[flashback] a good day to die || ft. Morty

a good day to die

Out of control like a runaway train
desperate to end all his pain

La peine tisse ses entrelacs au creux de ton cœur, main dans la main avec la vive pitié que suscite l’état de ton psychopompe improvisé - connaîtra-t-il l’Amour, celui avec un grand A, qui fait brûler d’une douce douleur, un jour ? tu l’espères, oh oui, tu l’espères pour lui, te trouves prête à lui murmurer des prières et tes conseils, quand soudain.


Les mots cruels comme carburant, ton cœur meurtri comme combustible, elle s'enflamme et disparaît en cendres dans le vent. Il sait parfaitement où frapper, qu’il l’ait consciemment voulu ou non, et te voilà emportée par la tourmente d’un brasier insupportable.

Je doute qu’il revienne
Je doute que vous le retrouviez

Tu es morte.

Mais n’est-ce pas pour le meilleur
Je doute qu’il revienne

Tu es morte - pas encore, mais presque.
Tu le sais, tu le sens, ton corps est sur le précipice de la fin.

Je doute qu’il revienne
Je doute qu’il revienne

Tu es morte, alors ça ne devrait pas te préoccuper.

Mais il ne reviendra pas. N’est-ce pas ce qu’il est en train de te promettre, avec sa voix froide, froide, froide, si froide qu’elle te transperce les os, te blesse les entrailles. Il ne reviendra pas. Jamais. Et qu’est-ce que ça fait mal. Tu ne parviens plus qu’à ouvrir la bouche, à peine, laisser échapper une drôle de plainte, complainte qui se veut larmoyante, n’est finalement déchirante que pour tes poumons.

Ah, Parthenópē, pauvre Parthenópē. Finalement, à deux pas de la mort, tu espérais encore.

Mais il ne reviendra pas.

— Pourquoi ?

Ce n’est qu’un murmure, à peine l’ombre de ce qu’était ta voix autrefois - elle aussi, s’éteint.

— Pourquoi dîtes-vous cela ? Pourquoi ?

Tu lui en veux. Tu lui en veux tellement.

Tu ne souhaitais pas être confrontée à cette vérité, pas maintenant, non, pas maintenant, pas alors que tes sentiments ont les tripes à l’air sur les rochers, que ton esprit et ta volonté se délitent comme tes souvenirs au gré du vent.

— Il-Ce n’est pas mieux. Je veux… Il me manque. Tellement. Il me manque, je veux qu’il revienne, qu’il soit là, qu’il me tienne la main - que quelqu’un me tienne la main. Pourquoi ? Même si vous vous souvenez, il doit aussi se rappeler, il doit revenir, me retrouver, il doit-je… Ah, Ulysse… Non, vous ne devez pas-

Ton corps se brise sous le flot de la toux qui t’emporte soudain, et ta gorge se serre, cherche l’air qui se fait rare à travers le sang qui t’échappe.

— Rends-le-moi, balbuties-tu faiblement, ta main droite encore mobile se levant, quêtant une présence dans le vide, se refermant sur un tissu glacé à défaut d'une main chaude. Ulysse, reviens… reviens, reviens, reviens s’il te plaît, reviens…

Le temps est bientôt venu pour toi de tirer ta révérence, ô Parthenópē.
Quand bien même tu t’accroches aux rideaux, tu n'es plus demandée ici.

a good day to die

Out of control like a runaway train
desperate to end all his pain

Il y a un drôle de bruit qui s’élève ; une lamentation basse et douceâtre, vague murmure qui germe et éclate, prend forme dans la lumière cruelle de midi. La rage tremble dans cette plainte, exacerbe la peine en filigrane, l’habille de manière grossière, et la lamentation, car cela ne peut être qu’une lamentation, prend aux tripes et sature l’air.

A l’orée de la fin, tout s’emballe et se mélange, tout est confus, vraiment, et tu ne réalises pas - que c’est toi.

— Tais-toi !

Le cri est perçant, inattendu quand on voit l’état dans lequel tu te trouves, mais l’amour peut soulever des montagnes et engendrer des folies, n’est-ce pas ? Et c’est encore plus cruellement vrai pour une toi, petite sirène maladroite qui n’a jamais su ce que c’est, finalement, d’aimer, qui a tout interprété de travers sans le réaliser, qui se retrouve à crier sur la Mort avec agressivité et regard foudroyant, inconsciente que tu es.

— Tais-toi, tais-toi, tais-toi !

Les mots dérapent et déraillent, t’étranglent presque comme pour te punir de cette bravade inconsidérée.

— T-Tais… tai-tais-toi…

Et tu persistes, tu t’acharnes, t’étouffes dans tes velléités.

Il n’y aura pas de deuil pour toi, pas de vérité à accepter, pas de paix à embrasser. Tu préfères t’ériger en martyr, t’accrocher à cet espoir insensé, à cet amour impossible, glorieuse héroïne tragique, plutôt qu’accepter et te laisser aller - ça, non, jamais ô grand jamais, tu ne pourrais l’embrasser.

La Mort se veut franche, bras qui se tend, épaule qui se penche, giron qui t’accueille, mais ses mots sont douloureux, plus incisifs que tendres, et chaque lacération est douloureuse, fatale. Franc-parler agressif qui balafre tes nerfs à vif, agite ta silhouette en bâtons cassés, libère des torrents de larmes aussi frustrées que blessées. Et pourtant, c’est amusant, comme tu lui tiens la main, comme tu serres fort, fort, trop fort, petite fille trop abîmée incapable de rester seule, préférant se raccrocher à l’insensible qu’elle fustige plutôt qu’au vide et à l’absence.

— T-Tai…Tai…

Parthenópē, oh Parthenópē, il est temps.