Entrée n°6: La méfiance de la Dragonne

Une des choses les plus surprenantes, lorsqu’on voyageait dans les Otherlands, était l’immense diversité des différents décors et climats que l’on pouvait rencontrer sur de relativement cours trajets. Enfin, que ce monde, régi par la folie, n’ai pas de sens ni de logique était un fait connu de tous, mais le voir de ses propres yeux et le vivre en était une autre. L’air sec et aride du désert qu’il me fallait traverser pour aller de New-Hongkinawa à Hollywood-Town et ses environs était un changement drastique au climat relativement agréable ainsi que l’architecture moderne toujours plus vertigineuse de cette dernière. D’ailleurs, je pouvais toujours apercevoir les gratte-ciel les plus hauts même après plusieurs heures de marche. Tout comme l’atmosphère de la ville aux allures presque futuriste détonait tout autant auprès de la ville de l’effroi et des farces, entourée de sa végétation ainsi que de ses prairies de friandises. Si je n’en avais pas pris l’habitude au cours de mes déambulations, je ne croirais pas être passé par ses trois lieux si différents en l’espace de quatre petits jours.

La ville du progrès étant ce qu’elle était, je tâchais d’y faire halte régulièrement pour me tenir au courant des nouveautés, et puis, il y avait toujours quelques personnes tellement occupées à suivre le rythme effréné des lieux qu’ils s’en remettaient à n’importe qui pour se débarrasser de leurs besognes jugées trop insignifiantes pour qu’ils perdent leurs précieux temps dessus. Cette fois-ci, j’avais décidé de faire un détour par Halloween-Town, certes, cela allait me prendre un jour ou deux de trajets en plus en fonction de combien de temps j’allais passer sur place, mais encore une fois, ce n’est pas comme si j’avais ailleurs où me trouver ni autre chose à faire. Et puis j’avais des choses à y faire et c’était sur le chemin, il aurait été idiot de ma part de ne pas faire d’une pierre deux coups, trois si jamais j’arrivais à mettre la main sur l’objet de mes recherches dans ce désert.

Enfin, j’étais arrivé à Halloween-Town sans encombre et pu ainsi me mettre rapidement à la recherche de mon objectif du jour : débusquer des Boo-quets, des petits animaux inoffensifs, et très mignons, facilement trouvables dans la ville. C’était des petits êtres peu farouches, aimant se rapprocher des habitants pour jouer et donner des fleurs à qui en voulait. Je ne mis effectivement pas longtemps à en repérer quelques-uns, je passai la journée avec ses derniers, à jouer avec eux et à les dessiner, faisant bien attention à reproduire leurs motifs le plus fidèlement possible, avec des notes sur le caractère de chacun. Je leur dis au revoir une fois la nuit tombée, révélant l’apparence lumineuse de ses derniers que la lumière du jour avait dissimulée jusqu’à maintenant. Je répartis le cœur léger et des fleurs en souvenir, que j’allais bien évidemment garder précieusement.

Je restais une journée de plus, à la recherche de mon deuxième objectif, bien plus compliqué cette fois-ci : un Lionion un petit animal très sensible et timide, fusion entre un lion et un oignon. On disait de ses derniers qu’ils faisaient larmoyer tous ceux qui s’approchaient d’eux, attristant ainsi ce dernier. On les disait aussi rare, difficilement trouvable dans la vaste zone qu’était Memeland. Mais ça ne me décourageait pas outre mesure, je savais qu’il faudrait probablement que je m’y reprenne à plusieurs reprises pour trouver des derniers, mais il fallait bien commencer quelque part. J’avais apporté de quoi me protéger les yeux et le nez des gaz lacrymogènes de ses derniers, décidant que je ne perdrais rien à bien-être préparée. Je passais la journée dans les environs de la ville, ratissant avec précision la Barbaprairie sans grande réussite. Je décidais de poursuivre ma route le lendemain, me dirigeant vers New-Hongkinawa. Je savais que j’avais peu de chances de trouver ma cible dans une ville aussi peuplé et bruyante, mais je devais tout de même m’y arrêter une journée. Et me voici donc, le lendemain, fouillant le désert entourant Hollywood-Town, en direction des champs de Westfieds.

Comparé à la chaleur du désert, la légère brise qui parcourait les champs et s’amusait à faire danser le feuillage de divers fruits et légumes plantés soigneusement en plusieurs rangées, apportait un réconfort plus que bienvenu. Le lieu possédait une ambiance calme et apaisante, chose rare dans le Royaume qui ne dort jamais. Si ma recherche devait être infructueuse, je pourrais toujours me poser à l’ombre d’un arbre pour dessiner le paysage et tenter de retranscrire l’atmosphère si particulière résidant ici. Enfin, j’allais devoir rester prudente, car malgré les apparences inoffensives, ces champs étaient très important pour les habitants et ces derniers étaient prêt à défendre leurs denrées corps et âmes. Et même sans aller jusqu’au pire scénario, le fait que ma présence puisse causer le moindre trouble était la dernière chose que je désirais.

Perdue dans mes pensées, je ne remarquais pas immédiatement la personne à mes côtés. Il s’agissait d’une femme à l’apparence jeune. Elle me demanda de me présenter avant de me questionner sur les raisons de ma présence avec un sourire délicat. C’était probablement une habitante ayant remarqué que je ne venais pas d’ici et qui me demandait la raison de ma présence. Après tout, les champs de Westfieds n’étaient pas la destination incontournable des touristes visitant Memeland. Enfin, je l’espérais, car sinon cela voudrait dire que j’avais fait quelque chose de suffisamment importun pour qu’elle doive intervenir.

- Bonjour, je me nomme Echo, enchantée.

Je m’inclinais légèrement en guise de salutations avant de reprendre la parole.

- Je suis à la recherche d’un animal originaire de ce Royaume dans le but de l’observer ainsi que de le dessiner.

Je lui tendis mon carnet comme preuve de ma sincérité et j’attendis tranquillement en l’observant. Elle possédait une allure élancée dont les habits ébènes élégants faisaient ressortir encore davantage sa chevelure blanche ainsi que ses yeux opalins. Il se dégageait d’elle quelque chose, comme une aura nostalgique, et je me disais qu’elle complétait parfaitement le décor nous entourant. Comme la dernière pièce d’un puzzle incomplet, elle illuminait le paysage tout en ayant l’air de ne pas vouloir en faire partie, telle une apparition éphémère, en y apposant un filtre mélancolique, presque surnaturel.

- Si cela ne vous pose pas de problèmes, peut-être pourriez vous me donnez quelques indications ? Je ne connais pas encore très bien cet endroit et je ne voudrais pas causer le moindre problème.