Le Loup
Beware of the wolf
Body
What I see in your eyes
Tant de sillons blanchâtres parcourent ta peau miel, des milliers de cicatrices, stigmates d'une vie passée à lutter. Tu les portes comme des peintures de guerre, tu les portes en trophés, comme des menaces, comme une contagion qui viendra s'étendre sur qui osera trop s'approcher. Tu fais peur, mais tu ne le subis pas, c'est un choix. Tu es grand, Loup, un mètre quatre-vingt-dix-huit, presque deux. De quoi te permettre de regarder de haut tes interlocuteurs avec ce regard froid et perçant, tranchant.
Des billes hazel qui semblent vous disséquer à chaque instant, qui ignorent votre humanité, vous réduisent au simple état d'objet. Des iris d’une couleur si intense, qu'elles en hypnotiseraient la plèbe si elles ne flamboyaient d'une hargne sans borgne aux dépends de ceux qui auraient l’inadvertance d'escompter capter ton attention sans une excellente raison. Il suffit de s'y perdre pour comprendre que tu n'es pas la personne la plus affable qui soit.
Et t'as ce sourire, des lèvres purpurines finement ciselées, constamment étirées en un petit sourire sarcastique et cynique que rien au monde ne peut effacer de ton faciès, au dessus desquelles trône un nez droit, encadré par des joues légèrement creusées, dénuées de la moindre ride, sans même la moindre petite fossette, comme si tes incessants sourires de l'ombre n'avaient jamais marqué ton visage. T'as les pommettes saillantes, sur lesquelles on pourrait se couper, des traits fins dignes d'une véritable muse masculine, une mâchoire droite à la fois fine et musclée.
Oui, t'es beau, t'as ce charme animal et magnétique, celui qui fleure bon les emmerdes à milles lieues. T'as la peau tannée par le soleil, bien loin du teint nacré des riches et des puissants. Tu te déplaces tel un fauve, un prédateur, en un saisissant mélange de séduction et d’intimidation, un loup encerclant à lui seul sa proie, patientant savamment jusqu'à la première ouverture pour se jeter sur elle et planter ses crocs dans sa chair exposé. Tu attires l’intérêt, la crainte, ou le mépris de tous ceux et toutes celles qui posent le regard sur toi, mais tu te fiches de ce qu'on pense de toi.
Ce n'est pas comme si tu souhaitais te mettre en valeur, pourtant, quand bien même les vêtements que tu portes sont toujours assez moulants pour souligner ta musculature athlétique, tu ne les portes que pour éviter d'être gêné dans tes mouvements. Ils sont dans des tons sobres, du noir, du gris, du blanc, rien de plus : les couleurs n'ont désormais que peu d’intérêt pour toi. Tu as une épaisse chevelure de jais, rarement coiffée, accentuant ton air bestial.
Tu as cette allure un peu sauvage et détachée, tes gestes sont la plupart du temps maîtrisés, mais parfois, oh parfois... Tu fulmines de ta voix douce et grave et bien que tu aies la colère en horreur, c'est lorsque ta mine détachée est déformée par la rage, que tes doigts arachnéens se serrent et se crispent que tu es le plus beau. Quand ça arrive tu te transformes en loup noir géant aux pupilles ambrées et aux crocs acérés.
Soul
Awaiting your mistake
Tu es brutal, Loup, dans tes gestes comme dans tes mots. Il y a cette froideur mauvaise qui émane de toi, cette carapace menaçante que tu dresses entre toi et les autres. Tu te dis que la douceur n'est que faiblesse et sournoiserie, un moyen de faire baisser leur garde aux plus abrutis. Et tu n'es pas idiot, Loup. Tu sais que la bonté ne vient jamais sans rien et tu préfères être seul que de payer ta compagnie. Les relations humaines manquent, à ton sens, de sincérité.
Alors tu vis en ermite bourru, te contentant de remplir des contrats en échange de quelques sous. Oh, tu n'es pas vénal. Tu n'utilises que le nécessaire pour vous alimenter, toi et ta meute, le reste va aux enfants des rues, maigre rédemption vis-à-vis de ta sœur que tu n'as su protéger. Tu ne le fais pas par charité. C'est ce que tu aimes te répéter, tu ne saurais assumer d'être plus aimable que tu le laisses paraître.
Cependant, malgré le cœur de pierre que tu affiches à la face du monde, tu sais aimer, Loup. D'un naturel paternel, tu as tendance à te montrer dur envers tes proches, mais c'est uniquement pour leur bien. Tu es partisan de l'apprentissage à la dure, bien que tu restes toujours à surveiller en retrait, prêt à voler au secours de tes oilles au moindre signe de danger. Cependant, cette attitude paternaliste et froide te rend maladroit dans l'expression de tes sentiments réels.
Tu es un homme de peu de mots, bien plus à l'aise dans les combats que dans une conversation, tu préfères les gestes à la paroles, excuses et justifications glissent sur ta carapace de marbre. Tu es peu expressif car tu as peu de choses à exprimer. Calme la plupart du temps, tu es un roc que peu de choses parviennent à bousculer. Mais quand ça arrive, tu fais preuve d'une colère froide et maîtrisée et tu ne recules devant rien pour punir les impudents s'étant attirés tes foudres.
Tu pardonnes difficilement, quand tu es déçu tu te plonges dans un long mutisme ponctué de quelques grognements. Tu ne hausses jamais le ton, te contentant d'appuyer tes mots d'un regard noir pour manifester ton ire. Voilà qui tu es, Loup, davantage que du loup tu tiens d'avantage de l'ours mal léché. Tu n'es pas méchant, plus autant que tu le fus, malgré les apparences trompeuses, tu contiens juste en toi toute la tendresse que tu qualifies de faiblesse.
Tu es franc et direct, parles sans détours, car tu ne cherches nullement l'approbation des autres, tu t'es construit tout seul et tu n'as nul besoin de leur compagnie. Tu préfères que l'on t'aime pour qui tu es plutôt que pour un mensonge. D'un naturel méfiant, il est dur de te duper. Tu n'as ni maître ni loi qui quoique ce soit, ce à quoi tu tiens le plus, c'est à ta liberté et ce que tu préfères par dessus tout, c'est le frisson de la chasse.
Story
Ain't no fairytale
Tu étais l'aîné d'une fratrie aux crocs acérés, l'alpha prédestiné pour la meute mener quand votre père viendrait à manquer. Ton enfance fut rude pour répondre aux exigences d'un paternel en proie à l'empressement de laisser un héritier correctement formé, capable de guider les faibles et d'affronter l'adversité, dans ce monde de fables défigurées. Ta jeunesse ne fut qu'épreuves et dureté, de l'amour parental tu n'as vu que celui qui a été donné à tes cadets. Trouvant tes géniteurs trop laxistes avec les plus jeunes, tu t'es forgé à l'image de ton père, tu t'es fait tyran. A ton sens, ils devaient être aussi solides que toi pour qu'il n'y ait de maillon faible dans la meute. Tu as vu vos semblables se faire décimer, pour toi la force venait de l'unité. Quitte à te faire haïr, tu as voulu leur donner la force de survivre en dehors de la meute.
Tu n'as pas été le plus tendre, y compris pour les plus jeunes, les abandonnant parfois au froid et à la famine. Mais tu n'étais jamais loin, prêt à intervenir au moindre signe de danger. Tu as rendu tes frères durs et exigeants, peut-être un peu trop. Ils s'amusaient aux dépends des plus faibles, les méprisaient. Et parmi eux, il y avait ta sœur, louve revêche qui ne courbait pas l'échine face à ses aînés. Tu t'es pris d'affection pour sa nature indomptable et sa force de caractère, tu ne le lui as jamais avoué, mais tu l'aimais. Tu l'observais de loin, batailler contre les aînés mesquins sans jamais intervenir, forte elle devait devenir, bien plus encore en tant que femme. Tu voyais en elle un grand avenir, une force pour la meute, bien plus que tes cadets idiots.
La louve était attentive, elle apprenait de ses erreurs, redoublait d'efforts pour obtenir la reconnaissance que ses aînés ne lui accordaient pas en raison de son genre. Ce qu'elle avait, elle l'avait obtenu par sa propre volonté et elle avait l'intelligence de ne pas se penser omnisciente et omnipotente. Tu la vis grandir, loin de ton affection, c'est seule la façon dont on t'a appris à aimer. Vous viviez dans votre bulle, jusqu'à ce que la guerre vienne la faire éclater. La mort et l'agitation, sur le pas de votre porte, et sous ta tutelle, la louve vint à manquer. Ce fut un déchirement et un échec dans ton besoin de protéger les tiens. Te considérant indigne de la meute, tu en vint à t'exiler pour aller ta sœur chercher.
Les décennies passèrent avant que tu n'en vienne à décréter que ta quête était vaine. Tu avais parcouru le monde, sans succès. Tu décidas de vivre en loup solitaire, ne répondant plus que de toi, refusant de t'entourer. Lorsque l'on te venait en aide, tu montrais les crocs, quand on te demandait compensation, tu leur rétorquait que la vie sauve était un bien beau cadeau. Après tout, tu ne leur a jamais rien demandé. Pour te nourrir tu allais voler des brebis, te faisais pourchasser par les hommes armés de fourches et de fusils. Habitué à chasser en meute, tu as du apprendre à faire preuve de ruse pour contrer le nombre de tes opposants. Tu t'es parfois déguisé en berger, parfois en chien, mais tu t'es souvent fait piéger.
Tu es devenu maigre et affamé, jusqu'à croiser un chien bien engraissé. Il t'a invité à suivre son chemin, à devenir l'ami des humains. Un repas pour une caresse, le marché semblait ne promettre que l'allégresse. Mais en voyant le cou du chien dépenaillé et sanglé, tu compris qu'il en coûterait ta liberté. Et à cette découverte tu t'enfuis, et tu cours encore. Tu n'as eu de cesse de courir, sans attache, sans relâche, là où le vent te portait. Libre comme l'air, tu allais où le vent te menait. Tu t'es fait mercenaire, pour gagner ta croûte, ne gardant que le nécessaire à te sustenter. Le reste allait aux enfants des rues, en mémoire à ta sœur disparue.
Parfois tu en recueillais un ou deux, le temps de leur apprendre à subsister par leurs propres moyens, t'en défaisant dès que tu les jugeais prêts. Tu refusais de t'attacher, ne pensant pas le mériter. Mais un jour il y en a un qui est resté malgré toi, renard gauche et maladroit pour lequel tu ne peux pas t'empêcher de t'en faire, te disant qu'il ne saurait affronter le monde en solitaire.
Félicitations, tu es validé! 
