to the ashes, and no return
on raconte des tas d’horreurs sur Apophis
des tas d’horreurs qui le font
rireApophis est un monstres des profondeurs, vous dira-t-on. Une des abominations émergées des Caves. Une de celles qui doivent y
rester. Ce ne serait pas un hasard, s’il garde Tree Town, non, plutôt l’idée que se font les Otherlands de la miséricorde. Qui sait ce qui arriverait s’il parcourait le reste du monde ? De toutes façons, ajoute-t-on pour se rassurer, ce n’est pas comme s’il pouvait partir ! Le serpent craint la lumière, parait-il. Il serait comme ces ombres menaçantes que l’on voit dans la nuit: inquiétant dans les ténèbres mais inoffensif au lever du jour.
A entendre tout ceci, Apophis ne peut s’empêcher de rire. Ca n’a rien de nouveau, mais ça ne cesse de l'amuser. Il est presque impressionné de voir des histoires aussi naïves persister ! Puis dans le fond, ça l’intrigue un peu. Ces rumeurs soulèvent une question importante.
comment réagirait-on
en apprenant qu’il peut sortir ?
Car si ses souvenirs commencent dans les Caves, Apophis n’y a pas toujours vécu. Apophis, une fois aussi monstrueux que toute créature d'en-bas doit l’être, s’est demandé ce qu’il y avait à la surface. Rien d’important, grognait-on. Rien qui en vaille la peine. Mais le serpent était curieux. Alors il s’est faufilé à l’extérieur, loin des racines de l’arbre et dans la lumière brûlante du jour.
Lumière qu’il a très vite
détestée. C’est qu’elle piquait les yeux ! Si fort qu’Apophis n’y voyait plus rien. Si fort qu’il en a pleuré des larmes carmin. (ses toutes premières larmes) Si fort qu’il a vu tout un tas de formes et de couleurs que jamais il n’aurait pu distinguer dans les Caves. Son monde n’était plus noir et blanc, et toute la douleur du monde ne saurait le dissuader de l'arpenter encore un peu. De vouloir le connaitre un peu mieux.
alors Apophis s’est bandé les yeux
et a commencé son voyage
Ca ne s’est pas si mal passé. Il a commencé par le Royaume Noir, s’acclimatant tant bien que mal au concept de société. Les gens de la surface se compliquaient beaucoup la vie à ses yeux, avec ces histoires de loi, d’argent et de dirigeant. Tout était bien plus simple, dans les Caves. Mais il en aurait fallu davantage pour décourager le serpent. Même pour une bête sauvage comme lui, s'adapter n'était pas non plus impossibles. Apophis a toujours su se battre (c’est comme ça qu’on survit aux Caves) et nombre de personnes y voyaient un talent. Quelque-chose qui lui permettrait gagner sa vie.
C’est en accomplissant des horreurs de degrés variés qu’Apophis s’est découvert un contrôle sur cette lumière qu’il détestait tant. Il aurait pu en faire des merveilles. Des spectacles dans les ténèbres, des effets aux allures féériques, tout un tas de jolies choses.
au lieu de ça, il en a fait une arme
c’est ce qu’il fait de mieux
C’est d’ailleurs cette arme qui l’a fait remarquer. (plus qu’avant, du moins) Le bruit a couru qu’un serpent blanc venu des Caves était dans le Royaume. Un serpent aux armes de lumière. Un serpent au visage terriblement
doux, pour les atrocités qu’il acceptait de commettre. Vraiment, il avait un
air de famille avec..
ils sont venus le voir
Pour Apophis, c’était une véritable surprise. Sans se rendre entièrement invisible, il n’avait pas vraiment l’impression de faire beaucoup de vagues. Imaginez son étonnement lorsqu’à la nuit tombée, un riche carrosse est venu se garer devant sa demeure du moment. Il a regardé ses occupants descendre sans bien comprendre.
un boeuf noir
un chacal noir
un faucon noir
Toute une ribambelle d’inconnus qui le regardaient comme un problème à résoudre. Apophis s’est réjouit de sentir les ennuis. La bagarre pour l’argent avait du bon, bien entendu, mais il comme il aimait ce genre d’imprévus ! La violence pour la violence si courante à d’où il venait commençait visiblement à lui manquer. C’est avec un sourire avenant qu’il a accueilli tous ces invités surprise, en déstabilisant plus d’un. Oh ça n’a pas empêché le boeuf de gronder qu’il le pensait mort, mais il les avait bien vus échanger des regards perdus.
Ils le pensaient morts donc. Ca sonnait comme leur problème, ce qu’Apophis ne s’est pas gardé de dire. Les plumes du faucon se sont hérissées. Le chacal lui a grondé dessus. Apophis riait alors qu’il perdait patience, trouvant cette tension sans violence terriblement ennuyeuse.
puis l’information est tombée
ils le connaissaient
Ils le connaissaient pour s’être débarrassés de lui à la naissance, jetant le serpent dans les Caves pour son impureté. Celle qui devait être sa mère, unique personne sans allures animales, lui cracha l‘information au visage sans dissimuler son dégoût. Un serpent blanc dans cette fière famille du Royaume Noir, où chacun porte fièrement les couleurs du roi de la tête aux pieds, quelle honte ! Quel sacrilège. Quel.. curieux concept, s’est dit Apophis. Quelle singulière façon de résoudre ses problèmes. S’il était ‘impur’ avant, sans doute l’était-il encore plus maintenant..
«
Qu’est ce que vous voulez que j’y fasse ? » a ricané le serpent, jouant avec un poignard de lumière pour tromper l’ennui
Assurément, ils ne s’attendaient pas à ce qu’il se trempe dans le goudron, teintant de noir chaque surface de son corps, pour réparer leur ego. Ca ne faisait pas partie des jobs qu’il acceptait. Même pour beaucoup d’argent.
Mais, plus raisonnables, ces nobles personnages voulaient simplement qu’il disparaisse. Qu’il retourne dans le trou qui l’avait vu grandir. Apophis les a étudiés du regard. A vu comme le faucon se retenait de porter la main à son épée. Comment la femme serrait et dé-serrait les poings.
«
Vous êtes venus armés.. pourquoi ne pas m’y obliger ? » fit-il avec espoir
Apophis se fichait bien de leur requête, à vrai dire. Toute cette tension lui avait simplement donné envie de combat, et puisqu’ils semblaient prêts à lui fournir exactement ça.. pourquoi ne pas tenter sa chance ? Puis il serait curieux de voir en quoi son ‘impureté’ était un problème. (c’était bien la première fois qu’on le qualifiait d’impur, après tout !) Cela le rendait-il plus faible qu’eux ? Etait-ce là le problème clé ? Un seul moyen de savoir..
le faucon a tiré sa lame
Apophis s’est senti sourire
Au terme d’un combat tristement court, Apophis a pu tirer au moins une conclusion: non, il n’était pas plus faible qu’eux. Il était même bien meilleur. Une bête, en les mots de la femme qui était peut-être sa mère. Ils auraient dû le tuer sans tenter de marchander, parait-il.
Apophis.. n’est pas de cet avis
il pense que qu’importe leur approche
ils n’avaient vraiment aucune chance contre lui
Puisqu’apparemment Apophis n’était pas trop mauvais à bousiller des gens, il s’est décidé à en faire un métier plus stable. A savoir, entrer dans l’armée noire. Obéir aux ordres n’était pas toujours facile mais le reste.. ce n’était pas si mal. Il trouvait son compte. N’ayant d’intérêt que dans le carnage, Apophis n’a pas beaucoup grimpé dans les rangs de l’armée noire. Donner des responsabilités à une bête n’aurait pas été très malin. (de toutes façons, il n’en voulait pas) Au moins était-il plutôt à sa place, malgré les rixes occasionnelles.
A sa surprise, ce n’est ni la guerre ni l’imprudence de trop qui aura mis fin à cette partie de sa vie. Plutôt.. un drôle de chat noir. Une curieuse déjan'thée qui ne lui disait rien du tout, des oreilles aux moustaches. Elle s’y est bien prise, Apophis lui donne au moins ça. Profitant de son esprit embrumé par la fatigue et une touche d’alcool elle a émergé des ombres alors qu’Apophis quittait ses compagnons d’armes avec un large sourire.
une paire d’iris couleur or
puis il a perdu la tête
littéralement
Apophis ne se rappelle ni de la douleur ni du visage du chat. Il doute d’avoir vu autre-chose que ses yeux. Ce qu’il sait, en revanche, c’est que les Otherlands l’ont recraché indemne. Hormis quelques larmes de sang au réveil (son bandeau était apparemment tombé) et une tête détachée du corps, il n’avait rien de grave à déplorer. Enfin rien de
trop grave à ses yeux.
l’armée le croyait mort, cela dit
il est donc allé voir ailleurs
Le Royaume Blanc avait un système intéressant, pour son armée. Un qui permit à Apophis de grimper plus haut dans les rangs des Trèfles qu’il ne s’y serait attendu. Il.. suffisait de tuer des gens ? Vraiment ? Au moins parlaient-ils un langage qu’il comprenait ! Langage qu’il a pratiqué à tort et à travers après avoir recousu sa tête à son cou, atteignant le rang de valet bien plus vite qu’il ne l’aurait cru.
seulement voilà
pour la seconde fois
Apophis a perdu la tête
Au cours d’un intense duel (qu’il a
quand même gagné), la pointe d’une épée effleurant son cou a suffi à défaire ses points de suture. Absolument tous ! Cet insecte avait-il la
moindre idée du temps astronomique qu’il avait
perdu passé à coudre tout ça ? Sait-il seulement à quel point tenir une aiguille devient difficile, quand on met du sang partout ? Les tâches minutieuses, c’est vraiment pas fait pour lui. Apophis peinait déjà à simplement garder les yeux ouverts en journée, alors se concentrer sur un si petit objet.. Le processus entier était pour lui horriblement frustrant.
Si bien que même sortir victorieux de l’affrontement n’aura pas suffi à mitiger son agacement. Réduire ce misérable en bouillie était relaxant. Le mal de tête et les bleus étaient.. tolérables. Devoir recoudre sa gorge en entier ? Invivable. Désertant l’armée blanche sans prévenir personne, le serpent s’en est retourné vers les ténèbres où il avait grandi.
les autres monstres avaient raison
la Surface n’est pas un endroit très amusant
S’il s’était d’abord mis en tête de simplement..
bouder se ressourcer dans les Caves pendant quelques siècles, des rumeurs ont eu tôt fait d’arriver aux oreilles du serpent. Des rumeurs sur une certaine Lucy. Une dame qui exaucerait des voeux, moyennant une contrepartie. Voilà qui sonnait très suspect à Apophis mais.. qui ne tente rien n’a rien ! Puis se balader avec sa tête sous le bras lui filant un terrible mal de mer, il n’était plus à un charlatan près.
Alors il l’a cherchée, cette Lucifer ! Il s’est baladé dans les recoins sombres et froids des caves, demandant à chaque monstre capable de parole s’il avait une idée d’où la trouver. C’est ainsi qu’il a découvert Tree Town, la ville souterraine. C'était.. curieusement lumineux, pour un endroit si loin sous la surface de la terre. Pas assez pour lui faire mal, cela dit, aussi Apophis s’est il vite habitué à cette ville qui n’existait pas à son départ. On peut même dire qu’il s’est pris d’affection. Assez de lumière pour son pouvoir mais pas assez pour le faire pleurer du sang ? Un parfait équilibre, il ne saurait rêver mieux !
la ville avait tout pour elle
y-compris Lucy Fair
Sans doute Apophis aurait-il dû se douter qu’il regretterait ce marché. Sans doute aurait-il pu deviner, avec les avertissements donnés par certains, que le jeu n’en valait pas la chandelle. Mais il en avait assez du mal de mer et des travaux de couture alors.. il l’a fait quand même.
Lucifer a rattaché sa tête
et lui n’intimide plus personne
Il a fallu quelques temps pour qu’Apophis comprenne que les fous rires n'étaient pas dûs à la folie ambiante mais bien à son propre comportement. Un peu plus pour cesser d’essayer de retrouver sa ‘gloire’ d’antan. Et
beaucoup plus de temps à être le Gardien le moins effrayant de Tree Town pour se résigner à son sort et adapter ses méthodes.
Quand le château ambulant l’a arraché à son nouveau quotidien, ça a été au tour d’Apophis de rire. Un rire décemment fou. Un rire tout à fait vide de joie. Sans doute l’écho de pas mal de ses co-déten-- co-démons, disons.
Collègues, même. En fin de compte, il mérite bien ce qui lui arrive: il faut être un vrai clown pour faire un pacte avec le diable et ne s’attendre qu’à
un pied de nez en conséquence.