J’aurais préféré.
Encore maintenant, j’aurais préféré.
La terre avait tremblé et nous aussi. Penses-tu ! Aucun de nous avait déjà vécu une explosion, j’aimerais t’y voir, à notre place. Des secousses constantes, irrégulières, pendant des jours — et je dis « jours », mais le terme lui-même nous était inconnu — qui nous obligèrent à migrer plus loin, plus bas encore dans les tunnels et les grottes de cristal. Là, on a attendu. On a appris ce que c’était d’attendre. Puis on a aussi appris l’appréhension, l’angoisse et tous ces sentiments de crainte qu’on aurait jamais dû éprouver. C’était bizarre, même pour l’Alpha. Parce qu’il était désorienté, nous l’étions aussi. Parce qu’il redoutait ce qui pouvait advenir, nous le redoutions aussi. C’est ainsi que nous avons appris la notion de futur, quand le temps s’est déchiré. Bientôt, la roche a fait de même. Ce qui n’était qu’une fissure dans une paroi s’est mis à trembler, à se fendre, à s’élargir au rythme d’une pointe luisante qui s’y enfonçait violemment, une, deux, trois, trop de fois pour que je m’en souvienne — une faille s’est ouverte avec de l’autre côté des silhouettes que nous avions jamais vues, éclairées d’une lumière orangeâtre, trop criarde pour nos yeux, et dont les sons de gorge étaient si forts qu’ils couvraient presque le bruit de leurs outils. C’était la première fois que nous voyions des humains.
Nous avons détalé. Ceux qui en étaient capables se sont vaporisés, certains se sont cachés derrière les stalagmites, d’autres se sont éparpillés en panique à la recherche d’un abri. J’étais de ceux-là. Tellement panique d’ailleurs qu’en cavalant au hasard je me suis écrasé le museau sur le premier bloc rocheux en travers du chemin ; de ma douleur a jailli un scintillement, une pierre de la taille de mon œil. Moi, trop sonné pour comprendre ce qui se passait, je l’ai pas aperçue — les paillettes, en revanche, si, plein. Les humains, eux, ont vu que le caillou. Ça les a rendu fous. Et c’était fini. J’ai eu beau me rétablir et bondir comme un dératé, une impasse a eu raison de mon échappée. Un cul-de-sac de misère, nulle part où disparaître, alors qu’est-ce que tu fais quand t’es un lapin fluorescent poursuivi par cinq mineurs en quête de la pépite de leur vie ? Tu pries. Même quand t’as pas de langage. Et eux n’ont eu qu’à me ramasser.
Je me souviens avoir crié.
Aucun de nous avait jamais crié, avant.


Il m’a fallu à peu près quinze ans pour être en capacité de mettre des mots sur ce qui s’est passé ensuite. Et quand j’ai eu la raison suffisante pour intellectualiser cela, tout ce dont je me souvenais, c’était l’épouvante brute qui battait en moi, le vacarme d’un chantier où s’affairaient des cohortes de monstres bipèdes au fracas des métaux et des pierres, et les mains de cette petite qui, en me voyant, avait exigé de pouvoir me porter. Après la rudesse de ces phalanges qui m’avaient trimbalé par la peau du cou jusqu’à la surface, je vous assure que ces paumes-là, le genre à n’avoir jamais connu le moindre outil sinon des couverts en argent, étaient aussi douces que le souvenir de mes frères et sœurs. Elle m’a serré comme elle l’aurait fait d’une de ses peluches — j’ai essayé de fuir — elle a serré plus fort — je l’ai mordue — elle m’a lâchée avec un cri — et un autre monstre souterrain m’a attrapé de nouveau. Peine perdue. L’échappée, je pouvais me la fourrer où je pensais, même si à l’époque je pensais pas trop.
On m’a mis dans une cage d’alouette, bien trop petite pour que je puisse seulement faire demi-tour, avec cette gosse qui collait son visage à tous les barreaux pour m’observer sous tous les angles ; je jure que si j’avais pas été aussi panique, je lui aurais arraché la truffe et tout ce qui dépassait de mon côté. À partir de ce moment-là, le monde est resté strié comme ça, barré de fer, sol et plafond de bois. Mon champ de vision, durant les soixante ans qui suivirent, a toujours, toujours, toujours, contenu ces rayures noires, sans que je parvienne à les oublier une seule seconde. Franchement, on aurait pu me les découper-coller sur la rétine que ç’aurait été pareil.
Plus jamais.
C’est le propriétaire de la mine, et accessoirement père de la fillette, qui m’a récupéré. Qu’il ait voulu lui faire plaisir ou considéré que j’étais un produit de sa propriété et, à ce titre, qu’il avait le droit de me posséder contre l’insurrection de ses employés, peu importe son motif. Il le pouvait, il l’a fait. Il ne savait juste pas encore, pour le caillou. Si seulement il l’avait jamais su.

Au départ, suis resté dans la chambre de la p’tite. Enfin, chambre. Le truc était limite plus grand que ma grotte, et brillant de partout, clinquant même, des tissus à plus savoir qu’en faire, des tas d’animaux immobiles sur les étagères qu’elle faisait valser ou qu’elle invitait à prendre le thé — parfois ils répondaient, ça l’a faisait rire et moi ça me filait les jetons, une antre du démon cette pièce. Sauf qu’à force d’y rester, à force de la voir bouger sur ses deux pattes blanches, roses ou bleues selon les jours et les vêtements, à force de la regarder tripoter ses affaires avec ses mains pleines de doigts, sans même comprendre pourquoi, me suis mis à muter. Les mois passants, le poil s’est raréfié sur mon museau, mes griffes se sont affinées tandis que mes pattes se sont étendues, les branches d’or sur mon crâne se sont flétries avant de chuter, remplacées par une fourrure plus longue, crayeuse, mon petit bec-truffe s’est amalgamé à mon faciès, mes pattes ont poussé. On m’a changé de cage plusieurs fois, de régime alimentaire aussi, d’exposition au soleil parce qu’ils croyaient que j’avais attrapé une maladie dégénérative ou je sais pas quoi. Je sais toujours pas quoi, d’ailleurs, mais zircon, c’était p’tet bien ça : la maladie des humains. Je devais pas être beau à voir, encore moins pour une gosse de six ans qui pensait posséder un gros hamster luminescent — manque de bol, j’ai fini par ressembler à une petite goule pelée dont les yeux lui filaient des cauchemars, ces deux billes de folie jaune qui s’ouvraient la nuit à l’autre bout de son lit.
Ils m’ont jeté pour ça. Du moins, ils auraient dû. Quand elle en a eu marre de m’avoir, moi qui n’avait presque plus rien du doudou, ils m’ont transporté à l’arrière du manoir, toujours dans ma cage qui me sciait les épaules à chaque pas, avec le père qui marchait derrière, une grimace de dégoût sur la face. Je suppose que s’ils avaient continué comme ça, j’aurais nourri sa meute de chiens dans la demi-heure. Ç’aurait été fini, baste. Ouais, crever à ce moment, peu importe la manière, ç’aurait été mieux, je pense.
Mais l’un des domestiques a trébuché. La cage lui a échappé et moi avec — la gueule dans les graviers un mètre plus loin et puis, éparpillée dans la douleur, une semée de joyaux verts et bleus tout autour. Tout s’est arrêté pendant une seconde. Ils ne m’ont pas ramassé tout de suite ; les cailloux les intéressaient mieux. Je pouvais pas comprendre, à cette époque, pourquoi ça les rendait dingue, ces graviers. Je pouvais pas comprendre pourquoi ils avaient réitéré l’expérience, la chute une nouvelle fois, le plat sur l’allée de terre, moi comme une piñata improvisée, sous leurs cris ébahis, non, je comprenais rien, j’avais juste mal partout et je couinais de terreur en lâchant ces étoiles qu’ils récupéraient plus méticuleusement qu’ils le feraient jamais avec moi.
Ce jour-là, j’ai pas nourri les chiens — dommage. J’ai réintégré la maison, mais dans une autre pièce, la chambre personnelle du maître des lieux, car surtout pas dire à la gamine que son animal avait trouvé une nouvelle utilité. Il m’a placé là, derrière un large paravent, recouvert d’un drap de velours comme un secret, un trésor. Et ainsi ont commencé cinquante-huit ans de calvaire.

Parfois, j’aimerais crever juste pour espérer oublier ces années-là. C’est un coup à oublier tout le reste mais à garder ça en cicatrice sur l’encéphale, tu la sens venir l’ironie alors je m’y risquerais pas ; tu veux savoir l’effet que ça fait ? Enferme-toi dans tes chiottes et retire le trône, retire le papier-peint et le rouleau de papier, retire tout jusqu’au moindre petit boulon, au moindre petit carreau de céramique que t’aurais pu haïr autant qu’aimer, et reste là-dedans pendant cinquante-huit ans. J’suis gentil, je compte pour toi : un milliard huit cent vingt-neuf millions de secondes coincé dans tes chiottes sans rien. Ça fout le vertige, hein ? Enfin, « rien », j’exagère : tu peux te rajouter, une fois tous les trois-quatre jours, la visite du nanti-nobliaud-tout-ce-qu’il-faut — s’il a chié droit il daigne te regarder, sinon même pas un mot — qui vient soulever le drap, glisser son sceptre entre les barreaux et te frapper au hasard, peu importe où pourvu qu’il te touche et puisse ramasser son dû. Quand c’est pas assez il frappe plus fort, d’façon c’est toi qui fais pas d’effort, et surtout ta gueule sinon il t’en rajoute, pour l’insolence.
J’ai bien essayé de me laisser crever pour y échapper, d’arrêter de manger ou que sais-je, crois-moi que la force était toujours la solution. Il m’a tout pris : ma meute, ma liberté, mes décisions, mes pierres, mon âme. Même ma mort, il l’a prise, cent fois me l’a volée.

Le seul qui m’a traité comme un animal, et c’était déjà beaucoup, était le domestique chargé de me nourrir et de me nettoyer. J’ai jamais eu son nom, interdiction, pour se protéger je suppose ou bien parce qu’il en possédait pas non plus, ni de visage d’ailleurs, seulement un masque noir, lisse, un masque et une voix, cette même voix qu’il m’a offerte par murmures, par poussières en l’absence de son maître, par miettes infimes que je becquetais maladroitement, imitant les sons qui émanaient de ce faciès dénué de reliefs. Grâce à lui j’ai acquis une langue et, à travers elle, une conscience nouvelle ; le monde cessa d’être douleur, faim, soif, sommeil et peur.
Enfin, si. Le monde continua d’être douleur, faim, soif, sommeil et peur. Cependant il fut aussi chaleur, temps, envie, rêve et réconfort. Et beaucoup d’autres choses. Tellement d’autres choses qu’il devint difficile de les garder secrètes, muettes à l’intérieur de mon gosier, et quand il arriva le moment où le propriétaire se rendit compte que j’avais reçu cette éducation clandestine — j’aurais mieux fait de fermer ma gueule, oui je sais, y a rien que je regrette autant que ça, après le fait d’avoir été capturé — il se débarrassa du responsable et redoubla de sévices.
Ce qu’il est advenu de mon pédagogue... on me l’a jamais dit, mais j’imagine que les chiens ont fini par être nourris. Et moi, j’ai gardé en souvenir son absence de visage.


Avoir une voix a changé ma vie.
Celle de mon propriétaire aussi.
Certes, il continua de récolter ses cailloux à même ma chair, de ce côté-là pas de miracle. La grande nouveauté, c’est qu’il se mit à son tour à me parler. Eh oui, d’où croyez-vous que s’est affiné mon caractère ? Si le domestique parlait doux tout en patience, son patron ne lui ressemblait en rien. La moindre marque de gratitude ou de compassion l’aurait sûrement écorché vif ; pendant des années il m’avait même pas considéré comme autre chose qu’une bestiole aux œufs d’or, alors apprendre que je m’étais rapproché à son insu de l’état d’être humain devait lui filer la gerbe au-delà du possible. Surtout que, depuis le temps, j’avais compris qu’il oserait jamais me tuer — car où trouverait-il ensuite les fonds nécessaires à son train de vie des plus luxueux ?
Nos rapports n’étaient que haine et châtiment. Il y avait rien de plus à en attendre. J’en suis même venu à le chercher. À le pousser à bout juste pour le voir craquer, jusqu’où il pourrait me frapper avant de se lasser. Trop déglingué pour m’arrêter, pour ne serait-ce que regretter. Ça me faisait tenir, vrai, c’est tout ce qui me restait.
Fou comme on peut s’habituer au pire, quand on est assez flingué là-haut...


Puis une nuit, ça s’est terminé. Je me rappelle pas tout, surtout pas quand, je rêvais pas pourtant mais c’était tout comme. La berlue. L’épouvante aussi, plus bouillante encore que dans les souterrains ce jour-là, au moment où le tissu de la cage s’est arraché — c’était pas lui, derrière les barreaux.
À la place, deux yeux croisés de rouge incrustés dans l’obscurité, deux yeux qui jamais ont cillé. Ils ont pas bougé pendant une éternité. C’est pas après moi qu’ils en avaient, je pouvais le sentir, une absence d’hostilité que je comprenais pas ; aucun geste aucune réponse. Juste posés dans l’ombre comme deux étoiles désastreuses.
Alors mon propriétaire est arrivé en trombe, encore en chemise de nuit, puis s’est jeté sur moi le visage blanchi par une peur qui sur le coup me laissa perplexe. Avant de se décomposer quand les étoiles se sont mises à parler. Le genre de voix qu’on entend avant de crever, ouais. De ce qu’ils ont dit, je me souviens plus, juste l’idée que c’était grave.
Enfin.
Assez pour se faire ouvrir le cou, en tout cas.
J’aurais dû craindre pour ma vie aussi. Paniquer. Implorer. Mais ç’aurait été me comporter comme lui, et tout ce que je ressentais à cet instant, tout ce qu’il y avait en moi en le regardant s’effondrer dans un gargouillis de gorge tiède, c’était le néant. Subir le même sort que lui m’importait aussi peu que d’être laissé vivant, je crois bien. D’ailleurs, ni l’un ni l’autre ne m’apparaissait comme une issue — c’est dire combien j’étais capable de réfléchir.

Elle a ouvert la cage avec la clef qu’il gardait toujours sur lui. Elle a dit :
Reste ou pars, le choix est tien.
J’ai rien répondu. Aussi aberrant qu’un mirage. Mais ô combien plus réel. Elle a reculé sans attendre la moindre réaction, comme elle était venue, ombre silencieuse sur les lambris feutrés. Elle devait être déjà loin quand j’ai étiré mes jambes hors de la cage. Que j’ai déployé ces muscles atrophiés, déplié ce squelette qui m’avait jusqu’à lors si peu servi. Je me suis cassé la gueule, ça oui. Incapable de tenir debout sans trembler d’effort. Où est-ce que j’ai trouvé l’énergie de m’approcher de lui, la question demeure entière — la rage, peut-être, celle dont l’épouvante avait calmé pour un temps la tempête — et du reste je ne me souviens plus non plus.

Juste qu’il ne subsista bientôt sous moi qu’une masse brouillonne et exsangue sur fond d’écarlate, des rubis par centaines éparpillés sur les tapis moites et mes mains tremblantes de douleur qui ne cessaient de s’abattre en cadence, l’une après l’autre après l’une après l’autre après
l’une après
l’autre


La suite fut plus simple. Tout, en vérité, paraît simple après ça.
Racheter mon âme auprès de la Reine s’apparenta à une formalité, probablement facilitée par la brouette de cristaux et les ecchymoses que j’emmenais avec moi en guise d’offrandes. Si elle tiqua sur les taches dont certains étaient encore maculés, elle n’en fit aucune remarque et je quittai le royaume sans même un regard en arrière, sans nulle part où me rendre sinon le plus loin possible, adieu, oui, adieu quel plaisir, et fuir par-delà l’horizon, plus loin encore, à jamais.

Voilà.

Je n’ai pas d’histoire.
C’est vrai.

Et le rideau de se lever sur la piste illuminée.




  
HRP
Bonjour, bonsoir ~
Ici DanDan qui vient compléter son tableau de pronoms personnels avec une narration à la première personne. Pas que ce soit par goût, disons que je voulais expérimenter, innover, disons, par curiosité ? Sinon voilà Rumy, son avatar est la raison pour laquelle il a été créé, vraiment ; ce n’est pas tout à fait un hibou mais il est chouette quand même, puis la Mer morte est moins salée que lui, la preuve il me déteste déjà. J’espère qu’il vous plaira ;ˆ;

Rain
Nouvelle tête
Icône : .Falling from grace | Rumy. VRmupE4
Citation : "Après la pluye, le biau tans"
Messages : 2
Âge : (~20 ans) UC Ans
Race : Déjan'thé
Métier : Danceuse streap teaseuse
Avatar : Kaiou Michiru {Sailor Moon}
Origine : Expression
Pouvoir : La vie en noire
https://otherlands.forumactif.com/
Rain
Icône : .Falling from grace | Rumy. VRmupE4
Citation : "Après la pluye, le biau tans"
Messages : 2
Âge : (~20 ans) UC Ans
Race : Déjan'thé
Métier : Danceuse streap teaseuse
Avatar : Kaiou Michiru {Sailor Moon}
Origine : Expression
Pouvoir : La vie en noire
Nouvelle tête
#2 | 12.04.23 18:49 | Re: .Falling from grace | Rumy.
Rumyyyyy ! Bienvenue, Côllègue, fufufu !
Rumy
Salidoux
Icône : .Falling from grace | Rumy. Yfmb
Citation : “Yeah I’m strange, weird, off and even crazy, then move.”
Messages : 5
Âge : -
Race : Nouveau'thé
Métier : Acrobate au Moon Circus
Avatar : Rhythm Guide - Sky: CotL
Origine : The Legend of Zelda - BotW
Pouvoir : Plaie précieuse
TW : ///
https://otherlands.forumactif.com/
Rumy
Icône : .Falling from grace | Rumy. Yfmb
Citation : “Yeah I’m strange, weird, off and even crazy, then move.”
Messages : 5
Âge : -
Race : Nouveau'thé
Métier : Acrobate au Moon Circus
Avatar : Rhythm Guide - Sky: CotL
Origine : The Legend of Zelda - BotW
Pouvoir : Plaie précieuse
TW : ///
#3 | 13.04.23 11:06 | Re: .Falling from grace | Rumy.
.Falling from grace | Rumy. 4148058454 .Falling from grace | Rumy. 4148058454 .Falling from grace | Rumy. 4148058454

Hâte d’aller fauter des troubles avec toi, camarade ~
Twinkle
Nouveau-thé
Icône : twinkle twinkle little bat
Citation : " Come on, dance with me ! The world is spinning, we can't just stand on it !"
Messages : 13
Âge : 22 ans
Race : Nouveau'thé
Métier : acrobate (moon circus)
Avatar : Power (Chainsaw Man)
Origine : Vampire (DECO*27)
Pouvoir : bisou magique
https://otherlands.forumactif.com/
Twinkle
Icône : twinkle twinkle little bat
Citation : " Come on, dance with me ! The world is spinning, we can't just stand on it !"
Messages : 13
Âge : 22 ans
Race : Nouveau'thé
Métier : acrobate (moon circus)
Avatar : Power (Chainsaw Man)
Origine : Vampire (DECO*27)
Pouvoir : bisou magique
Nouveau-thé
#4 | 30.04.23 17:50 | Re: .Falling from grace | Rumy.
R-rumy ? Acrobate au Moon Circus ?? Collègue ??? Hi hello super hype de le voir, re-bienvenue tout ça 💞
Trop mims cette pile de sel, j'ai pas encore tout lu mais bdiufvbsileubn j'arrive promis 🌻
Red Queen
Déjan-thé
Icône : .Falling from grace | Rumy. 6ee1ef820e41284e22acee18b9664739
Citation : “I'm an accident. I'm a lie. And my life depends on maintaining the illusion.”
Messages : 302
Âge : 19 physiquement, plus de cinquante en réalité
Race : Déjan'thé
Métier : Princesse
Avatar : Orihara Izaya - Durarara !!!
Origine : Blanche neige et Alice in Wonderland
Pouvoir : Baiser volant la vie et ronces empoisonnées
https://otherlands.forumactif.com/
Red Queen
Icône : .Falling from grace | Rumy. 6ee1ef820e41284e22acee18b9664739
Citation : “I'm an accident. I'm a lie. And my life depends on maintaining the illusion.”
Messages : 302
Âge : 19 physiquement, plus de cinquante en réalité
Race : Déjan'thé
Métier : Princesse
Avatar : Orihara Izaya - Durarara !!!
Origine : Blanche neige et Alice in Wonderland
Pouvoir : Baiser volant la vie et ronces empoisonnées
Déjan-thé
#5 | 30.04.23 18:48 | Re: .Falling from grace | Rumy.
La voilà !!! 🔥 bon courage pour ta fichette !
White Rabbit
Attrape-moi si tu peux
Icône : .Falling from grace | Rumy. 2mBAsYY
Citation : Follow the white rabbit
Messages : 308
Âge : 24 ans (~150 ans)
Race : Passeur
Métier : Passeur
Avatar : Heiwajima Shizuo
Origine : Alice au pays des Merveilles
Pouvoir : Terrier Express
https://otherlands.forumactif.com/t93-copain-comme-lapin
White Rabbit
Icône : .Falling from grace | Rumy. 2mBAsYY
Citation : Follow the white rabbit
Messages : 308
Âge : 24 ans (~150 ans)
Race : Passeur
Métier : Passeur
Avatar : Heiwajima Shizuo
Origine : Alice au pays des Merveilles
Pouvoir : Terrier Express
Attrape-moi si tu peux
#6 | 10.12.23 22:37 | Re: .Falling from grace | Rumy.
Tu es validé !


Aaaaw Rumyyyyyy .Falling from grace | Rumy. 1f62d ! Son histoire m'a brisé le coeur, l'IF m'a brisé le coeur, je ne suis plus que petite miette mouillée sur le sol. Mais bon, c'est avec quand même grand plaisir que je procède à ta validation !

Félicitations !

Te voilà officiellement des notres ! \o/

Tu peux dès à présent recenser ton avatar , ton pouvoir, créer ta fiche de liens, et surtout lancer une recherche de RP !

Si tu le souhaites, tu peux aussi créer un profil sur les réseaux sociaux pour ton personnage et rejoindre le discord du forum !
Contenu sponsorisé
Page 1 sur 1
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum

Sauter vers: