Vous en prendrez bien un petit verre ?

Fille de Salade de plantes et d'Alcool à brûler, Absynthe est une belle petite chose entre la plante et l'essence, parfois solide, parfois gazeuse, munie d'ailes délicates, ciselées comme celles d'une libellule. Gazouillant dès son arrivée, elle est venue au monde dans un fumet délicat de plantes qui la composent : la grande absinthe et la petite absinthe, l'anis vert, le fenouil, la mélisse, l'hysope et la menthe.

Née de l'accouplement de ses parents, elle ne les a jamais connus : ils sont morts en la créant, Salade de plantes ayant pris feu sous l'ardeur d'Alcool a brûler qui s'en est trouvée toute consumée.

Recueillie par ses grands parents, un duo de spiritueux très au pied de la vigne, elle a grandit petit à petit. Enfin, façon de parler. Seule, Absynthe est toute petite, aussi grande que la paume d'une main. Mais si on désire vraiment sa compagnie, alors elle grandit, grandit, grandit... Jusqu'à atteindre la taille de celui qui lui porte attention.  

En fait, c'est que papi et mamie adorent faire la fête. Elle ne peut pas vraiment participer. Ils la trouvent trop jeune, trop frêle, trop mignonette, la tiennent sous clé. Ses premières années se passent sans qu'elle puisse côtoyer d'autres personnes que ceux qui viennent ramasser le raisin, le presser pour ensuite pouvoir reremplir papi et mamie. Ceux-ci la poussent à utiliser son don sur les travailleurs pour pouvoir les exploiter à moindre cout. Parmi les travailleurs, certains aiment bien le contact d'Absynthe et la sollicitent beaucoup. D'autres se mettent clairement à la fuir. Absynthe n'aime pas servir de bouteille sur pattes. Elle se confectionne des gants, qu'elle porte la plupart du temps. Et les saisons passent ainsi. Absynthe en a marre, marre marre. Instrumentalisée pendant la saison des vendanges, oubliée pendant tout l'hiver, elle prendrait la poussière à la cave si elle n'aimait pas tant courir les champs. Parler aux pieds de vignes tout tordus et tout bossus ca va pendant un temps mais enfin rien d'autre n'intéresse ceux là que de s'entortiller le plus possible autour de leur tuteur. Les années passent, elle grandit, devient une belle jeune femme.

S'en est assez ! Absynthe a 20 ans, elle veut s'envoler de ce nid de vieil alambic ! Alors un soir que ces deux bouteilles de vieux cru dorment du sommeil de l'alcoolique, elle se fait la belle en passant par la fenêtre. La voilà prête pour le vaste grand monde ! Elle se rend à la ville, prête à vivre la belle aventure, mais rien ne va comme elle veut : se faire des amis, c'est compliqué, garder un travail aussi, et trouver des gens qui veulent bien réciter de la poèsie... Mais quelle galère !