The otherlands
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
RSS
RSS
AccueilDiscordRechercherMembresGroupesS'enregistrerConnexion



 
Le Deal du moment :
ETB Pokémon Fable Nébuleuse : où ...
Voir le deal

2 participants

 Épreuve 4 || Otherlands - Just Married

Père Castor
Conteur d'histoires
Icône : Épreuve 4 || Otherlands - Just Married K5OhCv3
Citation : “I'm not strange, weird, off, nor crazy, my reality is just different from yours.”
Messages : 331
Âge : -
Race : -
Métier : -
Avatar : -
Origine : -
Pouvoir : -
https://otherlands.forumactif.com/
Père Castor
Icône : Épreuve 4 || Otherlands - Just Married K5OhCv3
Citation : “I'm not strange, weird, off, nor crazy, my reality is just different from yours.”
Messages : 331
Âge : -
Race : -
Métier : -
Avatar : -
Origine : -
Pouvoir : -
Conteur d'histoires
Epreuve 4

Double, double, peine et trouble
Otherlands - Just Married

Énoncé:

Vous auriez dû écouter mamie. Elle sait tout mamie. Elle sait que si les vaches sont couchées, c’est qu’il va pleuvoir. Elle sait qu’un cataplasme de moutarde calmera la toux. Elle sait qu’on ne prononce pas le nom de la “pièce innommable” ou l’on attirera le malheur sur scène. Elle sait mamie. Alors pourquoi ne l’avez-vous pas écoutée?! Vous voilà poursuivi par le mauvais sort.

Dans cette épreuve, l’un des personnages vit une journée où il est poursuivi par le malheur.  L’autre se retrouve à devoir intervenir, mais réussira-t-il à rompre le mauvais sort?

Contrainte:

Duo echo: Dans ce type de duo, les textes ont la contrainte de faire écho l’un à l’autre de la façon qu’il vous plaît. Cela peut-être l’introduction dans vos textes d’un même personnage, l’exploitation d’une scène similaire, une conduite sensiblement identique. Bref, laissez libre cours à votre imagination ! Les règles sont assez souples concernant le type d’écho choisi, mais essayez au maximum de jouer le jeu. Utiliser le même code de présentation n’est par exemple pas suffisant, de même que d’utiliser la même phrase en début de post sans autre lien.

Rappels importants:

Cette épreuve est d’une durée de 48h. (Du samedi 25 mars à 00:01 au dimanche 26 mars à 23h59.)
Il s’agit d’un duo en 2 posts (1 par champion) d’un maximum de 1500 mots.
Indiquez les trigger warnings (TW) en début de post s’il y en a et évitez les sujets sensibles. Si cela est impossible ou en cas de doute, utilisez notre code pour y insérer les passages plus délicats.
Code:
<div class="TW">Le texte</div>

Si vous ne voulez pas être commenté, indiquez-le de manière visible au début de votre post.
Les description de votre forum ou personnage en spoiler sont autorisées.



M.Hibou
Nouveau-thé
Icône : Épreuve 4 || Otherlands - Just Married Lu5QbCu
Citation : On n’apprend pas l’histoire à l’envers. Elle est déjà assez trompeuse à l’endroit.
Messages : 21
Âge : (~25) 130 ans
Race : Nouveau'thé
Métier : Bibliothcaire ambulant
Avatar : Natsume Takashi (Natsume Yuujinchou)
Origine : Hiboux Disney
Pouvoir : Ennuyeux
https://otherlands.forumactif.com/
M.Hibou
Icône : Épreuve 4 || Otherlands - Just Married Lu5QbCu
Citation : On n’apprend pas l’histoire à l’envers. Elle est déjà assez trompeuse à l’endroit.
Messages : 21
Âge : (~25) 130 ans
Race : Nouveau'thé
Métier : Bibliothcaire ambulant
Avatar : Natsume Takashi (Natsume Yuujinchou)
Origine : Hiboux Disney
Pouvoir : Ennuyeux
Nouveau-thé
Mamie dicton sait, mamie dit-on le dictait.
Un miroir est brisé, c’est sept malheurs d’assurés.
Sept malchances suivies, une vie par avance toute pourrie.
Mais ces jeunes décadents, avec toute leurs belles dents
se moquent des sages paroles et l'appellent vieille casserole.
Qu’elle en a plus qu’assez ! De ces jeunes effrontés !
Elle va leurs montrer que de ne pas l’écouter
c’est s’assurer les foudres de mémé !

Mémé-Malheur elle est, et sonne son heure elle le sait.

Car *Crash* fait le miroir ! On peut lui dire au revoir.
Et le petit hibou, déjà se prend le chou.
Depuis son perchoir, il a pu le voir choir
cet outil pour se refléter, tout en bas s’est brisé.
Et si ce n’était pas assez, alors qu’il était à grommeler
à devoir ramasser l’argenture émiettées
On toque à sa porte d’une bien étrange sorte.
Il est habitué à ce que ses heures ne soient pas respectées.
Est-ce le boucan qui a attiré le truand ?
Est-ce le baroufe qui lui amène esbroufe ?
Est-ce le manant qui arrive maintenant ?
Allons, cessons et continuons.

Il soupire et pourrait exprimer son ire,
bien s’énerver et ne jamais céder
mais c’est fatiguant il préfère prendre des gants
et traiter l’affaire avec tout son savoir-faire.
Un sourire fatigué, un “mais quel bel été !
Pour bien dormir, un livre devrait suffire”
Car le petit hibou, bien souvent sans un sous
achète et vend des livres, parfois les loue pour quelque £,
sa bibliothèque sur roue, qui lui évite de dormir dans la boue
est tirée par le cheval Picotin à qui il manque un grain.

Petit hibou humain, pas très du matin,
ne voulant faire le malin, sur quoi sera fait demain
il se cache en homme, et devient plus haut que trois pommes
et essaye de s’intégrer dans cette étrange société.
Il s’est mit à travailler, même s’il est tout le temps ensommeillé.
Personne ne sait, son très grand secret…
Que c’est pour veiller sur un Bambi esseulé
qu’il est ainsi placé sur la place du marché
afin de lui parler et se lier d’amitié.

Mais en cette matinée ? Qui a bien pu toquer ?
Pas très courageux, son estomac se pare de nœuds.
Mais l’étranger frappe encore, Hibou essaye de se donner du corps !
Je suis là dans un instant, prévient-il doucement.
-Ne fait pas attendre les passants, petit outrecuidant !
Il s’habille d’un chemise, et un gilet sera de mise !
Un pantalon est enfilé ; un marron, ses préférés !
Il ouvre alors à cette lumière perlée d’or,
et voit une petite mémé, toute d’allure courroucée.

Mémé-malheur s’invoque et ce, sans équivoque
à chaque miroir cassé, des dictons elle vient délivrer !
À qui voudra bien l’écouter, elle se fera aimer
Et au moindre culotté, elle saura se rebeller !

Sept heures de malheurs, à vous qui n’avez aucune valeur.
Un miroir est cassé, c'est une journée de brisée !


Heu, fait le hibou, Quoi ?”. Il est tout patois.
Pris au dépourvu, il tombe quelque peu des nu.
Mamie dicton continue “et bien jeune incongru !
Je suis là pour partager, essaye d’accepter
cette perle de sagesse et soit en liesse !

Plus que jamais confus, Le hibou se tord de refus
À la bonne heure ! Je n'accepte pas les colporteurs.
-Tu es comme les autres idiots, un bien jeune sot !
Je vais te faire regretter de ne pas m’écouter !
Ne sais-tu donc pas, que le mal presse le pas ?
Jamais n’arrive seul un malheur, ça va gâcher ton bonheur !

Ne t’a-t-on jamais dit, de ne pas ouvrir un parapluie,
jamais en intérieur, car c’est une grosse erreur !

Et voilà la vielle femme, devenue tout infâme
armée d’un parapluie, que ce soit dit
qui ouvre le dit outils, prête à blesser le petit.
Les baleines se déploient et glapissant tel une oie,
Archimède le volatile, ne trouvant plus utile,
se protège en pestant, mais quelle vie vraiment !
Il pourrait s’y blesser et se retrouver énucléé !

De colère il s’enivre et commence à s’ensuivre
une tirade bien sentie, olala mes amis !
Ah non c’est hibou, j’ai confondu de p’tit bout.
Archimède le sait, le meilleur remède
contre les cinglées, c’est de subir sans broncher.
Mais Pour-hou !-quoâ avez-vous fait ça ?
Votre petit jeu est très dangereux !

Car les vaches sont couchées ! N'avez-vous pas remarqué ?
Quelles vaches ?” s’enquit Archi, encore en lutte contre le parapluie
Et loin de se laisser abattre, la mémé bien acariâtre
se saisit d’un sceau entièrement chargé d’eau
comme s’il était invoqué pour perpétrer des méchancetés.
et d’un coup, elle crie “Laissez donc faire mamie !
Car comme on dit, mon cher petit,
vaches couchées, pluie assurée !

Et voilà qu’elle jette l’eau au jeune sot
qui encore enlisé dans son espace étriqué
encore embêté du parapluie déployé
n’arrive à éviter cette pluie, donnée par mamie.

Archimède est trempé, ses cheveux se mettent à goutter.
Son chandail est mouillé et à sa peau, sa chemise est collée.
un poil abasourdi et quelque peu abruti,
il lui faut un temps avant que n’éclate le printemps
un flot de belle paroles, pour saluer cette vielle folle.
MAIS ça ne va pas bien ?” éructe-t-il soudain
et s’il allait continuer, c’était sans compter
sur un passant qui bien pensant,
tente sans doute de l’aider, mais Archimède est excédé.
Il s’est entêté et n’a même pas essayé
d’entendre ce que l’inconnu lui a bien voulu.
Il l’a envoyé paître car dans son mal-être
il était trop occupé, à vouloir insulter
ces maudits humains qui sont tout sauf des saints
et qui semblent avoir décidé, de ce matin l’embêter.

Alors, oui, il allait crier. Sa respiration s’est accélérée,
si haut si fort, lui qui d’habitude dort
il avait la tremblote et du haut de la motte
de tout ses papiers maintenant tous détrempés
il allait hurler, c’est instantané.
Mais c’était alors sans voir  -car comment y croire ?-
la belle carotte poussée jusqu’à sa glotte.
Mamie-malheur est armée d’une botte à peine fanée.

Mange donc ça, si tu l’oses ! Ça te fera des cuisses roses.
Et ça te rendra poli, jeune petit malappris !

Il tousse, s'étouffe et bientôt, ouf !
Il a un haut le cœur, passe un sale quart d’heure.
Presque tué d’un légume, ce n’est pas coutume !
Il crache le bâtonnet orange et voilà ce qui dérange.

Archimède comprend, il en ferait tout en flan :
cette dame peut le faire chier. Il faut s’en méfier.
Car voici Mamie-Malheur, prête à gâcher chaque heure.
La malchance lui apporter, le mauvais oeil lui donner.
Un miroir brisé et tu vas avoir gagné,
sept malheurs et nul tricheur
ne sauront fuir ou bien en partir.
Sept malédictions des différents dictons,
et ce sera une vie gâchée, une existence méprisée.

Oh, Lucy Fair ! La belle affaire.

Car Hibou n’est guère courageux, il préférerait retourner au pieux.
Oublier cette sordide journée et retourner à rêver
mais la Mamie-Malheur, de toute sa splendeur,
va le maudir. Oh oui, il faut fuir.
Il le sent Archimède, que le meilleur remède
c’est de l’oublier, l’envoyer chier.

Elle qui semble si vielle, elle qui presque bégaye,
il ne doit pas marcher vite, ce vieux parasite !
Sa roulotte qui l’abrite, le hibou la quitte.
Il presse bien le pas, ne regardant pas où il va.
Il rentre dans des piquets, mais est trop paniqué
pour s’en plaindre car il voit poindre
la vielle bique car c’est bien là le hic :
Elle marche bien et malgré le mal de chien
que se donne Hibou à la semmer tel un caillou
elle le suit au pas et elle est toujours là.
Elle le talonne et ça l’étonne.
Alors il tente “Vous êtes longue à la détente !
Laissez moi tranquille, ou je m'exile sur une île !


À un coin de rue il tourne et c’est incongru,
contre des buissons de roses, sont posés ceux qui osent
repeindre d’ardent ce qui était blanc, voilà qui est embettant.
Le tout en chantant des airs entêtants.
Des échelles partout et le nouveau joujou
de Mamie malheur, ce perturbateur,
ne regarde pas où il va et bientôt passe au delà
ou en dessous et pour mamie, c’est fou !

Ne t’a-t-on jamais dit ? Passer dessous c’est interdit ?
Mais pourquoi n’avez-vous pas écouté ? Ce qu’avait à vous dire mémé ?
Vous auriez dû ouïr ce que j’avais à vous dire !

Pauvre sôt, pauvre idiot !
Car bientôt de sa canne, cette vieille carne
fait un croche-pied, au jeune hibou embêté.

Celui-ci trébuche sur ce chemin plein d'embuche
et fait un vol plané pour atterrir sur le nez.
Mais n’a-t-il pas remarqué ? Que sur la route il est allongé ?
Trop occupé, à frotter son nez
à stopper le saignement, bien trop abondant
s’il s’assoit sur son séant c’est sans remarquer que maintenant
une voiture arrive vite, et sa vie bientôt sera détruite.
Interforum - 1571 mots
Côme Gaillard
Invité
Anonymous
Côme Gaillard

Double, double, peine et trouble

Interforum XVI – avec Hibou (Otherlands)

Côme se promène. Le matin a déjà pris ses aises, laissant son grand soleil s’étaler largement au-dessus de Wonderland. Le jeune homme, lui, prolonge sa nuit en laissant son esprit divaguer dans un pays proche de celui des rêves tout en confiant à ses jambes le rôle de le faire passer pour éveillé. Ainsi, ses pas le mènent sur quelque chemin en périphérie de la ville. Il y saisit au passage des bribes de discussion, quant aux navets qu’il faut semer ces jours si on les veut beaux ; aux vendanges qui seront fécondes puisque les groseillers se chargent de fruits ; à la journée qui devrait être venteuse puisque le ciel était rouge, hier soir. Ces formules le font rire sous cape. Et pourtant, lorsqu’il aperçoit un groupe d’hirondelles danser au ras du sol, une pensée lui échappe : « Les oiseaux volent bas, il va pleuvoir… » Une seconde pour se reprendre et un coup d’œil au ciel le font écarter cette crainte. Racontars de grands-mères sentencieuses et de superstitieux, et il n’est ni l’un ni l’autre.

Cet instant de faiblesse oublié, ses pas s’enchaînent et le mènent à présent dans quelque rue tranquille. Heureusement, parce qu’il est bien parti, Côme, quelque part au loin dans ses contemplations. Une petite fraction de son esprit reste perméable à ce qui l’entoure mais ne se manifeste que si c’est vraiment utile. Ça ne l’est pas pendant longtemps, jusqu’à ce qu’une forme jaillisse d’une ruelle juste devant lui. Là, brusquement ramené sur terre, il se fige, en même temps que ladite forme : un chat, un beau gros chat bien noir, aux yeux aussi exorbités que l’humain qu’il vient de surprendre. Les deux êtres se fixent une seconde, puis le chat se tourne vers l’autre côté de la rue, hésitant : traverser, ne pas traverser… attirer dans son sillage le mauvais œil ou non… Côme, lui, n’hésite pas. Dans le doute, il tourne sur lui-même de quatre-vingt-dix degrés et il a bien fait, sans doute, puisque le félin se décide tout à coup à passer de l’autre côté de la chaussée. Mais Côme avait déjà changé de route donc il n’a pas vraiment traversé devant lui. Non pas que ça change grand-chose, hein… Quoique…

Le temps de repartir en orbite et après le chat, c’est un cheval qu’il croise. Auprès de sa roulotte, le paisible herbivore arbore un air à peu près aussi éveillé que le passant l’approchant. Côme s’arrête un instant pour le flatter avant de reprendre son chemin. Mais alors qu’il contourne la maisonnette sur roues, des éclats de voix bien peu en accord avec son environnement attirent son attention : on est sur la place du marché, où l’on s’interpelle et se hèle d’un étal à l’autre, parfois un peu d’énervement dans la gorge mais jamais avec ce ton de grand-mère sentencieuse. Il ne peut qu’être curieux et s’approche de l’esclandre.

En effet, c’est bien une grand-mère qu’il aperçoit dans l’embrasure de la porte de la roulotte, portant – sacrilège ! – un parapluie ouvert sous un toit ! La voix de sa propre aïeule s’invite aux oreilles intérieures de Côme pour le mettre en garde contre cette maladresse, faisant écho à la remontrance de celle bien présente. Et voilà que cette dernière braque l’objet du délit sur le jeune homme en face d’elle. Côme ne se mêle pas des affaires des autres, ce serait trop impoli ! Mais empêcher des injustices et la violence, c’est une tout autre histoire. Et c’est bien ce qui semble se jouer ici puisque le temps qu’il cligne des yeux, ne voilà-t-il pas qu’un sceau est apparu dans les mains de l’acariâtre. N’est-ce pas normalement la jeunesse indisciplinée et immorale qui s’en prend à la vénérable vieillesse ? Peut-être, mais ici, c’est bien la jeunesse qui se retrouve trempée de cette pluie que les vaches, ou les hirondelles, auraient annoncée.

Qu’importe, il faut agir. Les grandes jambes de Côme avalent en deux-deux les marches qui mènent à la roulotte pour prêter main-forte à la victime qui a du mal à se remettre de cette agression. Enfin, c’est ainsi que le cœur de ce grand justicier désintéressé, et modeste, imagine la situation. Et d’après cette logique, la vieille dame devrait être dans ses petits souliers d’avoir été surprise en train de se laisser aller ainsi. Les vieilles personnes tiennent à garder une certaine image, et même si elles y dérogent parfois, elles préfèrent toujours que ce soit loin des regards.

Ah oui, la logique… Eh bien, non, justement. Parce que la grand-mère au sang trop chaud et la pauvre victime sûrement frigorifiée se mettent à le malmener de concert. Le jeune homme, malgré les quelques vingt centimètres qui les séparent, l’envoie balader sans même lever les yeux vers lui. Quelques noms d’oiseau accompagnent même ce rejet. À côté, la grand-mère, bien loin de paraître honteuse, en remet une couche et finit de le repousser. Un peu plus et il reculait dans le vide, et descendait de la roulotte sans passer par les escaliers.

Qu’à cela ne tienne. On ne voulait pas de lui ? Tant pis. Il serait parfaitement capable de s’entêter, mais bon, si c’est pour recevoir à son tour un seau d’eau en plein visage… Et puis, aussi énergique que soit la mère-grand et aussi frêle que soit celui qui est peut-être son petit-fils, la première ne devrait pas mettre la vie du second en jeu. Pas à coup de carottes, en tout cas, se raisonne-t-il lorsqu’il voit le légume apparaître dans la main ridée – d’ailleurs, elle ferait bien d’en manger, elle aussi : peut-être que ça la rendrait plus aimable. Forçant ce sentiment rassuré à prendre le dessus sur la vexation, il repart, décidé à reprendre sa rêverie comme si de rien n’était.

Mais quelque chose a été, indéniablement. Il ne peut totalement l’oublier. Il tente de se raccrocher aux fils de ses divagations laissés pendants quelques minutes plus tôt, mais tenter de les saisir revient à essayer d’attraper de fins fils de soie avec des moufles. Ses pensées encombrées par cet évènement pourtant futile sont lourdes et retombent toujours au même point, peu importe jusqu’où il essaie de les élever. L’une d’elle, notamment, lui rappelle qu’il ne serait passé là si ce chat n’avait pas traversé la route et prétend que ça voulait sans doute dire quelque chose, ce que son côté rationnel s’efforce de réfuter. Mais on croit au destin ou pas. Et si Côme croit que sa rencontre avec Eurydyce dès leurs dix ans n’est pas un hasard, il lui est difficile de se dire que son chemin a été détourné sans raison.

Un coup d’épaule finit de le convaincre. Un petit coup accidentel, donné par quelqu’un avançant dans la même direction que lui mais plus pressé. Par le garçon de la roulotte lui-même. Cette fois, le nombre de coïncidence a atteint le niveau critique de deux et il n’en faut pas plus pour convaincre Côme et son ego que oui, ils ont un rôle à jouer dans cette affaire. Alors le voilà qui s’élance à la suite du jeune homme. Il ne sait pas vraiment ce qu’il fuit ainsi, puisque même lorsque le garçon se retourne pour, semble-t-il, interpeler son poursuivant (sa poursuivante ? Aurait-il besoin de presser le pas ainsi s’il n’était pourchassé que par une grand-mère croulante ?), Côme ne réussit pas à voir à qui il s’adresse.

Il doit bien y avoir quelqu’un, pourtant. À sa suite, Côme tourne au coin d’une rue juste à temps pour le voir passer sous une échelle – et se demander s’il tient vraiment à la vie. Et là, Côme l’aperçoit : la mère-grand est devant eux, sortie de nulle part. Pas essoufflée le moins du monde, elle joue avec maestria de sa canne, propulsant sa pauvre proie à plat ventre sur la chaussée. Sa vie ne devait pas être en danger, croyait Côme ? Il est bien détrompé. Parce qu’un véhicule arrive à grande vitesse et qu’il n’a pas l’air de vouloir s’arrêter. Ni une ni deux, Côme se jette en avant, attrape le bras du garçon pour le tirer en arrière, le hissant sur ses jambes dans le même mouvement. Il glisse légèrement, sans doute sous l’émotion, et Côme doit le retenir pour le garder d’aplomb.

- Nooooon ! s’époumone la grand-mère. Non, non, NON !

Côme se tourne vers elle. L’aïeule les fixe avec une expression désemparée. Mais alors que sa voix garde toute sa force, son corps s’estompe, perd ses couleurs et son opacité jusqu’à disparaître. Son cri désespéré résonne encore un instant dans leurs oreilles, puis plus rien. Côme pourrait croire avoir rêvé. Il cherche dans l’air quelque chose pour lui prouver le contraire, mais il ne trouve que la sensation du bras du garçon dans sa main. Et une odeur assez peu agréable, qui vient lui chatouiller les narines. Il cherche un peu autour de lui, baisse les yeux vers ses propres pieds puis vers ceux du jeune homme… Et une voix de grand-mère sentencieuse lui rappelle :

« Marcher dedans du pied gauche, ça porte bonheur. »

1588 mots

Yyc
Page 1 sur 1
Vous pouvez répondre aux sujets dans ce forum

Sauter vers: