Takoyaki under the deep dust sea // Cthu

« Ceci est le témoignage de tout ce que j’ai vu, et de tout ce que j’ai appris. Je dois noter tout ce que je peux à propos des horreurs qui hantent le monde extérieur. Et si je ne parviens pas à achever ma tâche, servez-vous de ce que vous trouverez ici pour découvrir le reste, car le temps est compté et l’humanité ne sait pas quelles calamités sont sur le point de s’abattre sur elle.

QUE LES DIEUX VOUS ACCORDENT DE MOURIR AVANT QUE LES GRANDS ANCIENS RÈGNENT DE NOUVEAU SUR LA TERRE ! »

Le monstre est né dans une prison aux murs de papier. Tombeau d'esprits dans lequel une idée luit. Roi de carton pâte de son univers il fut, à ses pieds son monde se prosternait. Dans son gosier, chair, sang et os coulaient. Abîme où la vie se perdait. Et face à l'indicible horreur de la bête, tous en adoration étaient, en quête d'un quelque brin de salive pour un peu de sa grandeur récolter. Cthulhu était maître du monde. Un monde écorché par les larmes. Mais tout cela n'était qu'un rêve... Mensongère fiction. Enfermé dans sa demeure éternelle, la bête n'était qu'une fantaisie. Un cauchemar d'enfant plongé dans l'oubli. Cyclopéen monument, délaissé dans un roman aux pages jaunies.

Lorsque le monde était noir, ils étaient grand. Divinités omniscientes d'un monde mourant. Vénérés par certains, détestes par d'autres, mais nul n'ignorait leur nom... Le monde tremblait à chacune de leurs expirations. Pendu à ses lèvres, comme un amoureux transi, par la mort et par l'effroi. L’existence des Dieux Anciens se retrouva effacée, de leur mémoire y compris.

Titans chassés de leur panthéon. Exilés de leur propre cognition. Ils se retrouvèrent tous enfermés dans leur propre épiderme, les déjan'thés gravant au fer rouge des psaumes maudits destinés à les rendre prisonniers. A défaut de les détruire ils les envoyèrent dans un océan d'illusions, sommeil éternel dont il ne devraient être libérés. Le Necronomicon. Le livre des noms-morts, que personne ne viendrait pleurer ou pourrait prononcer.

C'est un jour de banquet, où Cthulhu savourait la vie, la croquant à pleines dents. Les festivités rythmées par le craquement des os et des bruits gutturaux. Un ballet d'horreur sur une scène de cœurs étouffés par la peur. Même son dernier rêve lui fut retiré. Monstre sans valeur, privé des cieux gelés d'un monde brisé.

« Ph'nglui mglw'nafh Cthulhu R'lyeh wgah'nagl fhtagn »
« Dans sa demeure de R'lyeh, le défunt Cthulhu attend en rêvant »

Un appel en cœur, d'une voix sépulcrale... Tout ce qu'il fut n'est qu'un songe lointain. Nul ne saurait dire qui il était. Le banquet se poursuivit, comme une mécanique trop bien réglée. Le cœur et l'estomac pompant le sang à l'unisson. Les quelques déments l'ayant invoqué se retrouvant étalés sur leur terre, statue érigée à cette divinité oubliée.

C'est dans l'hémoglobine qu'elle ouvrit ses yeux sur ce monde qui lui semblait étranger. Avec un arrière goût familier en bouche. Comme le lait d'une mère. Une nouvelle enveloppe charnelle, remplaçant celle que le livre lui avait volée. Ou était-ce le livre qui s'était transformé? Dans son encéphale ce nom qui résonnait... Cthulhu. Et des voix familières... Les appels des enterrés. Contes anciens, bribes de vérités écorchées enfermées sous une couverture d'innocence. Elle n'était qu'une enfant. Apprenant le monde, inconsciente et innocente, se nourrissant de la vie qu'elle avait à portée. Libérée des carcans moraux d'une quelconque société. Comme un animal. Avec pour seule règle l'instinct de survie.

Un fléau que certains tentèrent d'éradiquer. En vain. Une calamité sans qu'elle n'arrive à le réaliser... Enfant qu'aucun ne voulait aimer. Sauf le vieux. C'était lui d'ailleurs qui l'avait éveillée non? Par ce qu'il avait besoin d'elle. Ou s'était-elle éveillée d'elle-même, le conteur ne tentant que de l'enchaîner? Présent, passé, mensonge et vérité. Tout lui semble si confus.

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